II. LES SERVICES DU TRÉSOR PUBLIC : BREF APERÇU
Le
Trésor public est, après la Direction générale des
impôts, le service du ministère réunissant à la fois
les plus nombreux effectifs et les dotations budgétaires les plus
importantes.
Pour l'an prochain, la répartition des crédits
budgétés serait la suivante.
Répartition de la dotation publique en 2000
(en millions de francs)
Personnel |
10.149,9 |
Fonctionnement |
2.924,2 |
Investissement |
94 |
Total |
13.168,1 |
Les
moyens des services progressent de plus de 25 % entre 1993 et 2000.
Les recherches d'économies sont centrées sur la baisse des
effectifs. Ceux-ci diminuent de 896 unités entre 1996 et 2000, soit
une réduction de 1,6 %.
La direction est engagée dans un effort d'évaluation du
coût de ses missions qui méritera d'être soigneusement suivi.
L'évaluation des coûts menée par la Direction de la comptabilité publique
Il
n'existe pas encore de comptabilité analytique complète des
services extérieurs du Trésor.
Mais, la direction de la comptabilité publique met en oeuvre deux types
de démarches pour évaluer le coût de fonctionnement des
services déconcentrés du Trésor : une approche des
coûts par mission et pour certains secteurs, une comptabilité
analytique.
La mesure des coûts par mission est rendue difficile du fait des
caractéristiques du réseau du Trésor public qui est
marqué par une forte densité de structures polyvalentes. Avec
près de 4.000 postes comptables, répartis sur l'ensemble du
territoire, les services déconcentrés de la direction de la
comptabilité publique comprennent un nombre élevé de
petites structures (996 ont une charge équivalente à moins de
3 agents). La quasi-totalité des postes comptables exerce
l'ensemble des missions du Trésor public, une faible part se consacrant
exclusivement à un seul secteur d'activité.
Outre leur émiettement, la polyvalence des structures du Trésor
public constitue une contrainte importante pour une mesure directe des
coûts où prédominent les dépenses de personnel.
Une approche fondée sur la mesure de l'activité réelle de
chaque agent et des coûts de structures inhérents est donc
très difficile à mettre en oeuvre. Un tel dispositif supposerait
l'organisation d'un suivi individualisé de l'activité des
personnels avec la définition d'unités d'oeuvre
spécifiques.
La problématique se révèle peu différente pour les
dépenses de structures. Leur mesure directe se heurte à la
difficulté de déterminer des clefs de répartition
suffisamment fiables, en raison des disparités dans l'organisation des
tâches dans chaque poste comptable, notamment les trésoreries
générales.
Dans ce contexte, la direction de la comptabilité publique a
développé une approche des coûts à partir de
standards nationaux, assortie d'un suivi spécifique pour certaines
catégories de dépenses.
La mesure des coûts de personnels par mission qui représentent
près de 75 % de l'ensemble des coûts des services est
réalisée par exploitation des résultats du recensement de
l'activité de chaque poste comptable, les travaux inventoriés
étant valorisés en équivalent-agent à partir de la
mesure du temps moyen nécessaire à leur exécution.
Cette méthode, mise en oeuvre tous les cinq ans pour établir le
classement des postes comptables, permet de valoriser leur activité, et
de disposer au plan national d'un outil de répartition des moyens par
mission.
Le recensement des opérations repose sur l'inventaire exhaustif des
travaux réalisés durant une année, qui groupe
514 types d'opérations dans les postes non centraliseurs et 694
dans les postes centralisateurs. La durée moyenne nécessaire
à l'exécution d'une chaîne de travail est
pondérée en fonction de sa fréquence par rapport à
l'élément recensé.
Par ailleurs, les éléments de répartition fournis par le
barème peuvent être appliqués à certains coûts
de structures, qui ne peuvent être répartis au moyen d'une
approche directe.
Une telle approche n'est en revanche pas justifiée pour les
dépenses d'affranchissement ou les dépenses informatiques, dont
la répartition est très marquée par les
spécificités de telle ou telle mission.
Une clé de répartition spécifique, découlant des
flux d'envoi postaux générés par chacune des missions, a
donc été bâtie, qui reste cependant à affiner compte
tenu d'une part, du manque de recul (l'ancien système de franchise
postale, qui n'a cessé qu'en 1996, faisait obstacle à un suivi
opérationnel en ce domaine) et, d'autre part, des évolutions
inhérentes au nouveau système de paiement réel
(perspectives de rationalisation des envois différentes selon les
missions).
S'agissant des dépenses informatiques, c'est le poids relatif des
coûts des différentes applications du réseau du
Trésor public qui constitue la base de la clé de
répartition des coûts par missions.
Les éléments d'analyse à la disposition de la direction de
la comptabilité publique marquent le point d'entrée dans la mise
en place
d'une comptabilité analytique qui n'a, jusqu'à
présent, été développée que pour les
départements informatiques du Trésor public et le service de la
redevance.
Cette évaluation a fait le lit de modifications des conditions
d'affectation des personnels dans les Trésoreries et d'un projet de
révision de la carte des implantations des recettes des finances.
On rappelle qu'en ce qui concerne le premier dispositif, il s'agit de confier
la gestion de deux Trésoreries de petite taille à un même
chef de poste. Les objectifs poursuivies et les modalités du dispositif
sont décrits ainsi qu'il suit par le ministère :
"Les emplois de catégorie A dégagés par ces mesures seront
réaffectés pour partie dans les départements et pour le
reste au profit du réseau, dans l'objectif de renforcer l'exercice des
missions en matière d'expertise économique et financière
et de conseil aux collectivités locales. Ces emplois seront
également redéployés dans le domaine des contrôles
sur place et dans les trésoreries situées en zone urbaine.
Ce schéma d'organisation devrait concerner à moyen terme
près de 300 trésoreries.
En ce qui concerne la réforme des recettes des finances
, ses
modalités seraient les suivantes :
"
Par ailleurs, la direction a engagé une réforme des Recettes
des finances fondée sur la rénovation des missions et sur la
révision de la carte de leur implantation.
Des tâches actuellement assurées par la Recette des Finances
seront recentrées sur la Trésorerie Générale et les
postes comptables de la ville-siège.
C'est le cas de la fonction de centralisation comptable et de tenue de la
comptabilité qui sera désormais assurée directement par la
seule Trésorerie Générale, compte tenu de
l'évolution des techniques et pour accélérer la
remontée de l'information comptable.
Le recouvrement des impôts de la ville-résidence de la Recette des
Finances, sera confié à un autre poste en résidence.
En contrepartie, l'activité des Recettes des Finances sera
recentrée sur le rôle majeur d'animation, d'assistance et de
soutien de proximité des postes comptables
"
Une révision de la carte des implantations est par ailleurs en
oeuvre.
Ces réformes sont sans doute nécessaires, mais elles doivent
s'inscrire dans le cadre du maintien de la préoccupation d'assurer les
missions essentielles du réseau dont le tableau ci-dessous rappelle la
nature et la répartition des moyens consacrés à chacune
d'entre elles.
Répartition des moyens du Trésor public par
mission
56078 emplois budgétaires
en pourcentage
Recouvrement |
29,92 |
Dépense de l'Etat |
9,36 |
Comptabilité |
3,49 |
Collectivités et établissements publics locaux (EPL) |
43,68 |
Trésorerie |
7,15 |
Divers |
5,78 |
Action économique |
0,62 |
L'on peut, en particulier, s'interroger sur la pertinence d'allouer tant de moyens aux activités financières du réseau qui mobilisent des encours somme toute modestes.
Situation au 31 décembre 1997 et 1998
(en milliards de francs)
|
1997 |
1998 |
Variations 1998/1997 |
COMPTES DE DEPOTS |
|
|
|
Nombre de comptes-chèques |
863 439 |
800 599 |
- 7,28 % |
Encours |
17,70 |
18,92 |
6,89 % |
Nombre de comptes à terme |
83 515 |
59 562 |
- 28,68 % |
Encours |
4,18 |
3,72 |
- 11 % |
CODEVI |
|
|
|
Nombre de livrets |
122 084 |
125 794 |
3,04 % |
Encours |
1,62 |
1,74 |
7,41 % |
LIVRETS-JEUNES |
|
|
|
Nombre de livrets |
8 200 |
8 970 |
9,39 % |
Encours |
0,05 |
0,05 |
- |
BONS DU TRESOR |
|
|
|
Placement brut |
6,53 |
2,94 |
- 54,98 |
OPCVM |
|
|
|
Actif géré |
52,11 |
51,65 |
- 0,88 % |
EMPRUNTS ET ASSIMILES |
|
|
|
Placement brut |
4,45 |
2,65 |
- 40,45 % |
Dont emprunts d'Etat |
3,79 |
2,24 |
- 40,9 % |
PRIVATISATIONS |
0,158 |
0,152 |
- 3,8 % |
PEA |
|
|
|
Nombre de plans |
13 967 |
17 991 |
28,81 % |
Encours |
1,91 |
2,44 |
27,75 % |
CNP |
|
|
|
Placement (chiffre d'affaires) |
6,8 |
6,0 |
- 11,76 % |
Des
réformes sont envisagées. Elles s'inscrivent dans une
réflexion sur le sens des missions du réseau de la
Comptabilité publique et dans le contexte de
réaménagements législatifs et réglementaires.
Le premier d'entre eux concerne les fonds des notaires dont le monopole de la
collecte devrait être confié au Trésor public, ce qui
suppose des aménagements. Le second provient de la
nécessité de s'adapter aux règles européennes et
nationales de la concurrence au terme desquelles l'activité de collecte
des fonds particuliers par le Trésor public pourrait être
considérée comme irrégulière.
Au-delà du débat juridique, force est de reconnaître que
l'activité de collecte des fonds particuliers qui n'est pas conduite
dans le cadre d'une mission de service public clairement identifiée doit
être repensée. Il ne faut pas oublier les besoins mal couverts qui
peuvent nécessiter un redéploiement des moyens.
Il faut également réfléchir aux modalités de
l'activité de conseil aux collectivités locales qu'il entre dans
les intentions du ministère de développer et d'améliorer.
Enfin, il semble peu efficace de penser le devenir du réseau sans
inclure dans la réflexion les activités analogues ou connexes des
autres directions du ministère. Le rapport en cours de la " mission
2003 " devra rendre des conclusions sur ce sujet.