III. LES GRANDES LIGNES DU BAPSA POUR 1998
De prime abord, le BAPSA pour 1998 se caractérise par
une grande stabilité avec des dépenses s'élevant à
87,7 milliards de francs contre 87,2 milliards de francs en 1997,
soit une progression de 0,6 %.
Cette stabilité se retrouve à travers les principaux postes de
dépenses comme le montre le tableau ci-après. Toutefois, il
convient d'approfondir l'analyse pour tenir compte de l'impact
prévisible des mesures contenues dans le projet de loi de financement de
la sécurité sociale.
Evolution des dépenses du BAPSA entre 1997 et 1998
DÉPENSES (millions de francs) |
ÉCARTS (%) |
||||
NATURE DES DÉPENSES |
1997
|
1997
|
1998
|
PLF98/
|
PLF98/
|
1/ Moyens des services |
4.290,5 |
4.290,5 |
4.954,1 |
15,47 |
- |
dont restitution de TVA |
4.200,0 |
4.200,0 |
4.863,0 |
15,79 |
- |
2/ Interventions publiques |
|||||
A/ Assurance maladie AMEXA |
33.850,5 |
33.512,8 |
33.935,9 |
0,25 |
1,3 |
- assurance veuvage |
14,0 |
13,0 |
12,0 |
-7,7 |
|
- Sesame-Vital |
100,0 |
- |
|||
- étalement et prise en charge des cotisations |
110,0 |
110,0 |
110,0 |
- |
|
B/ Prestations familiales |
4.370,0 |
4.206,0 |
4.085,0 |
-6,52 |
-2,9 |
C/ Assurance vieillesse |
47.692,0 |
48.056,0 |
48.361,0 |
1,40 |
0,6 |
D/ Etudiants et praticiens |
749,0 |
735,0 |
765,0 |
2,14 |
4,1 |
3/ Intérêts |
300,0 |
220,0 |
220,0 |
-26,7 |
- |
TOTAL |
91.376,0 |
91.143,3 |
92.543,0 |
1,3 |
1,5 |
TOTAL hors restitution TVA |
87.176,0 |
86.943,3 |
87.680,0 |
0,6 |
0,85 |
A. LES DÉPENSES
1. L'assurance vieillesse : des dépenses en progression malgré la baisse des effectifs
Les prestations d'assurance vieillesse progressent de
1,4 %, passant de 47,7 milliards à 48,4 milliards de francs ;
elles représentent toujours le premier poste de dépenses du
régime des exploitants agricoles.
Pourtant, les effectifs de retraités tendent à diminuer : en
1998, cette baisse sera de - 0,85 % et concernera essentiellement les
bénéficiaires de retraites forfaitaires.
En fait, l'augmentation du poids de ces prestations résulte d'une
série d'autres facteurs parmi lesquels on distingue
l'amélioration spontanée du niveau moyen des pensions (en 1998,
le nombre moyen de points d'un nouveau retraité s'élèvera
à 640, contre 450 pour les retraités les plus anciens) et les
mesures prises en faveur des veuves dans le cadre de la loi de modernisation de
l'agriculture de 1995 et pour les plus petites retraites dans le cadre de la
loi de finances pour 1997.
a) La baisse des effectifs
Le nombre de retraités ayant exercé une
activité de non-salarié agricole est passé de
2,123 millions en 1994 à 2,122 millions en 1995, soit une
très faible diminution de l'ordre de 0,1 %.
Il serait de 2,081 millions en 1998.
Après la très faible augmentation de 1994, l'année 1995
amorce en effet une période de diminution des effectifs de
retraités qui résulte essentiellement de la fin de la mise en
place de l'abaissement progressif de l'âge de la retraite à
60 ans et, pour partie, de l'arrivée à l'âge de la
retraite de classes d'âge légèrement moins nombreuses que
sur la période précédente.
C'est ainsi que les effectifs bénéficiant d'une retraite
forfaitaire diminueraient de 0,86 % en 1998 pour atteindre, en fin
d'année, 2.081 millions de personnes et que les
bénéficiaires d'une retraite proportionnelle seraient quasiment
stables avec environ 66.000 entrées et sorties.
Le nombre de bénéficiaires de l'allocation supplémentaire
du FNS (puis du FSV à compter de 1994) décroît rapidement
depuis la mise en place, à compter de 1994, des différentes
mesures de revalorisation des retraites les plus faibles. Il
s'établirait pour 1997 et 1998 à, respectivement, 269.300 et
250.500.
La diminution un peu plus importante du nombre des bénéficiaires
depuis 1995 résulte essentiellement de l'application de la mesure de
levée de l'interdiction de cumul entre droits propres et droits de
réversion (loi de modernisation de l'agriculture de février 1995)
ainsi que des dernières mesures d'amélioration des plus faibles
retraites prises lors de la conférence annuelle de février 1996.
La population concernée présente les caractéristiques
suivantes :
- les allocataires du FNS sont âgés : 55 % ont plus de
80 ans alors que les plus de 80 ans représentent seulement 26
% de l'ensemble de la population retraitée ;
- les personnes isolées forment, avec 65 %, la majorité
des bénéficiaires du FNS. Dans cette catégorie, on trouve
près de 80 % de femmes. Ainsi, les veuves représentent 43 %
des personnes isolées et 30 % du nombre total des
bénéficiaires du FNS.
b) La montée en charge des retraites proportionnelles
A l'inverse, la poursuite de la montée en charge de la
retraite proportionnelle entraîne une hausse de 1,3 % en volume du
montant global des pensions.
Elle s'explique notamment par les carrières plus complètes des
nouveaux retraités, mais aussi par :
-
les effets de la dernière étape de la levée du
non-cumul droits propres-droits dérivés
, mesure qui concerne
405.000 veuves et dont le surcoût en 1998 est estimé à
261 millions de francs et à 2.619 millions de francs en
année pleine.
Cette réforme a rendu possible, dans les mêmes conditions que dans
le régime général, le cumul entre des droits propres et
une pension de réversion. Elle a été instituée
progressivement sur une période de trois ans, entre 1995 et 1997.
Ainsi, les veuves ou veufs dont la retraite de réversion a pris effet
avant le 1
er
janvier 1995 bénéficient, en 1997,
d'une nouvelle majoration de leur pension de 2.000 francs, soit une
augmentation de 6.000 francs sur trois ans.
-
la revalorisation des plus petites retraites
prévue par la
loi de finances pour 1997.
Cette mesure, applicable dès le 1er janvier 1997, consiste en un
relèvement de la retraite proportionnelle des chefs d'exploitation
(anciens et nouveaux retraités) pour porter la retraite globale à
un montant proche du minimum contributif après une carrière
longue effectuée en tant que chef d'exploitation et en l'attribution
d'un relèvement forfaitaire pour les autres membres de la famille
(conjoints, aides familiaux et carrières mixtes).
2. L'assurance maladie : l'impact du plan Juppé
Les dépenses d'assurance maladie restent stables,
à hauteur de 33,9 milliards de francs, soit un montant voisin de
celui prévu l'an dernier.
Cette stabilité résulte, d'une part, de la réduction de
3 % des effectifs de bénéficiaires de l'AMEXA
supérieure à la hausse du montant moyen des prestations
résultant du vieillissement de la population. Elle traduit aussi les
effets du plan Juppé, sensibles dès l'exercice 1997.
En 1998, les dépenses de soins de ville devraient ainsi augmenter de
1,4 %, dont 0,4 % pour les honoraires et 1,8 % pour les
prescriptions de médicaments et d'auxiliaires médicaux. Le projet
de BAPSA pour 1998 prévoit également une
décélération des dépenses du secteur
médico-social (soins à domicile et médicalisation des
maisons de retraite) qui progresseront de 2,3 % au lieu de 2,8 %,
soit une diminution des dépenses d'hospitalisation privée de
1,2 % et une légère augmentation (+ 1,7 %) de
l'hospitalisation publique.
a) Le freinage général des dépenses de santé constaté depuis 1997
La fixation à 0,8 % du taux prévisionnel de progression des dépenses de maladie du BAPSA est à rapprocher de l'objectif national proposé en la matière par le projet de loi de financement pour les dépenses d'assurance maladie tous régimes, soit + 2,2 %, objectif impératif auquel le régime agricole contribue et qu'il doit respecter.
Evolution des dépenses de maladie du BAPSA
(en millions de francs)
LFI
|
1997 révisé |
PLF
|
PLF 1998/ LFI
1997
|
PLF 1998/ 1997 révisé (en %) |
|
Maladie-Maternité |
33.318 |
32.956,8 |
33.405 |
0,26 |
1,36 |
dont |
|||||
-Métropole hors DGH (1) |
19.182 |
19.053,2 |
19.264 |
0,43 |
1,11 |
- Métropole DGH |
14.094 |
13.671 |
13.716 |
- 2,68 |
0,33 |
- Régularisations DGH |
- 614 |
- 405,3 |
- 225 |
- 63,36 |
- 44,49 |
- Outre-mer |
456 |
456 |
461 |
1,1 |
1,1 |
- Assurance personnelle |
200 |
182 |
189 |
- 5,5 |
3,85 |
Invalidité |
474,5 |
497 |
472,9 |
- 0,34 |
- 4,84 |
Alloc. de remplacement |
58 |
59 |
58 |
- |
- 1,69 |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie (2) |
- |
95 |
100 |
- |
5,26 |
(1)
DGH : dotation globale
hospitalière.
(2)
Financement de la carte Sesame-Vitale
Il y a lieu de souligner l'institution d'une ligne budgétaire
intitulée "
contribution à la modernisation de
l'assurance maladie
". Dotée de 100 millions de francs en
1998, cette ligne représente l'apport du régime des exploitants
agricoles à la mise en place de la carte à puce individuelle des
assurés sociaux, dite carte " Sesame-Vitale " qui s'inscrit
dans le processus de transmission électronique des feuilles de soins
prévue par le plan Juppé.
Au cours des trois années 1995, 1996 et 1997, un écart de 1,8
à 2 % a été constaté entre les taux de
progression des dépenses du régime général et de
l'AMEXA. Cet écart est la résultante de deux évolutions
contrastées, dont la première emporte plus d'effets que la
seconde :
- la population protégée par ce régime diminue de
3 % par an quand celle du régime général augmente de
0,7 % ;
-
a contrario
, la prestation moyenne par affilié augmente
de 3,1 % par an dans le régime agricole contre 1 % dans le
régime général. La croissance rapide des dépenses
par affilié du régime agricole rend compte de l'âge moyen
de plus en plus élevé de cette population.
C'est au regard de ces éléments que la compatibilité entre
l'évolution des dépenses d'assurance maladie du projet de BAPSA
et le projet de loi de financement de la sécurité sociale doit
être appréciée.
b) L'évolution des principaux postes de dépenses
En 1998, les dépenses de soins de ville
évolueraient, comme en 1997, de + 1,4 %.
Les dépenses d'honoraires médicaux seraient stables
(+ 0,1 %) ; en revanche, les dépenses d'honoraires dentaires
augmenteraient de façon significative du fait de l'amélioration
de la prise en charge de certains actes résultant des dispositions de la
convention des chirurgiens-dentistes. Le total des honoraires augmenterait
ainsi de 0,4 %.
Les dépenses de prescriptions, qui représentent plus des deux
tiers des dépenses de soins de ville, évolueraient de
+ 1,8 % avec
une progression sensible du poste des auxiliaires
médicaux,
et notamment des actes infirmiers. La consommation d'actes
infirmiers, en effet, croît fortement avec l'âge. Les
dépenses de médicaments évolueraient de + 1,6 %,
de même que celles de transports sanitaires qui retrouveraient ainsi une
évolution positive après deux années de baisse
(- 1,6 % en 1996 et - 1,4 % en 1997, du fait de la limitation du
champ des prises en charge intervenue au début du second semestre 1996).
Comme en 1997, les dépenses de biologie diminueraient de 1 %.
Les dépenses réalisées en établissements hors
budget global, à champ constant
1(
*
)
, seraient en diminution de 1,2 %
pour le secteur sanitaire et en augmentation de 2,3 % pour le secteur
médico-social. Pour ce dernier secteur, les évolutions
opposées de + 3,5 % pour les prestations aux personnes
âgées (médicalisation des maisons de retraite et forfaits
soins à domicile) et de - 2,6 % pour l'enfance
inadaptée et les adultes handicapés s'expliquent par des facteurs
démographiques.
Les dépenses afférentes au poste " budget global "
progresseraient de + 1,7 %, soit un rythme proche de celui de 1996.
3. Les prestations familiales : une diminution des dépenses qui sera encore accentuée par les mesures prévues par le projet de loi de financement de la sécurité sociale
Le poste de dépenses des prestations familiales
continue de baisser fortement (- 6,5 % par rapport à 1997) en
raison de la diminution rapide du nombre de bénéficiaires qui
résulte de la diminution et du vieillissement de la population agricole
ainsi que de l'augmentation du célibat dans le milieu agricole.
En outre, estimées à 4 milliards de francs en 1998, ces
dépenses ne tiennent pas compte de la mise sous condition de ressources
des allocations familiales proposée par le Gouvernement, ni de la
réduction du montant de l'AGED.
La mise sous condition de ressources des allocations familiales telle qu'elle
est prévue par le projet de loi de financement de la
sécurité sociale devrait concerner environ 11.000 familles
d'exploitants agricoles et entraîner une diminution des dépenses
d'environ 70 millions de francs.
Cette diminution entraînera celle de la contribution de la Caisse
nationale des allocations familiales au BAPSA.
Votre commission des Affaires sociales a eu l'occasion, lors de l'examen du
projet de loi de financement de la sécurité sociale, d'exprimer
son refus des mesures de mise sous condition de ressources des allocations
familiales et de réduction de l'allocation de garde d'enfants à
domicile. Elle a, en conséquence, supprimé cette mesure,
ultérieurement réintroduite par l'Assemblée nationale.
*
Pour conclure cette partie, on notera que le projet de BAPSA
pour 1998 prévoit 220 millions de francs au titre des
intérêts de découvert de trésorerie
, soit un
montant inférieur à celui voté en 1997 (330 millions
de francs). Les crédits demandés à ce titre en 1998
constituent en fait la reconduction du montant effectivement attendu en 1997,
après révision des évaluations " pessimistes "
présentées l'an dernier.
Par ailleurs, les crédits d'
étalement et de prise en charge de
cotisations
sont reconduits à hauteur de 110 millions de
francs, ce qui paraît justifié au regard de l'évolution du
revenu agricole au cours des derniers exercices.