B. DÉVELOPPER DES " OBJETS AUTOROUTIERS ALLÉGÉS " POUR RÉDUIRE LES COÛTS DE CONSTRUCTION DES AUTOROUTES

La rentabilité prévisionnelle des autoroutes d'aménagement du territoire restant à réaliser est très faible, voire nulle, en raison de l'insuffisance du trafic anticipé et du niveau trop élevé des coûts de construction.

Ce constat résulte partiellement d'une analyse à courte vue. En effet, l'objet de la réalisation de ces liaisons est précisément d'anticiper le développement économique des territoires nouvellement desservis, dans lesquels le trafic est mécaniquement appelé à croître. Plus largement, les projections de croissance continue du trafic routier d'ici à 2015 concernent également des liaisons d'aménagement du territoire.

Il est toutefois incongru de consacrer le même budget à une autoroute qui accueillera à sa mise en service 8.000 à 9.000 véhicules/jour qu'à des autoroutes qui en accueillent 40.000 à 50.000. Des gisements d'économies sont fréquemment évoqués : le couplage des aires de repos et des diffuseurs, le phasage de la construction des ouvrages d'art non courants, la réduction, au détriment de la bande d'arrêt d'urgence, du profil en travers en section courante. Pour autant, si les économies ainsi réalisées s'appliquent à de véritables routes à 2x2 voies, il est illusoire d'envisager une diminution des coûts supérieure à 10 ou 15% des coûts moyens usuels.

De même, il faut éviter que les économies ne proviennent d'aménagements " au rabais ", pour des raisons de sécurité. Les autoroutes à coût réduit doivent être de véritables autoroutes : voies séparées, pas de carrefour à niveau, pas d'accès riverains.

Ceci explique le développement de réflexions relatives à la réalisation de voies de type nouveau, à aménagement progressif. Le rapport du groupe de travail " Autoroutes " de la DG VII de la Commission européenne paru en 1994 présente l'idée en ces termes :

" le RRTE (réseau routier transeuropéen) doit pouvoir s'adapter au niveau de développement des régions d'Europe. L'intégration de seules voies autoroutières dans le RRTE ne se justifiait pas et aurait même pu être un sérieux handicap pour le développement de certaines régions périphériques. Toutefois le RRTE doit se réserver la possibilité d'évoluer, de se transformer, par exemple une voie express doit pouvoir devenir une autoroute lorsque les caractéristiques socio-économiques des territoires desservis l'exigeront. Aussi, il serait intéressant de définir des standards minima, par exemple en terme d'accessibilité, d'urbanisme des zones traversées, pour préserver les possibilités d'évolution du RRTE. Ces précautions techniques ainsi que la réservation systématique d'espaces qui accompagneront les axes nouveaux contribueront à limiter les coûts d'investissement ultérieurs nécessaires à l'adaptation des capacités. "

Sur les axes à très faible trafic, et présentant un intérêt régional ou interrégional, la réalisation de voies à caractéristiques autoroutières, combinant fluidité du trafic, dénivellation des carrefours, séparation des sens de la circulation et homogénéité des trafics (interdiction des tracteurs ou des vélos), pour un coût substantiellement inférieur aux coûts traditionnels est étudiée de très près, tant par la direction des routes que l'Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA).

Selon cette dernière, une diminution d'environ 30% du coût de l'investissement et des dépenses d'entretien ultérieures est possible, à condition que tous les prescripteurs diminuent leurs prétentions et que l'on diminue, au moins dans une première phase, les caractéristiques géométriques en admettant qu'une partie de l'itinéraire soit à 2x1 voie, des créneaux de dépassement étant aménagés avec un espacement approprié pour que les éventuels " pelotons " soient rapidement dissous.

Dans ces conditions, les calculs financiers prévisionnels montrent que l'on peut sans doute concéder des itinéraires selon les critères suivants :

- un trafic de 6.000 véhicules/jour ;

- un coût de 23 millions de francs le kilomètre pour la première phase à 2x1 voie. Pour mémoire, le coût moyen du kilomètre d'autoroute est aujourd'hui supérieur à 40 millions de francs ;

- un tarif moyen de 0,40 franc le kilomètre, le tarif actuel étant de 0,48 franc le kilomètre ;

- une subvention publique s'élevant à 50% du coût total. Cette subvention pourrait provenir du FITTVN, dont le mode d'alimentation aurait été rénové ;

-  une durée de concession de 50 ans.

Si les sociétés autoroutières étaient enfin soumises au régime général de TVA et que la taxe d'aménagement du territoire n'était pas exigée, le niveau de trafic requis pourrait descendre au voisinage de 5.500 véhicules/jour. La longueur des segments réalisés selon ce standard ne devrait pas dépasser 100 kilomètres.

ETUDE FINANCIÈRE PRÉVISIONNELLE

D'UNE AUTOROUTE À 2X1 VOIES

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