2. Assurer la desserte des ports

La desserte des ports par le rail, la route et la voie d'eau est l'un des fondements de leur compétitivité. L'Allemagne et les Pays-Bas ont d'ailleurs procédé à d'importants investissements au cours des dernières années afin de renforcer les liaisons de leurs ports avec leurs hinterlands.

Dans le livre vert relatif aux ports et aux infrastructures maritimes, publié en 1997, la Commission européenne note que : " l'amélioration de l'efficacité des ports contribue à l'intégration des différents modes dans un système unique, permettant une meilleure utilisation du transport par rail, par voies navigables et maritime [...] les différents modes de transport doivent être physiquement reliés entre eux, par exemple par de meilleures connexions entre l'hinterland et les ports " 23( * ) .

La proposition de décision du Parlement et du Conseil élaborée par la Commission en date du 10 décembre 1997, modifiant la décision n° 1692/96/CE en ce qui concernent les ports maritimes, les ports de navigation intérieure et les terminaux intermodaux tend à mettre l'accent sur des projets :

- facilitant le transfert de trafic de la route vers le maritime par la promotion du transport maritime à courte distance et le transport fluvial via le développement de l'infrastructure du port ;

- intégrant les ports dans le réseau de transport européen, en assurant un meilleur accès à l'hinterland, en particulier par des liaison ferroviaires et fluviales.

Elle tend également à une meilleure prise en compte des ports intérieurs dans le réseau de transport combiné en soulignant que " Si le réseau routier et certaines liaisons ferroviaires ont atteint un degré de saturation particulièrement élevé, les voies navigables et les ports intérieurs disposent cependant d'une capacité suffisante pour un développement ultérieur ".

Le transport maritime s'effectue désormais à des coûts très faibles. Une personnalité entendue par votre commission relevait, par exemple, qu'il est actuellement possible de transporter du minerai dans des bateaux de 300.000 tonnes au prix de 4 dollars la tonne à partir du Brésil, dès lors : " pour le conteneur Hong-Kong-Marseille, le fret maritime n'est pas plus cher que le camion Marseille-Avignon ".

La diversité des dessertes modales accroît la compétitivité des ports maritimes car elle développe l'offre de services à la clientèle et permet d'abaisser les prix en favorisant la concurrence.

Tous les grands ports d'Europe du Nord ont misé sur une triple desserte modale qui associe le rail, la route et la voie d'eau.

Comme l'écrit notre collègue Marc Massion dans un récent rapport sur les ports français de la Manche et de la mer du Nord face à leur concurrents du Bénélux :

" Par l'intermédiaire de plates-formes multimodales situées en avant port, Anvers et Rotterdam sont en prise directe avec les réseaux autoroutiers, ferroviaires et fluviaux de l'Europe entière. Les principaux centres industriels du continent peuvent être atteints en 24 heures. Ces ports offrent des gammes étendues de solutions logistiques intégrant tous les modes de transport à un prix compétitif " 24( * ) .

Aux Pays-Bas, le port de Rotterdam a misé sur une desserte multimodale complète. Ceci implique de renforcer la part du chemin de fer, comme le montre le tableau suivant :

ÉVOLUTION PRÉVISIONNELLE DE LA DESSERTE MODALE DU PORT DE ROTTERDAM
DE 1991 À 2010

(en millions de tonnes)

 

1991

%

2010

%

Cabotage maritime

12,4

5,4

35,7

9,64

Pipe-line

46,1

19,8

40,6

11

Route

56,1

24,2

92,1

25

Navigation fluviale

109,2

47,1

177,3

48

Chemin de fer

8

3,5

24,3

6,36

TOTAL

231,8

100

370,0

100

(*) Transport maritime à courte distance

Source : Poste d'expansion économique, La Haye


Comme le montre le précédent tableau, les Pays-Bas envisagent d'accroître la part modale du chemin de fer de 3 points de pourcentage en vingt ans, (de 3,5 % à 6 %). Dans le même temps, la desserte fluviale de Rotterdam, qui absorbe aujourd'hui environ 47 % des entrées et sorties de marchandises du port en conserverait 48 %.

Le port souhaite également recourir davantage au cabotage maritime qui passerait, selon les prévisions, d'un peu plus de 5 % actuellement à environ 10 % dans douze ans. A n'en pas douter le développement du cabotage maritime offre une chance aux ports français -en particulier à celui de Dunkerque- qui n'ont pas la " masse critique " atteinte par Le Havre ou Marseille afin d'en faire des " plates-formes d'éclatement " du trafic . Il leur appartient de la saisir.

Rotterdam sera, à terme, desservi par une ligne exclusivement dédiée au transport de marchandises en direction de l'Allemagne, la Betuwelijn .

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