CHAPITRE IV
L'ENTRETIEN DU RÉSEAU ROUTIER
Depuis l'exercice 1994, l'évolution des crédits affectés à l'entretien du réseau routier national se caractérise par une meilleure prise en considération des besoins. Cette tendance est confirmée et amplifiée en 1999. Toutefois, l'accroissement du trafic et de la taille du réseau, ainsi que son vieillissement, accroissent également les besoins.
Crédits d'entretien du réseau routier
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Evolution
|
Réhabilitations et
renforcements
|
258,3
|
264,5
|
+ 2,4
|
FITTVN
(CP = AP)
|
83,0
|
83,0
|
+ 0,0
|
Renforcement des ouvrages d'art
|
257,0
|
275,0
|
+ 7,0
|
Aménagements de
sécurité
|
183,7
|
186,9
|
+ 1,7
|
Entretien, viabilité
hivernale et moyens des parcs
|
2.531,33
|
2.592,17
|
+ 2,4 |
Total
des moyens de paiement
|
3.313,33 |
3.471,57 |
+ 4,8 |
Total
des moyens d'engagement
|
3.324,63 |
3.531,15 |
+ 6,2 |
(dont FARIF + FITTVN) |
2,5 % |
4,3 % |
|
A. L'ÉTAT DU RÉSEAU
L'état du réseau est très différent selon qu'il s'agit des autoroutes concédées ou des autoroutes non concédées.
1. Le réseau concédé
Le
réseau autoroutier concédé se situe dans un
très
bon état
d'entretien
, en raison des moyens consacrés
annuellement aux grosses réparations (1,5 milliards de francs par an),
dont l'objet est la conservation et le maintien du patrimoine en bon
état.
Près de 3 milliards de francs sont par ailleurs consacrés
annuellement à l'aménagement du réseau existant en terme
d'accroissement de capacité ou d'amélioration du niveau de
service. Ces aménagements résultent pour la plupart
d'études synoptiques dont le but est de cerner à un horizon de
cinq ans les besoins à satisfaire, sur une section d'autoroute de
longueur significative, dans un domaine particulier : élargissements,
création de nouveaux échangeurs, extension des aires annexes, des
barrières de péage, rattrapages environnementaux. Ces
aménagements concourent à l'amélioration continue de la
sécurité
.
Ensemble des sociétés (en MF courants) |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Grosses réparations |
1.259 |
1.376 |
1.563 |
1.723 |
1.735 |
ratio au km |
0,259 |
0,275 |
0,291 |
0,313 |
0,303 |
Investissements complémentaires |
2.779 |
2.670 |
2.443 |
2.609 |
2.867 |
ratio au km |
0,571 |
0,534 |
0,455 |
0,474 |
0,501 |
Les
fonds investis dans les grosses réparations sont consacrés
à 52 % aux chaussées et à 16 % aux ouvrages d'art. Le
coût d'entretien des barres de péages n'entre que pour 3 % dans ce
total.
Les investissements complémentaires concernent les élargissements
à 29 %, les systèmes d'exploitation à 14 % et les barres
de péage à 11 %.
2. Le réseau national non concédé
a) Le réseau national non concédé n'est pas en aussi bon état
Le
réseau non concédé fait l'objet d'un suivi
systématique, depuis 1992 pour les chaussées (opérations
image qualité du réseau national - IQRN), et depuis 1994 pour les
ouvrages d'art (opérations image qualité des ouvrages d'art -
IQOA). Cette évaluation vise à optimiser les moyens
consacrés à la préservation du patrimoine routier national.
En ce qui concerne les chaussées, les campagnes de mesures
menées depuis 1992 ont permis de montrer que si la majeure partie du
réseau est dans un état satisfaisant,
11 % des voies
nécessitent des interventions lourdes
, soit qu'elles n'aient pu
bénéficier d'un niveau d'entretien préventif suffisant,
soit qu'elles n'aient pas encore été renforcées, soit
qu'elles supportent désormais un trafic lourd dépassant largement
les prévisions.
Les grands travaux à entreprendre concernent prioritairement, d'une part
la réhabilitation du réseau autoroutier non
concédé, principalement en zone urbaine, où certaines
chaussées en béton atteignent la limite de leur durée de
vie, d'autre part le réseau qui n'a pas encore été
renforcé et dont la structure est insuffisante au regard du trafic
supporté. Pour ce dernier, le rythme actuel de renforcement ne permet
pas d'envisager son achèvement à court terme.
Dans le domaine des ouvrages d'art, les premiers résultats de
l'opération IQOA montrent que la structure de 76 % d'entre eux est en
bon état apparent, étant toutefois précisé que :
- 10 % devront faire l'objet d'un simple entretien courant,
- 66 % nécessiteront un entretien spécialisé des
équipements dont 37 % d'une manière urgente soit au titre de
la sécurité de l'usager, soit pour prévenir un
développement rapide de désordres de la structure.
Mais surtout, ces résultats montrent que la structure de 18 %
d'entre eux est atteinte dont 5 % de manière grave et
nécessite des travaux de réparation urgents liés à
l'insuffisance de capacité portante de l'ouvrage.
L'estimation globale des moyens financiers à consacrer à la
remise en état des chaussées et des ouvrages d'art est de 15
milliards de francs, pour un patrimoine dont la valeur à neuf est
estimée à plus de 800 milliards de francs.
La conséquence d'un défaut de moyens financiers serait
immanquablement l'accélération du processus de dégradation
des chaussées et des ouvrages. L'exemple des Etats-Unis est à cet
égard édifiant.
Votre rapporteur se félicite donc de l'augmentation en 1999 des moyens
d'engagement consacrés à la réhabilitation des
chaussées (+ 26,2 %, après + 37,2 % en 1998)
et au renforcement des ouvrages d'art (+ 7,6 %, après
+ 6,1 % en 1998), mais les moyens consacrés à
l'entretien des ouvrages d'art demeurent en deça des niveaux
recommandés par l'OCDE.
b) Les besoins d'entretien du réseau national augmentent
Le
trafic sur le réseau national progresse proportionnellement plus que les
surfaces, c'est-à-dire que la densité du trafic s'accentue,
notamment pour les poids lourds, alors même que le réseau routier
national vieillit.
Par ailleurs, les conséquences des réalisations du SDRN
sont, outre l'accroissement des linéaires à entretenir et surtout
des surfaces, (+ 15 % depuis 1988) une progression sensible de la
densité et de la complexité des équipements, ce qui
accroît les coûts d'entretien : développement des
tunnels, des aires de repos, de l'éclairage, assainissement des
chaussées pour protéger les nappes phréatiques, des
équipements antibruit, de la signalisation...
L'incidence de la réalisation complète des programmes A75, A20 et
RN7 peut être ainsi globalement destinée à 20 ou 30 %
du coût d'entretien consacré aux grands axes du réseau
routier national non concédé, soit de l'ordre de 4 % du
coût total de l'entretien du réseau (environ 140 millions de
francs par an).
En l'absence de péage sur ces sections gérées par l'Etat,
le trafic sera plus lourd que sur le réseau concédé : les
coûts d'entretien seront donc plus élevés tout en
étant dépourvus de source de financement, l'Etat ayant de
beaucoup plus grandes difficultés que les sociétés
concessionnaires à assumer sa mission d'entretien.
La
débudgétisation partielle des travaux d'entretien provient de
cette difficulté
: de même que l'Etat finance la construction
des autoroutes gratuites par une taxe sur les concessionnaires des autoroutes
payantes, il devra financer par la même taxe l'entretien de ces
mêmes autoroutes.
Au total, la coexistence d'autoroutes payantes et d'autoroutes gratuites se
traduit par la paupérisation des sociétés d'autoroutes
(donc le ralentissement du développement du réseau
concédé), par la paupérisation de l'Etat (incapable de
financer un entretien coûteux), et à long terme, par la
paupérisation de la Nation en raison de la dégradation de son
patrimoine routier.
c) La lutte contre les nuisances sonores
La
diminution de l'exposition au bruit de la route est un objectif indispensable
pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.
A cet égard, la ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement a annoncé, lors du conseil des ministres du 4 mars
1998, son intention de présenter au Parlement, avant la fin de
l'année 1998, le rapport préconisé dans l'article 15
de la loi "Bruit" n° 92-1444 du 31 décembre 1992.
L'élaboration de ce rapport a été confiée à
M. Lamure, ingénieur général des ponts et
chaussées, qui doit présenter une évaluation des travaux
nécessaires à la résorption des 2.600 points noirs
bruit et une analyse des différents modes de financement envisageables
pour permettre la réalisation de ces travaux.
Sur la base de ce rapport, l'Etat devrait proposer à ses partenaires un
programme de financement ayant pour objectif de mener à bien ce
rattrapage sur la durée des deux prochains contrats Etat-Régions.