B. LA SUPPRESSION DU COMPTE SPÉCIAL DU TRÉSOR " FONDS FORESTIER NATIONAL "
1. Un financement problématique
A la suite de la réforme de la taxe forestière en 1991, le FFN a connu une baisse brutale de ses recettes annuelles qui se situaient entre 700 et 800 millions de francs en moyenne et sont tombées après 1991 à environ 400 millions de francs, en dépit de mesures de redressement prises en 1994 et 1995 à l'initiative du Sénat. Le relais n'a pu être que partiellement pris par le budget de l'Etat, en raison des efforts de rigueur budgétaire. Votre rapporteur spécial s'est régulièrement inquiété du financement du FFN.
2. Les conséquences sur les actions en faveur de la forêt
Doté de 417 millions de francs de crédits en
1999, le FFN avait vu ses moyens diminuer après la réforme de la
taxe forestière intervenue en 1991, puisqu'ils ont été
divisés à peu près par deux. Toutefois, ils
représentaient une part significative des crédits
consacrés à la forêt par le ministère de
l'agriculture, avec environ un quart du total.
Le tableau ci-après expose la nature des interventions du FFN
programmées pour l'année en cours.
Les
dotations du FFN en 1999
(crédits de paiement)
(en millions de francs) |
|
Crédits d'investissement |
26,6 |
Financement d'activités forestières d'intérêt général |
186 |
Subventions dont : |
|
- Boisements, reboisements, conversion et gestion des forêts de production |
119,7 |
- Prêts |
44,4 |
Sous-total |
257 |
Crédits de fonctionnement : |
|
Matériels et frais de fonctionnement |
17,5 |
Subventions à divers organismes dont : |
141 |
- Centre technique du bois et de l'ameublement |
50 |
- Centre national de développement du bois |
25 |
- Centres régionaux de la propriété forestière |
37,5 |
- Prêts |
1,5 |
Sous-total |
160 |
Total |
417 |
Les
subventions du FFN en 1999 se partageaient entre des crédits
d'investissement pour 61,6 % destinés pour à peu près
la moitié d'entre eux à l'effort de boisement, et des
crédits de fonctionnement pour 38,4 % du total principalement
voués à assurer la promotion de la filière-bois.
Au fil du temps, les contraintes financières rencontrées par le
FFN ont conduit à une érosion des moyens consacrés aux
investissements, en niveau absolu après la réforme de la taxe
foncière, mais aussi en pourcentage.
3. Le projet du Gouvernement
Pour
éviter de faire supporter aux industriels de la filière bois le
coût des actions forestières envisagées (ils sont
redevables de la taxe forestière qui finance le FFN), il est
proposé dans le projet de loi de finances pour 2000 de transférer
l'ensemble des dépenses du FFN au budget de l'Etat.
Sont ainsi transférés au ministère de l'agriculture et de
la pêche 417 millions de francs qui correspondent aux
dépenses du FFN telles qu'elles figurent dans la loi de finances
initiale pour 1999 ; ces crédits ont été
répartis sur les différents chapitres budgétaires en
fonction des dépenses qu'ils finançaient.
Les recettes entreront dans les ressources générales du budget de
l'Etat à l'exception de la taxe sur le défrichement et de la taxe
forestière qui sont supprimées. Ainsi, le compte spécial
du Trésor FFN pourrait être clos au 31 décembre 1999.
Cette suppression a pour conséquence de faire du budget de l'agriculture
le seul support du soutien public à la forêt française.
4. Une vigilance s'impose
Il
faut néanmoins veiller à ce que l'effort public à
destination de la forêt ne se relâche pas après la
suppression envisagée du FFN.
En l'état, les concours publics à la forêt ne ressortent
pas compromis de la suppression du FFN.
Outre l'allégement des charges imposées à la
filière pour un montant de 350 millions de francs dû à
la suppression proposée des taxes forestière et de
défrichement, les crédits budgétaires s'accroissent
passant de 1.736,6 à 1.927,2 millions de francs entre les lois de
finances initiales 1999 et 2000.
Comparaison des dotations des lois de finances initiale 1999 et 2000 pour la forêt (1)
(en millions de francs) |
||
Engagements totaux en millions de francs |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
recherche (forêt, bois) |
20,6 |
29,5 |
développement forestier |
116,1 |
138,3 |
inventaire forestier national |
42,4 |
33,1 |
versement compensateur (forêts communales) |
878 |
957 |
protection (incendie, terrains de montagne, dunes) |
316 |
332,5 |
travaux (reboisement, voirie forestière) |
237,9 |
287,7 |
aval de la filière |
110,1 |
135 |
fonctionnement spécifique |
10 |
10 |
acquisitions |
5,5 |
3,9 |
TOTAL |
1.736,6 |
1.927,2 |
(1) Hors versement du budget européen
Il convient de conforter cette tendance et la suppression du FFN invite, compte
tenu de l'éparpillement des crédits forestiers qui en
résultera et d'un légitime souci de lisibilité
budgétaire, à demander au Gouvernement de rendre compte
annuellement au Parlement des crédits publics consacrés à
la forêt et de leur évolution.