CHAPITRE IV -
LES ÉLÉMENTS D'INCERTITUDE DU RÉGIME
DE L'ACCESSION SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ
La nouvelle réglementation du prêt à taux
zéro mise en place en octobre 1995 s'est substituée aux
prêts aidés à l'accession à la
propriété (PAP) et aux mesures fiscales qui y étaient
attachées.
L'arrêté du 2 octobre 1995 relatif aux conditions d'octroi de
l'avance aidée par l'Etat a été modifiée par
l'arrêté du 24 octobre 1996 pour limiter les
durées maximales de la période 1, c'est-à-dire de la
période de différé partiel ou total de remboursement du
prêt à taux zéro. Cette durée varie désormais
de 8 à 17 ans selon les tranches de revenus.
Après avoir rappelé la réglementation du prêt
à taux zéro et présenté le bilan de l'année
1996 qui témoigne du succès du dispositif, il conviendra
d'analyser les éléments d'incertitude qui pèsent sur
l'avenir du prêt à taux zéro.
I. LA RÉGLEMENTATION DU PRÊT À TAUX ZÉRO
A. LE CADRE RÉGLEMENTAIRE
Le prêt à taux zéro peut financer des
opérations :
- de construction ou d'acquisition d'un logement neuf, incluant l'achat du
terrain, d'un logement neuf construit mais jamais habité,
l'aménagement en logement de locaux professionnels ou non
destinés à l'habitation ;
- d'acquisition-amélioration d'un logement existant, à
condition que le logement ait plus de vingt ans et que le montant des
travaux soit au moins égal à 35 % du coût total de
l'opération (achat + travaux).
Pour les offres de prêt émises entre le 1er janvier et le
31 décembre 1996, le montant des travaux exigé avait
été abaissé à 20 %.
Le prêt à taux zéro est accordé, sous condition de
ressources, aux personnes physiques qui acquièrent un logement en vue de
l'occuper en tant que résidence principale.
Les plafonds de ressources varient en fonction du nombre de personnes composant
le ménage accédant à la propriété et de la
zone d'implantation du logement.
PLAFOND DE RESSOURCES ANNUELLES (R.317-3 DU CCH)
(ANNÉE N-2)
Nombre de personnes du ménage |
|||||
1 |
2 |
3 |
4 |
5 et plus |
|
Ile-de-France |
145 000 F |
186 400 F |
207 100 F |
227 800 F |
248 500 F |
Province |
124 300 F |
165 700 F |
186 400 F |
207 100 F |
227 800 F |
Le montant du prêt ne peut excéder un double
plafond :
- 20 % du coût de l'opération pris en compte dans la limite
d'un prix maximal fixé en fonction du nombre de personnes composant le
ménage et de la localisation géographique du logement.
MONTANTS MAXIMUM AU PRÊT À TAUX ZÉRO
Nombre de personnes par ménage |
Ile-de-France |
Province |
||
Montant maximum opération |
Plafond Prêt 0 % |
Montant Maximum
|
Plafond
|
|
1 |
500 000 |
100 000 |
350 000 |
70 000 |
2 |
700 000 |
140 000 |
500 000 |
100 000 |
3 |
750 000 |
150 000 |
550 000 |
110 000 |
4 |
800 000 |
160 000 |
600 000 |
120 000 |
5 |
850 000 |
170 000 |
650 000 |
130 000 |
6 et plus |
900 000 |
180 000 |
700 000 |
140 000 |
- 50% du ou des autres prêts d'une durée
supérieure à deux ans, concourant au financement de
l'opération.
Les modalités de remboursement du prêt à 0 %
dépendent du revenu imposable du ménage, apprécié
comme en matière de plafonds de ressources. Cette forme de modulation
des conditions de remboursement de l'aide publique permet d'ajuster les charges
de remboursement aux capacités financières des ménages.
La réglementation définit les conditions de remboursement en se
référent à deux périodes qui utilisent la technique
du différé d'amortissement. Ce différé peut
être partiel ou total pendant la période 1, permettant ainsi
aux emprunteurs les plus modestes de ne commencer à rembourser le
prêt à taux zéro qu'après avoir remboursé
largement, voire en totalité, le prêt ou les prêts
complémentaires finançant l'opération. Comme il a
été indiqué plus haut la période 1 peut varier de 8
à 17 ans selon les revenus de l'emprunteur.
Le prêt à taux zéro est distribué par les
établissements de crédit habilités par convention avec
l'Etat et ce dernier leur verse une subvention destinée à
compenser l'absence d'intérêt.
Par convention du 5 décembre 1995, l'Etat a donné mandat
à la Société de Gestion du Fonds de Garantie de
l'Accession sociale à la propriété (SGFGAS),
déjà chargée depuis 1993, de la gestion de la garantie des
prêts PAS, de recueillir les déclarations de prêts à
taux zéro faites par les banques, de gérer l'octroi de la
subvention, d'en effectuer le versement aux banques et de diligenter les
contrôles auprès d'elles.
Le prêt à taux zéro ne pouvant jamais être un
prêt principal doit donc être associé à un ou
plusieurs autres prêts dont le prêt à l'accession sociale
(PAS) qui bénéficie automatiquement de la garantie du FGAS.
B. LE FINANCEMENT BUDGÉTAIRE DU PRET À TAUX ZÉRO
Deux sources de financement ont été
utilisées complémentairement puis sucessivement, pour alimenter
le dispositif du prêt à taux zéro : le budget logement et
un compte d'affectation spéciale " Fonds pour l'accession à
la propriété ". Les recettes du Fonds pour l'accession
à la propriété sont constituées d'une contribution
des entreprises assujetties au 1% logement.
En 1996, 7.800 millions de francs ont été ouverts en loi de
finances initiale pour financer le prêt à taux zéro dont
6.900 millions de francs sur le budget logement (5.800 millions de
francs pour annulations de crédits) et 900 millions de francs sur
le compte d'affectation spéciale " Fonds pour l'accession à
la propriété ".
En 1997, 7.000 millions de francs ont été prévus en
loi de finances initiale sur un nouveau compte d'affectation spéciale
alimenté par le 1 % logement et seul financeur du prêt
à taux zéro. 7.000 millions de francs en autorisations de
programme dont 3.500 millions de francs ont été
utilisés en crédits de paiement pour les versements 1997.
Le montant moyen du prêt à taux zéro en 1996 est de
98.000 francs. Sur l'ensemble de l'année, la subvention moyenne par
prêt, représentant le coût budgétaire unitaire, est
de 66.000 francs. Le montant de la subvention unitaire a toutefois
régulièrement décru tout au long de l'année
parallèlement à la baisse des taux d'intérêt. Elle
est en moyenne de 68.000 francs pour la tranche 1 relative aux
ménages les plus modestes, et de 30.000 francs pour la
dernière tranche du barème. Elle varie pour les opérations
dans le neuf entre 66.000 francs et 69.000 francs ; elle est de
53.600 francs pour les opérations dans l'ancien avec plus de
35 % de travaux.