Proposition de loi relative aux licenciements des salariés de plus de cinquante ans
SOUVET (Louis)
RAPPORT 349 (98-99) - Commission mixte paritaire
N°
1599
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N°
349
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Enregistré à
la Présidence de
l'Assemblée nationale
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Annexe au
procès-verbal de la séance
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RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE (1) CHARGÉE DE PROPOSER UN TEXTE SUR LA PROPOSITION DE LOI tendant à limiter les licenciements des salariés de plus de cinquante ans ,
PAR M.
GAËTAN GORCE, PAR M. LOUIS SOUVET,
Député Sénateur
( 1) Cette commission est composée de : M. Jean Delaneau, sénateur, président ; M. Jean Le Garrec, député, vice-président ; M. Gaëtan Gorce , député, M. Louis Souvet , sénateur, rapporteurs.
Membres titulaires : MM . Serge Franchis, André Jourdain, Jacques Machet, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, M. Guy Fischer , sénateurs ; Mme Hélène Mignon, MM. Bruno Bourg-Broc, Germain Gengenwin, Maxime Gremetz, Gérard Charasse, députés .
Membres suppléants :
MM. François Autain, Jacques
Bimbenet, Mme Nicole Borvo, MM. Louis Boyer, Alain Gournac, Dominique Leclerc,
Jean-Louis Lorrain,
sénateurs ;
M. Alfred Recours, Mme
Paulette Guinchard-Kunstler, M. Jean Delobel, Mme Roselyne Bachelot-Narquin,
MM. Bernard Accoyer, Christian Kert, Gilbert Gantier,
députés
.
Voir les numéros :
Assemblée nationale (11
ème
législ.) :
Première lecture :
1236
,
1251
et T.A.
219
.
Deuxième lecture :
1375
,
1415
et T.A.
257
.
Troisième lecture :
1588
.
Sénat
: Première lecture :
114, 165
et
T.A.
66
(1998-1999).
Deuxième lecture :
253, 297
et T.A.
118
(1998-1999).
Travail |
Mesdames, Messieurs,
Conformément au deuxième alinéa de l'article 45 de la
Constitution et à la demande de M. le Premier Ministre, une commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions
restant en discussion de la proposition de loi tendant à limiter les
licenciements des salariés de plus de cinquante ans s'est réunie
le mercredi 12 mai 1999 au Sénat.
La commission a d'abord procédé à la désignation de
son bureau qui a été ainsi constitué :
- M. Jean Delaneau, sénateur, président ;
- M. Jean Le Garrec, député,
vice-président ;
- M. Louis Souvet, sénateur, rapporteur pour le
Sénat ;
- M. Gaëtan Gorce, député, rapporteur pour
l'Assemblée nationale.
*
* *
La
commission mixte paritaire a ensuite procédé à l'examen du
texte.
M. Louis Souvet, rapporteur pour le Sénat
, a rappelé que
l'Assemblée nationale ayant rétabli en deuxième lecture le
texte qu'elle avait adopté en première lecture, le Sénat
venait de rejeter, une nouvelle fois, la proposition de loi tendant à
limiter les licenciements des salariés de plus de cinquante ans.
Il a souhaité rappeler brièvement pour quelles raisons le
Sénat avait choisi de rejeter ce texte.
Le Sénat avait tout d'abord jugé que cette proposition de loi
reposait sur des fondements fragiles et contestables : les
prétendus contournements de la " contribution Delalande " par
les conventions de conversion ou par les refus de conventions de
préretraite FNE n'apparaissaient en effet pas prouvés.
La simple constatation d'une augmentation de la part des salariés de
plus de cinquante ans dans les entrées en convention de conversion
semblait très insuffisante à démontrer un contournement
massif et un abus généralisé justifiant une intervention
du législateur.
Il paraissait en outre contradictoire de faire porter la " contribution
Delalande ", qui procédait d'une logique de sanction, sur les
conventions de conversion qui avaient précisément pour objectif
de faciliter le reclassement du salarié dont le licenciement n'avait pu
être évité.
S'agissant des refus de préretraites FNE, les affirmations concernant
d'éventuels abus ne reposaient pas davantage sur des
éléments précis. Sur une moyenne de 20.000 entrées
en préretraite FNE chaque année, le nombre de refus était
extrêmement faible et portait sur une soixantaine de salariés par
an seulement. Dans ces conditions, le Sénat s'était
interrogé sur le bien-fondé d'une intervention du
législateur pour réprimer un nombre effectif d'abus probablement
infinitésimal.
M. Louis Souvet, rapporteur pour le Sénat
, a souligné que
le Sénat avait jugé inacceptable le procès d'intention
fait aux entreprises, globalement considérées par les initiateurs
de cette proposition de loi comme ayant un comportement frauduleux.
Le Sénat avait entendu dénoncer la logique de sanction et
d'accroissement des charges des entreprises qui animait cette proposition de
loi. Il avait exprimé la crainte que cette proposition de loi, qui
entendait préserver l'emploi, ne constituât en définitive
un véritable frein à l'emploi, notamment pour les salariés
âgés de 45 à 50 ans.
Il s'était enfin interrogé sur la cohérence de la
politique que menait le Gouvernement en matière d'emploi des
salariés les plus âgés.
M. Louis Souvet, rapporteur pour
le Sénat,
a jugé qu'il était paradoxal d'augmenter la
" contribution Delalande ", afin de sanctionner les entreprises qui
licencient des salariés âgés de plus de 50 ans, tout en
encourageant simultanément certaines entreprises à rajeunir leur
pyramide des âges par des départs massifs et anticipés de
salariés " âgés ".
M. Louis Souvet, rapporteur pour le Sénat
, a constaté les
divergences de fond qui séparaient les deux assemblées et qui
rendaient difficilement envisageable un accord en commission mixte paritaire.
Après avoir fait valoir les problèmes pratiques et les risques de
contentieux que ne manquerait pas de soulever l'entrée en vigueur
rétroactive de cette proposition de loi au 1er janvier 1999, alors
qu'elle ne serait vraisemblablement promulguée qu'au début du
mois de juillet prochain,
M. Louis Souvet, rapporteur pour le
Sénat
, a souligné que si l'Assemblée nationale
entendait rétablir son texte en nouvelle lecture, il serait à
tout le moins prudent et nécessaire qu'elle supprimât cette
rétroactivité.
M. Gaëtan Gorce, rapporteur pour l'Assemblée nationale
,
a indiqué qu'il partageait l'analyse de M. Louis Souvet quant au
caractère fondamental des divergences séparant les deux
assemblées. Il a souligné que le désaccord portait
également sur la date d'entrée en vigueur de la proposition de
loi, l'Assemblée nationale ayant volontairement choisi une mise en
oeuvre rétroactive.
M. Gaëtan Gorce
,
rapporteur pour l'Assemblée
nationale,
a considéré que cette proposition de loi entendait
répondre aux tentations fortes de certaines entreprises de se
séparer de leurs salariés les plus âgés, ce qui
conduisait à une situation humaine et sociale inacceptable.
Il a rappelé que la " contribution Delalande " avait
été instituée en 1987 pour freiner les licenciements des
salariés âgés de plus de cinquante ans. Dans un premier
temps, cette contribution avait fait la preuve de son efficacité. A
partir de 1992, il avait cependant été nécessaire de
l'augmenter.
M. Gaëtan Gorce
,
rapporteur pour l'Assemblée
nationale,
a constaté que certaines entreprises avaient mis en place
des stratégies de contournement de la " contribution
Delalande " en recourant aux conventions de conversion et en faisant
pression sur leurs salariés pour qu'ils renoncent au
bénéfice des préretraites FNE. La proposition de loi avait
précisément pour objet de corriger ces deux " failles "
du dispositif de la " contribution Delalande ".
Considérant que cette proposition de loi était utile et
nécessaire,
M. Gaëtan Gorce, rapporteur pour
l'Assemblée nationale,
a souligné que l'Assemblée
nationale était attachée au maintien du dispositif qu'elle avait
adopté en première et en deuxième lecture.
Il a enfin observé que le choix d'une date d'entrée en vigueur au
1
er
janvier 1999 avait pour objet d'éviter que des
entreprises ne profitent du délai d'adoption de la proposition de loi
pour contourner les nouvelles dispositions avant la promulgation de la loi.
M. Jean Le Garrec, vice-président
, a constaté que les
positions des deux assemblées étaient totalement opposées
et que les marges de négociation apparaissaient dès lors bien
étroites.
Il a souligné qu'il n'était personnellement pas favorable
à des mesures contraignantes pour les entreprises, sauf lorsque cela
s'avérait absolument nécessaire, comme c'était
précisément le cas de cette proposition de loi. Il a
rappelé que la " contribution Delalande " avait
été créée en 1987, par un Gouvernement issu de
l'actuelle opposition.
Evoquant la réflexion en cours sur les retraites, après la
publication du rapport de M. Jean-Michel Charpin,
M. Jean Le Garrec,
vice-président,
a observé que la France présentait
deux caractéristiques exceptionnelles : d'une part, le taux de
chômage des jeunes de moins de 25 ans le plus élevé
d'Europe, d'autre part, la durée de la vie active la plus courte
d'Europe.
Considérant que cette situation ne pouvait perdurer,
M. Jean Le
Garrec, vice-président,
a formulé le souhait que les
négociations contractuelles et l'évolution des comportements
amènent les entreprises à renoncer à utiliser les
licenciements comme variable d'ajustement.
Il a considéré que, dans l'attente de tels changements, des
mesures du type de celles contenues dans la présente proposition de loi
s'avéraient nécessaires.
La commission mixte paritaire est ensuite passée à l'examen de
l'article premier.
Elle s'est prononcée sur l'article premier dans le texte de
l'Assemblée nationale et l'a rejeté par trois voix contre trois.
M. Jean Delaneau, président
, a alors constaté que la
commission mixte paritaire n'était pas en mesure d'adopter un texte
commun sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi
tendant à limiter les licenciements des salariés de plus de
cinquante ans.