B. LA CROISSANCE DE L'EXCÉDENT COMMERCIAL DE LA FRANCE
1. Analyse d'ensemble
Depuis 1992, la France a renoué avec les
excédents commerciaux qui ont atteint, en 1996, 89 milliards de
francs.
Un résultat encore supérieur est prévu pour
1997 puisque l'excédent cumulé sur 7 mois
s'élève, d'ores et déjà, à
102,5 milliards.
Par rapport aux 7 premiers mois de 1996, nos importations augmentent de
5,6 %, signe que la demande intérieure redémarre lentement,
avec une tendance à l'accélération sur les derniers mois.
Le dynamisme de nos exportations est sensiblement plus marqué puisque
l'augmentation par rapport aux 7 premiers mois de 1996 est de 12 %.
Selon différentes estimations, l'effet de notre commerce
extérieur sur l'emploi correspond à une création nette
d'environ 100 à 200.000 emplois en 1996 et vraisemblablement
à un montant équivalent depuis le début de 1997.
L'émergence de ces excédents, qui sont maintenant devenus
structurels, traduit, incontestablement, les très importants
progrès réalisés par les exportateurs français.
Leur niveau, ainsi que la satisfaction que peuvent inspirer l'annonce de
chiffres records, doivent cependant être relativisés. A
l'exception de l'année 1994, il faut en effet souligner que l'importance
des excédents ( en 1995 et, probablement, en 1996) a été
en partie due à une moindre progression des importations que celle des
exportations. C'est pourquoi le recul de l'excédent commercial en
août constitue une rupture. En effet, la forte hausse des importations
laisse espérer un redémarrage de la demande intérieure. Si
cette tendance était confirmée sans qu'elle remette en cause le
maintien, même dans une moindre mesure, de l'excédent commercial
français, ce serait alors la preuve que les entreprises
françaises ont gagné le pari du redressement de leur
compétitivité.
2. Analyse géographique
Au plan géographique, on observe de façon assez
générale une amélioration de notre solde commercial, mais
pour des raisons assez variables :
Avec l'Union européenne
(63 % de nos échanges)
notre excédent continue à progresser au premier semestre
1997 : 47 milliards de francs après 14 milliards de
francs, l'accroissement de 33 milliards de francs étant
essentiellement lié à la croissance des exportations. Notre solde
est positif avec l'ensemble de nos principaux voisins y compris l'Italie, pays
avec lequel nous avions un déficit traditionnel.
Les raisons de ces évolutions sont très
variables : décalage conjoncturel pour l'Espagne et le Royaume-Uni,
inversion très ponctuelle du marché automobile entre la France,
d'une part, l'Espagne et l'Italie, d'autre part.
Hors Union européenne
, après la légère
dégradation constatée en 1996, le déficit tend à
nouveau à se résorber :
Il convient de noter :
-
le retour à l'excédent avec l'Asie en
développement en dépit d'une forte aggravation de notre
déficit bilatéral avec la Chine
(de 7,5 à
11,6 milliards de francs), qui devient le deuxième déficit
bilatéral après celui avec les Etats-Unis et devant le
déficit avec le Japon ;
- le dynamisme de nos exportations vers les régions en forte
croissance : pays en développement rapide d'Asie d'une part
(+ 25 % à 50 milliards de francs), Etats-Unis d'autre
part (+ 12 % à 48 milliards de francs). Pour ces pays, la
progression de nos importations est aussi nettement plus forte que la moyenne
(respectivement + 15 % et + 10 %). L'appréciation du
dollar est bien sûr un facteur déterminant de ces
évolutions.
3. Analyse sectorielle
En 1996
, certains secteurs tels que l'énergie,
l'agriculture, l'aéronautique et les biens intermédiaires
connaissent une évolution s'écartant de la tendance
générale :
- dans le
secteur énergétique
, l'évolution
marquante est la forte augmentation en valeur de nos importations, qui se
traduit par une augmentation de notre déficit énergétique
de 18 milliards de francs. Elle résulte de l'augmentation du prix
du brut en dollar (+ 20 %), d'une demande plus forte et à un
moindre degré de l'appréciation du dollar ;
- pour les
biens intermédiaires
, la baisse de nos
importations de près de 5 %, alors que nos exportations stagnent,
permet au contraire au solde de progresser. Cette évolution est due pour
une large part à la baisse des cours mondiaux, particulièrement
sensible dans le cas des métaux non ferreux ;
- pour l'
aéronautique
, le recul de nos exportations explique
celui de la dégradation du solde (-3,5 milliards de francs). Cette
évolution fait suite à une mauvaise année de prises de
commandes en 1995. De fait, les perspectives de livraisons d'Airbus en 1997,
qui devraient retrouver un niveau proche de 1995, confirment le
caractère atypique du chiffre de 1996 ;
- enfin l'augmentation du solde
agro-alimentaire
(+ 5 milliards de francs) est intervenue dans un contexte de faible
progression de nos exportations et de recul de nos importations. Nos
exportations de céréales, après avoir baissé en
début d'année, ont fortement repris au cours du dernier
trimestre, les bonnes perspectives de récolte conduisant les
autorités européennes à faciliter à nouveau les
exportations vers les pays-tiers. En revanche, la crise de la vache folle a
entraîné une forte contraction de nos échanges d'animaux
vivants, à l'export (-8 %) comme à l'import
(- 12 %).
Au premier semestre 1997
, l'automobile explique près de la
moitié de la progression spectaculaire de l'excédent
commercial :
l'automobile
(voitures particulières) dont
l'évolution atypique entraîne une hausse spectaculaire du solde du
commerce extérieur, notamment avec l'Union européenne.
Les importations se sont ralenties du fait de la faiblesse
du
nombre d'immatriculations en France, contrecoup des mesures de relance des
années précédentes. Inversement, nos exportations vers
l'Italie ou l'Espagne ont été dopées par des mesures de
prime à l'achat de véhicules neufs dans ces pays, ce qui explique
aussi une grande partie de l'évolution des soldes bilatéraux
européens ;
l'
aéronautique
est celui des grands secteurs qui
connaît la plus forte progression sur un an, tant à l'importation
qu'à l'exportation (+ 356 % et + 25 %
respectivement), ce qui se traduit par une amélioration de notre solde
de 2,5 milliards de francs. Ce dynamisme reflète la bonne
conjoncture du transport aérien, qui connaît un fort niveau de
prises de commandes depuis plus d'un an.