B. L'INCIDENCE DE L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DANS LE DOMAINE DU NUCLÉAIRE, DE L'ESPACE ET DES AUTRES ACTIONS COMMUNES
L'évolution des crédits relevant de l'ancienne section commune et consacrés au nucléaire, à l'espace et aux services communs peut être retracée dans le tableau ci-dessous.
Évolution par action des crédits de l'ancienne
section commune
(en millions de F.)
1997 |
1998 |
% |
|
NUCLÉAIRE
|
12 491
|
11 264,9
|
- 9,8
|
ESPACE
|
3 098
|
2 923
|
- 5,6
|
CLASSIQUE
|
32 519,9
|
33 001,5
|
+ 1,5
|
TOTAL |
48 108,9 |
47 189,4 |
- 1,9 |
S'agissant du
nucléaire
, les crédits
inscrits à la section commune, tout comme ceux relevant de
l'armée de l'air et de la Marine, connaissent une
baisse très
importante
, indépendamment de la suppression de la DIRCEN
prévue en 1998, beaucoup plus forte en tout cas que celle prévue
par la loi de programmation. Globalement,
les ressources affectées
à la dissuasion nucléaire sont inférieures de plus de
2 milliards de F à l'annuité qui aurait
résulté d'une stricte application de la loi de programmation
.
Ce "décrochage" implique une série de
mesures palliatives
telles qu'un retard dans le développement du futur missile balistique
M51, une forte compression du budget de la Direction des applications
militaires du CEA qui devra ralentir le démantèlement de l'usine
de Pierrelatte, repousser des essais, réduire les programmes de
recherche amont ainsi que les simulations effectuée à partir des
matériels actuels. Les réductions opérées sur la
Marine entraîneront un retard de l'admission au service actif du 3e
sous-marin nucléaire lanceur d'engins, et le décalage de
l'adaptation de ces bâtiments au futur missile M51.
Votre rapporteur considère que
cette réduction de
crédits est très inquiétante
alors que l'enveloppe
définie par la loi de programmation correspondait à la stricte
mise en oeuvre des grands choix effectués pour l'avenir de notre
dissuasion nucléaire : arrêt des essais et développement
d'un programme de simulation destiné à garantir la
fiabilité et la sûreté des armes futures, abandon de la
composante terrestre, modernisation de la composante sous-marine (SNLE/NG et
M51) et aéroportée (ASMP amélioré).
Dans ces conditions, l'affirmation selon laquelle la dissuasion
nucléaire, maintenue à son niveau de suffisance, voit sa
modernisation se poursuivre sans remise en cause, repose uniquement sur
l'hypothèse d'une réduction exceptionnelle de crédits en
1998 et d'un retour en 1999 au niveau prévu en programmation, seul
compatible avec la réalisation des choix effectués l'an
passé. Si tel n'était pas le cas en 1999, on ne voit pas comment
l'on pourrait à la fois poursuivre le programme de simulation, maintenir
nos deux composantes et entreprendre leur modernisation comme prévu.
Les crédits relatifs à
l'espace
diminuent de 5,6 % et avec
3,1 milliards de F, sont très inférieurs au niveau fixé en
programmation, soit 3,5 milliards de F. Si les réductions de
crédits entraînent le report de programmes tels que la
surveillance de l'espace, moins importants que nos programmes majeurs, elles
traduisent également les
difficultés de la coopération
franco-allemande
sur les programmes spatiaux d'observation. Compte tenu du
caractère de plus en plus hypothétique de la participation
allemande, le
programme d'observation radar Horus semble désormais,
du moins sous sa forme actuelle, compromis
. Plus
généralement, cette absence d'entente franco-allemande fragilise
considérablement l'avenir d'une composante spatiale militaire proprement
européenne de nature à doter l'Europe dans ce domaine
stratégique, d'une autonomie vis-à-vis des Etats-Unis.
Les crédits consacrés au
renseignement
diminuent sans pour
autant compromettre
la poursuite de l'accroissement des effectifs
,
nécessaire au développement de ce domaine jugé prioritaire
sur le plan stratégique. Votre rapporteur rappellera à ce sujet
que la question des modalités d'information du Parlement sur le secteur
du renseignement reste toujours posée.
L'évolution des
crédits concernant la DGA
est difficile
à suivre d'une année sur l'autre en raison de l'importance des
mouvements de transferts prévus en 1998. Par ailleurs, ces
crédits n'ont qu'une signification limitée puisqu'au travers des
programmes d'armement, la DGA gère en réalité 80 % des
crédits d'équipement de la Défense. Votre rapporteur
retiendra l'effort effectué par la DGA pour diminuer ce que l'on appelle
son "coût d'intervention", c'est-à-dire son coût de
fonctionnement propre. Quant à l'objectif de réduction de 30 % du
coût des programmes, il est encore trop tôt pour juger de sa
réalisation. Des premiers résultats ont été
enregistrés mais on peut se demander si les mesures de réduction
de crédits imposées en 1998, avec les retards et avec les
surcoûts qu'elles génèrent sur les programmes, ne viendront
pas notablement compliquer la tâche de la DGA. Enfin, la DGA doit mener
à bien une difficile restructuration de ses services industriels,
essentiellement la Direction des constructions navales.
Enfin, au titre des autres services communs, votre rapporteur retiendra la
très forte diminution des crédits du service de santé
des armées
(- 14,6 %) qui va bien au-delà des
conséquences de la réduction de ses effectifs et de son format.
Une
mesure d'économie de 325 millions de F
, portant
à la fois sur les rémunérations et charges sociales et les
crédits de fonctionnement courant, a été
décidée au motif que l'activité propre des hôpitaux
militaires pourrait procurer une recette supplémentaire du même
ordre l'an prochain, ce qui permettrait de maintenir l'équilibre global
du budget des services. Votre rapporteur s'étonne vivement de cette
mesure qui consiste à transférer une part importante du
fonctionnement du service de santé sur des ressources
extrabudgétaires aléatoires. Il doute que l'activité
militaire hospitalière, alors que l'on ferme des établissements,
augmente l'an prochain de manière suffisante pour compenser la
diminution des ressources budgétaires du service, et il craint qu'une
telle opération perturbe gravement le fonctionnement d'un service
essentiel aux armées actuellement en pleine restructuration,
touché de plein fouet par la professionnalisation et de plus en plus
appelé à contribuer aux opérations extérieures.