B. L'ANNONCE D'UN PLAN DE MODERNISATION
Les aides à la presse sont importantes. D'aucuns pensent qu'elles sont trop importantes. Votre rapporteur estime en tous cas qu'elles sont considérables au regard du chiffre d'affaires de la profession (12% du chiffre d'affaires total). Ce qui est important, c'est d'agir sur les causes et pas simplement de compenser les effets
1. De bonnes intentions, de sains principes
"
Ce secteur, dont le rôle est essentiel pour le
pluralisme et la démocratie, supporte aujourd'hui des charges
particulières. Il doit absolument réussir la modernisation de ses
structures
" a précisé Madame la ministre de la culture
et de la communication. Elle a ajouté "
la perspective des
réformes [ des aides à la presse] donneront lieu à une
large concertation avec la profession dès l'automne 1997 dans le cadre
d'un plan d'aide au développement de la presse quotidienne qui devrait
se poursuivre sur une période de trois à cinq ans
".
Madame la ministre a annoncé qu'il fallait
rompre avec la logique de
compensation des charges au profit d'une logique d'incitation à la
modernisation
. La formule est juste, il faut voir comment elle se traduira
en actes. Il en est de même des déclarations du ministre devant la
commission des finances : "
il nous faut dans ce domaine
retrouver
une économie plus saine basée sur des coûts de production
plus faible, une offre d'information de qualité adaptée aux
attentes du lecteur, des formes de diffusion et de commercialisation
diversifiées et adaptées aux modes de vie et au pouvoir d'achat
des Français. La presse d'information politique et
générale a davantage besoin de
restaurer son esprit
entrepreneurial
, ses performances éditoriales et économiques,
plutôt que de se voir appliquer toujours les mêmes remèdes
pour compenser ses déficits.
"
Votre rapporteur attend les propositions des groupes de travail
constitués par le ministère de la culture et de la communication
pour le plan de soutien à la presse annoncé en 1998.
Mais il
souhaite que le Parlement puisse faire connaître son avis avant la prise
de décisions par le Gouvernement.
2. Le système des aides à la presse pose un problème d'efficacité
Pour être efficaces, les aides à la presse ne
doivent pas être dispersées
. Or la tendance à la
création de nouvelles lignes budgétaires à laquelle on
assiste depuis quelques années, persiste et va même en
s'accentuant.
Dans le même temps, d'autres mesures très importantes, en
l'occurrence, ce qu'il est convenu d'appeler les aides générales,
voient leurs crédits diminuer.
Certes, on peut appeler cela du " redéploiement de
crédits " mais, globalement, l'accent mis sur les aides
spécifiques " ciblées " ne doit pas faire oublier que
les taux de croissance affichés à deux et même trois
chiffres ne portent que sur des sommes limitées.
Cet éparpillement est particulièrement manifeste pour le fonds
d'aide à la presse hebdomadaire régionale d'information
générale et politique
. Dotée d'un faible montant en
1996 (5 millions) et en 1997 (4,25 millions), l'aide voit ses
crédits portés à 8 millions de francs pour
158 publications.
Il est difficile de présenter en l'état actuel des choses la
politique supportée par le présent budget comme " le
renforcement des actions stratégiques " quand les masses en jeu ne
sont que de quelques millions de francs.
3. Un exemple à poursuivre : le plan de modernisation des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP)
Le plan de modernisation 1994-1997 a ramené le
coût moyen de l'intervention des NMPP à 9 %, contre 14 %
auparavant, ce qui représente une économie annuelle et
renouvelable de plus de 800 millions de francs pour l'ensemble des
éditeurs usagers des NMPP. Le coût budgétaire pour
l'État de ce plan de modernisation a représenté une somme
de 105 millions de francs sur huit ans.
Ce plan est un modèle d'intervention de l'État. Celui-ci
accompagne les mutations sociales et permet une modernisation des structures,
qui a bénéficié à tout le secteur.
Son succès justifie, aux yeux de votre rapporteur, la prolongation de ce
plan au delà de 1997. Une réunion interministérielle tenue
le 23 avril dernier a abouti à prolonger ce plan temporairement pour
1998.
Il conviendrait d'étudier sa prolongation pour au moins trois
ans en essayant d'aller plus vite et d'aller plus loin que la simple
reconduction des dotations prévues par le présent budget
.
Votre rapporteur la suggérera donc au Gouvernement, car il est
indispensable de poursuivre l'effort de diminution des coûts des
entreprises de presse. Il y va du pluralisme et de la bonne santé de la
démocratie en France.