Proposition de résolution sur la sécurité sanitaire et alimentaire des produits destinés à la consommation animale et humaine en France et dans l'Union européenne
HURIET (Claude)
RAPPORT 29 (1999-2000) - Commission des Affaires sociales
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N° 29
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 26 octobre 1999
RAPPORT
FAIT
au
nom de la commission des Affaires sociales (1) sur la proposition de
résolution présentée par Mme Odette TERRADE, M.
Gérard
LE CAM, Mme Marie-Claude BEAUDEAU, M. Jean-Luc
BÉCART, Mmes Danielle BIDARD-REYDET, Nicole BORVO, MM. Robert BRET,
Michel DUFFOUR, Guy FISCHER, Thierry FOUCAUD, Pierre LEFEBVRE, Paul LORIDANT,
Mme Hélène LUC, MM. Jack RALITE et Ivan RENAR tendant à
créer une
commission d'enquête
sur la
sécurité sanitaire
et
alimentaire
des
produits destinés à la
consommation animale
et
humaine
en France et dans l'Union européenne,
Par M.
Claude HURIET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Guy Vissac.
Voir le
numéro :
Sénat :
447
(1998-1999).
Santé publique. |
Mesdames, Messieurs,
La commission des Affaires sociales est saisie de la proposition de
résolution n° 447 (1998-1999), présentée par Mme
Odette Terrade, Gérard Le Cam, Mme Marie-Claude Beaudeau, M.
Jean-Luc Bécart, Mmes Danielle Bidard-Reydet, Nicole Borvo, MM. Robert
Bret, Michel Duffour, Guy Fischer, Thierry Foucaud, Pierre Lefebvre, Paul
Loridant, Mme Hélène Luc, MM. Jack Ralite et Ivan Renar, tendant
à créer une commission d'enquête sur la
sécurité sanitaire et alimentaire des produits destinés
à la consommation animale et humaine en France et dans l'Union
européenne. Cette proposition de résolution a été
annexée au procès-verbal de la séance du 16 juin 1999.
Rédigée au moment de l'affaire dite " du poulet à la
dioxine ", cette proposition de résolution propose qu'une
commission d'enquête formule des propositions en vue de renforcer la
sécurité sanitaire en France et dans l'Union européenne,
en indiquant
" les moyens nécessaires pour prévenir en
amont les risques pour la santé avant la commercialisation au
public "
, avec notamment l'instauration d'une
" traçabilité rigoureuse " " dés la
fabrication de l'alimentation pour bétail jusqu'à la distribution
des produits issus des activités agricoles "
et
" une
implication plus forte des acteurs de la filière, en particulier les
industries de l'agro-alimentaire, dans la mise en place et le financement des
analyses sur les produits destinés à la consommation "
.
Selon les auteurs de la proposition de résolution, la commission
d'enquête devra ensuite indiquer
" les moyens de renforcer les
contrôles dans la fabrication des farines animales et, en cas
d'interdiction totale de celles-ci, les dispositions à mettre en place
pour garantir la sécurité des produits destinés à
la consommation animale et humaine, tout en limitant notre dépendance
alimentaire sur la production d'oléoprotagineux "
.
Elle devra également étudier
" les possibilités
nouvelles de débouchés pour les déchets et tous produits
animaux les mieux à même de garantir la qualité de
l'environnement ".
Enfin, la commission d'enquête devra, toujours selon les auteurs de la
proposition de résolution,
" proposer des pistes de
réflexion devant permettre de remédier aux défaillances
dans la maîtrise des évolutions technologiques, industrielles et
commerciales, le plus souvent orientées vers la recherche du profit
maximum, au mépris de la qualité des produits et de la
santé des consommateurs "
.
Le présent rapport a pour objet d'examiner l'opportunité de la
création d'une commission d'enquête sur la sécurité
sanitaire et alimentaire des produits destinés à la consommation
animale et humaine en France et dans l'Union européenne.
*
* *
Aux
termes de l'article 6 de l'ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre
1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, les
commissions d'enquête sont formées pour recueillir des
éléments d'information, soit sur des faits
déterminés, soit sur la gestion des services publics ou des
entreprises, en vue de soumettre leurs conclusions à l'assemblée
qui les a créées.
Il ne peut être créé de commission d'enquête sur des
faits ayant donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi
longtemps que ces poursuites sont en cours.
L'article 11 du règlement du Sénat dispose que la proposition de
résolution doit déterminer avec précision, soit les faits
qui donnent lieu à enquête, soit les services publics ou les
entreprises nationales dont la commission d'enquête doit examiner le
fonctionnement.
Or, l'étude de l'exposé des motifs de la proposition de
résolution montre que ses auteurs attendent des travaux du Sénat
moins une véritable " enquête " qu'une étude
approfondie et des propositions.
Ils ne souhaitent pas en effet
" enquêter "
sur la
gestion de l'affaire du poulet à la dioxine, verbe qui n'est à
aucun moment employé dans l'exposé des motifs de la proposition
de résolution, mais
" prendre appui sur cet exemple "
pour
" formuler des propositions "
,
" indiquer les
moyens nécessaires pour prévenir des risques "
,
" indiquer les moyens de renforcer les contrôles "
,
" étudier les possibilités nouvelles de
débouchés "
et
" proposer des pistes de
réflexion "
.
Votre commission estime que les dispositions de l'article 21 du
Règlement du Sénat, qui prévoient que le Sénat
peut, sur leur demande, octroyer aux commissions permanentes ou
spéciales l'autorisation de désigner des missions d'information
sur les questions relevant de leur compétence, apparaît plus
adapté que son article 11 pour parvenir au résultat
recherché par les auteurs de la proposition de résolution.
La sécurité sanitaire des aliments constitue en effet une
compétence de la commission des Affaires sociales, à qui il
appartient d'examiner toutes les questions relatives à la santé
de l'homme, et notamment du consommateur.
Elle a, sur ces sujets, fait usage de sa compétence en constituant, en
1996, une mission d'information sur les conditions du renforcement de la veille
sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des
produits destinés à l'homme, dont le rapport d'information
(n° 196, 1996-1997) a été annexé au
procès-verbal de la séance du 30 janvier 1997.
Les travaux de cette mission ont conduit au dépôt d'une
proposition de loi (n° 329, 1996-1997), adoptée
définitivement par le Parlement le 18 juin 1998.
La loi du 1
er
juillet 1998 issue des travaux de la commission des
Affaires sociales a constitué une réforme majeure de
l'administration sanitaire française, de la veille sanitaire au
contrôle de la sécurité sanitaire des produits
destinés à l'homme. Les nouvelles institutions
créées par cette loi
, l'Institut de veille sanitaire, l'Agence
française de sécurité sanitaire des produits de
santé et l'Agence française de sécurité sanitaire
des aliments,
ont été installées au printemps de cette
année.
Si la commission des Affaires sociales s'est intéressée aux
conditions de cette installation, en auditionnant le 5 mai dernier les
responsables de l'Institut de veille sanitaire et des agences, si elle en a
dénoncé le caractère tardif, par des interventions en
commission, des questions en séance publique ou des lettres au Premier
ministre dont MM. Charles Descours, François Autain ou votre rapporteur
ont pris l'initiative, si le dernier compte-rendu du Comité national de
sécurité sanitaire ne manque pas de l'inquiéter, elle
estime qu'établir un bilan du fonctionnement de ces agences, moins de
six mois après leur mise en place, serait prématuré.
En revanche, la commission des affaires sociales pourrait poursuivre le travail
entrepris au cours des années 1996 à 1998 et promouvoir
l'idée selon laquelle le renforcement des pouvoirs et des moyens
financiers et humains de l'Agence française de sécurité
sanitaire des aliments, à travers la mise à disposition de
laboratoires de contrôle, l'institution d'un financement et d'un pouvoir
d'investigation autonome et le transfert de pouvoirs de sécurité
sanitaire, serait de nature à renforcer la sécurité
sanitaire des produits alimentaires en France.
D'ores et déjà, en ce qui concerne la gestion de l'affaire dite
de " la vache folle ", l'intervention de l'Agence française de
sécurité sanitaire des aliments a montré l'exemple. C'est
en effet sur le fondement d'un rapport des experts de l'Agence que le
Gouvernement français a décidé, le
1
er
octobre dernier, d'interrompre la procédure de
levée de l'embargo sur l'importation de viande bovine d'origine
britannique.
Et le 5 octobre 1999, devant le Parlement européen, le Président
de la Commission européenne, M. Romano Prodi, a annoncé
qu'il comptait proposer au conseil des ministres la création d'une
agence européenne sur la sécurité alimentaire.
En étudiant les conditions de renforcement des moyens et des pouvoirs de
l'Agence, le Sénat ferait une nouvelle fois la preuve de sa
capacité réformatrice sur les sujets qui intéressent nos
concitoyens et placerait la France en avance par rapport aux autres nations
européennes. C'est pourquoi votre commission entend prendre une
initiative en ce sens, qui pourrait prendre la forme d'une série
d'auditions publiques.
Pour ces raisons, votre commission n'est pas favorable à la constitution
de la commission d'enquête proposée par la proposition de
résolution n° 447 (1998-1999).
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 26 octobre 1999,
sous la
présidence de M. Jean Delaneau, président,
la commission
a entendu le
rapport
de
M. Claude Huriet, rapporteur
, sur la
proposition de résolution n° 447
(1998-1999)
de Mme
Odette Terrade et ses collègues,
tendant à créer une
commission d'enquête sur la sécurité sanitaire et
alimentaire des produits destinés à la consommation animale et
humaine en France et dans l'Union européenne.
M. Guy Fisher
a rappelé son attachement à la
proposition de résolution qu'il avait signée avec Mme Odette
Terrade et ses collègues et observé que l'Assemblée
nationale avait désigné une commission d'enquête
consacrée à la sécurité sanitaire des aliments. Il
a regretté que M. Claude Huriet, rapporteur, n'ait proposé
à la commission que d'organiser une série d'auditions publiques
ou de mettre en place une mission d'information. Il a toutefois reconnu qu'il
était un peu tôt pour dresser un bilan du fonctionnement de
l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. Il
a indiqué qu'il ne s'opposerait pas à une telle initiative, car
il souhaitait continuer à participer au débat sur la
sécurité sanitaire des produits alimentaires. Il a enfin
rappelé que, si des divergences de vues l'avaient conduit à
s'abstenir lors du vote de la loi du 1
er
juillet 1998 issue des
travaux de la commission, ces divergences ne portaient que sur les solutions
mises en oeuvre, et non sur le constat des insuffisances du contrôle de
la sécurité sanitaire des produits alimentaires.
M. Charles Descours
a rappelé que, lors de la discussion de la
proposition de loi sur le renforcement de la veille sanitaire et du
contrôle de la sécurité sanitaire des produits
destinés à l'homme, le Sénat avait souhaité donner
à l'Agence des pouvoirs et des moyens supérieurs à ceux
qui avaient finalement été retenus en commission mixte paritaire.
Il a souhaité qu'un peu de temps soit laissé à l'Agence
française de sécurité sanitaire avant de dresser un
premier bilan de son fonctionnement. Il a toutefois constaté que,
concernant la gestion de l'affaire dite de " la vache folle ",
l'Agence avait montré, sur ce premier grand dossier, sa capacité
à s'entourer d'avis d'experts et qu'elle avait proposé aux
pouvoirs publics de surseoir à la levée de l'embargo sur les
viandes bovines britanniques demandée par la Commission
européenne.
Estimant qu'il conviendrait, le moment venu, de renforcer les pouvoirs de
l'Agence, il n'a pas jugé opportun d' " enquêter " sur
une institution qui venait d'être installée.
M. Jean Delaneau, président
, a indiqué qu'il
n'était pas partisan d'un " suivisme " sénatorial par
rapport aux initiatives de l'Assemblée nationale. Il a affirmé
que son refus de créer une commission d'enquête ne faisait pas
écho à des considérations partisanes, puisqu'il avait
apporté semblable réponse à des demandes formulées
par d'autres groupes politiques du Sénat. Informant la commission qu'il
s'était entretenu de cette question avec le président de la
Commission des affaires économiques et du plan, il a estimé qu'il
serait opportun que la commission organise une série d'auditions
publiques sur la sécurité sanitaire.
M. Guy Fisher
a observé que plusieurs sujets d'actualité
concernant, par exemple, les organismes génétiquement
modifiés, comme le contenu du rapport établi à la suite de
l'enquête réalisée par des inspecteurs de la Commission
européenne dans certaines entreprises fabriquant des produits
destinés à l'alimentation animale, incitaient à poursuivre
une réflexion sur la sécurité sanitaire des aliments. Il a
indiqué que, si la commission décidait de l'organisation d'une
série d'auditions publiques, il appuierait cette démarche,
même si elle ne remplaçait pas la création d'une commission
d'enquête.
M. Jean Delaneau
a confirmé vouloir organiser une telle
série d'auditions, dont M. Claude Huriet, rapporteur, pourrait
être le maître d'oeuvre afin de garantir la continuité des
travaux de la commission sur ces questions.
M. Bernard Cazeau
a également estimé que
l'actualité imposait une vigilance permanente de la commission sur la
sécurité sanitaire des aliments. Estimant qu'il ne fallait pas
confondre " vitesse et précipitation ", il a
considéré qu'il convenait de laisser un peu de temps à
l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments
avant d'établir le bilan de son fonctionnement. Il s'est
déclaré très intéressé par la perspective de
l'organisation d'une série d'auditions publiques consacrée
à la sécurité sanitaire des aliments.
En conclusion,
M. Claude Huriet, rapporteur
, a estimé qu'il ne
fallait pas non plus confondre " enquête " et information, et
observé que les remarques formulées par M. Guy Fisher
traduisaient son souci d'une meilleure information du Parlement plutôt
qu'une volonté d'enquêter sur des fait précis. Rappelant
que le travail du législateur ne s'arrêtait pas avec le vote de la
loi, il a estimé qu'il appartenait au Sénat, sans empiéter
sur les prérogatives de l'exécutif, de s'assurer que la
volonté du législateur était bien respectée dans la
mise en oeuvre de la loi du 1
er
juillet 1998. Moins d'un an
après l'installation des agences de sécurité sanitaire, il
a affirmé que l'organisation d'une série d'auditions publiques
témoignerait de la vigilance et de la motivation de la commission des
affaires sociales pour continuer à améliorer le contrôle de
la sécurité sanitaire des produits destinés à
l'homme.