III. LES PERSONNELS : LES CONTRAINTES D'UNE ÉVOLUTION DIFFÉRENTE DE LA LOGIQUE DE PROFESSIONNALISATION
L'évolution des effectifs de la gendarmerie doit
s'apprécier au regard de l'accroissement prévisible des charges
lié à la conjonction de trois facteurs :
- l'augmentation de la population (7,7 millions d'habitants
supplémentaires) dans les zones périurbaines placées sous
la responsabilité exclusive de la gendarmerie ;
- l'extension des réseaux autoroutiers : 1 843 km supplémentaires
pour les autoroutes concédées et 455 km pour les liaisons
assurant la continuité du réseau autoroutier (LACRA) à
l'horizon 2002 ;
- enfin, l'apparition de nouvelles formes de délinquance et la
multiplication des flux de circulation de personnes aux frontières.
C'est pourquoi la loi de programmation a retenu trois orientations ;
-
l'augmentation des effectifs
de 93 669 en 1996 à 97 884 en
2002, soit une progression de 4,5 % imputable principalement aux personnels
civils (de 1 258 à 2 260, soit + 79,65 %) et surtout aux volontaires du
service national (de 12 017 à 16 232, soit + 35 %) ;
-
l'amélioration du taux d'encadrement
par les officiers dont le
nombre progressera de 52 % (de 2 066 à 4 055) alors que les effectifs de
sous-officiers de gendarmerie se contracteront de 7,5 % (de 77 079 à 71
302) ;
-
la création de nombreux emplois militaires à
caractère administratif et technique
destinés à
intégrer des personnels par voie de changement d'arme (les
sous-officiers en substitution des personnels d'active de la gendarmerie
atteindront un effectif de 4 035 en 2002).
L'augmentation des effectifs prévue dans le projet de loi de finances
pour 1998 apparaît conforme aux objectifs de la loi de programmation. Il
n'en reste pas moins que cette orientation plutôt favorable s'accompagne
de plusieurs incertitudes. En effet, elle repose exclusivement, pour les
personnels militaires, sur le recrutement des volontaires et exigera donc de
l'Arme un effort d'adaptation et de formation considérable. Ainsi, la
proportion des non professionnels est appelée à progresser (de
12,8 % à 16,5 % entre 1997 et 2002) contrairement aux évolutions
observées dans les autres armées. Certes, le volontariat
constituera une ressource utile. Mais la gendarmerie disposera-t-elle des
moyens nécessaires non seulement pour obtenir le nombre de volontaires
prévu mais disposer d'une ressource d'une qualité comparable
à celle des gendarmes auxiliaires actuels ?
A. LA POURSUITE DE LA DYNAMIQUE IMPRIMÉE PAR LA LOI DE PROGRAMMATION
1. La croissance des effectifs
Les effectifs s'accroîtront de 815 emplois en 1998 (752 emplois militaires, 63 emplois civils)
a) Les effectifs militaires
Cette évolution résulte de trois facteurs
principaux :
- la création de 212 postes d'officiers de gendarmerie (10 colonels, 76
lieutenants-colonels et chefs d'escadron, 124 capitaines, lieutenants et
sous-lieutenants) dans le cadre du programme de requalification des emplois ;
- la création de 21 postes d'officiers technico-administratifs et de 553
postes de sous-officiers technico-administratifs (21 majors, 93
adjudants-chefs, 117 adjudants, 120 sergents-chefs, 202 sergents) liés
à la montée en puissance du corps militaire de soutien ; en
contrepartie 571 postes de sous-officiers de gendarmerie sont supprimés ;
- la création de 104 postes de sous-officiers liés à
l'extension du réseau autoroutier concédé.
- l'ouverture de 433 emplois de gendarmes auxiliaires.
EVOLUTION DES EFFECTIFS MILITAIRES
OFFICIERS
Grades |
Effectifs
|
Emplois
|
Emplois supprimés |
Solde |
Effectifs
|
|||
Officiers de gendarmerie |
||||||||
Général de division |
7 |
1 |
8 |
|||||
Général de brigade |
16 |
1 |
17 |
|||||
Colonel |
192 |
10 |
10 |
202 |
||||
Lieutenant colonel
|
943 |
73 |
|
73 |
1016 |
|||
Capitaine, lieutenant et sous-lieutenant |
1 713 |
124 |
|
124 |
1 837 |
|||
Total |
2.871 |
209 |
209 |
3.080 |
||||
Officiers du corps militaire de soutien |
||||||||
Lieutenant-colonel et chef d'escadron |
7 |
7 |
|
7 |
14 |
|||
Capitaine, lieutenant et sous-lieutenant |
14 |
14 |
|
14 |
28
|
|||
Total |
21 |
21 |
21 |
|||||
Appelés |
||||||||
Sous-lieutenant |
20 |
20 |
||||||
Total |
2.912 |
230 |
230 |
3.142 |
SOUS-OFFICIERS
Grades |
Effectifs 1997 |
Emplois créés |
Emplois supprimés |
Solde |
Effectifs 1998 |
||||||
Sous-officiers de gendarmerie |
|||||||||||
Aspirant |
70 |
70 |
|||||||||
Major |
1 505 |
15 |
15 |
1 520 |
|||||||
Adjudant-chef |
3 473 |
28 |
28 |
3 501 |
|||||||
Adjudant |
8 529 |
21 |
21 |
8 550 |
|||||||
Maréchal des logis chef |
8 265 |
39 |
39 |
8 304 |
|||||||
Gendarme |
54 746 |
- 570 |
- 570 |
54 176 |
|||||||
Total |
76 588 |
103 |
- 570 |
- 467 |
76 121 |
||||||
Sous-officiers du corps militaire de soutien | |||||||||||
Major |
18 |
21 |
21 |
39 |
|||||||
Adjudant-chef |
124 |
93 |
93 |
217 |
|||||||
Adjudant |
181 |
117 |
117 |
298 |
|||||||
Sergent-chef |
304 |
120 |
120 |
424 |
|||||||
Sergent |
587 |
202 |
202 |
789 |
|||||||
Total |
1 214 |
553 |
553 |
1 767 |
|||||||
Sous-officiers du contingent | |||||||||||
Aspirant |
153 |
5 |
5 |
158 |
|||||||
Gendarme auxiliaire MDL |
431 |
14 |
14 |
445 |
|||||||
Total |
584 |
19 |
19 |
603 |
|||||||
Total sous-officiers |
78 386 |
675 |
- 570 |
105 |
78 491 |
MILITAIRES DU RANG DU CONTINGENT
GA brigadier chef |
773 |
27 |
27 |
800 |
|
GA auxiliaire brigadier |
1 557 |
56 |
56 |
1 613 |
|
GA auxiliaire 1ère classe |
1 274 |
46 |
46 |
1 320 |
|
GA auxiliaire |
8 003 |
285 |
285 |
8 288 |
|
Total |
11 607 |
414 |
414 |
12 021 |
|
Total général |
92 905 |
1 319 |
570 |
749 |
93 654 |
b) Les emplois civils
Au terme de la loi de programmation, les effectifs civils
augmenteront de 1 002 emplois (de 1 258 emplois en 1996 à 2 260 en 2002)
et compenseront la déflation globale des militaires d'active. En
principe, les personnels civils sont affectés dans la gendarmerie soit
par concours (fonctionnaires), soit par embauchages (ouvriers), soit par
mutations internes au ministère de la défense. Ce dernier
procédé prévaudra désormais car les nouveaux
effectifs seront principalement recrutés parmi les personnels des
établissements restructurés.
La création des nouveaux emplois n'obéira pas à un rythme
régulier sur toute la durée de la loi de programmation : c'est
pourquoi le nombre de postes supplémentaires créés en 1998
(63) apparaît en retrait du chiffre retenu cette année (271 en
1997) et pour les quatre années suivantes (167 chaque année de
1999 à 2002).
Au 1er août 1997, 163 postes sur 271 étaient pourvus (60 %) dont
seulement 47 postes sur les 120 emplois réservés aux ouvriers (39
%). En effet, la perspective de changer de lieu de travail représente
pour les personnels concernés un facteur dissuasif. C'est pourquoi il
convient de prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser
l'accueil des personnels civils au sein des unités conformément
aux dispositions du plan " formation-mobilité ".