EXAMEN PAR LA COMMISSION
Dans une séance tenue le mercredi 19 novembre 1997,
sous la présidence de M. Jean Huchon, vice-président, la
commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Bernard Hugo sur les crédits consacrés au logement dans
le projet de loi de finances pour 1998.
Après avoir souligné que les crédits demandés pour
1998 au titre de l'environnement s'élevaient à
1.885,47 millions de francs en progression de 0,9 % par rapport
à 1997, le rapporteur pour avis s'est demandé si les orientations
prises par le Gouvernement constituaient de réelles priorités
pour la protection de l'environnement.
Il a indiqué que les choix budgétaires portaient sur
l'amélioration de la protection de la nature, notamment par
l'augmentation des crédits destinés aux parcs nationaux, un
soutien renforcé aux associations intervenant en matière
d'environnement et l'accroissement des moyens de l'administration
générale.
S'agissant des crédits consacrés à l'administration
générale qui s'élèvent à
574,60 millions de francs, soit une hausse de 2,12 %,
M. Bernard
Hugo, rapporteur pour avis,
a noté que le projet de loi de finances
pour 1998 permettait la création de 34 emplois, dont
10 emplois dans les directions régionales de l'industrie, de la
recherche et de l'environnement (DRIRE) pour l'inspection des installations
classées industrielles et 18 emplois dans les directions
régionales de l'environnement (DIREN).
Le rapporteur pour avis a reconnu que l'administration de l'environnement
était une administration jeune qui se devait de consolider son
implantation et son rôle au sein de l'administration territoriale, mais
il a considéré que dans un contexte budgétaire de
limitation des dépenses publiques, la création nette de
34 emplois était quelque peu excessive, d'autant plus que cet
alourdissement des dépenses d'administration générale se
faisait au détriment de certains crédits d'intervention.
A l'inverse des efforts de maîtrise budgétaire menés en
1996 et 1997,
M. Bernard Hugo, rapporteur pour avis,
a
souligné que les moyens de paiement de l'agrégat
" connaissance de l'environnement et coopération
internationale " augmentaient de 8,97 %, en raison de la très
forte augmentation des subventions aux associations, afin de favoriser la
constitution d'instances fédératives capables de structurer la
coopération des associations et pour appuyer une meilleure
représentation du mouvement associatif français dans les
négociations internationales.
Sans remettre en cause le rôle très positif des associations dans
la prise en considération par nos concitoyens des impératifs de
l'environnement, le rapporteur pour avis s'est demandé si la hausse des
subventions les concernant devait constituer une priorité
gouvernementale, au détriment de certains autres types d'intervention.
S'agissant des dotations consacrées à la protection de la nature,
fixées à 536 millions de francs au titre des dépenses
ordinaires et des crédits de paiement, il a relevé que l'effort
le plus important était consenti en faveur des parcs nationaux, du
réseau des réserves naturelles et des parcs naturels
régionaux, ainsi qu'en faveur du programme de biodiversité.
Il a notamment rappelé que trois projets de parcs étaient
déjà à l'étude en 1997 : le Parc national de la
forêt tropicale en Guyane, le Parc national marin en Corse et le Parc
national marin de la mer d'Iroise.
Après s'être déclaré satisfait de la reconduction
des moyens de fonctionnement des parcs naturels régionaux, à
hauteur de 29,8 millions de francs, il a souligné qu'une quinzaine
de projets étaient à l'étude, tout en relevant que le
contenu de certains d'entre eux faisait apparaître les limites du
dispositif juridique, s'agissant de territoires déjà très
dégradés ou fortement urbanisés cherchant à
préserver ce qui leur reste d'espaces naturels.
Il a rappelé que la mission menée par son collègue
M. Gérard Larcher sur les territoires périurbains avait
justement pour objet de proposer des formules nouvelles pour ce type de
territoires.
En ce qui concerne les actions destinées à préserver la
diversité biologique, qui bénéficient d'une dotation de
34,7 millions de francs, il a précisé que 5,5 millions
de francs étaient affectés à l'établissement des
listes de sites proposés pour le réseau Natura 2000 et pour
l'élaboration des documents d'objectifs et de gestion des futurs sites
retenus.
Il a indiqué que la France avait pris beaucoup de retard par rapport aux
autres pays européens et qu'elle risquait donc d'être traduite
devant la Cour de justice des Communautés européennes pour
manquement aux obligations découlant de cette directive, sachant que les
autres Etats européens avaient adressé à la Commission des
projets de listes plus ou moins complets.
Il a fait valoir, en effet, qu'une comparaison au niveau européen
faisait ressortir que seules la Grèce et l'Italie avaient
communiqué des propositions de territoires importants (entre 13 et
17 % du territoire) et que seulement cinq pays (Belgique, Italie,
Grèce, Portugal et Suède) avaient envoyé des propositions
complètes.
Il a rappelé qu'au niveau français, la procédure de
consultation prévue par le décret du 5 mai 1995 avait
été relancée par une circulaire du
11 août 1997 du ministre de l'aménagement du territoire
et de l'environnement aux préfets de département et qu'une
première liste constituée d'espaces protégés, de
forêts domaniales et d'espaces volontaires, notamment ceux qui
souhaitaient bénéficier d'un financement LIFE en 1998, devait
être transmise à l'automne par le Gouvernement.
Il a ajouté, qu'à sa connaissance, le Gouvernement avait
envoyé à Bruxelles une première liste de 74 sites
concernant la région alpine, trop tardivement pour que la réunion
d'évaluation avec les Etats membres concernés par les sites
alpins, tenue à Salzbourg le 20 octobre dernier, puisse les prendre
en compte.
Le rapporteur pour avis a également déploré que le retard
pris par la France la pénalise en ce qui concerne l'attribution des
financements dans le cadre du programme LIFE, très peu de dossiers
présentés par la France ayant été retenus en 1996
et 1997.
A propos de la politique de l'eau dont les crédits s'établissent
à 229,8 millions de francs en moyens de paiement, soit une baisse
de 12,47 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1997, il
a considéré que la diminution apparente des dotations pourrait
être compensée par l'apport d'un fonds de concours
créé en 1997 et alimenté par les Agences de l'eau à
hauteur de 110 millions de francs par an.
Il a rappelé que, sur le principe de la participation des agences de
l'eau au financement de missions exercées par l'Etat, la commission
avait adopté une position extrêmement réservée,
considérant en effet que la participation des agences à
l'entretien des cours d'eau et à la restauration des zones d'expansion
des crues dépassait l'intérêt commun de chacun de leur
bassin et que ce prélèvement annuel de 110 millions de
francs pourrait remettre en cause l'équilibre financier des agences
alors même que le montant des redevances devait être
stabilisé pendant la durée du VIIe programme.
En évoquant la politique de prévention des pollutions et des
risques -pour laquelle les crédits de paiement inscrits restent
constants-, le rapporteur pour avis a renvoyé à son rapport
écrit qui fait le bilan de la prise en compte des risques naturels dans
l'aménagement et la gestion des sites pollués.
Présentant la mise en oeuvre de la loi sur l'air et l'utilisation
rationnelle de l'énergie du 30 décembre 1996, il a
déploré le relatif désengagement de l'Etat en ce qui
concerne la mise en oeuvre de la surveillance de la qualité de l'air.
A propos de la mise en place de ce dispositif dans l'ensemble des
agglomérations de plus de 100.000 habitants avant le
1er janvier 1998 et sur l'ensemble du territoire national avant le
1er janvier 2000 pour lesquels 200 millions de francs de
crédits avaient été dégagés dès 1996,
et reconduits en 1997, il a indiqué que dix agglomérations
restaient encore à couvrir, sur les 26 devant être
équipées, et il a déploré que pour 1998, les
crédits inscrits soient en diminution de 15 % avec seulement
170 millions de francs.
Constatant que la mise en oeuvre des plans de protection de
l'atmosphère, rendus obligatoires dans les agglomérations de plus
de 250.000 habitants par l'article 8 de la loi, n'était plus
évoquée dans les réponses du ministère, le
rapporteur pour avis a souligné, en outre, que 50 millions de
francs seulement étaient inscrits en 1998 pour financer
l'équipement des réseaux.
Il s'est inquiété de l'alourdissement annoncé de la taxe
parafiscale sur la pollution atmosphérique, dont le taux devrait
être prochainement porté à 250 francs par tonne pour
dégager un produit supplémentaire de 37 millions de francs,
à affecter à l'équipement des réseaux de
surveillance de la qualité de l'air.
M. Bernard Hugo, rapporteur pour avis,
a ajouté qu'en tout
état de cause cet apport supplémentaire (87 millions de
francs au total) ne permettait pas de retrouver le niveau atteint en 1997
à savoir 110 millions de francs.
S'agissant des autres dispositions de la loi sur l'air, il a fait remarquer que
presque douze mois après le vote de la loi sur l'air, aucun texte
d'application n'avait été encore publié.
Il a jugé globalement satisfaisante la mise en oeuvre du dispositif de
circulation alternée décrétée à Paris le
1er octobre 1997 par le préfet, sur la base de
l'article 12 de la loi, en raison d'une pollution au dioxyde d'azote de
niveau trois.
Il a ajouté que le critère pair et impair avait été
retenu faute de disposer de textes d'application de l'article L. 8-A
du code de la route instituant la pastille verte et il a évoqué
les négociations entre le ministère de l'industrie et celui de
l'environnement, portant sur les véhicules à moteur Diesel
équipés d'un pot catalytique immatriculés en France depuis
le 1er janvier 1997, auxquels les défenseurs de
l'environnement s'opposent par crainte de voir réhabiliter le moteur
Diesel.
Sachant que la solution de compromis proposerait la création d'un label
à deux niveaux qui ferait la distinction entre les voitures ayant le
droit de rouler en toutes circonstances et celles ne disposant de cette
possibilité que presque tout le temps, le rapporteur pour avis a
plaidé pour un dispositif raisonnable et pragmatique, dont le coût
social et économique serait acceptable pour tous. Il a
dénoncé, sur ce sujet, l'intransigeance des lobbies
écologistes, considérant, quant à lui, que la solution du
Diesel à pot catalytique était moins polluante que les anciens
moteurs Diesel.
Il a, enfin, déploré que tout un volet de la loi consacré
aux encouragements pour des véhicules ou des carburants propres, tels
que les biocarburants, soit resté lettre morte faute de texte
d'application, à commencer par le rapport sur la fiscalité des
carburants qui aurait dû être déposé devant le
Parlement avant l'examen du projet de loi de finances pour 1998.
Compte tenu des réserves émises sur les orientations du budget
concernant l'augmentation des crédits d'administration
générale pour financer 34 emplois supplémentaires,
l'augmentation des crédits de subvention aux associations et le choix
d'un alourdissement des taxes parafiscales qui pèsent sur les
entreprises, le rapporteur pour avis a proposé à la commission de
s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits
consacrés à l'environnement.
Evoquant la mise en oeuvre de Natura 2000,
Mme Janine Bardou
a
regretté que la liste des sites alpins français n'ait pas
été transmise à temps à la Commission
européenne, alors même que localement, les réunions avaient
été organisées très vite par les préfets
pour respecter l'échéance de la réunion de Salzbourg. Elle
a déploré par ailleurs que la sélection des sites ne
s'accompagne d'aucun élément sur les contraintes de gestion
envisagées ni sur les compensations financières à
attendre. Elle a observé, enfin, que la réforme des fonds
structurels pourrait décider d'inclure un critère environnemental
pour sélectionner les projets.
En ce qui concerne le budget de l'environnement proprement dit, elle a
déploré que les augmentations ne portent pas sur les
crédits d'intervention mais sur les moyens de fonctionnement du
ministère pour, en définitive, renforcer les contrôles sur
les acteurs de terrain. A propos des associations, dont elle a salué le
travail, elle a jugé que localement, leur prise en compte dans le
débat public se faisait bien souvent au détriment des élus
locaux, qui se trouvaient en minorité. En se référant au
problème du classement des Gorges du Tarn qui soulève beaucoup
d'hostilité de la part des populations, elle a critiqué les
méthodes peu consensuelles de la direction générale de
l'environnement pour mener les négociations.
Mme Odette Terrade
a exprimé des réserves sur la faiblesse
du budget de l'environnement en se déclarant notamment
préoccupée par l'insuffisance des crédits affectés
à la lutte contre la pollution et les risques. Elle a craint
également que la participation des agences de l'eau à la
politique de l'eau ne se répercute sur le prix de l'eau pour les usagers.
Compte tenu de ces réserves, elle a annoncé que le groupe
communiste s'en remettrait à la sagesse du Sénat pour l'adoption
des crédits de l'environnement, en souhaitant à l'avenir que des
moyens conséquents soient effectivement affectés à la
protection de l'environnement.
M. Jean Peyraffitte
, après avoir félicité Mme
Janine Bardou pour sa nomination à la présidence du groupe
d'études sur la montagne, a dénoncé les méthodes
scientifiques employées pour sélectionner les sites
proposés pour le réseau Natura 2000, sans consultation des
acteurs locaux. Il s'est félicité de l'action menée par
l'Association nationale des élus de la montagne, en direction notamment
de Mme Corinne Lepage, ancien ministre de l'environnement, pour reprendre la
sélection des sites sur des bases plus pragmatiques et en concertation
avec les élus locaux. Il s'est étonné que la
réunion de Salzbourg du 20 octobre 1997 n'ait pas pris en
compte les sites français, alors même que Mme Dominique
Voynet avait relancé la procédure de consultation des élus
locaux sur une première liste de sites à transmettre à
l'automne. Il a jugé en conséquence que la France ne pouvait
faire l'objet d'une saisine de la Cour de justice européenne.
M. Michel Doublet
s'est inquiété de l'absence
d'informations sur les contraintes de gestion, et la définition de
" perturbation " appliquée dans les sites Natura 2000.
Il
a jugé que les conclusions de l'arrêt Regina constituaient un
précédent très préoccupant s'agissant du
développement des activités économiques. Enfin, à
propos des agences de bassin, il s'est félicité des actions
qu'elles avaient menées à travers leurs programmes successifs.
M. Louis Moinard
a fait valoir que le souci de la protection de
l'environnement était désormais partagé par tous les
acteurs et élus locaux, mais il a dénoncé le manque
d'information concernant les contraintes de gestion à respecter dans les
futurs sites du réseau Natura 2000. Il s'est enfin interrogé sur
l'avenir des aides européennes.
En réponse,
M. Bernard Hugo, rapporteur pour avis,
a
considéré que les premiers sites transmis ne posaient pas de
difficultés majeures puisqu'il s'agissait de sites déjà
protégés en droit français ; il s'est néanmoins
interrogé sur leur intérêt au regard des critères de
sélection pour le réseau Natura 2000. Il a également
déploré qu'aucun élément fiable ne soit transmis
sur les contraintes de gestion envisagées dans les sites
Natura 2000. Il a enfin regretté la lenteur des délais de
transmission de la première liste de sites alpins, au niveau du
ministère.
M. Michel Barnier
a fait valoir que le budget modeste du
ministère de l'environnement jouait un rôle d'impulsion et de
levier important notamment à travers des établissements publics
comme les agences de l'eau ou l'Agence de l'environnement et de la
maîtrise de l'énergie (ADEME). S'agissant de la présence de
la France dans les conférences internationales, dont il a jugé
qu'elle était très insuffisante, il a souhaité voir
renforcer la cellule internationale du ministère.
Il a, aussi, estimé que les actions des agences de l'eau avaient
été fondamentales pour améliorer la qualité de
l'eau distribuée et il s'est interrogé sur le contenu de la
réforme annoncée par la ministre chargée de
l'aménagement du territoire et de l'environnement, à la suite du
rapport de la Cour des Comptes. Il s'est enfin inquiété de
l'insuffisante consommation des crédits d'Eco-emballage.
Mme Janine Bardou
a rappelé que dans le cadre des schémas
départementaux d'élimination des déchets, les
collectivités locales feraient un effort important pour
développer d'ici à 2002 des solutions de tri sélectif en
amont, afin de réduire le recours aux usines d'incinération.
La commission a alors décidé
de s'en remettre à la
sagesse du Sénat pour l'adoption du budget de l'environnement
, le
groupe socialiste se déclarant favorable à son adoption.