B. LA RECHERCHE D'UN NOUVEAU SOUFFLE

1. Une première étape : le plan " Réserves 2000 "

Le plan " Réserves 2000 " présenté par le gouvernement le 10 juin 1992 a eu pour premier objectif de corriger les faiblesses les plus manifestes de l'organisation des réserves.

Le plan " Réserves 2000 " poursuivait trois objectifs principaux :

- la concentration de la gestion et de l'administration sur les seules réserves " utiles " pour les armées bien en deçà de l'effectif des 4 millions de réservistes qui représentait le potentiel de la mobilisation ;

- la fidélisation des réservistes motivés et compétents grâce à la création d'un cadre contractuel destiné à ajuster la ressource aux besoins, à assurer un meilleur suivi de la formation et de la carrière des intéressés et enfin, à garantir, si possible, une affectation ;

- la capacité de convoquer des réservistes pour occuper une fonction , hors mobilisation, dès le temps de paix avec un préavis relativement court.

Pour satisfaire ces objectifs, la Défense prévoyait trois orientations :

- la constitution d'une réserve différenciée,

- la mise en place d'un nouveau système de montée en puissance des forces selon le type de crise,

- la recherche d'une gestion plus efficace et plus personnalisée.

. La définition de trois catégories de réservistes

1. La catégorie des disponibles déjà prévue par les textes 1( * ) comprend les rappelables pendant une période de dix-huit à vingt-quatre mois dans la formation dans laquelle ils ont effectué le service actif dans une formation mise sur pied en cas de mobilisation et proche de leur domicile. Les armées n'auraient alors recours aux disponibles que pendant deux à trois ans à compter de la fin du service actif (période pendant laquelle les disponibles sont supposés opérationnels sans instruction spécifique) en fonction des besoins en effectifs pour le temps de crise ou de guerre.

2. Les volontaires regroupent principalement des cadres destinés à compléter les unités d'active ou à encadrer des formations de réserves. Ils sont recrutés, selon les besoins, parmi les anciens appelés ou parmi les anciens personnels d'active et régulièrement instruits.

3. Les spécialistes comprennent des réservistes hautement qualifiés (linguistes, professions de santé, géographie, juristes...) dont la mission serait de remplacer ou seconder les personnels d'active, voire d'occuper dès le temps de crise des postes de mobilisation. Ces spécialistes dont les qualifications sont directement transposables du civil dans l'armée, ne requièrent pas une instruction militaire systématique.

. Un nouveau concept de montée en puissance

Le plan " Réserves 2000 " prévoyait pour l'armée de terre et l'armée de l'air une montée en puissance adaptée aux situations nouvelles liées à la participation à des actions humanitaires extérieures, à la généralisation des interventions dès le temps de crise et enfin, à l'assistance aux services publics (en cas de catastrophe naturelle par exemple). Le système de montée en puissance de la marine et de la gendarmerie, adapté aux besoins de ces deux forces, n'appelait pas quant à lui d'aménagements particuliers.

L'armée de l'air pouvait désormais dissoudre ses unités entièrement composées de réservistes et privilégier le renforcement des unités d'active. L'armée de terre devait, quant à elle, s'appuyer sur quatre catégories de formations classées selon les délais nécessaires à leur intervention :

1. les unités de " première intervention " composées d'unités d'active à disponibilité immédiate éventuellement complétées par quelques spécialistes.

2. les unités de " deuxième intervention " composées des unités d'active à disponibilité différée capables d'intervenir après avoir été complétées par les fractions de contingent rappelables (disponibles), par des volontaires et, éventuellement, des spécialistes.

3. les unités de " première réserve " constituées des unités dérivées de formation d'active (formées elles-mêmes de militaires d'active, de volontaires et de disponibles).

4. Les unités de " deuxième réserve " composées de personnels d'active rendus disponibles et complétés par des réservistes.

. La recherche d'une gestion resserrée

Le plan " Réserves 2000 " visait la constitution de réserves réduites à 500 000 hommes. Par ailleurs il a encouragé de manière générale une déconcentration de la gestion afin de favoriser l'échange d'informations entre les différentes parties prenantes : réservistes, employeurs, bureaux du service national, unités.

A l'inverse, pour le service de santé des armées, le souci d'efficacité a commandé une plus grande centralisation avec, notamment, la mise en place d'un système national de gestion informatisée des officiers et des aspirants. La possibilité ouverte par la loi de 1993 de souscrire un engagement spécial de volontaires dans la réserve, a permis, notamment pour les spécialistes, d'apporter leur compétence au service de santé des armées dans le cadre d'un contrat au contenu modulable.

Incontestablement, le plan " Réserves 2000 ", et dans son prolongement, la loi de 1993 relative aux réserves, ont imprimé un nouvel élan à l'organisation des réserves, même s'il s'est révélé insuffisant. Dans un rapport qui a fait date, notre collègue Hubert Haenel s'était livré en 1993, à la demande du Premier ministre M. Edouard Balladur, à une analyse objective des avancées permises par le plan, tout en en soulignant les limites.

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