AVIS n° 88 - Tome II - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 - Affaires étrangères - Relations culturelles extérieures
M. Guy PENNE, Sénateur
Commission des Affaires étrangères de la défense et des forces armées - Avis n° 88 - 1997/1998
Table des matières
- I. LA LÉGÈRE HAUSSE DES CRÉDITS DE LA DGRCST EN FRANCS COURANTS TRADUIT CEPENDANT UNE RÉDUCTION DES MOYENS RÉELS DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE
- II. LA DGRCST AU COEUR D'UNE NOUVELLE RÉFORME ?
- III. LA PRIORITÉ AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
- IV. LE RÉSEAU SCOLAIRE FRANÇAIS À L'ÉTRANGER
-
EN GUISE DE CONCLUSION :
LA FRANCOPHONIE APRÈS LE SOMMET D'HANOI - EXAMEN EN COMMISSION
N° 88
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
RELATIONS CULTURELLES EXTÉRIEURES
Par M. Guy PENNE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Xavier
de Villepin,
président
; Yvon Bourges, Guy Penne, Jean Clouet,
François Abadie, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques Genton,
vice-présidents
; Michel Alloncle, Jean-Luc
Mélenchon, Serge Vinçon, Bertrand Delanoë,
secrétaires
; Nicolas About, Jean Arthuis, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Pierre Biarnès,
Didier Borotra, André Boyer, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel
Caldaguès, Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga,
MM. Charles-Henri de Cossé-Brissac, Pierre Croze, Marcel
Debarge, Jean-Pierre Demerliat, Xavier Dugoin, André Dulait, Hubert
Durand-Chastel, Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Philippe
de Gaulle, Daniel Goulet
,
Jacques Habert, Marcel Henry, Roger
Husson, Christian de La Malène, Edouard Le Jeune, Maurice
Lombard, Philippe Madrelle, Pierre Mauroy, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Paul
d'Ornano, Charles Pasqua, Alain Peyrefitte, Bernard Plasait, Régis
Ploton, André Rouvière, André Vallet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
1
)
(1997-1998).
Lois de finances.
Mesdames, Messieurs,
Avec une ressource représentant 35 % des crédits alloués
à un ministère dont la dotation est elle-même
inférieure à 1 % du budget de l'Etat, l'action culturelle
extérieure n'en continue pas moins, et c'est heureux, d'être une
priorité de notre diplomatie.
Est-il toutefois possible de concilier une telle ambition avec une contrainte
budgétaire toujours plus forte ? Votre rapporteur considère que
la volonté politique en la matière ne peut s'accommoder d'une
rigueur budgétaire toujours plus stricte que s'il lui est possible de
s'appuyer sur des structures administratives adaptées au nouveau
contexte.
C'est la raison pour laquelle votre rapporteur est particulièrement
attentif aux chantiers actuellement ouverts concernant, directement ou non,
notre action culturelle extérieure : la réforme des structures de
notre outil audiovisuel extérieur, celle de la Direction
générale elle-même, dans le cadre, plus vaste, d'un
aménagement de notre dispositif de coopération.
Par delà la contrainte financière, qui ne s'allégera
guère à l'avenir, ce sont bien de ces réformes là
que dépendra en partie la crédibilité de notre diplomatie
culturelle.
I. LA LÉGÈRE HAUSSE DES CRÉDITS DE LA DGRCST EN FRANCS COURANTS TRADUIT CEPENDANT UNE RÉDUCTION DES MOYENS RÉELS DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE
La Direction générale des relations culturelles,
scientifiques et techniques recevra en 1998 5 125 millions de francs contre 5
100 millions de francs en loi de finances initiale pour 1997, soit une
augmentation en francs courants de 0,49 % par rapport à 1997. Cette
quasi-reconduction en francs courants de la dotation de la Direction
générale porte à 35,6 % la part de celle-ci au sein du
budget du ministère des affaires étrangères. Cela
étant, la prise en compte de l'effet " change-prix " aboutit
à évaluer, en francs constants à 1,9 % la diminution des
moyens accordés à la DGRCST par rapport à la loi de
finances initale 1997.
Cela étant, l'analyse des dotations relevant respectivement du titre III
et du titre IV démontre que celui-ci continue globalement sur une pente
descendante, alors même que les crédits d'interventions qu'il
rassemble constituent le coeur de notre action culturelle, scientifique et
technique extérieure.
Le tableau ci-après récapitule l'évolution du budget de la
Direction générale et de sa part dans le budget global du
Ministère des affaires étrangères.
Budget du Ministère des Affaires étrangères |
Budget de la DGRCST |
Part du budget de la DGRCST dans le budget du MAE (en %) |
|
1984 |
9119 |
3321 |
36,42 |
1985 |
9296 |
3231 |
34,76 |
1986 |
9794 |
3305 |
33,75 |
1987 |
10346 |
3693 |
35,69 |
1988 |
10521 |
3836 |
36,46 |
1989 |
10828 |
3901 |
36,03 |
1990 |
11871 |
4340 |
36,56 |
1991 |
13074 |
4979 |
38,08 |
1992 |
14094 |
5284 |
37,49 |
1993 |
14925 |
5502 |
36,86 |
1994 |
14699 |
5140 |
34,97 |
1995 |
15167 |
5357 |
35,32 |
1996 |
15033 |
5263 |
35,01 |
1997 |
14462 |
5101 |
35,27 |
1998 |
14387 |
5122 |
35,6 |
A. LA HAUSSE DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
Le titre III de la Direction générale
doté pour 1998 de 2 012 millions de francs, soit en hausse de 3,4 %,
recouvre essentiellement la prise en charge des personnels expatriés du
réseau culturel et le coût des établissements de l'AEFE et
de l'OUCFA. Dans les deux cas, l'effet change-prix, qui permet
d'intégrer dans les comptes du quai d'Orsay l'évolution des
monnaies qui a une incidence évidente sur ses dépenses, est
très important.
- Pour les
personnels et le fonctionnement des établissements
culturels
, l'effet change-prix s'élève à 20,4 millions
de francs. En dépenses supplémentaires, il s'y ajoute
l'ajustement des rémunérations lié à l'augmentation
du point d'indice (+ 3,5 millions de francs) et un abondement, à hauteur
de 700 000 francs, des crédits de changement de résidence et de
déplacement, du fait de la hausse du coût des transports.
Côté économies, l'application de la dernière tranche
du schéma d'adaptation du réseau à l'étranger
conduit à supprimer 26 emplois de chargés de mission dans les
établissements culturels, ce qui génère une
économie de 11,5 millions de francs.
Au total, les crédits de personnel de la DGRCST augmentent en 1998 de 13
millions de francs.
-
L'Agence pour l'enseignement français à l'étranger
voit sa dotation pour 1998 portée à 1,496 milliard de francs,
soit une hausse de 53,6 millions de francs par rapport à la loi de
finances initiale 1997.
Là aussi, l'effet change-prix nécessite une dépense
supplémentaire substantielle de 46,9 millions de francs. L'ajustement
des rémunérations -hausse du point d'indice, revalorisation des
carrières- entraîne une dépense nouvelle de 5,8 millions de
francs.
Les
mesures nouvelles
pour l'enseignement français à
l'étranger concernent tout d'abord les bourses scolaires aux enfants
français : 12 millions de francs et 2,5 millions pour les
investissements immobiliers. Ces deux postes de dépenses sont inclus
dans la dotation AEFE, ce qui explique qu'ils figurent au titre III du projet
de loi de finances pour le Ministère des affaires
étrangères.
Le programme de
réduction des effectifs
est également
conduit à l'Agence par la suppression de 40 emplois d'expatriés
compensés -c'est une innovation qu'il convient de saluer- par la
création de 110 postes de résidents
-au lieu de la
compensation traditionnelle " nombre pour nombre "- dont 70
à
coût nul. Cette mesure crée une économie de 6,9 millions de
francs, qui ajoutée à des transformations d'emplois (- 2,1 MF)
conduit à une économie globale de 9 millions de francs.
EVOLUTION DES DOTATIONS DU TITRE III
LFI 1996 |
LFI 1997 |
LFI 1998 (projet) |
Variations 1998/1997 |
|
Indemnités |
4 630 277 |
4 603 277 |
4 944 813 |
+ 341 536 |
Rémunérations |
469 920 119 |
460 487 198 |
473 269 304 |
+ 12 782 106 |
Cotisations sociales |
8 862 783 |
8 014 264 |
7 246 993 |
- 767 271 |
Prestations sociales |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
- |
Déplacements |
23 611 777 |
21 709 777 |
22 388 777 |
+ 679 000 |
AEFE |
1 416 917 894 |
1 442 699 490 |
1 496 189 968 |
+ 53 490 478 |
OUFA |
30 221 856 |
7 721 856 |
7 721 856 |
- |
TOTAL TITRE III |
1 954 264 706 |
1 945 335 862 |
2 011 861 711 |
+ 66 525 849 |
B. LES CRÉDITS D'INTERVENTION : UNE RÉDUCTION RALENTIE
Dans le projet de loi de finances pour 1998, les
crédits d'intervention atteindront 3 040 millions de francs, soit une
réduction de 1,36 % par rapport à la loi de finances pour 1997.
Le tableau suivant récapitule l'évolution à la baisse des
crédits d'intervention de la Direction générale depuis 4
ans.
LFI 1995 |
LFI 1996 |
LFI 1997 |
Projet LFI 1998 |
|
Francophonie |
67 |
64 |
63 |
62 |
Echanges culturels et artistiques |
944 |
901 |
896 |
883 |
Audiovisuel extérieur |
890 |
875 |
942 |
949 |
Documentation et association |
23 |
23 |
23 |
17 |
Coopération scientifique, tech-nique et éducative |
1 404 |
1 298 |
1 158 |
1 129 |
Total Titre IV |
3 328 |
3 161 |
3 082 |
3 040 |
Même si l'ampleur de la réduction est
opportunément atténuée dans le projet de loi de finances
pour 1998 -elle était de 2,53 % en projet de loi de finances 1997 par
rapport à 1996, elle est néanmoins significative et ses
conséquences en termes d'action culturelle et de coopération sur
le terrain sont particulièrement néfastes.
Les programmes d'échanges culturels et artistiques (- 1,45 %), les
actions de coopération scientifique, technique et éducative (-
2,5 %) s'en trouvent désorganisés d'une année sur l'autre,
sans parler des
régulations -
70 millions de francs pour le titre
IV en 1997- qui entraînent de brutales interruptions en cours
d'année.
Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit par ailleurs de
réduire de 27 % les subventions aux associations.
Les mesures nouvelles traduisant les
priorités du
ministère
pour 1998 s'élèvent à 45,3 millions
de francs et concernent quatre actions prioritaires :
- la réforme institutionnelle de la
francophonie
, destinée
à assurer le fonctionnement de la structure mise en place au Sommet de
Hanoi -secrétariat général et secrétariat (3
millions de francs) ;
- la mise en oeuvre
d'engagements politiques
(20,2 millions de francs).
Ceux-ci concernent la formation à la langue française de cadres
de pays d'Europe centrale et orientale dans la perspective de
l'élargissement de l'Union européenne (6,7 millions de francs) ;
l'action artistique dans le cadre de l'Année de la France au Japon, de
l'Année France-Egypte 1998 et de la Saison israélienne en France
(6 millions de francs) ;
- l'organisation, à l'occasion de la
coupe du monde de football
,
d'un concours scolaire mondial mis en oeuvre par notre réseau culturel
(3 millions de francs);
- enfin la création de
l'Université franco-allemande
décidée au Sommet franco-allemand de Weimar (4,5 millions de
francs) ;
-
l'
audiovisuel extérieur
: la dotation globale progresse,
mais comme l'an passé, la programmation financière, 442 millions
de francs sur 4 ans, décidée par le CAEF de 1994, n'est pas
respectée puisque l'audiovisuel extérieur n'obtient en mesures
nouvelles que 15,95 millions de francs, pour une dotation totale de 949
millions de francs.
En réalité, 50 % des crédits supplémentaires ainsi
dégagés, soit 7,8 millions de francs, sont destinés
à compenser -incomplètement- les effets de la suppression du
versement par TF1 de sa contribution à TV5. Il faut savoir que le
coût total pour TV5 de cette décision du CSA s'élève
à 45 millions de francs sur 5 ans et pèsera sur la
capacité de la chaîne à améliorer sa grille de
programmes. TV5 bénéficie également de 6,15 millions de
francs destinés à assurer son développement aux
Etats-Unis. Votre rapporteur ne peut enfin que se féliciter de
l'arrangement conclu pour l'élargissement de la diffusion de France 2 en
Tunisie.
-
les
bourses pour les étudiants étrangers en
France
augmentent de 6 millions de francs. Si ce coup de pouce financier
est le bienvenu compte tenu de la diminution régulière des
bourses depuis plusieurs années, il n'est pas suffisant. Votre
rapporteur se réjouit à cet égard de la volonté
affichée désormais d'agir davantage sur l'accueil et le suivi
pédagogique des boursiers étrangers, ne serait-ce que pour des
bourses de stages de courte durée qui permettent néanmoins un
retour avantageux dans le pays d'origine.
C. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS D'INVESTISSEMENT : PRÉSERVER L'ESSENTIEL
Quatre opérations lourdes bénéficieront
au titre V de 31 millions de francs en crédits de paiement pour 18
millions de francs en autorisations de programmes : la construction du
lycée français de Francfort tout d'abord et l'aménagement
des lycées français de Barcelone et de Madrid ; travaux dans des
établissements du Maroc.
Par ailleurs, pour la poursuite d'opérations d'aménagement aux
instituts et centres culturels d'Istanbul, de Santiago du Chili, de Mexico,
d'Innsbruck et de Riga, de même que pour l'acquisition de l'institut
français de Valence, le titre V reçoit 27 millions de francs en
crédits de paiement -8 MF en autorisations de programmes-.
Au titre VI, le poste " aide à des projets de développements
divers " doté de 5 millions de francs, est amputé de 50 %
par rapport à 1997. Par ailleurs, 10 millions de francs en autorisation
de programmes et 5 millions de francs en crédits de paiement serviront
à divers investissements au profit d'Alliances françaises
d'Amérique latine et d'Asie.
Dotations 1998 des titres V et VI et évolution
(crédits de paiement)
LFI 1996 |
LFI 1997 |
Projet LFI 1998 |
Variation PLF 98/LFI 97 |
|
Etablissements d'enseignement |
35 |
27 |
31 |
+ 14,81 % |
Instituts et centres culturels |
51 |
26 |
27 |
+ 3,85 % |
Aide à des projets de déve-loppement divers |
42,1 |
10 |
5 |
- 50 % |
Alliances françaises |
10,5 |
10,01 |
10 |
- 0,12 % |
Total titres V et VI |
146,6 |
73,01 |
73 |
- 0,02 % |
II. LA DGRCST AU COEUR D'UNE NOUVELLE RÉFORME ?
A. LES PRINCIPALES MISSIONS DE LA DGRCST
La répartition, par grandes fonctions, du budget total
de la DGRST restera en 1998, dans ses grandes lignes, comparable à celle
constatée en 1997, à savoir par poste de dépenses
décroissantes
1(
*
)
:
- la
coopération culturelle scientifique et technique
: 1,74
milliard comprenant la coopération culturelle : 188 MF (fourniture de
livres, prêts d'ouvrages, manifestations culturelles), la
coopération linguistique et éducative
: 457 MF (formation
de professeurs) et la
coopération scientifique et technique
:
1104 MF (projets de coopération, octroi de bourses à des
étrangers) ;
- les
établissements d'enseignement du réseau
de l'AEFE
ainsi que l'office universitaire et culturel français en Algérie
(1,47 milliard) ;
-
l'audiovisuel extérieur
, 943 MF représentant
essentiellement le financement de nos opérateurs audiovisuels : TV5,
CFI, RFI, Somera, Medi 1... ;
- le
réseau culturel et linguistique
: 844 MF représentant
le coût des 138 centres et instituts culturels et centres de
coopération culturelle et linguistique (CCCL) ainsi que l'aide
accordée aux 251 comités d'alliances (sur 1034), les 25
établissements de recherche et 82 bureaux de coopération
linguistique et éducative n'ayant pas l'autonomie financière.
Les contraintes budgétaires se traduisent, depuis de nombreuses
années, par une réduction régulière
-déjà évoquée- des crédits d'intervention
culturelle - qu'il s'agisse des "crédits parisiens" ou des
crédits "géographiques" affectés à nos postes de
par le monde.
Le tableau ci-joint détaille
l'affectation des crédits
géographisés par régions.
RÉCAPITULATIF CRÉDITS PAR RÉGIONS (chiffres en milliers de francs)
Titre III |
Titre IV |
Total T. III et IV |
Titre V |
Titre VI |
Total crédits géographisés |
|||||
Réseau culturel |
AEFE et OUFCA |
Total |
Crédits |
% |
Crédits |
% |
||||
Europe occidentale |
112 649 |
383 124 |
495 773 |
185 409 |
10,64 |
681 182 |
19,02 |
64 600 |
745 782 |
|
Europe centrale et orientale |
58 425 |
30 163 |
88 588 |
307 812 |
17,66 |
396 400 |
11,07 |
30 590 |
1 000 |
427 990 |
Proche et Moyen Orient |
55 852 |
96 055 |
151 907 |
219 275 |
12,58 |
371 182 |
10,36 |
22 500 |
393 682 |
|
Afrique du Nord |
22 663 |
320 475 |
343 138 |
391 639 |
22,47 |
734 777 |
20,51 |
10 250 |
1 000 |
746 027 |
Afrique Sub-saharienne |
38 281 |
37 078 |
75 359 |
91 390 |
5,24 |
166749 |
4,66 |
1 000 |
1 407 |
169 156 |
Asie du Sud et du Sud-Est |
57 450 |
58 881 |
116 331 |
230 873 |
13,25 |
347 204 |
9,69 |
7 380 |
9 050 |
363 634 |
Extrême-Orient et Pacifique (1) |
43 974 |
38 439 |
82 413 |
123 009 |
7,06 |
205 422 |
5,73 |
9 000 |
950 |
215 372 |
Amérique du Nord |
8 611 |
119 726 |
128 337 |
43 645 |
2,50 |
171 982 |
4,80 |
2 350 |
174 332 |
|
Amérique latine (1) |
99 605 |
220 455 |
320 060 |
149 843 |
8,60 |
469 903 |
13,12 |
5 450 |
4 255 |
479 608 |
Pays du champ (bourses AEFE) |
37 332 |
37 332 |
37 332 |
1,04 |
37 332 |
|||||
Total crédits ventilés |
497 510 |
1 341 728 |
1 839 238 |
1 742 895 |
100,00 |
3 582 133 |
100,00 |
150 770 |
20 012 |
3 752 915 |
Non ventilable |
108 692 |
108 692 |
108 692 |
108 692 |
||||||
Total général |
487 510 |
1 450 420 |
1 947 930 |
1 742 895 |
3 690 825 |
150 770 |
20 012 |
3 861 607 |
B. LES NOUVEAUX CONTOURS DU RÉSEAU
La carte des implantations de nos centres et instituts
culturels évolue en fonction des besoins et des priorités
politiques décidées par le gouvernement. Cette adaptation
constante est également -et surtout- liée à la contrainte
budgétaire. Celle-ci a entraîné depuis quelques
années et nécessitera encore des fermetures ou des
transformations de sites que ne compensent pas toujours les ouvertures en
d'autres régions. Elle est également à l'origine d'une
réforme plus vaste de regroupement ou de fusions de centres avec
d'autres entités de coopération comme les bureaux de
coopération linguistique et éducative.
- S'agissant des fermetures, un
plan triennal de restructuration,
approuvé par le Premier Ministre le 23 juillet 1996 a
déjà conduit à la fermeture du centre culturel de La Haye,
de deux annexes de l'institut français d'Athènes et du centre
culturel d'Aden. Pour l'avenir, pourraient être concernés le
centre culturel de Salzbourg, deux autres annexes de l'institut français
d'Athènes, l'institut français de Saragosse (transformé en
annexe de Barcelone), le centre culturel de Stavanger et celui de Koweit
(transformations en alliance française). En 1997, la seule ouverture a
concerné le centre franco-mongol d'Oulan-Bator. Parallèlement,
certaines alliances, en particulier en Amérique latine, perdront -par la
suppression du poste de directeur- l'aide que l'Etat leur accordait
jusqu'à présent.
- la mise en place de
centres culturels et de coopération
linguistique
résultant de la fusion de centres culturels et de
bureaux de coopération linguistique et éducative au sein d'une
autonomie budgétaire, engagée depuis trois ans, se poursuivra.
Aux 66 CCCL déjà implantés, devraient s'ajouter 14
établissements de ce type à compter du ler janvier
prochain
2(
*
)
.
- Enfin 6
centres culturels et de coopération
(CCC) ont
été créés. Ces établissements regroupent
dans un pays l'ensemble des activités de coopération relevant
jusqu'alors du service culturel de coopération scientifique, technique,
artistique, audiovisuelle, linguistique et éducative. 3 centres ont
été créés en 1996 (Le Caire, Beyrouth et Tunis), 3
en 1997 (Vienne, Athènes et Sofia). Trois seront créés en
1998 (Mexico, Hanoi et San José de Costa Rica (à vocation
régionale).
Ces restructurations ne généreront toutefois de sensibles
économies qu'à moyen terme. En effet, la mise en place
d'autonomies budgétaires entraîne, par exemple, une hausse du
volet "gestion", et des recrutements correspondants d'agents
comptables. Les
suppressions de postes n'interviennent par ailleurs qu'à
échéance des contrats et les produits des aliénations
immobilières, possibles dans certains cas, risquent bien de ne pas
bénéficier au Ministère propriétaire.
Cette reconfiguration progressive du réseau culturel est à mettre
en parallèle avec la diminution considérable des effectifs de la
Direction générale depuis 1994. En trois ans, le réseau a
perdu 139 postes. Sur dix ans, les emplois d'expatriés du réseau
ont diminué de 40 %.
A cette évolution, difficile, s'ajoute désormais la perspective
d'une vaste réforme de notre outil de coopération où la
DGRCST serait concernée au premier chef.
C. QUELLE RÉFORME POUR NOTRE DISPOSITIF DE COOPÉRATION ET D'AIDE AU DÉVELOPPEMENT ?
Un chantier nouveau s'annonce pour la Direction
générale. Elle serait en effet directement concernée par
le projet de réorganisation d'ensemble de nos structures administratives
de coopération et d'aide au développement. L'idée de base
repose sur l'avantage à retirer d'une meilleure synergie entre des
moyens aujourd'hui répartis sous la responsabilité de deux
administrations : celle des affaires étrangères et celle du
secrétariat d'Etat délégué à la
coopération.
Les propositions actuellement en débat et qui feront au début de
l'année prochaine l'objet d'un arbitrage gouvernemental sont au nombre
de deux. Une première possibilité consisterait à
rassembler les moyens actuels (Direction générale, Direction du
développement) au sein d'une vaste Agence de développement.
Celle-ci serait placée sous le contrôle politique d'un
secrétaire d'Etat entouré d'un " état-major "
réduit. En aval, elle contracterait, pour la mise en oeuvre des projets,
avec les actuels opérateurs que sont par exemple l'AFAA, la CFD ...
Une autre proposition, dont la mise en oeuvre serait sans doute plus simple
consisterait à rapprocher -sous des modalités à
définir- la Direction générale d'une part et de la
Direction du développement d'autre part pour, à partir de ce
nouvel ensemble, gérer deux types d'aides :
- une coopération " Nord-Nord " d'intérêt mutuel
entre la France et les pays partenaires qui relèverait d'une Direction
générale réformée,
- une coopération " Nord-Sud " d'aide au développement
confiée à la Direction du développement.
Les enjeux de cette réforme en cours de définition sont
importants. Les critères d'appréciation également :
pourrons-nous, grâce à ce nouvel outil, conduire, à
coût constant voire réduit, une ambition égale à
celle que nous tentons aujourd'hui de mettre en oeuvre ? Garderons-nous ou non,
dans cet ensemble rénové, une " visibilité "
suffisante à l'égard de l'Afrique, où nos interlocuteurs
avaient pris l'habitude de s'adresser à un partenaire spécifique,
reflet de notre attention particulière à l'égard de ce
continent ?
III. LA PRIORITÉ AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
A. LES AMBITIONS DE L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
1. Où en est le plan quinquennal ?
Le Conseil pour l'audiovisuel extérieur de la France avait, en 1994, puis en 1995, consacré le caractère prioritaire de l'audiovisuel extérieur au sein de notre action culturelle internationale. Les objectifs nécessaires avaient été identifiés : régionalisation des programmes, constitution de bouquets grâce aux technologies numériques, amélioration des contenus, montée sur les satellites performants, mondialisation de la diffusion, etc... Le financement supplémentaire nécessaire à la mise en oeuvre de ce plan avait été estimé à 442 millions de francs sur 5 ans. Une seule annuité fut conforme à cette programmation financière, celle de 1996 ; depuis le plan a été étalé dans le temps, les dotations réelles étant régulièrement en-deçà des prévisions initiales. En 1997, l'enveloppe prévue de mesures nouvelles, 145 millions, avait été ramenée à 63 millions de francs. Pour 1998, les mesures nouvelles sont fixées à 31,1 millions de francs contre 52 millions de francs prévus par le plan, contraignant les divers opérateurs concernés à tenter d'atteindre leurs objectifs par redéploiement à partir de leurs propres ressources. Si les objectifs sont maintenus, les moyens de les atteindre dépendront donc beaucoup des capacités des opérateurs à trouver des financements commerciaux complémentaires.
2. Les difficultés des opérateurs pour 1998
Les opérateurs principaux de l'audiovisuel
extérieur, RFI, TV5 et CFI auront encore à supporter un contexte
budgétaire difficile en 1998.
Pour RFI
, est prévu un accroissement de 5 millions de francs de
sa subvention en provenance du ministère des Affaires
étrangères (qui atteint 452 millions de francs). Encore cette
somme a-t-elle été obtenue par redéploiement des moyens du
département et non comme une mesure nouvelle, refusée par le
ministère de l'Economie.
Le niveau de recettes attendues, en 1998, de la redevance (294,6 millions
de francs), ajouté à cette subvention risque de ne pas suffire
pour couvrir les activités existantes et exclut,
a fortiori,
toute mesure nouvelle de développement telle que l'implantation de
nouveaux relais FM. Par ailleurs, la reprise par RFI de la SOMERA, fort
opportune dans son principe, nécessite pour RFI un abondement annuel de
3 millions de francs pour relancer l'activité commerciale de cette
société, pénalisée par un important déficit
d'exploitation.
Par ailleurs, RFI est confrontée à deux
facteurs de
rigidité
budgétaire :
- le premier concerne les incidences financières du glissement
mécanique " vieillesse-technicité " de ses personnels,
conjugué aux mesures de transformation de certains CDD en CDI, dont la
légitimité n'est au demeurant pas contestable.
- Le second facteur de rigidité concerne les
conditions de diffusion
ondes courtes
par TDF. Globalement, le coût annuel de diffusion ondes
courtes s'élève pour RFI à 230 millions de francs. RFI
souhaiterait réduire le dispositif de diffusion dans certaines zones,
où il est désormais superflu , pour le promouvoir ailleurs et, en
tout état de cause, ne conserver l'usage que des seuls
équipements récents ALLISS et se défaire des
émetteurs anciens, ce qui entraînerait une économie
immédiate de 105 millions de francs. Pour l'heure, TDF reste très
ferme sur ses conditions de facturation, alors qu'un accord de principe sur une
réduction de 20 millions de francs avait été conclu dans
le cadre du projet de budget pour 1997 : cette réduction n'a pas
été finalement imposée à la société
de diffusion et un arbitrage est toujours attendu sur ce point.
RECETTES DE RFI
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|||||
en miliers de francs |
Réalisations |
Réalisations |
Budget initial |
Budget initial |
||||
Remboursement d'exonération de redevance |
68 064 |
10 % |
106 331 |
15 % |
15 800 |
2 % |
0 |
0% |
Redevance |
125 168 |
19 % |
169 329 |
23 % |
267 200 |
36 % |
294 600 |
39 % |
Subvention des ministères des Affaires étrangères et de la Coopération |
450 100
|
69 % |
383 900 |
53 % |
447 000 |
61 % |
452 000 |
60 % |
Prélèvement sur fonds de roulement |
0 |
0 % |
60 000 |
8 % |
0 |
0 % |
0 |
0 % |
Autres ressources |
12 004 |
2 % |
8 966 |
1 % |
7 750 |
1 % |
7 700 |
1 % |
TOTAL RESSOURCES RFI |
655 336 |
728 526 |
737 750 |
754 300 |
Charges de RFI
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|||||
Réalisations |
Réalisations |
Budget initial |
Budget initial |
|||||
Diffusion |
261 925 |
40 % |
283 853 |
39 % |
285 828 |
39 % |
2855 828 |
38 % |
Personnel |
255 438 |
39 % |
283 062 |
39 % |
289 707 |
39 % |
298 300 |
40 % |
Autres charges |
137 822 |
21% |
160 034 |
22 % |
162 215 |
22 % |
170 272 |
22 % |
TOTAL CHARGES RFI |
655 185 |
726 949 |
737 750 |
754 000 |
- TV5
recevra en mesures nouvelles 13,95 millions de
francs. Sur ce total, 7,8 millions sont destinés à compenser les
conséquences financières de la décision du CSA de
supprimer la contribution de TF1 à la chaîne francophone
multilatérale sous forme de fournitures de programmes. La moins-value
pour la chaîne entraînée par cette décision
s'élève en fait à 9 millions de francs par an, soit 45
millions de francs sur 5 ans. Par ailleurs, TV5 recevra 6,15 millions de francs
afin de préparer le lancement, longtemps attendu, de TV5 USA.
Canal France International
ne bénéficie pour 1998 d'aucune
mesure nouvelle. De ce fait, les développements d'activités
prévus dans le cadre du plan quinquennal -qui identifiait en 1998 pour
CFI une dotation nouvelle de 21,6 millions de francs-, ne pourra être
menée à bien sauf par redéploiements.
B. UN CAPITAL D'EXPÉRIENCE ET DE COMPÉTENCES
1. Le nouveau pôle radiophonique : RFI une transformation réussie
Conformément aux orientations du CAEF 1994 en faveur du
renforcement des différents opérateurs radio, RFI a acquis, en
1996, pour un franc symbolique, les participations que détenait la
Société Française de Radiodiffusion (SOFIRAD) dans Radio
Paris Lisbonne (RPL), d'une part, et dans la SOMERA (Société
Méditerranéenne de Radiodiffusion), d'autre part. Cette
restructuration a permis d'affecter au nouveau pôle radiophonique ainsi
constitué des moyens complémentaires pour son réseau de
reprises FM. En Europe d'abord grâce à RPL et ensuite, à
travers la SOMERA, grâce à RMC Moyen-Orient et ses moyens de
diffusion, dans une zone géographique où RFI était jusque
là insuffisamment présente. RMC-Moyen-Orient émet depuis
1970 en ondes moyennes un programmes généraliste en
français et en arabe sur le Proche et le Moyen-Orient. Avec 13 millions
d'auditeurs par jour, elle occupe le second rang en audience derrière la
BBC, au Liban, en Syrie, en Arabie Saoudite et en Jordanie. Avec ce dernier
pays, un accord vient par ailleurs d'être signé prévoyant
une diffusion 24 h sur 24 en modulation de fréquence. Un accord de
même nature est en cours de discussion avec le Qatar.
Toutefois, cette reprise ne va pas sans contreparties. Comme l'a
déjà évoqué votre rapporteur, la remise en ordre
des comptes et des structures de ces sociétés nécessitera,
de la part de RFI, un effort financier durable.
La clarification de la programmation
de RFI, opérée depuis
deux ans, confirme ses effets positifs. A l'évidence, le renforcement de
l'actualité, concrétisé par le format nouveau de RFI 1,
chaîne d'actualité 24 h sur 24, et le décrochage
spécifique Afrique, répondaient à une attente de
l'auditoire. Il en est de même de RFI2, regroupant les programmes en
langue étrangère (18 langues étrangères)
reformaté sur le format de RFI1. Enfin, avec son volet production
internationale (RFI3), RFI propose une offre complémentaire de
programmes, au contenu et au format améliorés.
Promotion du volet actualité, régionalisation des programmes pour
un meilleur ciblage des publics, amélioration du confort
d'écoute en ondes courtes et développement des reprises en FM,
ces orientations positives, associées à la création du
pôle radiophonique placent RFI en situation de conforter sa place,
déjà plus qu'honorable, dans le monde, et d'élargir son
audience, même si elle occupe le quatrième rang derrière
ses concurrentes américaine, britannique et allemande.
2. Quel pôle télévisuel ?
-
Le bel avenir de TV5
Treize ans après sa création, TV5, après des débuts
hésitants, a trouvé sa place : une présence universelle,
des programmes généralistes améliorés mais encore
perfectibles. Enfin la marge d'action de TV5 pour consolider sa position sur
les grands marchés demeure importante.
TV5 est présente sur tous les continents 24 h sur 24, distribuée
par 4 000 réseaux câblés desservant 50 millions de foyers.
Treize millions de paraboles permettent par ailleurs une réception
directe.
L'essentiel de l'audience -34 millions de foyers, soit 68 %-, se trouve en
Europe
et dans le
bassin méditerranéen
-TV5 y est
diffusé par Eutelsat II ou Hot Bird I. Intelsat 707 relaie le signal TV5
Europe vers
l'Afrique sub-saharienne
, et Panamsat 4 vers
l'Afrique du
sud
, au travers du bouquet numérique africain Multichoice. TV5
Europe est par ailleurs relayée sur
l'Asie
-avec un succès
notoire- et
l'Australie
via Asiasat 2 (depuis l'été 1996).
Le programme TV5 ALC (
Amérique Latine Caraïbes
), est
diffusé depuis avril 1996 sur le satellite PAS3F sur le continent sud
américain. L'Amérique latine est, après l'Europe centrale
et orientale (+ 32 %), et avant l'Asie, la zone où la progression
de la réception a été la plus forte (+ 16 %). Enfin pour
ce qui est des
Etats-Unis
, en plus de TV5 Québec Canada
diffusé par le satellite Anik E2 sur l'Amérique du Nord où
il touche 6 millions de foyers canadiens, le programme hebdomadaire de
TV5, French Film Festival, est diffusé aux Etats-Unis sur International
Channel (7,2 millions de foyers) et Ciney TV (1,6 millions de foyers
à New York).
Les programmes
de TV5 ont subi des aménagements positifs en
application du CAEF 1995. La régionalisation des programmes est en cours
mais reste encore partielle. Ainsi la grille commune de programmes
Europe-Afrique-Asie est déclinée en plusieurs modules de 2
heures, dont certains sont rediffusés et peuvent faire l'objet de
décrochages locaux en fonction du contenu et des horaires. Cette
année,
le lancement de TV5 USA
, programme commun aux Etats-Unis
(en réception directe par satellite), et à l'Amérique
latine, sera une nouvelle traduction, ambitieuse, de la régionalisation.
D'une façon générale, la régionalisation permettra
d'ajuster le type de programme en fonction des publics visés et de leur
situation géographique. Elle permettra d'associer les divertissements
aux fictions et aux films. Ce découpage géographique et le
ciblage des publics sont également source d'économie pour
l'acquisition de droits de diffusion, moins onéreux dès lors que
la diffusion n'est plus mondiale mais ciblée sur des publics dont il est
désormais possible de mesurer l'audience.
L'enrichissement des programmes était le deuxième défi
assigné à TV5. Ainsi, la chaîne a-t-elle déjà
commencé à accroître dans sa programmation la part des
films et des fictions récents, du sport et des programmes
destinés aux jeunes. S'agissant enfin de l'information, TV5 a mis en
place depuis 1996 une "veille internationale" avec un journal
quotidien, des
flash matinaux et des éditions régionales. Elle pourrait
prochainement, en collaboration avec France Télévision, lancer un
journal télévisé spécifiquement tourné vers
l'international.
- CFI : l'ambition recentrée
Créée il y a 8 ans, CFI avait une mission précise : la
fourniture de programmes aux télévisions d'Afrique francophone. A
partir de cette mission originelle, CFI a élargi son champ
d'intervention à 5 régions et à près d'une centaine
de pays.
CFI exerce donc aujourd'hui deux métiers
, singularité que
d'aucuns entendent remettre en question dans la perspective d'une meilleure
cohérence de nos opérateurs télévisuels : la banque
d'images et la diffusion directe.
En tant que
banque d'images
, CFI a contracté avec une centaine de
télévisions de 82 pays qui intègrent en tout ou partie les
programmes qu'elle propose -à partir d'opérateurs et de
producteurs français- à leur propre grille. Dans le cadre d'une
logique commerciale, cette prestation est peu à peu cryptée afin
de réserver certains programmes aux professionnels.
En tant que
diffuseur direct
, elle est reçue en tant que telle
-sous réserve d'équipements de réception satellite- en
Afrique, en Asie, au Proche et au Moyen-Orient
3(
*
)
.
CFI couvre les différentes zones à travers
six canaux
satellitaires
: Intelsat 601 pour
l'Afrique
, Eutelsat Hot Bird
pour
l'Europe centrale et orientale
, Intelsat VI F1 pour
l'Amérique latine
et enfin Intelsat 704 et Palapa C1 pour
l'Asie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
CFI a procédé à la
régionalisation de sa
grille
pour s'adapter à ses publics et diffuse aujourd'hui un
programme par zone : Afrique 24 h sur 24 - avec cryptage pour les
professionnels aux heures de faible écoute, et en clair pour les plages
de grande écoute ; Asie 24 h sur 24 associant professionnels et grand
public et programmation exclusivement professionnelle et cryptée en
Europe centrale et orientale.
Une maladresse technique non imputable à CFI a conduit à
l'éviction de CFI d'Arabsat. Ceci constitue pour CFI, qui avait investi
beaucoup d'énergie en direction du monde arabe, une rude épreuve.
Il faut souhaiter que CFI puisse continuer d'être présente dans la
région à travers sa mission de banque d'images via le satellite
Hot Bird 3.
- Quelle coopération ?
TV5 et CFI, les deux soeurs complémentaires de la
télévision francophone, entretiennent depuis quelques
années des relations de concurrence, surtout depuis que CFI a
développé son activité de chaîne à part
entière.
La reconstruction d'une fratrie sereine et constructive est l'une des
tâches imparties à M. Patrick Imhaus, chargé par le
gouvernement de formuler des observations sur les conclusions du rapport de M.
Jean-Paul Cluzel quant à la configuration future de notre
télévision extérieure. Il pourrait s'agir de recentrer CFI
sur son métier originel de banque d'images -sauf en Afrique où
elle continuerait d'exercer ses deux activités.
C. LES GRANDS ENJEUX DE L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
Régionalisation, amélioration et enrichissement des programmes, mise en cohérence des activités des uns et des autres, ces orientations s'appuient sur deux impératifs : la participation de nos opérateurs aux bouquets numériques, la mise en place d'un programme d'information française tourné vers l'international. D'autres efforts, peut-être moins visibles, doivent également être encouragés : l'aide à l'exportation de programmes français -TVFI international fait déjà un excellent travail- mais aussi l'aide au sous-titrage ou au doublage. Ce sont là des actions étroitement liées à la promotion audiovisuelle française.
1. L'introuvable chaîne d'actualité vitrine de la France
Le constat est désormais fait par beaucoup, et en tout
cas partagé par votre rapporteur, de la nécessité d'un
programme d'information télévisée spécifique dans
le cadre de notre action télévisuelle extérieure.
L'idée d'une nouvelle "chaîne-vitrine", diffusant informations et
magazines, analysée par MM. Michel Meyer et Jean-Paul Cluzel dans leurs
travaux respectifs, avait un double objectif :
- " présenter au monde une image de la France dans sa
diversité,
- donner le point de vue de la France sur l'actualité internationale
(...) "
4(
*
)
.
En effet, face à la concurrence de nos partenaires américains et
européens, BBC World, Deutsche Welle TV, RTVE espagnole ou RAI italienne
et pour le privé, Sky News, CNN, EBN, CNBC... le dispositif
français fondé sur LCI -à dominante hexagonale, ou
Euronews- apparaît faible ou inadapté.
Fort de ce constat, M. Jean-Paul Cluzel avait élaboré trois
options différenciées par leurs ambitions et évidemment
par leur coût respectif :
- un socle de " chaîne vitrine " (coût estimé 50
MF). Il s'agirait d'étoffer l'existant en regroupant les moyens
disponibles -actualités de TV5 et CFI, en ne recrutant qu'un nombre
limité de personnels supplémentaires, et recourant aux sources
d'images disponibles : France Télévision, partenaires de TV5,
Euronews, AITV, magazines de CFI... La chaîne n'aurait donc certes pas de
canal de diffusion propre mais instillerait plus d'informations (deux heures
trente par jour) au profit des programmes des opérateurs existants, en
particulier TV5.
- Une chaîne vitrine (coût estimé 220 MF). Son format serait
fondé sur un cycle horaire, diffusant 24 h/24 et présentant une
édition, des dossiers et des magazines. Des déclinaisons
régionales et des versions linguistiques différentes seraient
prévues -anglais, arabe, espagnol, portugais, chinois voire hindou,
selon les régions visées. Pour la diffusion, le recours à
l'existant TV5 serait complété par une substitution dans bien des
cas de la " chaîne vitrine " à CFI sur ses canaux de
diffusion directe.
- Une option intermédiaire entre le "socle" et la "chaîne
vitrine"
(coût estimé 171 MF) reprendrait, en réduisant sa
durée et en français uniquement, les principes de base de la
chaîne vitrine et prévoyant des rediffusions plus
fréquentes.
Ces trois propositions dont deux se heurteraient vraisemblablement à
l'obstacle financier, ont eu le mérite de clarifier un débat
récurrent, sur l'opportunité d'une chaîne francophone
spécialisée dans l'information internationale vue de France.
Pour votre rapporteur, ce type de programme doit en tout état de cause
trouver sa place au sein de l'offre française.
2. La nécessaire présence française sur les bouquets numériques
Le renforcement de l'offre de programmes par la constitution
de bouquets de programmes de radio et de télévision francophones
dans toutes les zones était une des trois priorités
énoncées par le CAEF du 23 novembre 1995. L'objectif
identifié dans le rapport précité, était de
regrouper, aux côtés d'une chaîne généraliste,
des chaînes thématiques, publiques et privées. Dans un
premier temps, l'Etat prendrait en charge les coûts de diffusion, les
droits de diffusion étant assumés par les opérateurs. La
prise en charge par l'Etat serait dégressive, au fur et à mesure
des rentrées de recettes commerciales dégagées par les
opérateurs. Cette stratégie requiert la mise en place de
ressources financières adaptées, qui font encore largement
défaut.
Pour les systèmes de satellites de réception directe, où
les capacités de diffusion sont beaucoup plus larges que sur le
câble, l'offre française type pourrait être la suivante,
telle qu'analysée dans le rapport :
- une chaîne généraliste TV5,
- (une chaîne d'information),
- une chaîne musicale (MCM International),
- une ou deux chaînes culturelles ou éducatives : Arte et la
Cinquième,
- selon les zones, des chaînes thématiques à destination
des adolescents (Teletoon de TPS, AB Cartoon d'AB Sat), ou proposant des
documentaires (Planète, Odyssée, voire Paris Première).
En
Afrique
a été mis en route, en 1997, un bouquet
francophone porté par Portinvest -filiale de la Sofirad, sur financement
conjoint du ministère des affaires étrangères et du
secrétariat d'Etat à la coopération. Ce bouquet en voie de
finalisation rassemblerait beaucoup d'intervenants Euronews, AB Jeunesse, MCM
Afrique, la Cinquième, Arte, Planète ainsi que CFI, TV5 et Canal
Horizon. La radio serait présente avec RFI et Radio Nova.
En
Europe
, les chaînes françaises présentes depuis
1995 sont en position favorable dans le bouquet regroupant TV5, MCMI, Canal
Horizon, Euronews et la Cinquième, Arte, ainsi que France-Inter, France
Info et France Culture Europe.
Aux
Etats-Unis
se dessine enfin la réalisation du projet TV5 USA
qui, sous réserve d'un financement adapté, pourrait
réunir, à terme, autour de TV5, la Cinquième, Arte, Paris
Première en version internationale et MCMI.
L'Amérique latine
peut être un tremplin pour notre
développement audiovisuel dans un continent où la demande est
forte et diversifiée. Les quelque quarante opérateurs latino
américains ont témoigné de leur intérêt pour
des programmes français sous quelques conditions : qualité,
doublage ou sous-titrage en espagnol, tarifs concurrentiels. Deux
opérateurs en satellite de réception directe, Direct TV et Sky
Latin America pourraient se voir proposer des offres françaises autour
de TV5.
En
Asie
, enfin, depuis l'été 1996, TV5 et MCMI,
bientôt rejointes par RFI, sont diffusées en numérique sur
Asiasat 2 dans le cadre d'une offre européenne regroupant la RAI, RTVE
ou Deutsche Welle. Les résultats positifs de cette diffusion sont
encourageants, surtout en ce qui concerne le Japon où des
opportunités s'ouvrent.
3. Quelle organisation pour l'audiovisuel extérieur ?
Au début de l'année prochaine, le gouvernement
décidera de la configuration institutionnelle de notre audiovisuel
extérieur sur la base des deux études successives de MM. Cluzel
et Imhaus.
Des quelques informations recueillies par votre rapporteur, il apparaît
que les ultimes propositions de M. Imhaus ne donneraient pas suite à
l'idée d'un pôle audiovisuel extérieur rassemblant les
opérateurs actuels du secteur ; l'idée serait plutôt de
fédérer les moyens et les expériences
existants :
sur le plan des opérateurs autour de France Télévision
incitée,
volens nolens,
à s'impliquer davantage dans
l'international ; sur le plan de l'autorité politique autour de la
structure intergouvernementale (le CAEF) renforcée par un comité
stratégique rassemblant opérateurs et professionnels. Le tout
serait placé sous une autorité politique unique chargée de
concevoir une stratégie et d'en assurer la mise en oeuvre.
CFI
serait -à l'exception de l'Afrique- recentrée sur sa vocation
de banque de programme.
Le projet de " chaîne info " ne serait plus aussi
privilégié que ne le préconisait M. Cluzel. On reviendrait
à un profil moins ambitieux, consistant en un enrichissement du
dispositif actuel en recourant à tous les partenaires possibles AFP,
RFO, France télévision... Enfin, Internet deviendrait un champ
systématique de développement de la présence francophone.
Votre rapporteur, à ce stade de la réflexion en cours, n'est pas
d'avis que des performances significative naîtront d'un bouleversement
des structures. A tout le moins conviendrait-il de privilégier la
cohérence des moyens -publics mais aussi privés, impliqués
dans l'international-, et de la décision, faute de quoi
l'éparpillement des responsabilités et des initiatives, aussi
méritoires soient ces dernières, se retournerait finalement
contre le dispositif actuel.
IV. LE RÉSEAU SCOLAIRE FRANÇAIS À L'ÉTRANGER
A. LE RÉSEAU BÉNÉFICIE D'UN EFFORT SIGNIFICATIF, CE QUI N'EXCLUT PAS LES PROBLÈMES
Le projet de loi de finances pour 1998 est relativement
favorable à l'Agence pour l'enseignement français à
l'étranger, avec une dotation en hausse de 2,96 % et qui, pour la part
ministère des Affaires étrangères, croît de 53
millions de francs pour atteindre 1,49 milliard de francs
5(
*
)
. Compte tenu de la contrainte budgétaire
générale qui pèse sur les deux départements qui
exercent la tutelle de l'Agence, les Affaires étrangères et la
Coopération, ce budget de l'Agence constitue une bonne nouvelle.
Depuis sept ans, l'Agence gère un réseau dont la fiche
d'identité résume assez bien l'ampleur, en quelques chiffres :
408 établissements, dont 68 sont en gestion directe et dont 219 ont
conclu un accord de conventionnement avec l'Agence. Il scolarise 157 000
élèves -dont 41 % de Français-, avec près de 5 600
professeurs détachés.
1. Plus d'élèves et plus de professeurs
Dans son dernier rapport d'activité, le directeur de
l'AEFE indiquait que, au cours des trois dernières années, le
réseau a pu accueillir quelque 5 000 élèves
supplémentaires, dont 4 800 Français. Plusieurs raisons
expliquent cette augmentation. La première est la politique d'expansion
de nos entreprises, la seconde le retour de certains double-nationaux de
l'Afrique francophone vers leur pays d'origine, en particulier le Liban. La
troisième est indéniablement liée à l'effet positif
de la hausse des bourses scolaires depuis deux ans, qui a décidé
les parents à faire revenir leurs enfants dans les établissements
d'où, pour des raisons financières, ils les avaient
retirés. De fait, la population des boursiers s'est accrue, pendant la
même période, de 4 000 bénéficiaires.
Les quatre tableaux joints détaillent l'évolution des effectifs
des élèevs par nationalités et par grandes zones
géographiques.
Autre aspect positif du projet de loi de finances pour 1998,
la
création nette, dans le réseau, de 70 postes de
résidents sur un total de 120 créations
, 50 d'entre elles
étant obtenues en application, pour la dernière année, du
schéma d'adaptation des réseaux, en contrepartie de la
suppression de 50 postes d'expatriés (40 pour le ministère des
Affaires étrangères, 10 pour la Coopération).
Pour la première fois, l'économie réalisée par la
suppression des 50 postes d'expatriés est intégralement
préservée et transformée en un effectif correspondant de
résidents, compte tenu du différentiel de coût, pour
l'Etat, entre les rémunération des expatriés, d'une part,
et des résidents, d'autre part (1 expatrié = 2,4
résidents).
De surcroît, ces créations permettront de régulariser la
situation de quelques-uns des 200 " titulaires non
résidents "
recrutés par les établissements et à leurs frais, tout en
accroissant ainsi, à due concurrence, le nombre de postes (supports
budgétaires), figurant au tableau d'emplois de l'Agence.
Cette innovation, que votre rapporteur salue, devra cependant être
poursuivie au cours des deux années à venir.
L'opération, qui permet d'étoffer les effectifs d'enseignants, ce
qui n'est pas rien, se fait à coût nul pour l'Etat et à
charge équivalente pour les familles ou les établissements.
En dépit de ces éléments positifs, votre rapporteur
souhaite attirer l'attention sur quelques-unes des difficultés de notre
réseau d'enseignement à l'étranger.
2. Des difficultés persistantes
Une première observation est liée à
l'insuffisance de la dotation investissements
, qu'elle relève du
titre V -établissements en gestion directe- où elle atteint 31
millions de francs en crédits de paiement, ou qu'elle relève du
budget de l'Agence elle-même, qui ne pourra dégager, en 1998, que
23,7 millions de francs au titre des crédits d'investissements. A
l'évidence, ces dotations sont inférieures aux besoins tant des
établissements en gestion directe que des établissements
conventionnés : l'aménagement du lycée de Moscou dans ses
nouveaux locaux -30 millions de francs à prévoir-, le
lycée de Francfort (70 millions de francs), celui d'Ankara, la
délocalisation du Lycée Chateaubriand à Rome ... Autant
d'aménagements ou de constructions qui ne pourront être
financés. N'oublions pas enfin que pour les établissements
conventionnés, les travaux indispensables ne peuvent dès lors
être financés que par l'emprunt, charge qui ne manque pas de se
répercuter sur les frais d'écolage. Pourtant, compte tenu de
l'accroissement, déjà évoqué, de la
fréquentation scolaire dans certaines régions, les extensions de
locaux sont souvent incontournables.
Un second sujet de préoccupation concerne certains personnels du
réseau, sous deux volets différents : l'avenir de la ressource en
coopérants du service national (CSN) après la suppression du
service national obligatoire et la situation matérielle, à partir
de l'an prochain, de certains recrutés locaux.
En 2002 au plus tard, avec l'épuisement du " stock " des
sursitaires du service national, la ressource en CSN sera tarie. Or,
la
disparition de ces postes de CSN qui représentent 10 % des effectifs
(500) des enseignants titulaires du réseau
et où la
proportion de professeurs agrégés est forte sera un
véritable coup dur pour l'Agence. La préparation, par le
gouvernement, d'un projet de loi sur le volontariat civil est donc
indispensable. L'exercice ne sera pas simple. Si le caractère
obligatoire du service national assurait une ressource régulière
et de haut niveau, le pur volontariat nécessitera un dispositif
attractif pour les jeunes enseignants. A budget constant, voire contraint, ce
dispositif ne pourra guère reposer sur une rémunération
accrue. Les voies à explorer devront être celles de la validation
du volontariat dans les cursus universitaires, de sa prise en compte dans le
calcul de l'ancienneté pour ceux qui opteront pour l'enseignement
public, etc...
Votre rapporteur partage, par ailleurs, l'inquiétude ressentie par
quelque 600
enseignants recrutés locaux non titulaires
du
réseau qui, recevant des rémunérations
particulièrement modestes dans certains pays (Mexique ou Liban)
bénéficient, depuis 1993,
d'allocations exceptionnelles
représentant du tiers à la moitié de leurs revenus. Or la
Cour des comptes a relevé que le versement par l'Agence de ces
allocations à des agents non titulaires ne correspondait pas aux
dispositions de la loi du 6 juillet 1990 portant création de l'Agence.
En conséquence, si aucune solution de substitution n'est trouvée,
ces personnels seront privés de leur allocation au 31 août 1998.
Votre rapporteur estime enfin que
l'implication du ministère de
l'Education nationale dans le fonctionnement du réseau d'enseignement
français à l'étranger pourrait être
significativement accrue
. A l'heure actuelle, ce ministère exerce
déjà une responsabilité importante puisque c'est lui qui
dresse la liste d'homologation des établissements scolaires, consacrant
leur capacité à dispenser un programme d'enseignement
français, avec les inspections régulières qu'une telle
homologation requiert. Au delà de cette implication juridique, une
participation financière, selon des modalités à
définir, serait justifiée. La scolarisation d'enfants
français expatriés participe à la continuité du
service public de l'éducation à une époque où, par
ailleurs, l'expatriation des parents, en participant à l'activité
économique nationale, est légitimement encouragée.
B. LES BOURSES ACCORDÉES AUX ÉTUDIANTS ET CHERCHEURS ÉTRANGERS EN FRANCE
On pourrait s'étonner que votre rapporteur
évoque, dans l'analyse des actions conduites par l'AEFE, la question des
bourses servies aux étudiants étrangers désireux de
poursuivre en France une partie de leurs études supérieures.
Le lien est cependant clair. Notre réseau scolarise sur programmes
français 60 % d'élèves étrangers, qu'ils soient
nationaux (du pays d'implantation de l'établissement) ou
étrangers tiers, et chaque année près de 2 000 d'entre eux
quittent le réseau munis de leur baccalauréat. Or ceux-ci,
parvenus à la fin du cycle secondaire, s'éloignent de notre
réseau pour poursuivre leurs études supérieures aux
Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Comme le rappelle judicieusement le rapport
Weill :
" aucune complémentarité n'est recherchée
entre cette action et celle visant à faciliter la venue
d'étudiants étrangers en France qui concerne marginalement les
lycéens devenus bacheliers : ils souffrent des plus grandes
difficultés à s'inscrire dans les universités
françaises et très peu de bourses leur sont offertes ".
Le tableau ci-dessous rappelle pour les cinq dernières années
dont les données sont disponibles l'évolution des crédits
destinés aux bourses, et celle des bénéficiaires.
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Dépenses réelles en millions de francs |
534 |
494 |
469 |
460 |
502 |
Nombre de boursiers |
19 867 |
19 975 |
19 148 |
19 380 |
19 970 |
Nombre de non-boursiers |
90 702 |
79 647 |
75 066 |
72 472 |
70 212 |
Durée moyenne en mois |
456 |
3,98 |
3,92 |
3,73 |
3,52 |
Il ressort notamment de ce tableau que si l'effectif des
bénéficiaires demeure stable, c'est au prix d'une
diminution
régulière de la durée moyenne des séjours
(3,52
mois).
Afin de redonner logique, cohérence et efficacité à notre
politique de bourses, qui s'inscrit pleinement dans nos préoccupations
culturelles extérieures, le rapport Weill préconise des
aménagements de bon sens que votre rapporteur ne peut qu'appuyer.
- considérer les bacheliers étrangers de notre réseau
d'établissements hors métropole comme les autres bacheliers,
notamment pour les facilités et formalités d'inscription en
université ;
- instaurer pour les premiers cycles des " bourses de
démarrage " d'une durée de deux ans maximum ;
- valoriser l'offre française de formation de haut niveau en donnant
à nos services culturels les moyens d'en présenter les
caractéristiques et les opportunités ;
- lever les obstacles liés aux difficultés administratives
rencontrées préalablement à la demande de visas ou dans le
cadre de cette demande.
L'instauration d'un nouvel équilibre s'impose donc entre une offre de
cursus universitaire qui soit crédible et attractive, d'une part, et un
allégement ciblé des règles d'entrée et de
séjour d'étudiants étrangers en France, d'autre part. Il
convient également de poursuivre l'amélioration, engagée
depuis quelques années, des conditions d'accueil et surtout de suivi
pédagogique réservées aux boursiers étrangers.
Cette dernière préoccupation est d'ailleurs désormais au
centre de la stratégie conduite par la Direction générale
en la matière.
EN GUISE DE CONCLUSION :
LA FRANCOPHONIE APRÈS
LE SOMMET D'HANOI
Le VIIe sommet des Etats ayant le français en partage
qui s'est tenu du 14 au 16 novembre dernier avait pour ambition de donner
à la francophonie un nouveau souffle et une présence nouvelle sur
la scène internationale. La désignation d'un secrétaire
général -M. Boutros Boutros-Ghali- en charge de personnaliser la
dimension politique de la francophonie et d'imprimer une stratégie
à l'Agence de la Francophonie qui met en oeuvre les divers programmes
permettra également de conférer une plus grande
responsabilité politique à ce rassemblement d'Etats, unis par un
attachement commun à une langue certes, mais aussi à un circuit
particulier de solidarité pour le développement. Le choix de la
modernité pour la promotion d'une communication francophone
-affirmé par le Président de la République- permettra de
conforter l'effort d'implantation sur les réseaux internet et les
inforoutes.
La mise en route de cette nouvelle ambition politique ne sera pas
dépourvue de difficultés comme certains débats ont pu le
démontrer lors du sommet. L'ensemble francophone doit s'efforcer
d'acquérir une capacité d'influence spécifique en
s'appuyant sur des valeurs partagées et se garder de devenir un nouveau
forum où viendraient éclore les rivalités
régionales ou nationales.
Cette réforme institutionnelle qui se traduit également et
opportunément par un renforcement du rôle de l'Assemblée
internationale des parlementaires de langue française (AIPLF), et ces
projets nouveaux, requerront de la part de la France un effort financier
soutenu. Au delà des 61,6 millions de francs consacrés en 1998
à la francophonie par le Service des affaires francophones du
ministère des Affaires étrangères, il faut savoir que la
participation financière annuelle de la France à la francophonie
multilatérale pourrait s'élever globalement à quelque 620
millions de francs en 1998, soit un montant comparable à celui de l'an
passé.
Votre rapporteur avait déjà eu l'occasion dans le passé de
plaider pour un aménagement des structures nationales en charge de la
francophonie ou, plus spécifiquement, de la langue française.
C'est l'une des propositions émises par Mme le Député
Yvette Roudy dans son rapport d'information
6(
*
)
,
et qui pourrait être mise en oeuvre dans le cadre de la réforme
plus générale, évoquée dans le présent
rapport, de notre outil de coopération culturelle et d'aide au
développement.
Cela étant, la francophonie n'est pas divisible et tout ce qui vient
d'être évoqué quant aux actions permises dans le cadre de
notre action culturelle extérieure et du budget qui lui est
alloué relève,
ultima ratio,
de la promotion de notre
langue, d'une certaine culture et d'une façon partagée de voir le
monde. C'est pour cette raison que votre rapporteur recommande à votre
Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des
Forces armées l'adoption du projet de loi de finances pour 1998 en ce
qui concerne les relations culturelles extérieures.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission des Affaires étrangères, de la
Défense et des Forces armées a examiné le présent
avis au cours de sa réunion du mercredi 12 novembre 1998.
A l'issue de l'exposé du rapporteur pour avis, un débat s'est
instauré avec les commissaires.
Au sujet de l'audiovisuel extérieur, M. Michel Caldaguès,
de retour d'un déplacement à Hanoi, s'est dit
consterné par la nature des programmes diffusés sur les
chaînes francophones qu'il avait pu visionner à cette occasion.
M. Guy Penne
a indiqué au sénateur que
l'amélioration des programmes était l'une des priorités
dégagées lors du plan quinquennal sur l'audiovisuel
extérieur. L'information, notamment, pourrait prochainement être
mieux adaptée à un public international.
M. Hubert Durand-Chastel
a estimé que dans le contexte de
mondialisation, l'action culturelle était le seul moyen de contrer
l'américanisation générale des cultures, et a
déploré le statu quo qui prévalait en matière
d'audiovisuel extérieur. Il a relevé que l'accroissement de
12 millions de francs des bourses pour les enfants français
scolarisés dans le réseau de l'Agence allait dans le bon sens.
Après avoir, à son tour, plaidé pour une cotutelle de
l'éducation nationale sur l'AEFE, M. Hubert Durand-Chastel
a mis
l'accent sur la perte que représenterait la disparition des
coopérants du service national à l'étranger.
M. Pierre Biarnès,
déplorant à son tour la
" médiocratie " des programmes français sur
l'audiovisuel extérieur, y a vu une conséquence du choix de la
facilité, estimant que c'était moins une question de moyens
financiers que de volonté. Il a souhaité une implication du
ministre de l'éducation nationale dans le réseau d'enseignement
français à l'étranger, faute de quoi ce réseau
risquait de ne plus concerner que les plus aisés. Il s'est dit favorable
au principe d'une réforme de notre actuelle structure de
coopération, estimant néanmoins nécessaire de conserver un
secrétariat d'Etat à l'intention de nos partenaires africains.
M. Daniel Goulet
a souligné l'importance de la politique du livre
dans notre action culturelle extérieure. Elle constituait -a-t-il
souligné- un support essentiel de la diffusion de notre langue.
M. Jean Clouet, président,
a alors rappelé que la
commission ne voterait sur l'ensemble des crédits du ministère
des affaires étrangères qu'après avoir entendu le rapport
pour avis présenté par M. André Dulait.
Au cours de sa séance du mercredi 19 novembre 1997, la commission a
alors donné un avis favorable à l'adoption des crédits du
ministère des affaires étrangères inscrits dans le projet
de loi de finances pour 1998.
1
Chiffres de la programmation 1997.
2
Pékin, New York, Bagdad, Tokyo, Luxembourg, Lagos,
Amsterdam, Varsovie, Timisoara, Londres, Jerusalem, Sanaa et Belgrade.
3
CFI n'est plus présente sur le satellie Arabsat depuis
juillet 1997.
4
Jean-Paul Cluzel : Téléfi : un programme pour
l'action télévisuelle extérieure de la France.
5
avec le concours de la Coopération, cette dotation atteint
1,9 milliard.
6
Assemblée nationale - Rapport n+ 390 " La
francophonie : de la culture à la politique "