AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Le budget annexe des Monnaies et médailles souligne le caractère
mixte de cette administration : chargée de fournir au Trésor la
monnaie métallique courante, l'administration des monnaies
bénéficie du monopole de la frappe des monnaies et de la
fabrication des poinçons. Sa mission de service public comprend
également l'expertise des monnaies présumées fausses et la
gestion du Musée de la Médaille. Mais la Monnaie de Paris a
également développé un savoir-faire artistique et
commercial qui lui permet, à travers une gamme étendue de
produits, de se procurer des recettes commerciales qui contribuent pour
près du tiers à son financement global.
Le budget annexe poursuit, pour la troisième année
consécutive, son mouvement de croissance, avec une augmentation de
32,3 % après une progression de 20,9 % en 1998 et de
12,9 % en 1997.
Les recettes passeraient ainsi de 1.044,8 millions de francs en 1998
à 1.382,45 millions de francs pour 1999, soit une augmentation de
337,5 millions de francs. Les dépenses d'exploitation progressent
elles aussi, passant de 997,1 millions de francs à
1.337,4 millions de francs pour 1999 (+34,13 %).
Contrairement aux années précédentes, et pour la
première fois depuis 1993, le budget annexe sera équilibré
sans recourir à la subvention de l'Etat. Cette dernière avait
déjà sensiblement diminué, passant de 107,9 millions
de francs en 1997 à 49,7 millions de francs en 1998. Ce retour
à l'équilibre est l'un des principaux objectifs du plan
d'entreprise "Monnaie 2000", approuvé en 1996, qui vise notamment
à assurer durablement l'équilibre budgétaire à
l'horizon 2000.
I. LES RECETTES : UNE PROGRESSION SOUTENUE
Pour la
troisième année consécutive, les prévisions de
recettes sont en forte progression (+39,31 %), passant de
985,4 millions de francs-hors subvention- en 1998, à
1.373,4 millions de francs pour 1999.
Cette hausse est due principalement au produit escompté de la vente des
monnaies françaises et des euros à face française.
A. LES RECETTES TIRÉES DE LA VENTE DES MONNAIES FRANÇAISES
Pour
1999, les recettes tirées de la cession au Trésor des
monnaies
françaises
qui représentent 70 % du budget annexe,
enregistrent une hausse de 54,4 %, passant de 622,52 millions de
francs en 1998 à 961,22 millions de francs en 1999.
Cette forte hausse des recettes, qui fait suite à celles de 1998
(+34 %) et 1997 (+53 %) s'explique par le volume du programme de
frappe de l'euro.
1. Le programme de frappe
En 1999,
la Monnaie de Paris devrait frapper 2.580,99 millions de pièces
contre 2.300,99 millions en 1998. Comme en 1998, l'importance du programme
de frappe, en rupture avec le rythme des années
précédentes où la frappe représentait annuellement
500 à 600 millions de pièces, est justifiée par
l'importance du contingent d'euros à face française qui seront
produits en 1999.
Les pièces d'euros représentent 96,9 % du programme de
frappe pour 1999, soit 2.500 millions de pièces. Cette
répartition est conforme aux prévisions retenues par les
directeurs des monnaies des différents pays de l'Union
européenne, comme au programme pluriannuel du plan d'entreprise
"Monnaie 2000".
En effet, il a été établi que la France devrait frapper
7,6 milliards d'euros à face française, au cours de la
période 1998-2001, les autorités monétaires devant
disposer d'un stock immédiatement disponible représentant
65 % du volume des besoins. 1999 sera donc théoriquement la
dernière année de frappe de pièces françaises, la
Monnaie de Paris se consacrant ensuite pleinement à la frappe de l'euro
jusqu'au 1er janvier 2002.
Ainsi, la faible quantité de pièces françaises - 80,99
millions dont 80 millions de pièces de 1F - prévue pour 1999
est destinée à répondre à une demande de la Banque
de France eu égard à la situation de ses réserves.
Ce contingent concerne principalement la pièce de 1F, dont
80 millions d'exemplaires devraient être fabriqués. Ce volume
d'émission, qui concerne une coupure pivot de la gamme monétaire
métallique, doit permettre de faire face, d'ici 2002, à
l'accélération constatée de l'accroissement de la
circulation monétaire.
En outre, pour chaque coupure de la gamme des pièces courantes, un
contingent de 35.000 exemplaires sera réservé aux tirages
des séries numismatiques.
L'essentiel de l'activité monétaire pour 1999 est donc
consacré à la fabrication des pièces de l'euro et se
décompose de la façon suivante :
Détail du
programme de frappe
|
|
2 euro |
160.000.000 |
1 euro |
250.000.000 |
50 cent |
200.000.000 |
20 cent |
244.000.000 |
10 cent |
280.000.000 |
5 cent |
427.000.000 |
2 cent |
400.000.000 |
1 cent |
539.000.000 |
Total |
2.500.000.000 |
2. La cession au Trésor
Le
produit de cession de la monnaie française
diminue, passant de
173,04 millions de francs en 1998 à 59,15 millions de francs
pour 1999 (dont 2,99 millions de francs au titre des monnaies de
collection). Cette baisse importante s'explique principalement par le
quasi-abandon de la frappe de monnaie française. En outre, pour la
cinquième année consécutive, les gains obtenus en
matière de productivité ont permis une baisse des prix de cession
au Trésor. Ainsi, la pièce de 1F, principale production pour
1999, voit-elle son prix de cession ramené de 0,742 F en 1998
à 0,702 F pour 1999.
Les prix de cession des pièces d'usage courant sont calculés sur
la base des prix de revient prévisionnels (qui prennent en compte le
plan de charge de fabrication monétaire retenu pour 1999), de la valeur
métal intrinsèque à chaque coupure et d'une partie de la
marge bénéficiaire dégagée par
l'établissement monétaire de Pessac pour l'ensemble du programme.
Pour les pièces de monnaie de collection qui n'ont pas
d'équivalent en pièces de monnaies courantes, les prix de cession
sont déterminés de façon conventionnelle, par
référence à des coupures de valeur faciale voisine. Ainsi,
le prix de cession des pièces de 500 F correspond au prix de
cession de la pièce de 100 F majoré conventionnellement de
400 F.
Le budget annexe cède les pièces de monnaie au compte
spécial pour le prix qui vient d'être indiqué et les lui
rachète à leur valeur faciale. Cette opération
confère aux pièces valeur libératoire.
Compte tenu de l'importance en volume du programme de fabrication, la marge du
fabricant de 10 % traditionnellement appliquée sur chaque coupure a
été réduite pour conduire à un
bénéfice d'exploitation, pour l'établissement
monétaire de Pessac, de 50 millions de francs.
La valeur du métal prise en considération est égale
à la moyenne des cours observés durant les quatre ou cinq
premiers mois de l'année d'établissement du projet de budget.
A l'instar du budget 1998, les cours de métaux 1999 tiennent compte non
seulement des frais d'approche mais aussi de taux de couverture. Par prudence,
compte tenu des fortes amplitudes observées dans ce domaine, les cours
de métaux retenus dans le budget 1998 ont été reconduits
pour 1999 :
Nickel |
60.122 TTC |
la tonne |
Cuivre |
18.384 TTC |
la tonne |
Aluminium |
13.291 TTC |
la tonne |
Etain |
56.519 TTC |
la tonne |
Zinc |
13.664 TTC |
la tonne |
Le
produit de la cession au Trésor des euros à face française
s'élèvera à 902,08 millions de francs contre
449,08 millions de francs en 1998.
Les prix de cession, également déterminés en accord avec
la direction du Trésor, sont les suivants :
La progression du programme de frappe permet à ce poste de représenter une part plus importante encore que les années précédentes dans le total des recettes du budget annexe.
Part
des recettes de la frappe dans le budget annexe
|
|
1991 |
62,29 % |
1992 |
60,97 % |
1993 |
81% |
1994 |
55% |
1995 |
47% |
1996 |
42,8% |
1997 |
55,3% |
1998 |
63,17 % |
1999 |
70 % |
Le
programme de frappe (pièces françaises et euros) dégagera
donc un produit total de 961,22 millions de francs.
Ce montant est repris en dépenses dans les comptes spéciaux du
Trésor, au compte d'émission des monnaies métalliques
où il est inscrit à hauteur du coût de fabrication des
pièces nouvelles.
Les monnaies courantes sont achetées, à leur prix de cession, par
le compte 906-04 dès leur frappe. Cependant, le compte 906-04 n'est
crédité de la valeur faciale de la pièce qu'il a
achetée, qu'au moment de sa mise en circulation par la Banque de France.
Le solde des mouvements entre le budget annexe et le compte spécial
906-04, retracé dans le tableau ci-dessus, est donc purement
théorique en ce qui concerne le rachat effectif de la valeur faciale des
pièces courantes par la Banque de France, dans la mesure où il
est basé sur le programme de frappe réalisé année
après année par le budget annexe alors que celle-ci
procède à des prélèvements en fonction de ses
besoins.
Ainsi, s'agissant de l'euro, le compte 906-04 aura été
débité de l'avance de fabrication des pièces dès
1998 alors qu'il ne sera crédité qu'en 2002, année de leur
mise en circulation. La fabrication de l'euro se traduira donc par un
déficit, puisque seule la charge correspondant aux prix de cession
(902,08 millions de francs pour 1999) sera imputée au compte
spécial d'émission des monnaies métalliques du
Trésor 906-04.
Quoi qu'il ne constitue qu'un aspect des mouvements financiers dudit compte, ce
tableau rend toutefois compte des flux et des tendances
observés.
B. LES ACTIVITÉS COMMERCIALES DE LA MONNAIE
Les recettes tirées par la monnaie de ses activités commerciales contribuent pour près du tiers à son financement. Les recettes les plus conséquentes proviennent de la vente des monnaies de collection et du chiffre d'affaires réalisé à l'exportation, notamment grâce à la production des monnaies courantes étrangères.
1. La vente des monnaies de collection
La vente
des
monnaies de collection françaises
a connu cette année
une forte progression. Ainsi, le chiffre d'affaires global des monnaies de
collection s'élevait, au 30 juin 1998, à 46,80 millions de francs
- dont 0,202 millions pour les monnaies de collection
étrangères - contre 30,26 millions de francs au 30 juin
1997, soit une augmentation de 54,6 %.
L'essentiel des ventes se fait à l'étranger (69 %) où
la monnaie de collection demeure le produit phare des ventes. En France, les
monnaies de collection sont principalement distribuées par
l'intermédiaire de trois circuits de revente :
• La Monnaie de Paris (boutiques et ventes par correspondance)
• Les Trésoreries Générales (350 centres de
paiement)
• Les revendeurs numismatiques.
Les résultats assez exceptionnels de cette année ont
été principalement soutenus par la Coupe du monde de football.
Ainsi, au 30 juin 1998, plus de 129.000 pièces de 10 francs en argent
"Coupe du Monde" avaient été vendues. L'exclusivité que la
Monnaie de Paris a obtenue sur ce thème, l'absence de grand programme
concurrent au niveau international et une politique de promotion intense ont
permis d'obtenir une augmentation importante de la part de marché dans
ce secteur.
Outre la collection "Coupe du Monde", la Monnaie de Paris a poursuivi,en 1998,
les collections Monuments d'Europe, Trésor des Musées d'Europe et
Grands Hommes du Panthéon. La nouvelle collection en or ou en argent
"Trésors du Nil", qui sera lancée au dernier trimestre dans le
cadre de la célébration du bicentenaire de l'égyptologie,
devrait prendre le relais. Deux nouvelles collections consacrées
à l'an 2000 et à l'Europe devraient être proposées
à la vente en 1999.
La prévision de recettes est strictement reconduite à l'identique
pour 1999. Il s'agit là d'un objectif ambitieux compte-tenu du niveau
élevé des ventes en 1998.
Le chiffre d'affaires des monnaies de collections étrangères ne
semble pas devoir atteindre le niveau fixé pour l'année 1998.
Avec 202.760 francs seulement de recettes au 30 juin 1998, il
paraît difficile d'envisager de parvenir, d'ici la fin de l'année,
aux 5 millions de francs prévus. C'est pourquoi la
prévision de recettes pour 1999, reconduite à l'identique,
paraît très optimiste, voire teintée
d'irréalisme.
2. La vente des médailles, fontes, décorations et jetons.
Le
chiffre d'affaires de ce secteur représente le 1/10ème des
recettes du budget annexe, à 138 millions de francs .
Sur le marché français
, le chiffre d'affaires
(48 millions de francs HT au 1er semestre) a progressé de
10 % en 1998, par rapport au 1er semestre 1997, ce qui constitue le
meilleur résultat depuis 1994. L'événement Coupe du Monde
a beaucoup contribué à cette bonne performance, la Monnaie de
Paris ayant obtenu l'exclusivité de la licence pour la fabrication des
médailles et jetons.
S'agissant des médailles, les meilleures ventes, en 1998, ont cependant
été le fait - comme chaque année - des médailles
calendriers et des médailles presse-papiers.
Ce poste connaît un regain d'intérêt, du fait notamment de
l'arrivée de l'euro et des produits qui lui sont consacrés.
En revanche, le chiffre d'affaires concernant les décorations continue
de baisser, du fait principalement de la diminution des ventes sur la
médaille de la Défense nationale.
Les médailles d'honneur du travail connaissent une stabilisation de
leurs ventes autour de 27 millions de francs par an, ce qui constitue
paradoxalement une nette augmentation en part de marché, compte-tenu de
la baisse constatée du nombre des promotions annuelles (-10 % par
an selon le ministère de l'emploi et de la solidarité).
Le poste "Autres décorations" a vu son chiffre progresser du fait de la
médaille "Afrique du Nord" qui connaît une évolution
favorable depuis sa création en 1996.
Bénéficiant du grand succès des dernière
opérations d'euro temporaires de ville ou de département, ainsi
que de la croissance des médailles touristiques, le poste
"éditions particulières" a connu en 1998 un essor sensible.
Enfin, le résultat des fontes d'art était également en
hausse au 1er semestre 1998 et cette tendance devrait se poursuivre en
1999 au rythme des nouvelles éditions.
La vente de bijoux, qui a confirmé ses promesses sur le marché
français, devrait se consolider grâce, notamment à une
nouvelle force de vente d'agents commerciaux dédiés aux bijoux.
Compte tenu des résultats et perspectives de l'ensemble de ce secteur
commercial, en France comme à l'international, la reconduction, pour
1999, des 138 millions de francs de recettes prévues pour 1998
correspond à un choix réaliste.
3. Les résultats à l'exportation
a) Le secteur des monnaies étrangères
Il
recueille en 1998 les fruits d'une politique commerciale active : les recettes
constatées à la fin du premier semestre pour les monnaies
courantes (73 millions de francs ) correspondent presque au doublement des
prévisions (40 millions de francs ).
Pour les monnaies courantes, les clients de la Monnaie sont :
En Afrique : Etats de l'Afrique de l'Ouest, Etats de l'Afrique Centrale,
Tunisie, Maroc, Syrie, République de Djibouti, Comores et Madagascar
En Amérique : Uruguay, Equateur, Argentine, République Dominicaine
En Europe : Albanie, Norvège, Monaco, Chypre, Géorgie et Portugal
En Asie : Emirats Arabes Unis, Quatar, Arabie Saoudite, Yémen, Cambodge,
Vietnam, Thaïlande
Grâce à son savoir faire et à son dynamisme, la Monnaie de
Paris s'attache encore à conquérir de nouveaux marchés.
Ainsi, le contrat avec la Syrie continuera encore à s'échelonner
jusqu'en fin 1999.
La Monnaie de Paris vient en outre de remporter, dans le cadre d'un appel
d'offres international, un contrat de fabrication de 40 millions de
pièces pour l'Uruguay, pays qui n'était pas client de la Monnaie
auparavant.
Elle vient également d'obtenir, grâce à sa
compétitivité, un nouveau contrat avec l'Arabie Saoudite qui
était jusqu'alors client de la Monnaie Britannique, la Royale Mint.
Depuis l'éclatement de l'URSS, des contacts ont été
établis avec les pays de l'Europe de l'Est : ils se sont
concrétisés avec la Géorgie et l'Albanie et se poursuivent
avec d'autres pays tels que le Kazakhstan, l'Arménie ou encore le
Turkménistan.
Des clients traditionnels sont en passe de renouveler leurs commandes : il
s'agit de la BEAC et de MONACO. L'adhésion de la Guinée Bissau
à l'Union Ouest africaine a engrangé des besoins importants en
1998.
Des clients occasionnels, tels Chypre, la Tunisie, l'Uruguay et la
Norvège, sont intéressés par les émissions de
pièces commémoratives.
Ces résultats engageants ont permis de reconduire, pour 1999, les
prévisions de recettes escomptées pour 1998, à hauteur de
138 millions de francs y compris les territoires d'outre-mer.
Le chiffre d'affaires relatif aux TOM a été, au 30 juin 1998, de
4.389.323 F pour une prévision de 5 millions de francs , le
nombre de pièces frappées s'élevant à 4.339.500.
Pour 1999, l'institut d'émission d'outre-mer a d'ores et
déjà passé une commande de huit millions de pièces
courantes concernant la Polynésie française et la
Nouvelle-Calédonie.
b) Les monnaies de collection
Elles
constituent le produit phare de nos ventes à l'étranger. Les
monnaies de collection françaises, évoquées
précédemment, ont vu leurs ventes progresser de plus de 54 %
grâce à l'effet Coupe du Monde. A cet effet, des lancements
avaient été organisés dans de nombreux pays,
généralement dans la résidence des ambassades de France
des pays qui constituent nos principaux clients.
En revanche, la crise asiatique a fortement pénalisé les
exportations avec des manques à gagner estimés à
4 millions de francs en Corée, 1 million en Thaïlande et
en Indonésie. La crise à Hong Kong et en Chine a eu des effets
qui sont plus difficiles à chiffrer compte tenu de la nouveauté
du marché chinois. On peut néanmoins estimer les recettes non
réalisées à plusieurs millions de francs.
Cependant, la qualification du Japon fut suivie d'un engouement sans
précédent pour la Coupe du monde et ses produits
dérivés. Ceci a permis de compenser la situation
économique difficile et de maintenir le chiffre d'affaires dans ce pays
tel que prévu au début du programme.
c) Les médailles, fontes et bijoux
•
Les médailles :
La très grande majorité des ventes de médailles à
l'étranger le sont à travers des éditions
particulières, créations à titre privé pour des
sociétés ou organisations.
L'année 1998 a vu un développement substantiel des ventes de
médailles grâce principalement à la Coupe du monde de
football. Des commandes relativement importantes furent ainsi obtenues du Japon
(médailles en or, en argent et en bronze), de Norvège
(médailles en argent), ainsi que d'autre pays tels l'Italie, l'Espagne
ou Hong Kong.
Les produits vendus sont soit des créations particulières soit
des médailles à l'effigie du pays et représentant la
mascotte de France 98, Footix.
En édition particulière, il faut aussi souligner le succès
du programme de médailles sur le thème de la Formule 1
automobile pour un client basé en Suisse, décliné en
médailles en or, argent ou bronze mais aussi sous forme de porte-clefs
en cupro-nickel.
L'année 1999 devrait voir un développement accru des
éditions particulières grâce à des efforts
spécifiques faits pour ouvrir de nouveaux marchés.
• En matière de fonderie, l'année 1998 a vu un regain
d'activité qui devrait se confirmer en 1999.
En effet, à l'occasion de l'année de la France au Japon, la
Monnaie a passé des accords de partenariat avec de grands artistes
japonais dans le but d'éditer en fonderie des oeuvres originales et de
les distribuer sur le marché japonais. Les 4 premiers artistes seront
édités dès 1998, 2 ou 3 autres en 1999. Le chiffre
d'affaires annuel estimé se situe aux alentours de 400.000 francs.
D'autre part, la Monnaie de Paris a passé un accord de
coopération avec une société italienne d'édition
d'art, dans l'optique d'éditer et de distribuer en Italie des oeuvres
produites et fondues à la Monnaie de Paris, principalement d'artistes
italiens. Là aussi, le chiffre d'affaires annuel estimé est aux
alentours de 400.000 francs.
• Les ventes de bijoux à l'exportation, qui concernent uniquement
le Japon, ont beaucoup diminué. La politique d'exportation de la Monnaie
dans ce secteur va donc être complètement revue pour être
relancée sur de nouvelles bases à partir du succès des
ventes de bijoux "Monnaie de Paris" en France.
II. LES DÉPENSES : UNE ÉVOLUTION MAITRISÉE
Les
dépenses d'exploitation, à hauteur de 1.337,41 millions de
francs, augmentent de 340,2 millions de francs (+34,12 %).
L'essentiel de cette hausse est concentré sur deux postes : les achats
et les services extérieurs. On note également une
légère progression des dépenses de personnel.
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
1. Les achats
Le poste achats, qui augmente de 49,7 % passe de 567,54 millions de francs à 850,21 millions de francs. Cette hausse s'explique tant par la croissance du volume de frappe - du fait du fort contingent d'euro - que par sa composition, puisque la pièce bicolore de 2 euros sera fabriquée pour la première fois en 1999. C'est le poste de dépenses le plus important depuis 1997 ; en 1999, les achats représenteront 57,28 % des dépenses d'exploitation.
L'essentiel du poste achats est justifié par la
production de
l'euro.
Les achats de métaux communs de l'Etablissement monétaire de
Pessac passent en conséquence de 155,65 millions de francs à
216,38 millions de francs, les achats de flans de 13,28 millions de
francs à 17,69 millions de francs tandis que les façons de
flans s'élèvent à 470,32 millions de francs contre
249,93 millions de francs en 1998.
Par précaution, les cours de métaux communs retenus dans le
budget 1998 ont été reconduits pour 1999.
S'agissant de l'établissement parisien, il est à noter que
l'effort soutenu dans le cadre de la rationalisation des achats a permis de
présenter pour l'ensemble du chapitre une mesure nouvelle de
- 6,54 millions de francs.
2. Les services extérieurs
Les
services extérieurs, à 131,43 millions de francs pour 1999,
progressent de 47,69 %. Cette forte croissance est liée
principalement aux frais de stockage de l'euro. Budgétisés
à hauteur de 4,4 millions de francs en 1998, leur montant
s'élève à 50 millions de francs dans le projet de loi
de finances pour 1999. En effet, 30.000 tonnes de pièces doivent
être stockées jusqu'au 1er janvier 2002. Il est nécessaire
de recourir à un stockage à l'extérieur de l'Etablissement
de Pessac, dont les capacités sont insuffisantes. Le stockage doit
être sécurisé, y compris durant les transports, et offrir
les meilleures conditions thermiques, hygrométriques et de
fonctionnalité.
Compte non tenu de cette mesure nouvelle (+45,6 millions de francs), le
poste services extérieurs diminue en masse de 3,16 millions de
francs, malgré une légère augmentation des crédits
informatiques, de 0,42 millions de francs, permettant la poursuite des
projets indispensables au bon développement de l'entreprise.
3. Les impôts et taxes
Ce poste évolue légèrement par rapport à 1998. La hausse de 2,19 %, qui porte les crédits à 35,43 millions de francs, reflète notamment la forte augmentation des versements de transports du personnel ouvrier, le transport collectif ayant été supprimé à l'Etablissement monétaire de Pessac, début 1998, en accord avec l'ensemble des personnels.
4. Les dépenses de personnel
Ce poste
connait une hausse sensible (+4,70 %), s'établissant à
31,98 millions de francs pour 1999.
Cette hausse est due pour partie à l'application du nouveau taux de
cotisation patronale sur les retraites des ouvriers. Elle reflète en
outre les adaptations qui se sont révélées
nécessaires pour répondre au défi de l'euro, en ce qui
concerne le personnel ouvrier.
Ainsi, la mise en place d'une nouvelle chaîne de cuivrage destinée
aux pièces de centièmes d'euro, a nécessité le
recrutement de cinq ouvriers supplémentaires, conformément aux
prévisions du plan d'entreprise.
En outre, suite à un conflit social survenu au mois de juin à
l'Etablissement de Pessac, il a été procédé, de
façon anticipée, à 18 recrutements compensatoires sur les
départs prévus dans les années à venir, afin de ne
pas compromettre le programme de frappe dans l'attente de l'installation des
dernières presses rapides.
Pour l'établissement parisien, 1 graveur et 3 agents de maîtrise
ont été recrutés, et il a été
procédé à l'embauche de 14 ouvriers dont 6 pour
compenser des mutations vers l'Etablissement de Pessac.
On peut déplorer que sur 6 postes de graveurs à pourvoir par
concours, un seul recrutement ait pu intervenir, du fait de l'insuffisance du
niveau des postulants.
S'agissant du personnel ouvrier, un pacte
"productivité-croissance-emploi", concernant l'établissement
parisien, va être lancé pour les années 1999-2000, afin de
permettre la poursuite du rajeunissement des effectifs, compte-tenu du
très petit nombre de départs en retraite prévisible sur
cette période (4 ou 5 par an).
La négociation sur les 35 heures de travail hebdomadaire a
déjà été évoquée entre le personnel
ouvrier et la Direction. Les 35 heures sont déjà
appliquées aux personnels qui travaillent en équipe à
l'Etablissement de Pessac. S'agissant du personnel ouvrier travaillant en
journée, à Paris comme à Pessac, la négociation en
cours devra nécessairement tenir compte de la spécificité
de l'administration des Monnaies.
Nonobstant ces ajustements, au 1er janvier 1999, les effectifs
budgétaires devraient être de 935 postes, contre 948 en 1997.
Cette gestion rigoureuse devrait permettre de réaliser la sortie du plan
de frappe du stock initial de l'euro, en 2002, à effectif sensiblement
équivalent à l'effectif de référence de 1995,
compte tenu de la vingtaine de départs prévus entre 2000 et 2002.
B. LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENTS
Le
volume d'investissements baisse de 5,97 % en 1999, s'établissant
à 45,03 millions de francs. Cette baisse fait suite à celle de
1998, d'une ampleur de 2,4 %.
Cette légère diminution des crédits d'investissements rend
compte du bon état d'avancement du processus de modernisation de l'outil
de production.
Les chapitres d'investissements ont fait l'objet, en 1998, d'un report de
crédits demeurés disponibles au 31 décembre 1997 de
54,09 millions de francs.
Les principaux investissements réalisés en 1998 ont
été consacrés à la modernisation des ateliers
parisiens et à l'adaptation des locaux et moyens de production de
l'Etablissement de Pessac : mise en sécurité du site
(9,7 millions de francs), acquisition de presses monétaires
(17,40 millions de francs) et d'outils destinés à la
découpe des pièces d'euro (3,3 millions de francs).
Les crédits inscrits pour 1999 doivent notamment permettre :
- la poursuite de la modernisation des ateliers de l'établissement
parisien et l'accroissement de la productivité ;
- le respect des objectifs liés à la frappe de l'euro,
grâce notamment à l'achat d'une presse Ring Master et de 4 presses
monétaires destinées à l'Etablissement de Pessac (15,8
millions de francs) ;
- l'exécution des objectifs fixés en matière informatique
aux échéances prévues. Ainsi, dans le cadre de son
schéma directeur informatique, la direction des Monnaies et
médailles poursuivra en 1999 la modernisation de son parc applicatif et
matériel par la mise en oeuvre de plusieurs projets :
élargissement de la GPAO à la gestion des achats et des stocks,
démarrage en début d'année d'un nouveau système de
gestion commerciale, modernisation des sytèmes d'exploitation (UNIX)
destinés à la gestion du personnel et à celle des finances.
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Dans un
contexte concurrentiel difficile, la Monnaie de Paris a su renouer, pour 1999,
avec l'équilibre budgétaire, grâce à ses efforts de
productivité et à une politique commerciale active.
La question de la réussite de l'après-euro reste posée,
alors que le redressement de l'établissement parisien n'est pas acquis.
La compétitivité sera le plus grand atout de la Monnaie de Paris,
face notamment aux monnaies espagnole et britannique, qui
bénéficient également d'une reconnaissance de
qualité Iso 9002. L'effort ne doit donc pas être
relâché ou compromis par des conflits sociaux
répétés.