B. LA GUADELOUPE : UNE ANNÉE ÉCONOMIQUE EN DEMI-TEINTE
Les caractères fondamentaux de l'économie
guadeloupéenne ont peu évolué au cours de l'année
1996. La plupart des secteurs d'activité n'ont pas connu
d'amélioration de leur situation, car la demande intérieure
était jugée globalement insuffisante.
L'évolution la plus notable concerne l'amélioration du pouvoir
d'achat des salaires les moins élevés. L'inflation a
été nulle au cours de l'année, signe d'un manque de
tonicité du courant d'affaires et le SMIC a été
porté à 36,98 francs le 1er janvier 1996, puis à
37,91 francs au mois de juillet, rattrapant ainsi le niveau du SMIC
métropolitain. Cependant, ces hausses n'ont pas été
systématiquement répercutées sur l'échelle des
salaires.
1. Les secteurs économiques ont connu une activité morose en 1996
La plupart des secteurs d'activité ont connu une
année 1996 plutôt morose.
En ce qui concerne les spéculations agricoles de rente, l'industrie
bananière n'a pu reprendre la commercialisation de sa production qu'au
mois de mai 1996, après les destructions cycloniques de 1995, et les
cours n'ont cessé de se dégrader tout au long de l'année.
La filière cannière a enregistré des résultats
meilleurs qu'en 1995. La hausse de la production de cannes et de sucre, et
l'amélioration du rendement usine sont sans doute liées à
la restructuration engagée, mais demeurent insuffisantes : la
récolte de 1996 est l'une des plus faibles depuis 1950. Quant à
la culture du melon qui avait connu une belle expansion sur le créneau
de la contre-saison, elle semble avoir atteint un palier face à la
concurrence de pays producteurs traditionnels qui allongent leur période
de production.
Dans le secteur de la pêche, les conflits entre les pêcheurs
guadeloupéens et les autorités de l'île voisine d'Antigue
ont gravement perturbé le déroulement de la campagne 1996, ce qui
n'a fait qu'ajouter aux difficultés structurelles de l'activité
halieutique.
Les travaux publics souffrent toujours d'une insuffisance de la commande
publique en matière d'infrastructures. Plusieurs chantiers d'envergure
ont en effet été achevés au cours de l'année
(aérogare, prison, deuxième pont sur la Rivière
Salée), et les entreprises du secteur sont confrontées à
des problèmes de surcapacité de production et de tensions de
trésorerie. Seuls les opérateurs du logement social ont
bénéficié d'un volume d'activité soutenu.
L'industrie est essentiellement tournée vers le marché
intérieur et l'import-substitution. Elle ne contribue que faiblement
à la formation de la richesse et son poids dans l'économie a
tendance à s'éroder, en raison de l'exiguïté du
marché local et d'une concurrence accrue des produits importés
qui occupent l'essentiel des linéaires des grandes surfaces.
Le tourisme a connu une année en demi-teinte. Si le nombre
d'arrivées à l'aéroport s'est accru en 1996, la
fréquentation hôtelière, mesurée sur un
échantillon d'hôtels par l'Office du tourisme, a
légèrement diminué. En revanche, la croisière et la
plaisance ont terminé l'année avec un bilan très positif.
2. Une évolution du chômage préoccupante
Le nombre de demandeurs d'emplois a fortement progressé
en 1996 (+6,0 % contre + 4,5% en métropole) pour atteindre
47.056 personnes au 31 décembre, soit
26,8 % de la
population active
. La hausse a été plus marquée au
sein de la population féminine (+ 6,9 %). Le chômage des
jeunes de moins de 25 ans a, à nouveau, baissé en 1996 de -
4,3%, ce qui s'explique par l'évolution démographique,
l'allongement de la durée des études et les mesures visant
à favoriser l'emploi des jeunes.
Le nombre de chômeurs de longue durée a diminué de
1,8 % en 1996. Avec 23.006 personnes au 31 décembre, il
représente 48,9% des demandeurs d'emploi.
En juin 1997, le nombre de demandeurs d'emploi s'est élevé
à 49.424, soit une progression de 10% par rapport à juin 1996.
3. Une nouvelle dégradation de la balance commerciale
En 1996, le solde commercial s'est à nouveau dégradé et il s'établit à -9,543,5 millions de francs contre - 8.797,6 millions de francs un an plus tôt. Le taux de couverture s'établit à 5,6 % , en net recul par rapport à 1995 (8,4 %) et 1994 (9,8 %).
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs)
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Importations |
8 181 |
8 635 |
9 601 |
10 010 |
Exportations |
747 |
847 |
804 |
557 |
Solde commercial |
- 7 433 |
- 7 788 |
- 8 797 |
- 9 453 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
9,1 % |
9,8 % |
8,4 % |
5,6 % |
Source : Direction générale des douanes