EXAMEN EN COMMISSION

La commission a examiné le projet de loi n° 416 (1997-1998) relatif à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage au cours d'une réunion tenue le 20 mai 1998 sous la présidence de M. Adrien Gouteyron.

Un débat a suivi l'exposé du rapporteur.

M. Franck Sérusclat a interrogé le rapporteur sur les substances stupéfiantes utilisées comme produits dopants et s'est inquiété du développement du trafic de spécialités de pharmacie vétérinaire utilisées à des fins de dopage. S'étonnant de la variété des disciplines sportives dans lesquelles avaient été constatés des cas de dopage, il s'est interrogé sur les causes du recours au dopage dans des sports qui n'exigent pas le développement de la résistance physique et de la force musculaire des athlètes. Il a regretté que les informations publiées, notamment dans le dictionnaire Vidal, sur la liste des substances dopantes et des spécialités en contenant, ne comportent pas d'indication sur les risques liés à leur usage et s'est par ailleurs demandé si ces informations ne pourraient pas aussi constituer dans certains cas une incitation au dopage. Il a enfin dit partager l'analyse du rapporteur sur l'intérêt de la création du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage.

M. Jean Bernard , répondant à M. Franck Sérusclat, a remarqué que le dopage pouvait aussi être utilisé pour augmenter la capacité de résistance au stress des athlètes. A propos du rôle des fédérations en matière de protection de la santé des sportifs, il a jugé nécessaire de renforcer les contrôles médicaux exigés avant d'autoriser de jeunes sportifs à participer à des épreuves relevant de catégories d'âges supérieures, ces " surclassements " pouvant leur imposer des efforts excessifs qui d'ailleurs nuisent souvent à la suite de leur carrière sportive. Il a enfin évoqué les problèmes que peut poser la prescription de produits considérés comme dopants, et a insisté sur la nécessité de préciser les conditions de la compatibilité de ces traitements avec la pratique sportive.

Mme Hélène Luc a voulu savoir pourquoi le rapporteur ne jugeait pas indispensable une réécriture complète de la loi de 1989. Elle s'est félicitée que le projet de loi laisse aux fédérations sportives leurs compétences en matière de prévention et de sanction du dopage, soulignant que la lutte contre le dopage ne pourrait progresser sans la participation active des sportifs qui sont les premiers intéressés à la sauvegarde de l'éthique du sport.

Reprenant la parole, M. Jean Bernard s'est demandé si toutes les fédérations sportives auraient la volonté d'appliquer des sanctions et si le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage serait compétent pour veiller à cette application.

En réponse aux intervenants, le rapporteur a notamment apporté les précisions suivantes :

- un grand nombre de substances dont l'usage est interdit en application de la législation antidopage figurent également dans le classement des stupéfiants ;

- le trafic de médicaments vétérinaires est effectivement, comme le trafic de spécialités pharmaceutiques à usage humain, une des formes que peut revêtir le trafic de produits dopants, et des médicaments vétérinaires ont été découverts lors de saisies de produits dopants ;

- le dopage n'a pas toujours pour finalité le développement des capacités physiques, comme l'indique d'ailleurs sa définition légale, qui vise l'usage de substances ou procédés " de nature à modifier les capacités ". La prise de substances destinées à diminuer le stress, ou à favoriser la précision des mouvements fait donc partie des actes de dopage réprimés par la loi ;

- il est vrai que la diffusion d'informations sur les substances dopantes et les spécialités qui en contiennent peut être " à double tranchant ". Il convient aussi, cependant, d'informer les sportifs et de les protéger contre le risque de se retrouver, à leur insu, en infraction ;

- il serait sans doute souhaitable de renforcer le contrôle des " surclassements " par la consultation systématique d'un médecin du sport, dont l'intervention n'est actuellement exigée qu'en cas de double surclassement ;

- le renforcement de la prévention du dopage et de la surveillance médicale des sportifs est une priorité que personne ne conteste, mais il n'était peut être pas indispensable, pour y parvenir, que le projet de loi reprenne un certain nombre de dispositions déjà en vigueur et qui sont souvent de nature réglementaire ;

- il est tout à fait indispensable que le mouvement sportif participe activement à la lutte contre le dopage -ce qu'il fait d'ailleurs dans tous les pays- aussi bien au niveau de la prévention que de la sanction du dopage. Comme l'avait souligné devant la commission M. Henri Serandour, président du CNOSF, il y a sans doute des fédérations qui préféreraient être déchargées de ce problème : mais cette mission fait partie de leurs responsabilités vis-à-vis des sportifs qu'elles forment et de l'éthique sportive, et ne peut par ailleurs être dissociée des missions de service public que leur confie la loi.

La commission a ensuite procédé à l'examen des articles au cours duquel sont intervenus, outre le rapporteur et le Président Adrien Gouteyron , MM. Jean Bernard , James Bordas , Jean Delaneau , Jacques Legendre , Mme Hélène Luc , MM. André Maman , Lylian Payet et Franck Sérusclat .

Après avoir adopté les amendements proposés par son rapporteur, la commission a adopté le projet de loi ainsi modifié.

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