2. Un financement critiquable

La substitution d'une dotation budgétaire aux recettes fiscales et parafiscales que l'ADEME recouvrait jusqu'à présent comporte des avantages. En premier lieu, elle devrait donner à l'Agence des marges de manoeuvre dans la gestion de ses ressources dans la mesure où l'équilibre entre recettes et dépenses n'aura plus à être réalisée au niveau de chaque taxe et donc au niveau de chaque type de pollution comme aujourd'hui. Elle devrait par ailleurs renforcer le contrôle du Parlement sur des taxes qui n'étaient pas nécessairement soumises à son examen jusqu'à présent 8( * ) .

Votre commission des finances a cependant considéré que l'inclusion des quatre taxes fiscales et parafiscales que l'ADEME recouvrait jusqu'à présent, dans une taxe unique versée au budget de l'Etat risquait de diminuer l'autonomie financière de l'Agence.

En effet, s'il est prévu que l'ADEME continue temporairement à contrôler et recouvrer la part de la TGAP correspondant aux quatre taxes dont elle avait la charge jusqu'à présent - ce qui est une situation assez inédite et peu orthodoxe pour un impôt d'Etat -, la direction générale des douanes devrait progressivement se substituer à elle pour les fonctions de gestion (assiette, réception des déclarations), de recouvrement et de contrôle. Le passage de relais entre l'ADEME et la direction générale des douanes devrait s'opérer avant le 1 er janvier 2000.

L'Agence ne dépendra donc plus à terme que des subventions budgétaires que ses ministères de tutelle voudront bien lui accorder, crédits qui pourront faire l'objet de régulations budgétaires en cours d'année, en dépit des engagements pluriannuels que pourrait prendre l'Etat quant à la pérennité et le niveau des ressources.

On peut à cet égard s'étonner de l'influence croissante du ministère de l'environnement dans le financement d'une agence destinée au départ à promouvoir les économies d'énergie. La création de la TGAP devrait en effet bénéficier davantage au ministère de l'environnement (dont les crédits affectés à l'ADEME doublent par rapport à 1998 : ils devraient passer de 1.900 millions de francs à 3.947,8 millions de francs) qu'à celui de l'industrie. En outre, les 500 millions de francs de crédits supplémentaires destinés à la maîtrise de l'énergie et à la promotion des énergies renouvelables seront inscrits pour les deux tiers sur le budget de l'environnement, ce qui est contestable.

Enfin, il ne faut pas négliger le risque que la TGAP devienne une " machine à taxer " au profit du budget de l'Etat. En effet, comme l'écrit M. Philippe Marini, rapporteur général du budget 9( * ) , " une décision de hausse de la TGAP, impôt " écologique ", serait favorablement perçue par l'opinion publique, alors que l'objectif de cette augmentation des taux ne serait pas forcément l'amélioration de l'environnement mais l'augmentation des recettes de l'Etat . " La commission des finances est en outre hostile à toute intégration (prévue à terme) des redevances des agences de l'eau dans une taxe générale.

Compte tenu de ces observations, votre commission des finances vous propose de supprimer l'article 30 du projet de loi de finances relatif à l'institution de la TGAP.

En conséquence, votre rapporteur vous soumettra un amendement de réduction des crédits du titre V portant sur 167 millions de francs en autorisations de programme et en crédits de paiement.


On l'aura compris, un tel amendement ne condamne pas le principe d'une augmentation des crédits destinés à relancer la maîtrise de la consommation d'énergie et les énergies renouvelables, mais tire les conséquences d'un mode de financement de l'ADEME que votre commission des finances a jugé dangereux.

S'agissant de la politique de maîtrise de l'énergie en elle-même, votre rapporteur souligne la nécessité de fixer des objectifs précis à l'ADEME en termes quantitatifs et qualitatifs afin qu'un bilan puisse être périodiquement dressé et soumis au Parlement.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page