B. LA DEMANDE INTÉRIEURE, UN PEU MOINS DYNAMIQUE QU'EN 1998, EXPLIQUE L'INTÉGRALITÉ DE LA CROISSANCE ESPÉRÉE EN 1999
Passage de la croissance en volume du PIB
entre 1998 et
1999
(1)
Croissance du PIB en 1998 |
3,1 |
Ecart entre la consommation des ménages en 1998 et 1999 |
- 0,3 |
Ecart entre la FBCF en 1998 et 1999 |
+ 0,1 |
dont sociétés et entreprises individuelles |
0 |
Ecart entre la contribution au PIB des variations de stocks en 1998 et 1999 |
- 0,2 |
Croissance du PIB en 1999 |
2,7 |
(1)
Les arrondis ont été corrigés sur les variations de
stocks.
Le tableau ci-dessus démontre que la baisse du rythme de la consommation
des ménages en volume et celle de la contribution des stocks à la
croissance expliqueraient le ralentissement de la croissance en 1999 alors que
l'investissement connaîtrait un dynamisme à peu près
inchangé (+ 0,1 point de PIB).
La hausse de la consommation des ménages serait continue.
La croissance de la consommation des ménages passerait de 3,1 %
à 2,7 % en volume de 1998 à 1999. Exprimée en valeur,
la progression de la consommation des ménages resterait stable en 1999.
Le comportement de consommation des ménages serait " grosso
modo " le reflet de l'évolution de leur revenu disponible brut dont
le tableau ci-dessous rappelle l'évolution depuis 1995.
Evolution en termes réels* du revenu disponible des
ménages
(en moyenne annuelle en %)
Taux de croissance annuel |
|
Contribution croissance du RDB |
||||||||
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2,2 |
0,9 |
1,6 |
3,0 |
2,9 |
Revenus d'activité dont |
1,7 |
0,7 |
1,3 |
2,4 |
2,3 |
2,1 |
1,0 |
1,7 |
3,0 |
2,7 |
Salaires bruts |
1,1 |
0,5 |
0,9 |
1,6 |
1,4 |
2,4 |
0,6 |
1,5 |
3,2 |
3,2 |
EBE 1 des ménages (y compris EI²) |
0,6 |
0,1 |
0,4 |
0,8 |
0,8 |
|
|
|
|
|
Transferts nets dont |
0,1 |
- 0,3 |
0,3 |
- 0,2 |
- 0,3 |
1,7 |
1,7 |
2,0 |
2,1 |
1,2 |
Prestations sociales |
0,6 |
0,6 |
0,7 |
0,8 |
0,4 |
2,4 |
4,1 |
1,7 |
4,3 |
3,1 |
Impôts et cotisations dont |
- 0,5 |
- 0,9 |
- 0,4 |
- 1,0 |
- 0,7 |
2,5 |
3,4 |
- 3,5 |
- 20,8 |
0,9 |
Cotisations sociales |
- 0,3 |
- 0,4 |
0,4 |
2,4 |
- 0,1 |
2,3 |
5,0 |
7,6 |
29,5 |
4,5 |
Impôts y compris CSG et RDS |
- 0,2 |
- 0,5 |
- 0,8 |
- 3,3 |
- 0,6 |
11,5 |
1,0 |
8,1 |
7,2 |
6,6 |
Intérêts, dividendes et div. nets |
0,8 |
0,1 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
2,6 |
0,4 |
2,2 |
2,8 |
2,5 |
Revenu disponible brut |
2,6 |
0,4 |
2,2 |
2,8 |
2,5 |
*Calculé en utilisant le déflateur de la
consommation
des ménages dans les comptes aux prix de l'année
précédente.
1. EBE : Excédent brut d'exploitation
2. EI : Entrepreneurs individuels
Source : INSEE, Direction de la prévision
Les gains de pouvoir d'achat des ménages seraient un peu moins importants en 1999 qu'en 1998 (2,5 % contre 2,8 %). La progression des revenus d'activité serait un peu inférieure au rythme observé l'an passé (+ 2,9 % contre + 3 %). Cela résulterait d'une croissance du pouvoir d'achat du taux de salaire par tête de 1,2 %, contre 1,3 % en 1998, combinée à une croissance du nombre des emplois de 1,3 %.
Evolution du taux de salaire horaire et du salaire moyen par
tête
(entreprises non financières non agricoles)
(en moyenne annuelle en %)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Taux de salaire horaire en valeur |
4,4 |
3,3 |
2,5 |
2,5 |
2,6 |
2,7 |
2,3 |
2,8 |
Salaire moyen par tête : |
|
|
|
|
|
|
|
|
- en valeur |
4,0 |
2,8 |
2,5 |
2,3 |
2,6 |
2,8 |
2,2 |
2,5 |
- en pouvoir d'achat |
1,5 |
0,5 |
0,4 |
0,6 |
0,6 |
1,6 |
1,3 |
1,2 |
Source : INSEE, Direction de la prévision
Evolution de l'emploi (en moyenne annuelle et en milliers)
|
1997 |
1998 |
1999 |
- Emploi marchand salarié |
+ 84 |
+ 229 |
+ 230 |
dont RTT |
|
+ 2 |
+ 54 |
- Emploi non marchand |
+ 26 |
+ 80 |
+ 93 |
- Emploi non salarié |
- 39 |
- 28 |
- 23 |
- Emploi total |
+ 69 |
+ 282 |
+ 300 |
Source : Rapport économique, social et financier.
Projet
de loi de finances pour 1999.
On doit relever l'absence d'effet notable de la réduction du temps de
travail (RTT) sur la variation du salaire par tête, alors que le
scénario du gouvernement fait l'hypothèse d'un effet de la RTT
sur le volume de l'emploi de 54.000 unités l'an prochain, ce qui
suppose qu'une proportion non négligeable des salariés serait
concernée par les accords prévus par la loi.
Si cette hypothèse ne se vérifiait pas, la croissance de l'emploi
marchand salarié serait ramenée à
178.000 salariés contre 229.000 en 1998, soit une inflexion d'un
quart du rythme de progression de l'emploi salarié, un peu
supérieure à celle de la croissance du PIB.
La progression des créations d'emplois non marchands doit être
soulignée : de 26.000 en 1997, leur nombre passerait à
80.000 en 1998 et à 93.000 en 1999.
Ainsi, les effets cumulés
de la RTT et des politiques de subventionnement des emplois non marchands
expliqueraient près de 50 % des créations d'emplois en
1999
, après avoir contribué à la création de
29 % des emplois en 1998.
Hors ces mesures, les créations d'emplois se seraient
élevées en tendance à 200.000 en 1998 et 153.000 en 1999,
soit une évolution à peu près conforme à la
réduction du rythme de croissance attendue l'an prochain.
La formation du pouvoir d'achat du revenu des ménages appelle une
observation pour souligner
l'amplification en 1999 de l'effet
défavorable pour les ménages des "transferts nets" qui illustre
en affichage l'orientation restrictive donnée à la gestion des
finances sociales.
On doit constater la poursuite de la croissance des prélèvements
opérés sur le revenu des ménages qui, après
s'être accrus de 4,3 % en 1998, augmenteraient encore de 3,1 %
en 1999. Cette perspective, au terme de laquelle la pression "fiscalo-sociale"
sur les ménages s'accroîtrait, mais moins que l'an passé,
est elle-même dépendante dans son ampleur de la capacité
à maîtriser le rythme de progression des prestations sociales.
On doit noter qu'en la matière, la prévision du gouvernement
s'accompagne d'une progression du volume des prestations sociales de
1,2 %, qu'on peut utilement rapprocher de la croissance des
dépenses sociales versées par l'Etat qui serait de 3,5 % en
1999. On doit regretter une telle distorsion entre le sort des prestataires de
l'Etat et celui des autres prestataires sociaux.
Pour conclure, il faut enfin noter que le rythme de croissance de la
consommation des ménages tel qu'il est prévu -une augmentation un
peu supérieure, 2,7 % contre 2,5 %, à celle du pouvoir
d'achat de leur revenu- est tributaire d'une légère diminution du
taux d'épargne qui reculerait de 0,2 point, passant de 14,3
à 14,1 %.
En ce qui concerne la demande des entreprises
, la prévision du
gouvernement n'en escompte une légère inflexion en 1999 que du
fait des variations des stocks dont la contribution à la croissance en
1998 serait importante (+ 0,3 point de PIB) pour s'annuler ou presque
en 1999.
Stocks et activité
Dans la
définition qu'en donne le système élargi de
comptabilité nationale, "les stocks comprennent tous les biens autres
que les biens de capital fixe, détenus à un moment donné
par les unités productrices résidentes".
Dans les comptes de patrimoine des secteurs institutionnels, le montant des
stocks est estimé à 1.600,2 milliards de francs pour 1997,
en hausse de 3,4 milliards de francs par rapport à 1996.
Les stocks constituent une production non vendue. Leur niveau résulte
donc d'un décalage entre l'offre et la demande de produits. Lorsque
celle-ci augmente moins que celle-là, le niveau des stocks
s'accroît mécaniquement puis se résorbe à mesure que
les producteurs s'adaptent à la demande.
Mais, si les variations de stocks résultent de la croissance, elles
l'influencent aussi. Les phénomènes de déstockage
amortissent la croissance, elles l'influencent aussi. Les
phénomènes de déstockage amortissent la croissance de
l'activité dès lors que la progression de la demande peut
être satisfaite par la production déjà
réalisée que sont les stocks.
A ces relations mécaniques, il faut ajouter deux
phénomènes qui revêtent une certaine actualité. Le
niveau des stocks ne dépend en effet pas que de réglages
automatiques ; il résulte aussi de comportements des entreprises. A
ce propos il convient de souligner :
- que les entreprises ont adopté ces dernières années un
comportement de plus en plus marqué de réduction de leurs stocks,
popularisé sous la dénomination de politique de "zéro
stock" ou encore de "flux tendus" ; ce comportement structurel pourrait
expliquer la tendance au déstockage observée sur moyenne
période ;
- et, surtout, que le niveau jugé souhaitable des stocks dépend
de l'appréciation que se forment les entreprises d'une série de
variables économiques.
Celles-ci peuvent être objectives : le coût financier de
détention des stocks dépend du niveau du coût de l'argent.
Elles peuvent être plus conjecturales lorsqu'il s'agit d'estimer la
croissance future de la demande ou encore l'évolution prévisible
du prix de vente dans leurs secteurs d'activités.
Les relations entre les stocks et l'activité empruntent donc deux
voies :
- les stocks contribuent, par leur variation, à expliquer le rythme de
croissance ;
- le rythme de croissance escompté et la valeur attendue des biens
expliquent les variations des stocks.
Ni les perspectives des prix, ni les perspectives de croissance en 1999 ne
justifient en effet une augmentation des stocks des entreprises.
L'investissement
des entreprises progresserait, quant à lui, en
1999 comme en 1998, de 5,7 % en volume. La référence
à 1998 est toutefois problématique puisque la probabilité
d'une augmentation de l'investissement des entreprises très
supérieure aux prévisions pour 1998 est grande. L'investissement
des entreprises s'est en effet accru de près de 10 % en rythme
annuel au cours du premier semestre.
Si ce rythme devait se maintenir, l'augmentation des capacités de
production qui en résulterait pourrait déboucher sur une
détente des taux d'utilisation des capacités de production dans
un contexte placé par ailleurs sous le signe d'une inflexion de la
croissance.
L'hypothèse du gouvernement sur l'évolution de l'investissement
des entreprises est en effet fondée sur la bonne orientation des
anticipations de demande et de la profitabilité des entreprises, mais
aussi sur une certaine saturation des capacités installées.