C. DES TRAVAUX D'AMÉLIORATION DOIVENT ENCORE ÊTRE RÉALISÉS NOTAMMENT SUR LE DANUBE
Divers travaux seraient nécessaires pour améliorer la navigabilité de l'ensemble de la liaison. Il concernent aussi bien les secteurs situés en Allemagne, à l'Est et à l'Ouest du canal que des portions du cours du Danube, en aval de la frontière de la république Fédérale.
1. Les travaux nécessaires en Allemagne
Des
travaux ont été entrepris afin d'approfondir le tirant d'eau sur
le
Main
. En effet, à l'ouverture du canal, le fleuve n'avait que
2,5 mètres de profondeur et n'était donc pas, à proprement
parler à grand gabarit même s'il permettait déjà le
passage de navires au gabarit 2B. Ces travaux se situent sur des portions du
Main situées entre Aschaffenburg et Würzburg. Ils permettront
également d'agrandir le rayon de certains méandres.
Le
Danube
est accessible aux navires de 1500 tonnes en aval de Budapest,
jusqu'au port roumain de Constanza sur la mer noire. En territoire allemand, il
est cependant nécessaire d'accroître son tirant d'eau
(actuellement de 2,5 mètres) entre Straubing et Vilshofen car en
période de basses eaux (essentiellement en été) la
navigation y est rendue plus difficile. La réalisation des travaux
nécessaires se heurte cependant à l'existence de zones humides
protégées dont la préservation rend délicate la
construction d'écluses et de biefs susceptibles de réguler le
niveau des eaux. La société Main-Danube AG a lancé, en
1998, une expérimentation sur un tronçon de
600 mètres environ afin d'utiliser des techniques de canalisation
respectant mieux le lit du fleuve et permettant de ne construire qu'une seule
écluse.
Le coût de l'aménagement de l'ensemble de la section
Staubing-Vilshofen est estimé à 1,3 milliard de Deutschemark par
les pouvoirs publics qui semblent déterminés à achever sa
réalisation.
2. Les travaux souhaitables sur le Danube, en aval de la frontière allemande
Pour
être rentables, les travaux visant à faire sauter les
" goulets d'étranglement " sur le Danube devraient être
réalisés en Autriche, en Hongrie, sans compter des
améliorations envisageables en Roumanie. Le Gouvernement allemand
souhaite que les Etats membres de la commission du Danube engagent un programme
concerté de travaux afin d'améliorer la navigabilité du
fleuve. Ces travaux figurent d'ailleurs parmi les projets
d'intérêt communautaire adoptés en 1993 en même temps
que le schéma européen des infrastructures fluviales.
En
Autriche
, le trafic sur le Danube a atteint 9 millions de tonnes en
1997. Cependant, des travaux de régularisation du cours du fleuve
seraient nécessaires :
- en aval de la Wachau, à 80 kilomètres à l'ouest de
Vienne ;
- de Wien Freudenau à Bratislava, au sud ouest du pays.
En outre, le tirant d'air sous certains ponts limite le transport de conteneurs
à trois couches au maximum. Selon les prévisions des
autorités autrichiennes, le trafic fluvial sur le Danube pourrait
atteindre 37 millions de tonnes en 2015 si la navigabilité du fleuve
était améliorée d'ici là.
En
Hongrie
, ils serait souhaitable de faciliter la navigation sur le
Danube entre Rajka et Budapest, sur la section commune hungaro-slovaque.
En
Roumanie
le Gouvernement envisage de favoriser le
développement des transports fluviaux en faisant draguer le lit du
fleuve le long des frontières avec la Serbie et avec la Bulgarie. En
outre, avec le soutien de la banque mondiale, il a lancé des
études pour développer le transport de céréales et
construire des silos dans plusieurs ports du Danube.
La Roumanie occupe une place essentielle car elle constitue le
débouché du Danube sur la mer Noire. Les Néerlandais l'ont
compris. Certes, actuellement, il n'existe pas de trafic entre Rotterdam et le
port roumain de Constanza. Cependant les deux ports ont développé
une coopération étroite qui se traduit par une aide
bilatérale. Certaines compagnies fluviales néerlandaises ont
commandé des barges aux chantiers navals roumains et la banque ABN AMRO
a récemment été retenue comme le conseil du fonds de
propriété d'Etat pour la privatisation de trois compagnies de
navigation (Romline, Petromin et Navrom).
Il est clair que la réalisation des travaux sur le Danube aurait une
incidence très favorable sur le trafic fluvial entre l'Allemagne et
l'Europe de l'Est.
La création du canal Main-Danube s'inscrit dans une politique de
développement du transport fluvial qui a su s'affranchir des
considérations conjoncturelles au profit d'une vision de long terme.
Cette politique est, à l'évidence, facilitée par
l'existence d'une tradition fluviale et par la permanence d'un trafic en forte
croissance sur le Rhin, qui constitue la première " autoroute
fluviale " d'Europe. Les premiers résultats du canal sont pourtant
encourageants, surtout si l'on considère la possibilité de lever
les obstacles au développement du trafic, sur le Danube, au fil des ans.
A l'évidence, il serait erroné de juger le succès ou
l'insuccès du canal sur six ans, alors même que cet ouvrage aura
une durée de vie séculaire et profitera du développement
économique des anciens pays de l'Est.