AVIS N° 86 Tome II - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - CINEMA - THEATRE DRAMATIQUE
M. Marcel VIDAL, Sénateur
COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES - AVIS n° 86 - Tome II - 1997/1998
Table des matières
-
PREMIÈRE PARTIE :
CINÉMA- I. LA SITUATION DU CINÉMA FRANÇAIS EN 1996 : UN SECTEUR EN MUTATION
- II. LE BUDGET DU CINÉMA POUR 1998
-
III. LES ENJEUX DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN À L'INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE
-
A. ADAPTER LE DISPOSITIF DE SOUTIEN AU CINÉMA AUX ÉVOLUTIONS EN COURS
- 1. Aménager la taxe sur les services de communication audiovisuelle destinée au compte de soutien aux industries cinématographiques et audiovisuelles.
- 2. Moderniser l'aide publique à la production
- 3. Rénover le soutien à l'exploitation
- 4. Encourager le développement des politiques locales en faveur du cinéma
- B. DÉFENDRE LA POLITIQUE FRANÇAISE DU CINÉMA DANS LES NÉGOCIATIONS COMMUNAUTAIRES ET INTERNATIONALES
-
A. ADAPTER LE DISPOSITIF DE SOUTIEN AU CINÉMA AUX ÉVOLUTIONS EN COURS
-
DEUXIÈME PARTIE :
THÉÂTRE DRAMATIQUE- I. LES GRANDES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE EN FAVEUR DU THÉÂTRE DRAMATIQUE
- II. UNE AUGMENTATION DES MOYENS ACCORDÉS AU SECTEUR PUBLIC DRAMATIQUE
- III. LA POLITIQUE DE SOUTIEN À LA CRÉATION ET À LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX TALENTS VOIT SES MOYENS MAINTENUS
- IV. UN SUJET DE PRÉOCCUPATION : LE STATUT DES INTERMITTENTS
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 86
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
CINÉMA - THÉÂTRE DRAMATIQUE
Par M. Marcel VIDAL,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Adrien
Gouteyron,
président
; Pierre Laffitte, Albert Vecten, James
Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Ivan Renar,
vice-présidents
; André Egu, Alain Dufaut, André
Maman, Mme Danièle Pourtaud,
secrétaires
;
MM. Philippe Arnaud, Honoré Bailet, Jean Bernadaux, Jean Bernard,
Jean-Pierre Camoin, Jean-Claude Carle, Robert Castaing, Marcel Daunay, Jean
Delaneau, André Diligent, Ambroise Dupont, Daniel Eckenspieller,
Gérard Fayolle, Alain Gérard, Roger Hesling, Pierre Jeambrun,
Alain Joyandet, Philippe Labeyrie, Serge Lagauche, Henri Le Breton,
Jacques Legendre, Guy Lemaire, François Lesein,
Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin
,
Philippe
Nachbar, Michel Pelchat, Louis Philibert, Jean-Marie Poirier, Guy
Poirieux, Roger Quilliot, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert,
Claude Saunier, Franck Sérusclat, René-Pierre Signé,
Jacques Valade, Marcel Vidal.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
8
)
(1997-1998).
Lois de finances
.
Mesdames, Messieurs
Quand André Malraux affirmait, dans les années soixante, que la
République devait faire pour la culture ce qu'elle avait entrepris
depuis un siècle pour l'instruction, il situait l'ambition de la
politique culturelle à un niveau qui n'a rien perdu aujourd'hui de sa
pertinence.
Dans un monde concentré sur les problèmes économiques,
dans une société désorientée par le rythme de ses
transformations, le cinéma et le théâtre trouvent plus que
jamais leur légitimité dans cette part d'imaginaire qui est pour
chacun un refuge et un exutoire.
Permettre au plus grand nombre d'accéder à cette part
d'imaginaire, donner à chacun le goût et le plaisir des oeuvres de
l'esprit, créer les conditions pour que les multiples talents que
recèle notre pays puissent se déployer et être
diffusés, assurer le renouvellement et le rayonnement de la culture
française, tels sont les objectifs à poursuivre.
Or, on ne saurait s'en remettre au seul mécanisme du marché et de
la compétition économique pour assurer cette ambition. Pensons
à ce qu'il serait advenu du théâtre sans soutien public,
comparons la situation de notre cinéma à celle des cinémas
nationaux des autres pays européens qui, en l'absence de politique du
cinéma, importent 80 % des films diffusés en salle.
Si chaque année des millions de spectateurs se rendent au
théâtre et au cinéma, c'est essentiellement grâce au
talent des auteurs et des artistes, mais c'est également parce que des
politiques publiques, dont nous retrouvons ici la traduction budgétaire,
se sont attachées à créer des conditions favorables
à la création et à la diffusion des oeuvres.
Les crédits consacrés à la politique du cinéma et
du théâtre ne sont pour autant justifiés que s'ils
concourent pleinement aux objectifs de la politique culturelle. Le budget de la
culture ne saurait, en effet, échapper, dans la présente
période de rigueur financière, à une évaluation
approfondie. Le soutien public implique des obligations. Il suppose des
engagements précis concernant la création et la diffusion en
faveur du plus grand nombre. C'est dans cet état d'esprit que votre
rapporteur a souhaité aborder l'examen du présent budget.
PREMIÈRE PARTIE :
CINÉMA
I. LA SITUATION DU CINÉMA FRANÇAIS EN 1996 : UN SECTEUR EN MUTATION
A. UNE NOUVELLE DONNE POUR L'EXPLOITATION
1. Une croissance lente mais continue de la fréquentation
Dans les années quatre-vingt, l'industrie
cinématographique française a été confrontée
à une crise importante de la fréquentation. Le grand écran
a, en effet, perdu près de 40% de ses spectateurs entre 1982 et 1992. Le
nombre d'entrées est ainsi passé de près de 200 millions
à près de 115 millions d'entrées.
Ce recul de la fréquentation des cinémas s'était, de plus,
doublée d'une désaffection pour les films français et
européens au profit des films américains. Pendant cette
période, la part de marché des films français est
passée de plus de 50 % à près de 28% des entrées,
tandis que les films américains confirmaient leur
hégémonie avec 60% des entrées.
Cette diminution de la fréquentation a conduit à la fermeture de
près de 700 salles de cinéma en dix ans.
Le cinéma français n'a aujourd'hui pas tout à fait
surmonté cette crise, mais il semble avoir retrouvé les chemins
de la croissance.
Source : CNC
Depuis 1992, la fréquentation s'est accrue
d'année en année pour atteindre en 1996, 136,3 millions
d'entrées soit une progression de 4,9 % par rapport à 1995.
Ce redressement de la fréquentation, qui semble s'expliquer en grande
partie par le développement des multiplexes, s'observe dans l'ensemble
des pays de l'Union européenne. Il est toutefois plus accentué en
France que dans les autres pays d'Europe. Ainsi, le nombre d'entrées
pour 1000 habitants s'élève en France à 241 en 1996
contre moins de 200 dans les principaux pays de l'Union européenne. Les
efforts consentis par les professionnels et soutenus par les pouvoirs
publicsengagés en France par les pouvoirs publics et les professionnels
pour renouveler et moderniser leurs salles semblent donc avoir porté
leurs fruits.
Cette amélioration de la fréquentation globale profite, en outre,
particulièrement aux films français. Avec plus de
51 millions d'entrées et 37,5 % des entrées, les films
français ont rassemblé en 1996 le plus fort nombre de spectateurs
depuis 10 ans.
La situation des films français reste cependant fragile. En dépit
de la progression de leur part de marché depuis 1994, les entrées
des films français demeurent très en-deçà de celles
des films américains qui totalisent à eux seuls 54 % des
entrées.
2. Les premiers effets du développement des multiplexes
a) Le mouvement de création de salles de cinéma se poursuit à un rythme rapide
Le redressement de la fréquentation s'accompagne d'une
vitalité sans précédent des investissements des
exploitants de salles de cinéma. Le parc de salles s'est ainsi accru de
plus de 250 salles en quatrecinq ans. En 1996, 233 salles nouvelles
réparties dans 87 établissements ont été
créées, soit deux fois plus qu'en 1995. Parallèlement, 57
salles ont fermé au cours de l'année 1996, ce qui porte le solde
net de créations de salles à 176. Après avoir connu une
régression constante entre 1985 et 1993, le parc de salles
français renoue donc avec un mouvement d'expansion.
Parmi les 233 nouvelles salles, l'ouverture d'établissements classiques
de moins de 10 salles a permiscontribué à la création
de 99 écrans implantés pour l'essentiel dans des communes de
moins de 30 000 habitants. Ce mouvement dynamique de création
de salles dans les villes petites et moyennes a notamment été
favorisé par l'action de l'Agence pour le développement
régional du cinéma (ADRC) ainsi que par les collectivités
locales.
Il reste que la majeure partie des ouvertures de salles est liée, en
1996, au développement des multiplexes.
b) Le développement des multiplexes
Pour plus de la moitié, 134 sur 233, les ouvertures de
sallessalles créées en 1996 sont dues à l'ouverture de
multiplexes ou à la restructuration de complexes
" classiques " en multiplexes. La mise en place en 1996 d'un
observatoire de la diffusion et de la fréquentation permet d'avoir une
première vision d'ensemble sur les conséquences du
développement des multiplexes sur l'économie du secteur.
Fin 1996, l'observatoire a recensé 21 multiplexes en activité
répondant à quatre critères : avoir au moins dix
écrans, bénéficier d'une qualité de son et d'image
haut de gamme, offrir un confort optimal et un grand espace d'accueil.d'un
confort optimal en terme de gradinage et d'écartement des fauteuils,
offrir un grand espace d'accueil avec services.
Date d'ouverture |
Multiplexe |
Ecrans |
Capacité |
Ville |
Juin 1993 |
Pathé Grand Ciel |
12 |
2 643 |
La Garde (périphérie Toulon) |
Octobre 1993 |
Pathé Belle Epine |
12 |
2 617 |
Thiais (rénovation et extension banlieue parisienne) |
Novembre 1994 |
UGC |
14 |
2 725 |
Lille (rénovation et extension) |
Novembre 1994 |
Pathé Wepler |
12 |
2 173 |
Paris (rénovation et extension) |
Février 1995 |
Pathé Cap Sud |
10 |
2 047 |
Avignon |
Mars 1995 |
Kinépolis (groupe Bert) |
14 |
4 085 |
St Julien Les Metz (périphérie de Metz) |
Mars 1995 |
Gaumont Cité Europe |
12 |
2 369 |
Coquelles (périphérie de Calais) |
Avril 1995 |
Gaumont |
12 |
1 986 |
Nantes (rénovation et extension) |
Juin 1995 |
UGC Ciné Cité |
15 |
2 866 |
Paris |
Décembre 1995 |
Méga CGR (G. Raymond) |
12 |
2 421 |
La Rochelle |
Décembre 1995 |
Gaumont Parnasse |
12 |
2 820 |
Paris (rénovation et extension) |
Mars 1996 |
Pathé |
10 |
2 054 |
Lyon centre-ville |
Avril 1996 |
Mégarama |
17 |
2 806 |
Villeneuve La Garenne (banlieue parisienne) |
Mai 1996 |
Méga CGR |
11 |
1 884 |
Angoulême |
Juin 1996 |
Gaumont |
15 |
3 598 |
Valenciennes (périphérie de Nantes) |
Juillet 1996 |
Pathé Atlantis |
12 |
2.534 |
Saint-Herblain (périphérie de Nantes) |
Août 1996 |
UGC Ciné Cité Atlantis |
10 |
2.047 |
Saint-Herblain (périphérie de Nantes) |
Septembre 1996 |
ChâteauChateau du Cinéma |
23 |
7 403 |
Lomme (périphérie de Lille) |
Octobre 1996 |
Mega CGR |
11 |
2 251 |
Pau centre-ville |
Décembre 1996 |
Gaumont |
15 |
3 690 |
Labège (périphérie de Toulouse) |
Décembre 1996 |
Horizon Grands Ecrans |
11 |
1 825 |
Limoges centre-ville |
Avec 6% des écrans en activité, les multiplexes
ont enregistré en 1996 près de 15 millions d'entrées,
soit 10,8 % de la fréquentation nationale. La moitié de ces
établissements ayant ouvert en cours d'année, on peut
estimerestime à 19 millions le nombre d'entrées
réalisées dans le cadre d'un fonctionnement en année
pleine, soit 14 % du total de la fréquentation.
L'impact de l'ouverture de ces multiplexes sur la fréquentation du
cinéma en général, et celle des cinémas avoisinants
en particulier, apparaît contrasté.
L'étude de l'observatoire montre que les effets sur la
fréquentation des zones étudiées ont tous
été positifs en matière de
fréquentation globale. L'implantation d'un multiplexe accroît
la fréquentation des zones considérées de 26 %
à 58 % selon les cas. Cette analyse rejoint les constats
effectués dans les autres Etats membres de l'Uniona communauté
européenne. : là où se développent les multiplexes,
la fréquentation globale augmente. En offrant un spectacle dans des
conditions qui rompent complètement avec l'univers ordinaire du petit
écran, les multiplexes attirent un public qui avait progressivement
déserté les salles de cinéma.délaissé les
grands écrans.
En revanche, les conséquences sur la fréquentation des
cinémas situés dans les zones d'implantation des multiplexes
sont, elles, plutôt défavorables. Les études ponctuelles
effectuées hors région parisienne démontrent, en effet,
qu'un multiplexe a un impact négatif sur la fréquentation des
salles qui sont à moins de quinze minutes de transport. L'impact est
significatif jusqu'à trente minutes de transport, ce qui signifie que
d'ici 3 ans, une fois que les multiplexes en projet seront construit, 40 %
du parc français pourrait être dans la zone d'influence d'un
multiplexe.
Les effets de la concurrence que livrent les multiplexes aux autres salles de
cinéma sont cependant assez variables d'un cas à l'autre. Selon
l'observatoire, les salles concurrentes ont perdu, en effet, selon les cas de
25 à 50 % de leur clientèle. Ces différences sont
dues à des facteurs géographiques mais également à
des programmations différentes.
Dans certains cas, une forme de complémentarité s'instaure entre
un multiplexe à la programmation grand public et un exploitant
indépendant projetant des films plus exigeants destinés à
une clientèle fidélisée. Ainsi, le rapport de
l'observatoire montre que les établissements " art et
essai ",
du fait de la segmentation du marché et de leur créneau de
programmation, ont, dans la majorité des cassites,
démontré une résistance supérieure à celles
des autres types de salles. Dans d'autres cas, ldes cinémas concurrents
d'un multiplexe qui projettent le même type de films, à des
horaires proches, pour des prix équivalents, perdent une partie
très importante de leur clientèle, qui accède avec les
multiplexes à une meilleure qualité de service et de confort et
à un choix de films plus étendus.
L'observatoire de la diffusion et de la fréquentation note
également que dans certaines villes des implantations
désordonnées ont entraîné une surcapacité de
fauteuils qui a conduit les multiplexes à se livrer entre eux à
une concurrence sur les prix dont les exploitants indépendants ont
été les premières victimes. Les cas de concurrence sur les
prix sont toutefois assez rares. En moyenne le prix d'une place de
cinéma dans un multiplexe est, en effet, de 37,6 francs, soit
8 % de plus que le tarif moyen pratiqué en France qui est de
34,8 francs.
En termes de programmation, les multiplexes ne se distinguent pas sensiblement
des autres salles. Le taux de séances consacrées aux films
européens s'est élevé à 47,2 % en 1996 pour
l'ensemble des salles contre 42,6 % pour les multiplexes, soit une
différence de 4,8 points. Les résultats enregistrés par
les multiplexes montrent que ces établissements, en affichant la
quasi-totalité des films " porteurs ", quelle que soit leur
nationalité, accentuent les tendances du marché, sans
opérer de discrimination particulière à l'égard des
films européens et français.
Dans ce contexte, les premières applications des articles 36-1 à
36-6 nouveau de la loi Royer, qui soumettent la création de
complexes cinématographiques de plus de 1 500 places à
l'autorisation de commissions départementales d'équipement
cinématographique, montrent que ce dispositif est susceptible de jouer
un rôle régulateur. Après avoir été fortement
critiqué par une large partie des professions du secteur, ilce
dispositif semble aujourd'hui mieux accepté dans la mesure où son
objet n'est pas d'interdire la création de nouvelles salles mais
d'éviter des implantations désordonnées en prenant en
compteassurant une régulation en fonction de chaque situation locale.
Comme les commissions d'équipement commercial, les commissions
départementales d'équipement cinématographique associent
élus, représentants des chambres consulaires et associations de
consommateurs, auxquels. Il y est adjoint un membre du comité
consultatif de la diffusion cinématographique. EllesCes commissions sont
présidées par le pPréfet et le rapport d'instruction du
projet est assuré par la direction régionale des affaires
culturelles avec le concours des services du Centre national de la
cinématographie.
Elles statuent en prenantCinq critères sont pris en considération
cinq critères :pour permettre à ces commissions de
statuer :
- l'offre et la demande globales de spectacles cinématographiques dans
la zone d'attraction concernée ;
- la densité d'équipement (nature et composition du parc) ;
- l'effet potentiel du projet ;
- la préservation d'une animation culturelle et économique de la
vie urbaine et l'équilibre des agglomérations ;
- les efforts d'équipement et de modernisation effectués dans la
zone d'attraction.
Les décisions prises peuvent faire l'objet d'un recours auprès de
la Commission nationale d'équipement cinématographique (CNEC).
Au 20 juin 1997, les commissions départementales d'équipement
cinématographique avaient été convoquées à
dix reprises. Il est encore trop tôt pour établir un
véritable bilan de leurs actions.des commissions départementales
d'équipements cinématographiques.
Leurs premières décisions semblent cependant dans l'ensemble
équilibrées,. Mmais certaines décisions illustrent des
défauts prévisibles du dispositif. L'approbation de trois projets
dans la périphérie d'une ville de taille moyenne taille montre
combien les intérêts locaux peuvent dominer sur les
préoccupations d'ordre culturel. Mais il est vrai que ces commissions
départementales d'équipement cinématographique ne comptent
qu'un représentant du secteur cinématographique sur huit membres.
On observe en outre, comme c'est le cas également dans les commissions
d'équipement commercial, que les décisions sont prises avant tout
au regard de leurs conséquences sur l'économie de la commune
d'implantation, alors que l'impact des multiplexes dépasse largement le
cadre communal.
Aussi, à défaut de modifier un dispositif encore très
récent, une plus large information des membres des commissions sur les
enjeux propres aux exploitations de salles de cinéma pourrait- elle
mieux éclairer les décisions prises par ces commissions. Il faut,
en effet, avoir conscience que les implantations actuelles des multiplexes
déterminent l'équilibre et la géographie du secteur de
l'exploitation des salles de cinéma pour les vingt prochaines
années. C'est dire l'enjeu des transformations en cours, c'est dire
combien il importe, parallèlement au développement des
multiplexes, de veiller au maintien des salles de cinéma
indépendantes
B. LA VITALITÉ DE LA PRODUCTION NATIONALE
L'année 1996 a également été une bonne année pour la production française qui se maintient à un niveau élevé et fait preuve d'un renouvellement important puisqu'un film sur deux est un premier ou un second film..
1. Un niveau de production élevé
En 1996, 134 films ont reçu l'agrément
délivré par le Centre national de la cinématographie
contre 141 en 1995. Cette légère diminution s'explique
essentiellement par la baisse du nombre des coproductions minoritaires
françaises et des films ayant bénéficié de l'aide
aux coproductions avec les pays d'Europe centrale et orientale.
Le volume global des investissements dans la production française est en
retrait par rapport à 1995. Ils se situent à près de 3,3
milliards de francs contre 3,6 milliards l'an dernier. Cette baisse concerne
moins les investissements français que les investissements
étrangers, dont le tassement reflète la diminution des
coproductions à majorité étrangère.
Le nombre de films d'initiative française
1(
*
)
s'élève en 1996 à 104 films
d'initiative française contre 97 en 1995 et 89 en 1994. 2,5 milliards de
francs ont été investis dans ces films contre 2,7 milliards en
1995.
La diminution des investissements conjuguée à l'augmentation du
nombre de films d'initiative française entraîne un
fléchissement net du devis moyen qui passe de 28,1 millions de francs en
1995 à 24,3 millions en 1996. Cette diminution marque un arrêt de
l'augmentation des coûts de fabrication observée depuis une
dizaine d'années.
Le nombre de premiers films et deuxièmes films se maintient à un
niveau élevé. Plus d'un film d'initiative française sur
deux est un premier ou un second film : 37 premiers films et 18
deuxièmes films ont été produits sur un total de
104 films d'initiative française. Le nombre de premiers films
représente plus d'un tiers de la production nationale. Le renouvellement
de la production nationale est ainsi nettement supérieur au niveau
enregistré durant la période 1987-1990.
La production cinématographique française dispose de très
nombreux talents. Il faut s'en féliciter, Ces constatations sont
encourageantes, car la multiplication des chaînes de
télévision par câble et par satellite et la croissance de
la demande de fiction qui en découle constituent pour la production
française une opportunité qu'elle doit saisir, faute de quoi le
développement de l'audiovisuel en Europe continuera de conforter
l'hégémonie du cinéma américains.
2. La croissance de la part des chaînes de télévision dans le financement du cinéma s'accentue
Les principales évolutions qui ont marqué la
structure du financement des oeuvres cinématographiques au cours de la
décennie se sont confirméespoursuivies en 1996.
· Le rôle déjà prépondérant des
chaînes de télévision dans le financement de la production
cinématographique continue de s'accroître.
Leur participation au financement des films d'initiative française est
passée de 21 % en 1987 à 42 % en 1996. De ce fait, la
quasi-totalité des 131 films agréés en 1996 ont
bénéficié de la participation d'une chaîne de
télévision. A elle seule, la chaîne Canal Plus a
financé 27 % des investissements dans le cinéma
français, soit plus que le fonds de soutien à l'industrie
cinématographique.
· L'apport des producteurs français a continué de diminuer
passant de 26,6 % en 1995 à 24,5 % en 1996 contre 40,3 %
il y a dix ans.
· Les autres sources de financement du cinéma restent
proportionnellement stables comme l'indique le tableau ci-après.
STRUCTURE DE FINANCEMENT DES FILMS D'INITIATIVE
FRANÇAISE
(1986-1996)
(en pourcentage)
Apports des producteurs français |
SOFICA |
Soutien automatique |
Soutien sélectif |
Chaînes de télévision |
Cession droits vidéo |
A valoir des distribu-teurs français |
Apports étrangers |
||
Copro-ductions |
Pré-achats |
||||||||
1987 |
40,3 |
10,5 |
4,2 |
4,5 |
7,6 |
13,4 |
0,7 |
7,3 |
11,5 |
1988 |
39,7 |
8,9 |
7,6 |
4,1 |
4,7 |
14,5 |
0,7 |
5,6 |
14,2 |
1989 |
36,2 |
7,5 |
9,5 |
4,7 |
3,6 |
14,2 |
1,8 |
1,9 |
20,6 |
1990 |
42,0 |
6,7 |
7,6 |
5,4 |
3,9 |
15,9 |
0,4 |
2,8 |
15,3 |
1991 |
33,0 |
5,9 |
7,6 |
4,7 |
4,6 |
18,9 |
0,7 |
4,4 |
20,2 |
1992 |
36,2 |
6,1 |
5,8 |
4,6 |
5,4 |
24,7 |
0,3 |
5,4 |
11,5 |
1993 |
33,1 |
5,2 |
7,7 |
5,5 |
5,6 |
25,2 |
0,3 |
5,1 |
12,3 |
1994 |
29,0 |
5,3 |
7,5 |
6,7 |
6,5 |
27,4 |
0,3 |
5,0 |
12,3 |
1995 |
26,6 |
5,6 |
8,7 |
5,7 |
6,8 |
30,1 |
0,2 |
4 |
12,3 |
1996 |
24,2 |
4,8 |
8,3 |
4,9 |
10,3 |
31,7 |
0,1 |
5,5 |
10,2 |
On note toutefois que la part des SOFICA passe, pour la première fois depuis leur création, en-dessous de 5 % du financement des films d'initiative française. Les SOFICA ont investi en 1996, 128,55 millions de francs dans la production contre 153,6 millions de francs en 1995. Il s'agit du chiffre le plus bas depuis 1986. Cette'est évolution apparaît comme la conséquence directe du plafonnement à 120 000 francs de la déduction fiscale consentie aux personnes physiques qui investissent dans les SOFICA instauré par la loi de finances pour 1997..
II. LE BUDGET DU CINÉMA POUR 1998
A. LES CRÉDITS DU CINÉMA INSCRITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES
Le budget du cinéma pour 1998 s'élève
à 1.597,2 millions de francs en progression de 4,6% par rapport aux
crédits inscrits dans la loi de finances initiale pour 1997
.
Sur ce total, 1.289 millions de francs sont issus des recettes de la
section " cinéma " du compte d'affectation spéciale du
trésor n° 902-10 destiné au soutien financier de
l'industrie cinématographique et de l'industrie des programmes
audiovisuels et 308,2 millions de francs correspondent aux dotations
budgétaires du ministère de la culture.
Crédits en millions de francs |
1997 |
1998 |
1998-97 |
1997/98 |
Section cinéma du compte de soutien |
1 227,8 |
1 289 |
4,9% |
61,2 |
Dotation du ministère de la culture affectée au cinéma |
299,3 |
308,2 |
2,9 % |
8,8 |
Budget du cinéma |
1 527,1 |
1 597,2 |
4,6 % |
70,1 |
Source : CNC
1. Les recettes de la section " cinéma " du compte de soutien de l'industrie cinématographique et audiovisuelle continuent de progresser
Les recettes de la section cinéma devraient
s'établirs'équilibre à 1.289 millions de francs en
progression de 4,9 % sous l'effet conjugué de trois
facteurs :
-
une progression sensible (+ 6,8 %) des recettes des taxes et
prélèvements opérés sur le chiffre d'affaires des
sociétés de télévision
au titre de la
redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements.
Cette progression devrait sese fonder, d'une part, sur une légère
augmentation du chiffre d'affaires des diffuseurs télévisuels qui
passerait de 30,8 milliards de francs à 32 milliards de francs et,
d'autre part, sur une réforme de l'assiette de la taxe. Cette
réforme permettrait, à partir du 1er janvier 1998, la
taxation des chaînes thématiques françaises et
étrangères sur leurs recettes d'abonnement, dès lors
qu'elles diffusent des oeuvres éligibles au compte de soutien. Le
produit attendu de la réforme s'élèverait à
50 millions de francs. Cette réforme évoquée lors du
débat sur le projet de loi de finances pour 1997, prévue par le
projet de loi portant diverses mesures d'ordre financier qui devait être
discuté par le parlement en avril dernier, ne figure toujours pas dans
le projet de loi de finances pour 1998. Autrement dit, comme l'année
précédente, les prévisions de recettes intègrent
les effets d'une réforme à venir.qui ne figure pas dans le projet
de loi de finances.
-
une augmentation de 3,5 % de la taxe sur les encaissements
réalisés par la commercialisation des vidéogrammes
dont le produit est évalué àqui atteint 93 millions
de francs dont 85 % reviennent à la section cinéma, soit 79
millions de francs ;
- une majoration du produit de
la taxe spéciale additionnelle (TSA)
perçue sur le prix des places de cinéma
de 3 %, soit 507
millions de francs contre 502 millions de francs en 1997. Les estimations
retenues pour la prévision du produit de la TSA (135 millions de
spectateurs et 31,75 francs de recette moyenne par spectateur hors TSA)
apparaissent légèrement en-deçà des
prévisions. Les données relatives à la
fréquentation pour 1996 et pour le premier semestre 1997 laissent, en
effet, présager une fréquentation annuelle pour 1998 de l'ordre
de 140 millions d'entrées.
ÉVALUATION DES RECETTES POUR 1998
DE LA SECTION
CINÉMA DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N°902-10
(en millions de francs) |
Budget voté 1997 |
Évaluation pour 1998 |
Différence par rapport à 1997 |
ligne 1 - produit de la taxe additionnelle au prix des places dans les salles de spectacles cinématographiques |
502 |
517 |
+ 15 |
ligne 2 - remboursement de prêts |
- |
- |
- |
ligne 3 - remboursement des avances sur recettes |
- |
- |
- |
ligne 4 - prélèvement spécial sur les bénéfices résultant de la production, de la distribution ou de la représentation de films pornographiques ou d'incitation à la violence |
0,2 |
0,2 |
0 |
ligne 5 - taxe spéciale sur les films classés X |
- |
- |
- |
ligne 6 - contribution des sociétés de programme |
- |
- |
- |
ligne 7 - taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision aux titres de la redevance, la diffusion des messages publicitaires et des abonnements |
644,1 |
687,8 |
+ 43,7 |
ligne 8 - taxe sur les encaissements réalisés pour la commercialisation des vidéogrammes |
76,5 |
79 |
+ 2,5 |
ligne 9 - recettes diverses ou accidentelles |
5 |
5 |
0 |
ligne 99 - contribution du budget de l'Etat |
- |
- |
- |
TOTAL |
1 227,8 |
1 289 |
+ 61,2 |
Source : CNC
2. Les dotations directes du ministère de la culture
Les crédits inscrits au budget du ministère
de la culture en faveur du cinéma s'établissent à
308,2 millions de francs
, soit une augmentation de 2,9 % par
rapport à la loi de finances pour l'année 1997 :. Cette
progression résulte d'une évolution contrastée :
- la dotation de fonctionnement affectée au Centre national de la
cinématographie progresse de 1 % pour s'établir à
13 millions de francs
. Le CNC bénéficie, en outre, de la
création de huit emplois destinés à renforcer les
effectifs de l'ADRC et du dépôt légal du service des
archives ;
- les crédits d'intervention affectés au CNC pour le secteur
cinématographique sont, en revanche, réduits et passent de 238,9
à 209,6 millions de francs, soit une baisse de 12,4 %.
Cette baisse résulte toutefois essentiellement du transfert des
crédits affectés à la Femis (Institut de formation et
d'enseignement pour les métiers de l'image et du son)
du titre IV
au titre III afin de constituer la dotation de fonctionnement de cette
école sous son nouveau statut d'établissement public. Hors
crédits liés à la Femis, les crédits d'intervention
affectés au CNC sont presque stables (+0,82 %) ;
- les crédits d'équipement affectés au CNC
s'élèvent pour 1998 à 54 millions de francs contre
43 millions de francs en 1997.
Cette augmentation de 14,4 %
bénéficiera à la politique en faveur du patrimoine ainsi
qu'aux équipements pédagogiques de la Femis.
B. LES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX INDUSTRIES CINÉMATOGRAPHIQUES
Le Centre national du cinéma gèredispose ainsi sous la tutelledirection du ministère de la culture l'ensemble des moyens consacrés à la politique du cinéma. Ces crédits sont affectés, d'une part, au soutien financier aux sociétés de production, de distribution et d'exploitation cinématographique et, d'autre part, à la mise en oeuvre d'actions culturelles consacrées notamment à la préservation et à la promotion du patrimoine cinématographique, à la formation aux métiers du cinéma et à la promotion du cinéma en France et à l'étranger.
1. Le soutien financier à la production, à la distribution et à l'exploitation
·
Évolution des crédits
Le tableau suivant décrit l'évolution des crédits du
compte de soutien affectés à l'industrie cinématographique.
DÉPENSES POUR 1998 DE LA SECTION CINÉMA DU
COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N°902-10
(en millions de francs) |
LFI 1997 |
PLF 1998 |
Variations en valeur |
Variations en % |
art. 10 - subventions et garanties de recettes |
246,02 |
276,73 |
+30,71 |
+12,5 % |
art. 20 - soutien sélectif à la production : avance sur recettes |
145 |
145 |
0 |
0% |
art. 30 - subventions et garanties de prêts à la production, la distribution et l'édition sur support vidéographique de films de long-métrage |
465,22 |
498,77 |
+33,55 |
+7,2% |
art. 40 - subventions et garanties de prêts à l'exploitation |
315,06 |
309,5 |
-5,56 |
-1,8 % |
art. 50 - frais de gestion |
56,5 |
59 |
+2,5 |
|
TOTAL |
1 227,8 |
1 289 |
61,2 |
Source : CNC
L'augmentation globale des crédits, soit 61,2 millions de francs,
doit permettre de financer les mesures nouvelles suivantes :
-
Article 10 : subventions et garanties de recettes
:
+ 30,71 millions de francs.
Cette hausse bénéficieradoit permettre d'abonder les
crédits destinés :
- aux actions de promotion : + 9,7 millions de francs dont
5 millions de francs destinés à soutenir la politique de
sortie de films des distributeurs indépendants et 4,7 millions de
francs pour la mise en place de fonds régionaux de production ;
- aux actions sélectives en faveur des salles :
+ 20 millions de francs dont 15 millions de francs
destinés à aider les exploitants indépendants à
rénover leurs salles lorsqu'elles sont situées dans la zone
d'influence des multiplexes et 5 millions de francs pour la
rénovation des salles indépendantes parisiennes ;
- aux actions sélectives en faveur de la vidéo :
+ 1 million de francs.
-
Article 30 : subventions et garanties de prêts à la
production, la distribution et l'édition sur support
vidéographique de films de long métrage
: + 33,55
millions de francs .
Ces crédits supplémentaires financeront :
- une majoration des aides automatiques à la production :
+ 17,55 millions de francs. Cette dotation devrait permettre de
maintenir les barèmes actuels de retour aux producteurs et distributeurs
de cinéma ;
- une augmentation de la dotation pour fonds de garantie bancaire :
+ 9,50 millions de francs;
- la remise à niveau des crédits destinés au soutien
automatique des éditeurs vidéo : + 6,5 millions de
francs.
-
Article 40 : subventions et garanties de prêts à
l'exploitation cinématographique :
-5,55 millions de francs.
Cette diminution des crédits traduit une évolution
contrastée :
- la diminution des crédits d'aide automatique à l'exploitation
du fait de la réforme prévue du barème en 1998 ;
- la majoration des aides au secteur de l'art et essai :
+ 2 millions de francs.
-
Article 50 : frais de gestion : + 2,5 millions de francs
L'augmentation des frais de gestion est proportionnelle à la croissance
du compte. Le taux de prélèvement est inchangé par rapport
à 1997 (4,6 %).
On peut regretter que la ventilationprésentation des crédits par
article ne permette pas, compte tenu de la nomenclature choisie,
d'apprécier l'évolution de la politique menée par le CNC.
Les différents articles regroupent, en effet, des crédits
destinés à des actions très
hétérogènes et parfois sans rapport avec le titre de
l'article. Ainsi, l'article 10 concerne, par exemple, le soutien
sélectif aux court-métrages, aux industries techniques, à
la création et la rénovation des salles de cinéma,
certaines aides à la distribution ainsi que les subventions à des
associations de promotion du cinéma français telles qu'Unifrance
ou le Festival International du Film de Cannes. Inversement les crédits
affectés à un secteur particulier sont répartis entre
plusieurs articles, les crédits affectés au soutien à la
production sont ainsi répartis entre les articles 10, 20 et 30.
·
Répartition des crédits par type d'aides et par
secteur
L'augmentation de 61,2 millions de francs de la section cinéma en
1998 bénéficie d'abord au soutien sélectif
(+ 38 millions de francs) puis au soutien automatique
(+ 20 millions de francs) et enfin aux frais de gestion du compte de
soutien (+ 2,5 millions de francs) comme l'indique le tableau
ci-après..
RÉPARTITION DES CRÉDITSPAR TYPE D'AIDE ET PAR SECTEUR DE LA SECTION CINÉMA DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N° 902-10
(en millions de francs) |
LFI 1997 |
PLF 1998 |
Soutien automatique |
717,78 |
737,77 |
Producteurs |
384,22 |
396,90 |
Distributeurs |
54,50 |
59,37 |
Exploitants |
266,06 |
258,50 |
Editeurs vidéo |
130 |
230 |
Soutien sélectif |
453,50 |
492,23 |
Producteurs |
152 |
168,50 |
Distributeurs |
19 |
24 |
Exploitants |
129 |
151 |
Editeurs vidéo |
5,50 |
6,50 |
Autres interventions |
148 |
142,23 |
Total hors frais de gestion |
1 171,28 |
1 230 |
TOTAL |
1 227,78 |
1 289 |
Source : CNC
La proportion du soutien au cinéma attribuée par le biais d'des
aides sélectives continue ainsi de progresser et atteint 40 % en
1998 contre 31,1 % il y a dix ans.
La répartition des crédits par secteur est stable :
44 % des crédits sont affectés au soutien à la
production, 6 % au soutien à la distribution et 32 % au soutien du
secteur de l'exploitation.
Le soutien à la production
s'élève en 1998 à
563,4 millions de francs en progression de 5 % par rapport à
1997. Les aides automatiques à la production progressent de 3 %,
les aides sélectives de 1 %. La dotation destinée à
l'avance sur recettes reste stable à 121 millions de francs.
Toutefois, suite à la réforme de l'avance sur recettes, les
remboursements qui devraient intervenir dans le courant de l'exercice
permettraient à la dotation de l'avance sur recettes d'atteindre
145 millions de francs.
Le soutien à la distribution
s'élève à
83,37 millions de francs en progression de 10 % par rapport à
1997.
Les crédits affectés à l'exploitation des salles de
cinéma
s'élèvent à 415,5 millions de
francs, soit une progression de 4 % par rapport à 1997. Toutefois,
cette progression est le résultat d'une évolution divergente des
crédits affectés au soutien sélectif et au soutien
automatique.
Le soutien sélectif aux exploitants de salles de cinéma
bénéficie d'une mesure nouvelle de 20 millions de francs.
Cette dotation supplémentaire devrait être affectée aux
exploitants indépendants situés dans les zones d'influence des
multiplexes et à la rénovation des salles indépendantes
parisiennes.
En revanche, une réforme du barème du soutien automatique aux
exploitants de salles de cinéma programmée pour 1998, devrait
engendrer une diminution de 3 % des crédits affectés au
soutien automatique aux exploitants.
2. Les actions en faveur de la formation, du patrimoine et de la promotion
a) L'action patrimoniale
Les actions en faveur du patrimoine cinématographique
menées par le service des archives du film du CNC se sont poursuivies en
1996 et 1997.
·
L'enrichissement des collections
La loi du 20 juin 1992 et le décret du 31 décembre 1993
ont transféré de la Bibliothèque nationale au Centre
national de la cinématographie la charge de l'organisation du
dépôt légal des oeuvres cinématographiques sur
support photochimique, à compter du 1er janvier 1994. Le CNC assure
depuis cette date la collecte, la conservation et, le catalogage et la
consultation des collections de films.
Le CNC doit également assumer la conservation des 13.000 films
collectés entre 1977 et 1994 par la Bibliothèque nationale, et
rattraper l'arriéré de dépôt d'environ
10.000 titres de films qui n'ont pas été
déposés au cours de cette période. La collection atteint
aujourd'hui 15.000 titres. Elle croît à un rythme de 1.000
nouveaux titres déposés par an.
En 1994Depuis la mise en place de la nouvelle législation, le CNC a
bénéficié d'une dotation initiale de 2 millions de
francs en crédits d'équipement au titre du dépôt
légal. Aucun financement spécifique n'a été
alloué par la suite au CNC pour prendre en charge le fonctionnement et
l'investissement nécessaires à l'accomplissement de cette
mission. Les moyens humains et matériels nécessaires au
fonctionnement du dépôt légal ont été depuis
1994 prélevés sur les crédits et le personnel d'autres
services du CNC. C'est pourquoi votre rapporteur se félicite que, cette
année, la création au CNC de huit emplois puisse
bénéficier pour partie au service chargé du
dépôt légal.
·
La conservation et la restauration des films nitrates
La poursuite du
plan nitrate
destiné à transférer
plus de 20 millions de mètres de films nitrates sur un support de
sécurité a bénéficié en 1997 de
42 millions de francs soit 10 millions de francs de moins que les
années précédentes.
Cette diminution des crédits a contraint le service des archives
à une plus grande sélectivité dans ses choix. L'accent a
ainsi été porté sur la restauration de grands films du
patrimoine tels que les films des frères Lumière, " La
grande illusion " de Jean Renoir ou sur des collections de films
historiquement importantes telles que la collection " Will
Day ".
Elle a également incité à développer des
conventions avec les propriétaires de films afin de
récupérer à l'occasion de l'exploitation commerciale des
oeuvres restaurées, les fonds engagés par le CNC dans la
restauration. Ce type de pratique, pour utile qu'elle soit, risque cependant de
concentrer les efforts de restauration sur les seuls films ayant un
intérêt commercial.
Afin de ne pas accroître la sélectivité des choix
opérés, il est donc souhaitable que les moyens consacrés
au plan nitrate soient renforcés. Votre rapporteur se félicite en
conséquence que cele budget du plan bénéficie cette
année d'une mesure nouvelle de 2 millions de francs, ce qui porte
à 44 millions de francs les crédits affectés au plan
nitrate pour 1998.
En matière d'équipement, la conduite du plan nitrate comme la
gestion du dépôt légal imposent aux services des archives
du film des besoins très lourds aussi bien en terme de
sécurité que de surface de stockage. Votre rapporteur a pu
constater sur place combien la conservation des collections nitrate, qui est un
support toxique et auto-inflammable, nécessitait des conditions
d'entreposage extrêmement rigoureuses dans des bâtiments à
température et hygrométrie constantes.
Les risques que pourrait entraîner une mauvaise maintenance des
bâtiments sur les collections ont conduit le CNC à entreprendre
à partir de 1990 un programme de travaux de sécurité et de
mise en conformité des installations. Compte tenu du retard pris, il
resterait 23,5 millions de francs de travaux à financer pour mettre
en conformité les sites de Bois d'Arcy et de Saint-Cyr.
Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit 5 millions de francs
de crédits d'équipement destinés aux travaux de
sécurité sur le site de Bois d'Arcy et à la
construction d'un local pour la conservation de la documentation sur les films
répertoriés. C'est un effort qu'il conviendra de poursuivre et
d'accentuer en 1999.
·
La valorisation du patrimoine
La mise en oeuvre d'une politique de collecte et de restauration des oeuvres
cinématographiques doit s'n'a de sens que si elle est
accompagnerée d'une action de valorisation de ce patrimoine
auprès du public. Or en dépit des efforts entrepris à
l'occasion du centenaire de la naissance du cinéma, la France reste dans
ce domaine relativement en retrait.
Elle dispose pourtant d'institutions réputées : une
cinémathèque créée en 1936 qui accueillait en 1996
dans ses deux salles plus de 100.000 spectateurs par an, un musée
du cinéma prestigieux, une bibliothèque du film, la Bifi, dont le
fonds comporte qui propose l'accès à des milliers d'ouvrages,
photographies, affiches ou films sur support vidéo.
Ces institutions chargées de valoriser le patrimoine
cinématographique sont cependant sous-utilisées. Elle sont
placées depuis dix ans dans des situations provisoires en vue de leur
aménagement dans le Palais du cinéma. Or ce projet,
décidé il y a dix ans, n'est toujours pas achevé. Dans ce
contexte, la Bifi s'est installéea ouvert ses portes dans des locaux
provisoires dans le XIIe arrondissement de Paris. Le musée Langlois
est fermé a fermé ses portes ; quant à la
cinémathèque, depuis l'incendie du Palais de Chaillot en juillet
dernier, sa principale salle de projection est inutilisable. Elle doit et lui
impose de poursuivre ses activités dans des conditions précaires
et peu satisfaisantes.qui ne lui permettent pas de remplir ses missions.
La mission de préfiguration constituée en mars 1996 a
proposé une nouvelle organisation du Palais du cinéma qui avait
été acceptée par le précédent ministre de la
culture. Depuis la constitution du nouveau Gouvernement, l'ensemble des projets
immobiliers du ministère de la culture a fait l'objet d'un
réexamen dont les conclusions ne sont pas encore arrêtées.
Il semble toutefois acquis que le projet de Palais du cinéma sera
poursuivi. Il faut donc espérer qu'il puisse être mené
à bienvoir le jour avant l'an 2000.
Il apparaît, en outre, souhaitable que la politique de valorisation du
patrimoine cinématographique fasse l'objet d'une attention plus
soutenue. Il est, en effet, dommage que la France, qui estsoit un des pays les
plus en pointe en matière de restauration et de collecte du patrimoine,
et ne puisse faire connaîtrepartager ce patrimoine au grand public.
Le réseau des cinémathèques mériterait en
particulier un soutien accru. De même, serait-il souhaitable que les
chaînes de télévision du service public participent plus
activement à la diffusion de ce patrimoine.
b) L'enseignement du cinéma
Le renouvellement des talents passe dans le domaine du
cinéma par des actions d'initiation et de formation aux métiers
du cinéma.
En matière d'initiation
, l'Etat a mis en place divers programmes
d'action incitant les enfants et les jeunes à découvrir les films
en salles de cinéma avec un accompagnement pédagogique :
" Ecole et cinéma ", " les enfants du deuxième
siècle ", " Collège au cinéma ",
" Lycéens au cinéma ", et " Un été
au ciné ", inauguré en 1991 dans le cadre de la politique de
la Ville.
Les crédits affectés à l'ensemble de ces programmes
s'élèvent pour 1998 à 27 millions de francs, en
augmentation de 2,7 millions de francs par rapport à 1997.
L'enseignement professionnel relève de
la Femis
.
Transformée en établissement public industriel et commercial par
la loi n° 96-1093 du 16 décembre 1996, la Femis est
financée à 75 % par le ministère de la culture,
à 14 % par la taxe d'apprentissage et à 15 % par des
ressources propres.
En 1997, le budget global de fonctionnement de la Femis s'est
élevé à 44,9 millions de francs, dont
31,5 millions de francs de subventions de fonctionnement du CNC.
Transformée en EPIC, elleElle bénéficie en 1998 d'une
subvention de fonctionnement du ministère de la culture de
31,50 millions de francs.
Du fait de sa transformation en EPIC, cette
subvention est inscrite au titre III du budget du ministère de la
culture et non plus parmi les crédits du titre IV affectés au
CNC. La subvention d'équipement de la Femis destinée à
financer l'achat d'équipement pédagogique est, par ailleurs,
portée à 2 millions de francs en 1998 contre un million en
1997.
En 1998, La Fémis s'installera, en outre, définitivement dans les
studios Pathé de la rue Francoeur qui feront l'objet d'un programme de
rénovation en partenariat avec la ville de Paris.
c) La promotion du cinéma en France et à l'étranger
Le CNC mène traditionnellement des actions en faveur de
la promotion du cinéma en particulier à travers un concours actif
à la création de festivals de cinéma ou par la
participation avec les exploitants de salles à des opérations de
promotion telle que la fête du cinéma.
Cette politique de promotion du cinéma est également
assurée par des associations subventionnées par le CNC. C'est le
cas du festival de Cannes qu'organise
l'association du
festival
international du film
,
présidée par M. Pierre
Viot. En 1997, celle-ci a fêté le 50e anniversaire du festival qui
a rassemblé plus de 30.000 spectateurs du monde entier avec le
succès que l'on connaît. Pendant le festival est en outre
organisé le Marché international des films qui rassemble plus de
5.000 professionnels et 1.420 sociétés, ce qui le place
en tête des marchés internationaux du film par le volume
d'affaires réaliségénéré.
En matière d'exportation des films français à
l'étranger,
Unifrance
,
présidée par M.
Daniel Toscan du Plantier
,
assure également l'essentiel des
actions de promotion à l'étranger, de l'organisation de grands
festivals de films français, à la mise en place d'une aide
à la distribution des films français à l'étranger,
en passant par l'élaboration de campagnes de communication sur les films
français. Pour accomplir ses missions, Unifrance a reçu en 1997
une subvention de 48 millions de francs qui devrait être reconduite
en 1998.
III. LES ENJEUX DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN À L'INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE
Au début des années quatre-vingt, l'industrie
cinématographique française a mieux surmonté les
contrecoups de la déréglementation de l'audiovisuel que les
autres industries cinématographiques européennes. Elle est
aujourd'hui de nouveau confrontée à une mutation importante de
son environnement. Le développement des télévisions
numériques, l'intégration et la concentration croissante des
entreprises de l'audiovisuel et du cinéma, la
déréglementation des échanges dans le secteur de la
communication, de l'audiovisuel et de la culture au niveau international et
communautaire sont autant de facteurs de changement auxquels l'industrie du
cinéma français doit faire face.
Dans ce contexte, le rôle des pouvoirs publics consiste d'une part,
à chercher au niveau national les dispositifs les plus adaptés
pour maintenir la vitalité et la diversité de notre cinéma
national et d'autre part, à défendre au niveau international et
communautaire la légitimité de la politique française en
faveur du cinéma.
A. ADAPTER LE DISPOSITIF DE SOUTIEN AU CINÉMA AUX ÉVOLUTIONS EN COURS
1. Aménager la taxe sur les services de communication audiovisuelle destinée au compte de soutien aux industries cinématographiques et audiovisuelles.
Comme l'a déjà observé votre rapporteur,
la réforme de la taxe sur les services audiovisuels aurait dû
être discutée dans le cadre du projet de loi de finances pour
1997, puis dans le cadre du projet de loi portant divers mesures d'ordre
financier en avril dernier et enfin lors de l'examen de la présente loi
de finances. Il faut espérer que cette réforme figure, comme le
ministre de la culture l'a souhaité, parmi les dispositions
prévues par la loi de finances rectificative pour 1997 qui devrait
être discutée après le projet de loi de finances.
Cette réforme a pour objet d'unifier le régime de taxation
applicable aux chaînes thématiques. Aux termes du texte en
vigueur, l'article 36 de la loi de finances pour 1984, les chaînes
diffusées simultanément par câble et par satellite ne sont
assujetties que pour leurs recettes tirées du premier mode de diffusion.
Les chaînes diffusées exclusivement par satellite échappent
quant à elles totalement à la taxe. Le projet de réforme
prévoit, outre l'unification du régime de taxation des
chaînes nationales quel que soit leur mode de diffusion, que les recettes
des chaînes thématiques étrangères diffusées
par câble ou par satellite tirées de leur réception en
France soient assujetties à la taxe dès lors que ces
chaînes programment des oeuvres éligibles au compte de soutien.
L'objectif de cette réforme est donc d'abord d'adapter le dispositif du
compte de soutien au développement des chaînes thématiques.
Depuis son instauration en 1984, la taxe sur les services audiovisuels a permis
de soutenir l'industrie française de production en imposant aux
chaînes une épargne forcée qui les incite à investir
dans la production française. Il était donc important
d'intégrer l'ensemble des chaînes thématiques
françaises et étrangères à cette logique de
façon à ce que le développement des bouquets
numériques profite pleinement à la production nationale.
L'objectif de cette réforme est ensuite d'éliminer les
discriminations entre les chaînes qu'elles soient diffusées par
voie hertzienne terrestre, par câble ou par satellite, qu'elles soient
françaises ou étrangères. La nécessité de ne
pas pénaliser les chaînes thématiques et les
opérateurs du câble et du satellite pendant leur phase de
développement a cependant conduit le Gouvernement à envisager de
leur consentir certains avantages par rapport aux chaînes
diffusées par voie hertzienne. Ainsi la taxe ne devrait concerner que
les chaînes dont le chiffre d'affaires annuel est supérieur
à 12 millions de francs et ne s'appliquer qu'aux ressources d'abonnement
des chaînes thématiques, les recettes publicitaires étant
exclues du champ de la taxe.
Cette réforme méritera un examen attentif. Elle constitue un
enjeu important, car il est essentiel que les chaînes thématiques
deviennent de véritables débouchés pour les producteurs
français.
2. Moderniser l'aide publique à la production
L'évolution des modes de financement des productions
cinématographiques depuis dix ans, la concentration progressive des
principales entreprises de production, l'évolution des industries
techniques françaises et le développement du rôle des
chaînes de télévision ont profondément
transformé les conditions de production des films. Ces transformations
impliquaient un ajustement des mécanismes d'aide à la production.
En matière d'aide sélective, cette modernisation a
été amorcée avec la mise en oeuvre de la réforme de
l'avance sur recettes que votre rapporteur avait l'an dernier appelée de
ses voeux.
Depuis la parution de l'arrêté du 12 mai 1997 pris pour
application des articles 6 et 7 du décret n° 59-733 du
16 juin 1959 relatif au soutien financier sélectif à la
production d'oeuvres cinématographiques de longue durée, les
méthodes de travail de la commission de l'avance sur recettes ont, en
effet, profondément évolué sur plusieurs points. Un
quatrième collège chargé de l'aide à la
réécriture a été créé. Le
système de remboursement a été modifié. Une aide
à la distribution a été mise en place afin de faciliter
l'accès aux salles des films de l'avance sur recettes.
En ce qui concerne l'aide automatique à la production, l'année
1997 a été l'occasion d'une réflexion approfondie sur une
éventuelle réforme de la procédure d'agrément
menée à la demande du précédent ministre de la
culture par une commission placée sous la double présidence de
Mme Margaret Menegoz et M. René Bonnel.
L'agrément, délivré par le directeur du CNC, après
avis d'une commission, permet à un film d'avoir accès aux aides
automatiques du compte de soutien et, partant, à l'ensemble des
financements encadrés tels que les SOFICA, l'avance sur recettes ou les
obligations de production des chaînes de télévision. Il
constitue ainsi la clef de voûte de l'ensemble du système
français d'aide au cinéma.
Le rapport Menegoz-Bonnel établit un constat critique, soulignant
l'inadaptation de la procédure d'agrément aux conditions
économiques actuelles de la production. Il dénonce, en effet, une
procédure administrative complexe, opaque et globalement inefficace. Il
souligne que l'absence de définition précise du rôle de
producteur délégué conduit, dans les faits, à
privilégier les coproducteurs et en particulier les filiales des
chaînes de télévision dans la répartition des droits
au soutien automatique. Il observe enfin que les règles relatives aux
coproductions encouragent des montages financiers fictifs et ne favorisent
guère les tournages en France.
Partant de ce constat, le rapport Menegoz-Bonnel propose une remise en cause
profonde de la procédure en vigueur sur la base de quatre
objectifs :
- simplifier et clarifier la procédure administrative de
l'agrément applicable ;
- accroître la responsabilité et les moyens du producteur
délégué, qui prend l'initiative de la création de
l'oeuvre et en assure la bonne fin ;
- encourager le recours aux tournages en France et aux industries techniques
françaises en recentrant les mécanismes du soutien sur les
industries nationales ;
- assouplir et moderniser le régime des coproductions.
Les propositions du rapport Menegoz-Bonnel, qui ont fait l'objet durant les
derniers mois d'une concertation approfondie avec l'ensemble de la profession
devraient servir dans les prochains mois de base à la réforme de
l'agrément.
3. Rénover le soutien à l'exploitation
Outre le renforcement des moyens affectés aux aides
sélectives à la modernisation des salles, destinées aux
exploitants de cinéma " art et essais " des grandes
agglomérations et aux exploitants indépendants des villes
moyennes, le CNC envisage de réformer les conditions d'attribution du
soutien automatique à l'exploitation de façon à accentuer
son effet redistributif au profit des petits exploitants de salles.
Le soutien automatique à l'exploitation est une aide à
l'investissement. Cette aide est calculée en pourcentage du montant des
recettes de la taxe sur les places de cinéma dite taxe spéciale
additionnelle ou " TSA " que génère chaque salle de
cinéma. Sur chaque place de cinéma, le CNC prélève
ainsi une TSA de 10 à 11 % du prix des places, les exploitants en
récupèrent en moyenne 55 % par le biais du soutien
automatique. Le soutien automatique à l'exploitation s'apparente ainsi
à une épargne forcée dans la mesure où le soutien
automatique ne peut être utilisé que pour les investissements dans
la rénovation ou la création de salles.
Le pourcentage des recettes de la TSA susceptible d'être mobilisé
par chaque exploitant de salle au titre du soutien automatique, dit taux de
retour de TSA, est fixé pour chaque salle puis pour chaque
établissement en fonction d'un barème qui présente
à l'heure actuelle trois caractéristiques :
- il est redistributif dans la mesure où les petites salles qui font
moins de 1.200 entrées par semaine bénéficient d'un
taux de retour qui peut atteindre 80 %, alors que les salles qui font le
plus d'entrées ont un taux de retour de l'ordre de 20 %. Un
établissement regroupant plusieurs salles ne peut cependant toucher
moins de 30 % de la TSA générée par l'ensemble de ses
salles ;
- ce barème s'applique " écran par écran " et
non pas en fonction des entrées globales de chaque établissement.
Ainsi, une salle qui enregistre en moyenne 2.400 entrées par
semaine peut bénéficier d'une aide beaucoup moins importante
qu'un complexe de deux salles qui réalisent chacune
1.200 entrées par semaine. Ce mode de calcul a favorisé les
établissements qui ont un nombre élevé de salles et
aboutit ainsi à ce qu'en moyenne le taux de retour des multiplexes soit
de 40 % et à ce qu'aucun multiplexe ne dispose d'un taux de retour
inférieur à 35 % ;
- l'aide générée par une salle de cinéma est
mobilisable pour des investissements dans l'ensemble des salles
dépendant du même circuit d'exploitation. Cette disposition a
également favorisé les grands circuits d'exploitation et la
concentration du secteur dans la mesure où elle a permis de mobiliser
l'aide générée par l'ensemble du circuit pour créer
de nouvelles salles.
Ce barème mis en place dans les années 1960, à une
époque où il s'agissait d'aider la transformation du parc de
salles uniques en complexes de plusieurs salles apparaît aujourd'hui
inadapté aux évolutions du secteur. En effet, l'effort de
modernisation des salles de cinéma entrepris par les exploitants et
soutenu par les pouvoirs publics a conduit à agrandir la taille des
écrans et ce faisant à accroître la capacité des
salles. En outre, le dispositif actuel favorise globalement les grands circuits
plus que les exploitants de salles de cinéma indépendantes.
La réforme proposée par le CNC consiste, en premier lieu,
à établir le barème en fonction des recettes de la TSA par
établissement et non plus par écran et, en second lieu, à
fixer le pourcentage minimal de recettes de TSA susceptible d'être
récupéré par un établissement à 25 %
contre 30 % actuellement.
Le CNC a cependant souhaité, par ailleurs, mettre en oeuvre cette
réforme dans le cadre d'une limitation de la progression des
crédits consacrés par le compte de soutien au soutien automatique
à l'exploitation.
Ces crédits ont en effet augmenté de près de 41,5 %
de 1990 à 1997. Compte tenu de l'automaticité du soutien,
l'évolution de ces crédits dépend exclusivement de deux
facteurs : la mobilisation par les exploitants de leurs droits et donc
leurs investissements ; le taux moyen de retour de la TSA au niveau
national qui résulte de l'agrégation des taux de retour de chaque
établissement et en conséquence de l'évolution de la
composition du parc de salles.
Or le volume des investissements réalisés dans le secteur de
l'exploitation est, en effet, entré, avec le développement des
multiplexes, dans une phase de croissance fortement
accélérée. Il a progressé de plus de 40 %
entre 1994 et 1995 et le rythme régulier d'implantation de ce nouveau
type d'établissements, environ 10 par an, laisse présager une
expansion continue du secteur, du moins pour les trois prochaines
années.
Année |
Investissements
|
Fréquentation |
1990 |
289 | 121,9 |
1991 |
351 | 112,5 |
1992 |
392 | 116 |
1993 |
444 | 132,7 |
1994 |
491 | 124,4 |
1995 |
695 | 130,2 |
1996 |
- | 136,3 |
Source : INSEE et CNC
Parallèlement, la modification de la composition du parc de salles a
entraîné une augmentation importante du taux moyen de retour de
TSA au niveau national. Celui-ci est, en effet, passé de 42,6 % en
1986, à 55 % en 1996.
Année |
TSA récoltée
|
Taux de retour : montant droits/TSA (en %) |
Droits
générés
|
1990 |
418 | 49,5 | 207 |
1991 |
422 | 49,3 | 208 |
1992 |
428 | 48,6 | 208 |
1993 |
496 | 54,4 | 270 |
1994 |
463 | 55,3 | 256 |
1995 |
490 | 55,6 | 272 |
1996 |
516 | 55 | 284 |
1997 |
544
(estimations) |
53,9
(estimations) |
293 |
Source : CNC
L'augmentation du taux de retour de la TSA et l'accroissement des
investissements ont créé de fortes tensions sur les
crédits affectés au soutien automatique à l'exploitation.
Ainsi, le budget initial de 1996 a dû être abondé de
10 millions de francs, et en 1997, il sera nécessaire
d'accroître la dotation de 10 à 15 millions de francs. Le
CNC a estimé que dans ces conditions la gestion financière
équilibrée du compte ne peut se réaliser qu'en ramenant le
taux de retour moyen à 52 % contre 55 % en 1996.
La conjonction de deux préoccupations : accroître la
redistribution du barème et limiter l'augmentation des crédits
affectés au secteur de l'exploitation rend la réforme difficile
à mettre en oeuvre.
En effet, le nouveau barème permettrait d'augmenter le soutien aux
établissements de 1 à 4 écrans au prix non seulement
d'une diminution très importante du soutien aux établissements de
plus de 10 écrans dont le taux de retour passerait de 43,7 %
à environ 29 %, mais également du soutien à certains
établissements de 4 à 9 salles parmi lesquels on retrouve les
salles de cinéma indépendantes.
C'est pourquoi le CNC et la fédération des exploitants de salles
de cinéma sont convenus d'approfondir la concertation afin d'aboutir
à une réforme qui n'affecte pas ou peu la situation des
établissements de 4 à 9 salles. Dans un contexte marqué
par le développement des multiplexes, cette réforme devrait
permettre aux exploitants indépendants d'investir plus facilement dans
des équipements nouveaux qui sont aujourd'hui une condition
nécessaire à leur survie.
4. Encourager le développement des politiques locales en faveur du cinéma
Les collectivités territoriales ont progressivement
pris une part active à la politique du cinéma.
Dans le secteur de l'exploitation des salles de cinéma, nombre de
communes gèrent aujourd'hui des salles de cinéma
soit en
régie directe, soit à travers une gestion associative. Les salles
municipales qui relèvent de la gestion directe ou indirecte des
collectivités locales représentent, en effet, plus de 20 %
des salles actives. Les collectivités territoriales ont en outre la
possibilité, depuis l'adoption de la loi n° 92-651 du 13
juillet 1992, d'apporter aux salles de cinéma un soutien temporaire ou
partiel. S'appliquant aux salles de cinéma qui réalisent moins de
2.200 entrées hebdomadaires, la loi permet, en effet, aux
collectivités locales concernées de soutenir le fonctionnement
voire la rénovation d'une salle.
A côté de ces interventions directes, certaines
collectivités apportent à leur salle de cinéma des aides
indirectes : exonération partielle de la taxe
professionnelle ; organisation de manifestations de promotion ; aide
à une politique d'incitation tarifaire en faveur de publics
spécifiques.
Il faut souligner, à ce propos, l'action tout à fait positive de
l'association Villes et cinémas, qui rassemble des animateurs de salles
de cinéma ou de cinémathèques, et des élus locaux
impliqués dans la gestion d'un cinéma à statut municipal
ou simplement intéressés par le cinéma. Par des actions de
sensibilisation et de formation des professionnels comme des élus,
" Ville et cinéma " contribue à promouvoir les
politiques locales en faveur du cinéma aussi bien en France qu'en
Europe. Elle est, en effet, à l'origine de la création de
" Ville et cinémas en Europe ", qui rassemble des
professionnels du cinéma et des élus locaux des pays de l'Union
européenne.
L'intervention des collectivités locales en faveur de la distribution
de films se développe également.
Si l'aide directe des collectivités territoriales à des
sociétés de distribution n'est pas explicitement prévue
par la loi, dans le cadre de leur politique culturelle en faveur du
cinéma, certaines collectivités mettent en oeuvre des aides
indirectes à la distribution en favorisant la diffusion des films, par
la prise en charge du tirage de copies supplémentaires ou par des aides
apportées à la promotion, à la diffusion et à
l'animation des projections de films.
Dans le domaine de la production, certaines collectivités ont
contribué à mettre en place des dispositifs de soutien local
à la production. Ces interventions sont toutefois plus rares, car elles
se heurtent à des contraintes juridiques et financières.
Le cadre juridique des actions des collectivités territoriales en
matière de production cinématographique et audiovisuelle est, en
effet, variable selon qu'il s'agit d'actions culturelles ou d'actions
économiques. En effet, les lois de 1982 et 1983 ont opéré
une décentralisation culturelle, mais n'ont donné qu'une
compétence limitée aux collectivités territoriales en
matière d'action économique.
Jusqu'à présent, les aides financières à la
production cinématographique ont été
considérées comme des interventions à caractère
économique et ne figurent pas au nombre des aides directes que les
collectivités sont autorisées à accorder.
Cependant, toute collectivité peut mener des " actions de politique
industrielle " dans le cadre d'une convention conclue avec l'Etat,
" fixant les modalités des aides " qu'elle peut consentir.
C'est sur le fondement de cette disposition que la Région Nord-Pas de
Calais a pu attribuer une aide directe pour la production du film
" Germinal " en 1993, une convention tripartite ayant
été signée entre l'Etat (ministère de la culture,
avec le concours financier exceptionnel du CNC), la Région et la
société de production du film. De même, la région
Rhône-Alpes a du être autorisée par un décret en
Conseil d'Etat pour subventionner le centre européen
cinématographique Rhône-Alpes.
Compte tenu de ces contraintes et du rôle incontournable du CNC dans
l'économie du secteur, les activités cinématographiques ne
peuvent devenir un pôle de développement culturel et
économique local que si le CNC contribue à la mise en place de
politiques locales de soutien au cinéma.
Le CNC mène depuis 1989 une politique conventionnelle de partenariat
avec les collectivités locales. Celle-ci est cependant encore
très limitée : depuis 1989, seuls 116 accords contractuels
ont été signés ; le budget affecté à
cette politique a été en moyenne de 5 millions de francs par
an. Ces conventions ont permis de développer des actions de promotion du
cinéma, de soutenir la diffusion du cinéma de qualité, de
mettre en place des actions de formation, de sensibiliser à l'art
cinématographique le public scolaire.
Depuis 1996, le CNC a, en outre, élargi les thèmes abordés
par les conventions avec les collectivités au soutien à la
production en région, à l'accueil des tournages et au patrimoine
cinématographique. Cette année dans le cadre d'une convention de
développement cinématographique avec la région Auvergne,
le CNC s'est par exemple engagé sur le cofinancement d'un fonds d'aide
à la création de court-métrages.
Le ministère de la culture a entrepris d'examiner
l'opportunité d'un mécanisme complémentaire d'aide
territoriale à la production, financé sur le compte de soutien
aux industries cinématographiques et audiovisuelles.
Dans un cadre
contractuel avec les régions volontaires, le dispositif envisagé
permettrait la mise en place de fonds régionaux conjoints
Etat-Région susceptibles d'aider des projets de production et de
tournage en région.
Votre rapporteur souhaite que cette initiative puisse aboutir, car le
cinéma est sans nul doute un des axes porteurs des politiques
culturelles des collectivités locales.
B. DÉFENDRE LA POLITIQUE FRANÇAISE DU CINÉMA DANS LES NÉGOCIATIONS COMMUNAUTAIRES ET INTERNATIONALES
1. L'accord multilatéral sur les investissements : un risque pour le dispositif français de soutien à l'industrie cinématographique
L'insertion d'une clause d'exception culturelle dans les
accords du GATT avait permis de préserver la spécificité
de la politique culturelle française. L'accord multilatéral sur
les investissements en négociation depuis plus de deux ans à
l'OCDE met à nouveau en jeu le système de protection du secteur
culturel français, et en particulier le dispositif de soutien financier
à l'industrie cinématographique.
L'objectif de cette négociation est, en effet, de favoriser les
mouvements de capitaux et les investissements directs en assurant dans ce
domaine le respect des principes de la clause de la nation la plus
favorisée, du traitement national et de la non-discrimination par une
procédure de règlement des différends contraignante. Les
Etats parties au traité s'engageraient à supprimer toutes les
mesures de restriction à l'investissement. Ils conserveraient toutefois
à certaines conditions, la possibilité de déroger à
l'accord.
Cet accord devait être finalisé lors de la réunion
ministérielle du mois de mai 1997. Compte tenu du retard pris et des
importants problèmes non résolus, sa conclusion a
été reportée au mois de mai 1998.
Les désaccords entre les parties à la négociation portent
notamment sur le traitement qui doit être réservé à
la culture. Les Etats membres de l'Union européenne, qui
négocient chacun en leur nom, sont eux-mêmes divisés.
Compte tenu de la spécificité de ce secteur, certains Etats dont
évidemment la France jugeaient indispensable d'obtenir l'insertion d'une
clause d'exception générale en faveur des secteurs de
l'audiovisuel, du cinéma et la culture. D'autres estiment que le
dépôt d'une réserve spécifique pour les pays qui le
souhaitent serait suffisant.
La France a fait valoir qu'une demande de réserve spécifique
créerait des distorsions entre les différents Etats membres de
l'Union européenne. Dans ce cas, le secteur concerné n'est, en
effet, protégé que dans les Etats membres qui ont
déposé une réserve spécifique. En outre, le
dépôt d'une réserve spécifique est soumis à
la règle dites du
statu quo
qui suppose que les Etats ayant
déposé une réserve spécifique, après
recensement des aides et dispositifs concernés par l'accord, s'engagent
pendant une période donnée à ne plus les modifier.
L'enjeu de la négociation est pour la France d'une réelle
importance. Sur plusieurs points, la politique culturelle française est
en contradiction avec les objectifs de la négociation. D'une part, il
existe des restrictions directes à l'investissement dans les domaines de
la presse, de la radio et de la télévision. D'autre part, un
mécanisme, tel le compte de soutien qui, financé pour partie sur
une taxe prélevée sur l'ensemble des tickets de cinéma, ne
bénéficie qu'aux films d'initiative française, constitue
une restriction indirecte incompatible avec la clause du traitement national.
A défaut d'obtenir une clause d'exception générale, c'est
donc l'ensemble de notre dispositif de soutien au cinéma qui pourrait
être mis en cause.
Votre rapporteur souhaite donc que les efforts du Gouvernement pour obtenir
l'insertion d'une clause d'exception générale en faveur des
secteurs de l'audiovisuel et du cinéma soient soutenus comme ils l'ont
été lors des négociations du GATT.
2. La nouvelle directive " Télévision sans frontières "
La directive 97/36/CE modifiant la directive 89/552/CEE dite
" Télévision sans frontières " a
été adoptée le 30 juin 1997. La seule modification de
la directive TSF qui concerne directement le secteur cinématographique
est celle relative à la chronologie des médias.
L'article 7 de la directive du 3 octobre 1989 prévoyait que les
oeuvres cinématographiques ne pouvaient faire l'objet d'une diffusion
sur le petit écran pendant un délai de deux ans à compter
de la date de la première sortie du film en salle dans un pays membre de
l'Union européenne. Ce délai était ramené à
un an lorsque le film était coproduit par le diffuseur. En outre, des
délais plus brefs pouvaient être négociés par voie
d'accords contractuels entre les détenteurs de droits et les diffuseurs.
L'article premier de la directive supprime l'ancien dispositif et instaure un
régime d'accords contractuels entre les ayants-droit. L'article 7
dans sa nouvelle rédaction prévoit que " les Etats membres
veillent à ce que les radiodiffuseurs qui relèvent de leur
compétence ne diffusent pas d'oeuvres cinématographiques
au-delà des délais convenus entre les ayants-droit ". Ainsi,
la date de la première projection de l'oeuvre dans une salle de l'Union
européenne comme point de départ de la chronologie est
abandonnée au profit d'un régime contractuel plus adapté
à l'économie de ce secteur. En outre, le considérant
n° 32 souligne que " la question des délais
spécifiques à chaque type d'exploitation
télévisée des oeuvres cinématographiques doit, en
premier lieu, faire l'objet d'accords entre les parties
intéressées ou les milieux professionnels
concernés ".
Aussi le rôle des Etats est, semble-t-il, recentré sur le
" contrôle " du respect par les radiodiffuseurs qui
relèvent de leur compétence, des délais convenus avec les
ayants-droits. Il pourrait toutefois également appartenir aux Etats de
veiller à la conclusion d'accords entre les parties, d'étendre
éventuellement ces accords à l'ensemble de la profession et le
cas échéant de prévoir des règles applicables en
l'absence d'accord.
La directive 97/36/CE n'a, en revanche, pas modifié
l'article 4 de la directive TSF relatif aux quotas de diffusion des
oeuvres cinématographiques qui prévoit que les Etats membres
veillent " chaque fois que cela est réalisable et par des moyens
appropriés " à ce que les chaînes de
télévision réservent aux oeuvres européennes une
proportion majoritaire de leur temps de diffusion.
La France avait souhaité un renforcement de l'application des quotas par
la suppression de l'expression " chaque fois que cela est
réalisable " et par une définition plus stricte des oeuvres
audiovisuelles excluant en particulier les émissions de plateau. Peu
d'Etats membres se sont ralliés à cette position, et nombre
d'Etats dont l'Allemagne et le Royaume-Uni en tête ont même
souhaité supprimer toute référence aux quotas, ou ne les
maintenir que de façon temporaire. Le maintien de la clause indiquant
que les Etats membres veilleront à l'application des quotas
" chaque fois que cela est réalisable ", est donc apparu un
compromis acceptable. Il a, en outre, été convenu qu'un
" comité de contact " présidé par la commission
et composé de représentants des Etats membres sera chargé
de veiller à la bonne application de la directive. Ce comité de
suivi devra notamment définir plus précisément ce qu'il
faut entendre par " chaque fois que cela est réalisable ".
Le maintien d'un régime de quotas européens peu contraignant
n'empêche cependant pas les Etats membres de prendre comme l'indique
l'article 3 de la directive TSF de 1989 " des mesures plus
strictes
ou plus détaillées ".
De fait, la législation française sur les quotas de diffusion des
oeuvres cinématographiques est à la fois plus contraignante et
plus détaillée. En effet, les articles 27 et 70 de la loi du
30 septembre 1986 relative à la liberté de communication et
leurs décrets d'application prévoient que les services de
télévision diffusés en clair par voie hertzienne
terrestre, les services cryptés diffusés par voie hertzienne
terrestre, les services de télévision distribués par
câble, doivent, dans le nombre total annuel d'oeuvres
cinématographiques de longue durée qu'ils sont autorisés
à diffuser, en réserver 60 % au moins à la diffusion
d'oeuvres européennes, dont 40 % au moins à la diffusion
d'oeuvres d'expression originale française. Ces obligations doivent
également être respectées aux heures de grande
écoute, qui sont fixées en tenant compte de la
spécificité des différentes catégories de services
de télévision. Comme le constate le Conseil Supérieur de
l'Audiovisuel dans son rapport annuel, les chaînes de
télévision respectent bien ces dispositions.
La situation risque toutefois de changer avec la multiplication des
chaînes de télévision étrangères du
câble et du satellite et la pleine application du droit européen.
L'introduction en France de la technologie de diffusion numérique a
entraîné une explosion de l'offre de chaînes. Aux
6 canaux hertziens et à la vingtaine de chaînes
câblées qui existaient au début de l'année 1996 se
sont, en effet, ajoutées en l'espace d'un an plus de
60 chaînes nouvelles grâce au lancement de 3 bouquets
numériques.
Or, jusqu'à cet été le CSA maintenait un dispositif de
conventionnement des chaînes étrangères. Cette
procédure permettait au CSA de n'autoriser que les chaînes de
télévision qui s'engageaient à respecter un certain nombre
de règles propres au droit français en particulier les quotas de
diffusion des oeuvres cinématographiques. Le CSA a décidé
depuis de cesser le conventionnement des chaînes
étrangères, suite à la condamnation de la Belgique par la
Cour européenne de justice pour avoir maintenu le principe d'un
conventionnement des chaînes européennes non belges.
L'article 2 de la directive TSF prévoit, en effet, qu'un Etat
membre ne peut s'opposer à la retransmission sur son territoire des
émissions d'une chaîne de télévision relevant de la
compétence d'un autre Etat membre et autorisée par celui-ci que
dans des cas limités et définis par la directive. C'est en
particulier au seul Etat membre d'origine qu'incombe, notamment par la voie
d'un conventionnement, le contrôle de l'application du droit national aux
émissions de télévision ainsi que celui du respect des
dispositions de la directive et ce n'est que très exceptionnellement.
Ainsi les quotas français ne s'appliqueront plus qu'aux
opérateurs implantés en France, l'ensemble des opérateurs
des Etats membres devant toutefois respecter la législation
européenne. Cette situation suscite des inquiétudes. La
différence de traitement entre les chaînes implantées en
France et celles qui diffusent à partir d'autres Etats membres de la
Communauté pourrait éventuellement inciter certaines
chaînes à se délocaliser. Elle donne, en outre, un argument
supplémentaire à certains opérateurs français qui
réclamaient déjà un assouplissement de la
législation française en matière de diffusion des oeuvres
cinématographiques.
C'est pourquoi il convient de suivre cette question avec vigilance, en
particulier de veiller à ce que la législation européenne
soit effectivement appliquée dans les autres pays membres. Les quotas de
diffusion constituent, en effet, un enjeu culturel et économique
important. Ils participent à la formation du goût des
téléspectateurs pour les films français ou
européens. Ils constituent un moyen efficace d'offrir des
débouchés importants aux industries du cinéma
européen.
DEUXIÈME PARTIE :
THÉÂTRE
DRAMATIQUE
L'intervention de l'Etat dans le domaine de l'art dramatique
poursuit plusieurs objectifs complémentaires : promouvoir la diffusion
du spectacle vivant et élargir les publics du théâtre ;
encourager la création dramatique et favoriser l'émergence de
nouveaux talents.
Pour assurer ces missions, la direction du théâtre et des
spectacles du ministère de la culture, s'appuie en particulier sur
le
réseau des scènes publiques
.
Des subventions sont directement accordées d'une part, aux six grandes
institutions nationales que sont le conservatoire national d'art dramatique et
les cinq théâtres nationaux (Comédie Française,
théâtre de l'Odéon, théâtre national de
Chaillot, théâtre national de la Colline, et théâtre
national de Strasbourg) et d'autre part, au réseau de la
décentralisation dramatique qui se compose des centres dramatiques
nationaux et régionaux et des scènes nationales qui rassemblent
une soixantaine d'établissements de droit privé aux statuts
divers.
Le soutien à la diffusion et à la création
passe en
second lieu par l'aide accordée à plus de 600 compagnies
dramatiques indépendantes ainsi qu'au fonds de soutien au
théâtre privé.
Plusieurs dispositifs relatifs à l'écriture et aux auteurs
dramatiques ainsi qu'à l'enseignement de l'art dramatique viennent
compléter les moyens de la politique du théâtre.
I. LES GRANDES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE EN FAVEUR DU THÉÂTRE DRAMATIQUE
A. UNE PROGRESSION DES CRÉDITS AFFECTÉS AU THÉÂTRE DRAMATIQUE
L'ensemble des crédits affectés au spectacle
vivant s'élève à 4,2 milliards de francs, soit
277 millions de francs de crédits supplémentaires par
rapport à 1997 et une progression de 6,5 %.
Les crédits consacrés au théâtre dramatique, qui ne
représentent que 37 % des crédits consacrés au
spectacle vivant, s'élèvent pour 1998 à
1.554,4 millions de francs en dépenses ordinaires et autorisations
de programme contre 1.388,3 en 1997, soit 166 millions de francs de
crédits supplémentaires et une progression de 11,9 %.
Toutefois, hors crédits affectés à la rénovation du
théâtre de l'Odéon, cette progression n'est plus que de
4,8 %, soit 66 millions de francs de crédits
supplémentaires.
Après la diminution de 6,2 % de crédits en 1997, le budget
du théâtre pour 1998 connaît donc une progression
significative.
B. UNE DÉCONCENTRATION ACCRUE DES CRÉDITS D'INTERVENTION
Le budget du théâtre pour 1998 se
caractérise également par une plus grande déconcentration
des crédits. Une partie des crédits affectés au
théâtre dramatique et en particulier à certaines compagnies
dramatiques était d'ores et déjà
déconcentrée. Pour 1998, le pourcentage des crédits de la
direction du théâtre et des spectacles effectivement
déconcentrés devrait connaître une croissance sans
précédent en passant de 29 % à 47 %.
Cette évolution correspond à une réforme globale des
moyens d'intervention de l'Etat qui s'est en particulier traduite par
l'adoption du décret n° 97-34 du 15 janvier 1997 relatif
à la déconcentration des décisions administratives
individuelles. Ce décret prévoit qu'à partir du
1er janvier 1998, toutes les décisions individuelles relevant de
l'Etat seront prises par l'autorité déconcentrée
compétente. Cette déconcentration correspond, en outre, à
une volonté propre du ministère de la culture de
déléguer des tâches de gestion aux directions
régionales des affaires culturelles.
Sans nul doute, la proximité permet à certaines conditions une
meilleure administration. Les directions régionales des affaires
culturelles connaissent
a priori
mieux que l'administration centrale les
organismes subventionnés, leurs spécificités et leurs
besoins, car elles entretiennent avec eux des relations constantes. En outre,
dans le domaine du théâtre, les scènes nationales, les
centres dramatiques nationaux, comme les compagnies dramatiques font l'objet de
cofinancements de l'Etat et des collectivités locales. Dans ce cadre,
les services déconcentrés, sous l'autorité des
préfet de régions, sont
a priori
les mieux à
même de préparer en concertation avec les collectivités
locales, les contrats d'objectifs des organismes subventionnés.
L'expérience montre toutefois que la déconcentration ne contribue
à une meilleure gestion que si les services centraux changent
véritablement leur méthode de travail. La déconcentration
suppose, en particulier, la mise en place d'un réel pilotage des
politiques menées par les préfets de régions et les
directeurs régionaux des affaires culturelles. On imagine mal, en effet,
que la déconcentration des crédits se traduise par la mise en
oeuvre d'autant de politiques culturelles qu'il y a de directeurs
régionaux des affaires culturelles ou de préfets de
régions.
La mise en oeuvre de cette réforme devra donc être suivie avec
attention. Un décret relatif à la déconcentration des
crédits d'intervention du ministère de la culture, qui devrait
paraître avant la fin de l'année, permettra de savoir quel sera
l'étendue du pouvoir que conserveront les administrations centrales et
le ministre de la culture. On peut, en effet, se demander si ce dernier
conservera, par exemple, le pouvoir d'approuver les conventions d'objectifs
signées avec les scènes nationales et les contrats de
décentralisation relatifs aux centres dramatiques nationaux ?
Au-delà de ce cadre réglementaire, la réactivation des
conférences budgétaires entre les services centraux et les
services déconcentrés, l'élaboration des circulaires
d'emplois des crédits déconcentrés permettront de mesurer
la portée réelle de la déconcentration et la
qualité du dialogue entre les DRAC, les préfets de régions
et l'administration centrale du ministère de la culture.
Ce dialogue doit pouvoir se fonder sur un travail d'évaluation des
politiques menées. Une fois dégagée d'une partie des
tâches de gestion, la direction du théâtre et des spectacles
doit, en effet, pouvoir recentrer ses activités sur des missions de
conception et d'évaluation. Cela est d'autant plus une
nécessité que l'évaluation doit être la contrepartie
de la marge d'autonomie laissée aux DRAC.
Force est de reconnaître qu'en matière d'évaluation et
d'inspection le ministère de la culture ne dispose que de peu de moyens.
Certes, les travaux du services des études et prospectives du
ministère de la culture permettent aujourd'hui d'avoir une connaissance
générale des différents publics, des dépenses
culturelles des ménages et des collectivités locales. On reste
cependant très loin de pouvoir mesurer, au niveau d'une région,
les besoins des populations et l'impact des décisions prises. Les moyens
d'inspection du ministère de la culture sont également
très limités. On compte pour les domaines de la musique, de la
danse et du théâtre une vingtaine d'inspecteurs pour plus d'une
centaine de structures de diffusion et 600 compagnies subventionnées
pour le seul secteur du théâtre dramatique. Il serait donc
souhaitable que le ministère accompagne la déconcentration des
crédits par un renforcement des moyens d'inspection et
d'évaluation.
Le processus de déconcentration a également pour corollaire une
plus grande globalisation des crédits. Ainsi, cette année, le
ministère de la culture a-t-il procédé à une
simplification de sa nomenclature budgétaire en regroupant dans le
domaine du spectacle, d'une part, les interventions culturelles
d'intérêt national et, d'autre part, les interventions culturelles
déconcentrées. Ces regroupements donnent aux services une plus
grande souplesse dans la gestion de leurs crédits. Ils nuisent cependant
à la lisibilité et à la compréhension du budget
lors de son examen au Parlement. La globalisation des crédits ne permet
pas, en effet, au Parlement d'examiner les choix effectués entre
différents types d'action puisque ces choix seront opérés
après consultation des DRAC. Il y a là une évolution
préoccupante et un nouveau défi pour inventer des
procédures qui permettent d'approfondir la déconcentration sans
nuire à l'information ni au contrôle du Parlement.
II. UNE AUGMENTATION DES MOYENS ACCORDÉS AU SECTEUR PUBLIC DRAMATIQUE
A. LES THÉÂTRES NATIONAUX
1. Evolution des crédits
En 1997,
les subventions de fonctionnement accordées
aux cinq théâtres nationaux
ont atteint 335,4 millions de
francs. En 1998, elles
progressent de 4,5 % pour s'établir à
350,9 millions de francs.
Le tableau suivant retrace l'évolution des subventions d'exploitation
des cinq théâtres nationaux.
SUBVENTIONS D'EXPLOITATION
DES THÉÂTRES
DRAMATIQUES NATIONAUX
(1)
(en millions de francs)
Théâtres dramatiques nationaux |
1995 |
Variations 1994-1995
|
1996 |
Variations 1995-1996
|
1997 |
Variations 1996-1997
|
1998 |
Variations 1997-1998
|
Comédie Française (1)(2) |
136,20 |
+5,27 |
139,78 |
+1,3 |
136,72 |
-2,2 |
140,21 |
2,6 |
Théâtre de Chaillot (1) |
60,24 |
+2,24 |
61,35 |
+1,4 |
61,10 |
- 0,4 |
61,166 |
0,1 |
Théâtre de l'Europe |
51,23 |
-2,04 |
51,81 |
+1,1 |
51,81 |
0,0 |
54,285 |
4,8 |
Théâtre de la colline (1) |
37,34 |
+5,56 |
38,07 |
+0,6 |
38,92 |
2,2 |
39,669 |
1,9 |
Théâtre de
Strasbourg
|
45,10 |
+13,58 |
46,91 |
+1,6 |
46,77 |
1,3 |
55,667 |
19,2 |
TOTAL |
330,02 |
+4,6 |
337,20 |
+2,2 |
335,42 |
-0,5 |
350.99 |
4.7 |
Source : OTS
(1)
Subventions d'exploitation des crédits du
chapitre 36.60
(2)
et caisse de retraite
(3)
Subventions du théâtre et de l'école
nationale de Strasbourg
Le théâtre national de Strasbourg bénéficie d'une
mesure nouvelle de 3,85 millions de francs qui doit lui permettre de faire
face aux besoins nés de la réouverture du théâtre.
Deux emplois non budgétaires sont créés afin de faire face
aux exigences de maintenance et de sécurité.
La mesure nouvelle dont bénéficie le théâtre
national de l'Odéon doit lui permettre de financer le surcoût
lié au fonctionnement du théâtre pendant les travaux de
rénovation entrepris sur le bâtiment.
Une mesure nouvelle de 0,75 million de francs est accordée au
théâtre national de la Colline afin de lui permettre de
développer son programme artistique.
Les théâtres nationaux bénéficieront
également de 138 millions de francs de crédits
d'équipement en 1998
.
L'essentiel de ces crédits d'équipement sera consacré
à une subvention d'investissement de 121 millions de francs
inscrite au titre VI destinée au Théâtre de
l'Odéon. La Comédie française bénéficie
également de 8 millions de francs sur le titre V pour
poursuivre des travaux de rénovation.
BILAN D'EXPLOITATION DES THÉÂTRES
NATIONAUX DRAMATIQUES
1995 |
1996 |
1997 |
||
Comédie Française |
Budget total dont
:
|
163 167
|
168 919
|
165 288
|
Théâtre national de
l'Odéon
|
Budget total dont :
|
79 949
|
72 115
|
75 305
|
Théâtre national de Chaillot |
Budget total dont
:
|
92 709
|
90 404
|
89 690
|
Théâtre de la Colline |
Budget total dont
:
|
46 528
|
49 960
|
51 526
|
Théâtre national de Strasbourg |
Budget total
dont :
|
56 781
|
59 449
|
53 686
|
Source DTS
2. La rénovation du théâtre de l'Odéon
La rénovation du théâtre de l'Odéon
est programmée en 1998. Elle comprend la mise aux normes de
sécurité du théâtre, la rénovation de la
salle et de ses circulations. Elle intégrerait également la
construction d'une deuxième salle d'environ 200 places sous le
parvis du théâtre.
Le projet en est au stade des études. Les travaux de rénovation
ont obtenu l'autorisation de la commission supérieure des monuments
historiques, à l'exception de la décoration de la salle pour
laquelle un supplément d'étude a été
demandé. La durée du chantier est estimée à environ
un an et demi, pendant lequel le théâtre devrait fermer.
Le coût total de l'opération devrait atteindre 150 à
200 millions de francs. Pour 1998, 121 millions de francs sont
prévus pour la première phase des travaux.
B. LE RÉSEAU DE LA DÉCENTRALISATION DRAMATIQUE
Les centres dramatiques nationaux, les scènes
nationales et les théâtres missionnés devraient
bénéficier en 1998 d'une partie des 20 millions de francs de
mesures nouvelles sur le titre IV. La répartition de ces mesures
nouvelles devrait s'effectuer après les conférences
budgétaires réunissant les DRAC et les directions
compétentes du ministère de la culture.
Rappelons qu'en 1997, les crédits affectés
aux
établissements de la décentralisation dramatique se sont
élevés à 566,2 millions de francs.
Parmi ces crédits, 320,7 millions de francs ont été
affectés aux
centres dramatiques nationaux
et aux centres
nationaux pour l'enfance et la jeunesse. La mise en oeuvre du nouveau
contrat-type de décentralisation dramatique s'est, par ailleurs,
poursuivie. De nouveaux contrats ont été passés avec tous
les nouveaux directeurs nommés en 1997.
Les scènes nationales
qui regroupent 62 établissements sur
l'ensemble du territoire ont bénéficié en 1997 d'une
subvention de 231,9 millions de francs. Les subventions de l'Etat
représentent 27 % des ressources totales des scènes
nationales, le reste étant assuré par les collectivités
territoriales (49 %) et par autofinancement (23 %). En 1998, le
ministère de la culture entend, par ailleurs, mettre en place un nouveau
contrat d'objectifs avec les scènes nationales.
La politique d'encouragement aux théâtres dramatiques
missionnés
qui se distinguent par la qualité de leur
programmation et l'importance de la fréquentation a
bénéficié en 1997 de 3,7 millions de francs.
Les établissements de la décentralisation dramatique
bénéficieront également de 49,4 millions de francs
de subventions d'équipement contre 33,9 millions de francs en 1997. Ces
crédits inscrit au titre VI seront affectés à des travaux
d'aménagement de scènes nationales, centre dramatiques nationaux
et théâtres municipaux.
L'année 1998 devrait également être marquée par la
publication d'
une charte du service public du spectacle vivant
. Le
ministère de la culture entend ainsi affirmer la
légitimité d'un secteur public de la production et de la
diffusion des spectacles vivants en définissant plus
précisément les obligations de service public des structures
subventionnées. Il s'agirait, à l'issue d'une consultation des
organisations professionnelles du spectacle vivant et des associations
d'élus, d'une part, de préciser leurs obligations en
matière de soutien aux créateurs et artistes, d'actions
d'animation locale, de démocratisation des pratiques artistiques, et
d'autre part de rappeler les règles économiques, comptables et
sociales qui s'imposent aux directeurs et aux administrateurs de ces
structures. Au-delà d'une dimension pédagogique, cette charte
devrait servir de référence à la rédaction des
contrats d'objectifs des scènes nationales et des contrats de
décentralisation des centres dramatiques nationaux de façon
à harmoniser les obligations de ces différentes structures sur le
territoire.
III. LA POLITIQUE DE SOUTIEN À LA CRÉATION ET À LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX TALENTS VOIT SES MOYENS MAINTENUS
Plusieurs types d'aides sont accordées aux compagnies dramatiques indépendantes, aux théâtres privés et aux auteurs dramatiques.
A. L'AIDE AUX COMPAGNIES DRAMATIQUES
En 1997,
le montant global des crédits
affectés aux compagnies indépendantes s'est élevé
à 175,9 millions de francs. Ainsi, en France métropolitaine,
609 compagnies auront bénéficié du soutien de
l'Etat en 1997 contre 597 en 1996. Le nombre de compagnies aidées reste
donc relativement stable.
Votre rapporteur se félicite que, pour la quatrième année
consécutive, ces crédits n'aient finalement pas fait l'objet
d'annulations en cours d'année.
Il observe cependant que l'incertitude quant au montant et à la date du
versement des subventions a, cette année encore, pénalisé
les compagnies dramatiques. Elle a entraîné non seulement des
difficultés de programmation des opérations artistiques mais
également des difficultés de trésorerie qui se sont
traduites par une augmentation sensible de leurs frais financiers. Ainsi une
partie des subventions accordées aux compagnies dramatiques profite
avant tout aux banques. Cela est d'autant plus dommageable que ces retards
pénalisent davantage les petites structures indépendantes que les
structures plus importantes qui disposent souvent de fonds de roulement
suffisants pour en amortir les effets.
Pour une partie des compagnies dramatiques, les conséquences de cette
incertitude sont toutefois en partie atténuées par
la
contractualisation des subventions.
En effet, depuis 1991, les modalités de soutien aux compagnies
indépendantes ont été différenciées pour
garantir aux compagnies les plus expérimentées un plan de
financement stable. Parmi les dispositifs, on distingue :
-
la contractualisation sur deux ou trois ans
définie par un
cahier des charges que la compagnie s'engage à respecter et renouvelable
après évaluation des résultats. Cette contractualisation,
par les garanties qu'elle offre, tend à faciliter l'élaboration
d'une programmation à long terme et à conforter l'implantation
des compagnies auprès des collectivités locales qui accordent
souvent un complément de subvention. En 1996, 201 compagnies ont
bénéficié de ce type de conventions contre 181 en
1995 ;
-
l'aide annuelle au fonctionnement
, accordée aux compagnies dont
le travail est jugé satisfaisant, mais dont la notoriété
ou l'implantation n'a pas encore atteint le niveau suffisant pour
accéder au conventionnement. Après avis du groupe d'experts
assistant les directions régionales des affaires culturelles,
216 aides de ce type ont été accordées en 1996 contre
219 en 1995 ;
-
les aides ponctuelles
versées aux projets de jeunes compagnies
débutantes ou aux projets de personnalités confirmées qui
ne souhaitent pas avoir d'activité régulière de mise en
scène. 180 aides ont été attribuées en 1996
contre 168 en 1995.
Le tableau ci-après retrace l'évolution du nombre de compagnies
indépendantes soutenues entre 1991 et 1996 en France
métropolitaine, par région et par catégorie d'aide.
On notera que 36 % des compagnies aidées sont conventionnées
en Ile-de-France. Un certain rééquilibrage se dessine cependant,
puisqu'en 1991, les compagnies implantées en Ile-de-France
représentaient 44 % des compagnies aidées.
La réforme des modalités d'attribution des aides aux compagnies
s'est traduite par une augmentation de 22 % du nombre de compagnies
conventionnées entre 1991 et 1996. Dans la même période, le
nombre d'aides annuelles au fonctionnement a régressé de
17 % et les aides ponctuelles sont restées globalement stables.
RÉPARTITION DES AIDES ATTRIBUÉES AUX
COMPAGNIES INDÉPENDANTES
EN FRANCE MÉTROPOLITAINE
(1991-1996)
CONVENTIONS PLURIANNUELLES |
AIDE ANNUELLE AU FONCTIONNEMENT |
AIDE AU PROJET |
TOTAL PAR RÉGION |
|||||
1991 |
1996 |
1991 |
1996 |
1991 |
1996 |
1991 |
1996 |
|
ALSACE |
3 |
3 |
6 |
7 |
4 |
8 |
13 |
18 |
AQUITAINE |
2 |
5 |
7 |
8 |
6 |
9 |
15 |
22 |
AUVERGNE |
1 |
3 |
6 |
3 |
4 |
6 |
11 |
12 |
BOURGOGNE |
3 |
0 |
7 |
10 |
6 |
6 |
16 |
16 |
BRETAGNE |
2 |
3 |
6 |
3 |
6 |
9 |
14 |
15 |
CENTRE |
3 |
5 |
5 |
8 |
10 |
3 |
18 |
15 |
CHAMPAGNE/ARDENNES |
3 |
0 |
5 |
9 |
2 |
6 |
10 |
15 |
FRANCHE COMTE |
2 |
2 |
2 |
3 |
8 |
1 |
12 |
6 |
ILE-de-FRANCE |
85 |
106 |
122 |
75 |
52 |
35 |
259 |
216 |
LANGUEDOC |
5 |
13 |
11 |
4 |
6 |
15 |
22 |
32 |
LIMOUSIN |
2 |
1 |
2 |
2 |
3 |
6 |
7 |
9 |
LORRAINE |
3 |
5 |
3 |
0 |
9 |
10 |
15 |
15 |
MIDI-PYRÉNÉES |
0 |
5 |
8 |
12 |
8 |
0 |
16 |
17 |
NORD-PAS-DE-CALAIS |
2 |
7 |
6 |
2 |
4 |
9 |
12 |
18 |
BASSE-NORMANDIE |
0 |
2 |
6 |
9 |
0 |
10 |
6 |
21 |
HAUTE-NORMANDIE |
1 |
4 |
6 |
6 |
3 |
4 |
10 |
14 |
PAYS-DE-LOIRE |
4 |
9 |
9 |
14 |
5 |
2 |
18 |
25 |
PICARDIE |
1 |
2 |
9 |
5 |
3 |
6 |
13 |
13 |
POITOU |
1 |
1 |
4 |
4 |
10 |
8 |
15 |
13 |
PACA |
13 |
8 |
11 |
20 |
19 |
2 |
43 |
30 |
RHÔNE-ALPES |
13 |
18 |
21 |
12 |
9 |
25 |
43 |
55 |
TOTAUX |
149 |
201 |
262 |
216 |
177 |
100 |
588 |
597 |
Ainsi, cette réforme a sans doute favorisé une professionnalisation des compagnies indépendantes. L'augmentation du nombre de conventions incite, en effet, les compagnies à définir un projet artistique pluriannuel et à allonger la durée de diffusion des spectacles. A l'inverse la diminution des aides annuelles de fonctionnement, qui dans la pratique étaient souvent reconduites d'année en année, entraîne certaines compagnies à se tourner vers une aide ponctuelle et peut ainsi les inciter à préciser leur projet artistique.
B. LE SOUTIEN AU THÉÂTRE PRIVÉ
Le soutien accordé par l'Etat au secteur privé
dramatique est assuré par
le fonds de soutien pour le
théâtre privé
. Ce fonds, géré par les
professionnels, est alimenté par quatre types de recettes : une
taxe parafiscale prélevée sur les recettes d'exploitation des
adhérents, une cotisation volontaire des théâtres
souhaitant bénéficier de l'aide à l'équipement, des
subventions versées respectivement par l'Etat et la Ville de Paris.
En 1997, le budget de l'association pour le soutien au théâtre
privé s'est élevé à 90,75 millions de francs.
Le produit de la taxe parafiscale et des cotisations volontaires
représente un peu moins de la moitié des recettes de
l'association, le reste étant assuré par la subvention de l'Etat
et celle de la Ville de Paris. Le concours de l'Etat pour l'exercice 1997 a
atteint 24,8 millions de francs, contre 17,4 millions de francs pour
la Ville de Paris. Cette année encore, la parité avec l'Etat
à laquelle s'était engagée la municipalité n'a pas
été respectée. En 1998, la subvention de l'Etat devrait
être reconduite au même niveau qu'en 1997.
Grâce à l'exploitation permanente des spectacles qu'ils produisent
et aux tournées qu'ils organisent, les théâtres
privés accueillent un public important. Toutefois, ils subissent depuis
dix ans les effets d'une régression de près de 30 % de leur
fréquentation. Durant la même période, le prix moyen des
places a augmenté de 48 %.
Pour faire face à cette évolution défavorable, certains
théâtres privés ont réagi pour se constituer en
théâtres de répertoire, beaucoup se sont transformés
en théâtres grand public, se donnant pour mission d'assumer les
risques de spectacles à budget élevé.
Il est cependant à craindre que les effets conjugués de la baisse
de la fréquentation et de l'inflation des budgets de production
conduisent les théâtres privés à renoncer à
une politique de création pour se contenter d'une fonction d'accueil.
Dans ce contexte, le soutien de l'Etat contribue à maintenir la
diversité et la qualité de l'offre de spectacles dramatiques.
C. L'AIDE AUX AUTEURS DRAMATIQUES
L'effort effectué en faveur des auteurs dramatiques
s'est poursuivi en 1997 dans le cadre des nouvelles modalités d'aides
à la création dramatique mises en place par l'arrêté
du 2 janvier 1995. Il a toutefois souffert cette année encore des
mesures de régulation budgétaire qui ont amputé une
proportion importante de ses crédits.
La réforme de 1995 a permis de recentrer l'aide à la
création sur l'auteur et d'ouvrir cette aide à une plus grande
variété d'oeuvres. Ainsi, les critères de
recevabilité des dossiers ont été assouplis et les modes
d'intervention de la commission ont été modifiés afin de
mieux prendre en considération la diversité des dossiers.
Le dispositif de soutien aux auteurs dramatiques s'appuie désormais sur
quatre types d'aides :
-
l'aide au montage
, réservée aux textes recueillant
l'unanimité des lecteurs. Son montant est fixé en fonction de
l'importance du projet et est mis à disposition de l'auteur pendant
trois ans ;
-
l'aide d'encouragement
à l'auteur comprise entre 4.000 et
30.000 francs, destinée aux jeunes auteurs dont le talent a
été jugé prometteur.
Parallèlement à ces deux dispositifs directement issus de la
réforme de 1995, ont été maintenues :
-
les aides à " la recherche théâtrale "
destinées à soutenir les projets associant plusieurs modes
d'expression ;
-
les aides à la première reprise
dont la vocation est
d'encourager la reprise de texte qui ont bénéficié de
l'aide à la création dramatique lors de leur montage.
Au titre de l'exercice 1997, la commission a tenu deux sessions, l'une en
janvier pour se prononcer sur les dossiers de la session de juin 1996,
différée en raison des mesures d'annulation, et une session
unique pour l'année 1997 au lieu des deux sessions habituelles afin de
rétablir une situation normale pour 1998.
Sur les 245 dossiers qui avaient été déposés
pour la seconde session 1996, 39 ont été retenus pour un montant
global d'aides de 2,3 millions de francs. Pour la session unique de 1997,
la commission a examiné 269 dossiers dont 34 avaient
été retenus pour un montant de 2,4 millions de francs.
Toutefois, suite à l'annulation de 2,3 millions de francs
intervenue en juillet 1997 sur le chapitre 43-92, article 41,
où sont imputées les aides aux auteurs, le montant des aides a
été réduit à 1,3 million de francs
répartis entre 20 projets.
La politique de soutien aux auteurs dramatiques s'appuie également sur
des commandes publiques aux auteurs. En 1997, le nombre d'auteurs ayant
bénéficié d'une commande des pouvoirs publics s'est
élevé à 15 contre 19 en 1996 et 33 en 1995. Le montant
global des commandes est ainsi passé de 1,2 million de francs en
1995 à 700.000 de francs en 1996. En 1997, suite à
l'arrêté d'annulation de juillet dernier, ce montant a
été ramené à 480.000 francs.
La Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, où est installé le
Centre national des écritures, a enfin bénéficié en
1997 d'une subvention de 7,1 millions de francs qui sera reconduite en
1998.
Votre rapporteur observe que, depuis plusieurs années, les aides aux
auteurs font l'objet de mesures d'annulation qui s'élèvent
parfois à plus de 50 % des budgets prévus. Dans ces
conditions, il faut se féliciter que les aides publiques à
l'écriture dramatique bénéficient dans le projet de loi de
finances pour 1998 d'une mesure nouvelle de 500.000 francs.
On peut
toutefois se demander si la meilleure politique ne serait pas de reconduire les
crédits à leur niveau de 1997 tout en garantissant qu'ils ne
seront pas amputés en cours d'année.
D. L'ENSEIGNEMENT DE L'ART DRAMATIQUE
En soutenant les écoles spécialisées et
les classes d'art dramatique des conservatoires, le ministère de la
culture contribue non seulement à la formation de futurs professionnels
mais également au développement de la pratique de l'art
dramatique.
Pour assurer cette mission, le ministère dispose de plusieurs types
d'actions :
En matière de sensibilisation
, la direction du
théâtre et des spectacles a mis en place avec le ministère
de l'éducation nationale des " enseignements obligatoires "
conduisant au baccalauréat option " théâtre et
expression dramatique " proposé dans 114 lycées. Le
ministère de la culture a consacré 11,1 millions de francs
en 1997 à la rémunération des équipes artistiques
assurant en partenariat avec les enseignants l'encadrement de ces
enseignements. En 1998, une mesure nouvelle d'un million de francs devrait
permettre d'augmenter le nombre de lycées offrant ce type d'enseignement.
L'initiation des jeunes comédiens
relève des
conservatoires nationaux de région et des écoles nationales de
musique, essentiellement financés par les collectivités locales,
qui comprennent 50 classes d'art dramatique.
L'enseignement professionnel
est assuré par deux écoles
nationales d'art dramatique placées sous la tutelle du ministère
de la culture :
-
le Conservatoire national supérieur d'art dramatique
qui
dispense un enseignement gratuit de formation au métier de
comédien et bénéficie pour 1998 d'une dotation de l'Etat
de 5,41 millions de francs contre 5,26 en 1997 ;
-
l'Ecole du théâtre national de Strasbourg
qui dispense
également un enseignement gratuit pour les comédiens et
techniciens du spectacle. Elle a reçu en 1997 une dotation de
5,085 millions de francs ;
- d'autres enseignements à caractère professionnel sont
cofinancés par l'Etat et les collectivités locales, par voie de
convention :
. les conservatoires de région de Bordeaux et de Montpellier,
. les écoles des centres dramatiques nationaux, du Théâtre
national de Bretagne et de la Comédie de Saint-Etienne,
. l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes.
Au total, les crédits consacrés par le ministère de la
culture aux enseignements et aux formations s'élèvent à
68,1 millions de francs pour 1998 contre 63,14 millions de francs en
1997, soit une progression de 7,9 %.
Ces crédits budgétaires sont toutefois insuffisants. C'est
pourquoi une très grande partie des cours d'art dramatique
relèvent du secteur privé ou sont subventionnés par les
collectivités locales qui ont fait preuve d'un exceptionnel dynamisme
dans ce secteur.
Cette situation n'apparaît cependant pas satisfaisante. Elle aboutit
en premier lieu à créer une répartition très
inégale des structures d'enseignement du théâtre dramatique
sur le territoire.
Certains départements, voire certaines
régions, sont ainsi dépourvus de structure de formation de
qualité.
L'absence d'un véritable réseau d'enseignement public du
théâtre dramatique crée en second lieu des
difficultés pour les jeunes apprentis comédiens qui souhaitent
préparer le conservatoire et qui doivent se tourner vers des cours
privés dont les frais de scolarité ne sont pas accessibles
à tous. La très grande majorité des élèves
reçus au conservatoire de Paris ou de Strasbourg sont ainsi issus de
cours privés parisiens. Cette situation aboutit donc de fait à
favoriser ceux qui ont les moyens de poursuivre leurs études à
Paris et de payer des cours privés.
Plus généralement, l'absence d'un réseau structuré
d'enseignement public d'art dramatique dans chaque département, comme
c'est le cas dans le secteur de la musique, conduit à délaisser
le théâtre amateur qui, de ce fait, se développe en marge
de toute structure d'enseignement. Or, comme par ailleurs, une des
subtilités de la répartition des compétences
ministérielles a voulu que le théâtre relève du
ministère de la jeunesse et des sports et non du ministère de la
culture, il n'y a pas, comme c'est le cas en matière de pratique
musicale amateur, de politique en faveur du théâtre amateur.
Cela est regrettable car la pratique amateur devrait constituer un des
objectifs majeurs de la politique culturelle. Que chacun puisse participer
activement à une pratique culturelle, que chacun trouve à travers
l'art de son choix matière à exprimer sa personnalité,
n'est-ce pas là l'objectif des politiques culturelles menées
successivement par M. André Malraux, M. Jacques Duhamel et
M. Jack Lang ? L'accès du plus grand nombre aux oeuvres de
l'esprit ne passe-t-il pas autant sinon plus par le développement des
pratiques amateurs que par la création de grands établissements
culturels ?
La mise en place d'une véritable politique du théâtre
amateur serait souhaitable
. Cette politique, qui pourrait notamment passer
par le renforcement du réseau d'enseignement, la mise à
disposition de salles voire de costumes aurait indirectement un effet sur la
politique à l'égard des compagnies dramatiques
indépendantes. On considère, en effet, que l'absence de soutien
au théâtre amateur incite un certain nombre de troupes d'amateurs
à s'autoproclamer troupes professionnelles afin de recevoir des
subventions. Un soutien accru au théâtre amateur limiterait sans
doute ce processus. Couplée avec un renforcement du réseau
d'enseignement d'art dramatique, l'aide au théâtre amateur
permettrait, en outre, de structurer la profession de comédien.
IV. UN SUJET DE PRÉOCCUPATION : LE STATUT DES INTERMITTENTS
Le théâtre dramatique, comme l'ensemble du
spectacle vivant, se caractérise par une organisation du travail
particulière fondée en grande partie sur le salariat
intermittent. Cette succession de contrats de travail à courte
durée auprès de différents employeurs touche aujourd'hui
plus de la moitié des actifs du secteur.
On observe depuis dix ans une augmentation du nombre des intermittents. Tous
secteurs confondus, leur nombre a doublé de 1985 à 1994. En 1994,
on dénombrait 68.000 intermittents dont près de la
moitié dans le spectacle vivant. En outre, les contrats d'intermittence
se traduisent aujourd'hui par une plus grande précarité comme
l'illustre la réduction de la durée moyenne des contrats de
24,5 jours en 1985 à 8,7 jours en 1994. Ces évolutions
ont conduit à ce que le régime d'assurance chômage des
intermittents du spectacle, prévu par les annexes VIII et X de l'UNEDIC,
joue un rôle croissant dans l'économie du spectacle vivant.
Or, ce régime est depuis quelques années structurellement
déficitaire. Pour un franc collecté, le montant reversé
aux 40.000 intermittents indemnisés en 1995 a été
estimé à 4,5 francs, le déficit des annexes ayant
été évalué à 2,186 milliards de francs.
En novembre 1996, alarmés par la menace avancée par le CNPF de
non-reconduction des annexes VIII et X, les intermittents ont fait preuve
d'une mobilisation importante. Face à cette situation, le ministre de la
culture, en collaboration avec le ministre du travail et des affaires sociales,
a chargé M. Pierre Cabanes, conseiller d'Etat, d'une mission de
proposition.
Celui-ci a présenté en mars 1997 une note d'orientation
acceptée par les parties concernées. Les deux ministres
concernés se sont engagés à mettre en oeuvre des mesures
portant sur :
- une meilleure connaissance du marché du travail dans les secteurs du
spectacle vivant et de l'audiovisuel,
- la lutte contre l'évasion des charges sociales,
- la rénovation du fonctionnement des entreprises du spectacle vivant,
- un accompagnement de la concertation des professionnels du spectacle pour
aboutir à des règles plus claires, acceptées par tous, du
recours à des contrats à durée déterminée
d'usage.
L'ensemble de ces engagements a permis la prorogation en l'état des
annexes VIII et X jusqu'au 31 décembre 1998.
Votre
rapporteur s'en félicite, car le statut des intermittents constitue
aujourd'hui un élément essentiel de soutien aux activités
théâtrales. Il souhaite dans cette perspective que cet accord
signé le 28 mars dernier entre les partenaires sociaux et les
pouvoirs publics soit pleinement appliqué.
L'Etat s'est, en effet,
engagé sur des actions précises portant sur :
- la création d'une commission mixte paritaire composée des
professionnels du spectacle,
- la création d'un guichet unique pour la déclaration et le
paiement des charges sociales par les employeurs occasionnels du spectacle
vivant,
- la vérification du respect des obligations sociales
préalablement aux subventions des structures par le ministère de
la culture et de la communication,
- une réforme des régimes des entreprises de spectacles.
Jusqu'à présent, la commission mixte paritaire n'a toujours pas
été constituée. Compte tenu de l'éclatement des
syndicats d'employeurs et de salariés, la tâche n'est, il est
vrai, pas facile. Une fois constituée, cette commission aura la mission
difficile de définir des règles communes en matière de
recours au contrat d'intermittence.
En revanche, une convention nationale de partenariat entre le ministère
chargé de la culture et le ministère chargé de l'emploi
pour la lutte contre le travail illégal a été
signée le 21 mai dernier. La création d'un guichet unique
devrait également pouvoir aboutir en 1998, une première
expérience dans un département pilote devant être
lancée d'ici la fin de l'année.
Enfin, un projet de loi portant réforme de l'ordonnance des spectacles,
a été déposé au Parlement.
Ce projet de loi s'articule autour de quatre axes :
- une définition des entrepreneurs de spectacles vivants ordonnée
en trois catégories fondées sur la réalité des
métiers du spectacle vivant, qui se substitue à la
définition actuelle en six catégories en fonction du genre
artistique ;
- la mise en place d'un régime uniforme applicable à tous les
entrepreneurs de spectacles vivants quel que soit leur statut, privé ou
public, à but lucratif ou non ;
- la simplification et l'allégement des règles applicables aux
spectacles occasionnels ;
- la mise en oeuvre de moyens de contrôle efficaces et de sanctions
dissuasives, en particulier en cas de non-respect des lois et règlements
relatifs au contrat de travail et aux obligations de l'employeur en
matière de protection sociale.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Lors d'une séance tenue dans la matinée du 13
novembre 1997, la commission a procédé à
l'examen du
rapport pour avis
présenté par M. Marcel Vidal sur
les crédits du cinéma et du théâtre dramatique pour
1998.
Un débat s'est ensuite engagé.
M. Franck Sérusclat
a demandé si l'opposition souvent
évoquée entre les multiplexes et les petites salles était
pertinente dans la mesure où certains exploitants possèdent les
deux types d'établissements. Observant que la part de marché des
films américains en France stagnait, alors que celle des films en
provenance d'autres pays tels que le Japon, l'Inde ou les pays de l'Est
augmentait, il a demandé si, réciproquement, les films
français étaient diffusés dans ces pays. Il s'est ensuite
interrogé sur les répercussions que pourraient avoir les
nouvelles technologies sur le mode de diffusion des films en salle. Il a enfin
demandé quels efforts étaient menés pour soutenir les
salles de cinéma installées dans les petites communes rurales.
M. James Bordas
a souhaité savoir si le bilan de l'implantation
des multiplexes en France était ou non positif. Rejoignant les propos de
M. Franck Sérusclat, il a demandé s'il était
justifié de consacrer 20 millions de francs de mesures nouvelles au
soutien des salles de cinéma situées dans les zones d'influence
des multiplexes, dans la mesure où une partie de ces salles appartient
aux mêmes circuits d'exploitation que les multiplexes. Il a
souhaité savoir si les crédits du ministère de la culture
affectés au budget du cinéma pour 1998 étaient en
progression par rapport à 1997. Il a, enfin, demandé à
combien s'élevaient les crédits du ministère de la
jeunesse et des sports consacrés au théâtre amateur.
Le président Adrien Gouteyron
s'est félicité que la
commission consacre un avis spécifique aux crédits du
cinéma et du théâtre dramatique, ce qui permet à son
rapporteur d'effectuer un travail en profondeur. Il a fait observer que les
débats suscités par les multiplexes relevaient d'un débat
plus général sur la concentration des circuits de distribution et
d'exploitation du cinéma français. Soulignant que le
théâtre amateur jouait un rôle important en milieu rural et
exigeait une politique de proximité, il s'est demandé si un
transfert de cette compétence des directions départementales de
la jeunesse aux directions régionales de l'action culturelle ne
risquerait pas d'altérer cette politique de proximité.
En réponse aux différents intervenants,
M. Marcel Vidal,
rapporteur pour avis,
a apporté les précisions suivantes :
- au niveau national, le développement des multiplexes semble avoir
contribué à la reprise de la fréquentation des salles.
Cependant, au niveau local, leur développement peut rompre certains
équilibres urbains. Les commissions départementales
d'équipement cinématographique peuvent, si les élus
membres de ces commissions s'y impliquent, jouer un rôle positif dans la
régulation de leur implantation ;
- la diffusion des films français à l'étranger fait
l'objet d'un effort soutenu de l'association Unifrance, qui est chargée
de la promotion des films français à l'étranger ;
- on observe une tendance à la réouverture des salles de
cinéma des communes rurales, en particulier grâce à
l'intercommunalité. L'implication des communes est cependant
inégale selon les régions. Les salles de cinéma des
petites communes peuvent, en outre, recevoir le soutien de l'Agence pour le
développement régional du cinéma (ADRC), qui a notamment
pour objet le maintien des salles de cinéma en milieu rural ;
- dans certaines villes, des petites salles de centre-ville appartiennent aux
mêmes circuits d'exploitation que les multiplexes implantés dans
la périphérie, ce qui peut effectivement nuire à
l'efficacité de la politique menée en faveur des petites salles ;
- les crédits du ministère de la culture affectés au
budget du cinéma pour 1998 progressent de 2,9 % par rapport à
1997 ;
- il a été demandé au ministre de la jeunesse et des
sports d'établir un bilan de l'action de son ministère en faveur
du théâtre amateur.
A l'issue de ce débat,
la commission, suivant les propositions de son
rapporteur, a décidé de donner un avis favorable à
l'adoption des crédits pour 1998 du cinéma et du
théâtre dramatique.
1 C'est-à-direIl s'agit des films dont le financement est entièrement français et les coproductions majoritairement françaises.