C. LA NECESSITE D'ORGANISER LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LE CANCER
Le budget de la Santé ne comporte pratiquement pas de
moyens spécifiquement consacrés à la politique de lutte
contre le cancer. Les crédits consacrés à la politique de
lutte contre l'alcoolisme et la tabagie, d'un montant de 185 millions de
francs, n'y contribuent qu'indirectement. Les crédits consacrés
à la protection et à la veille sanitaire, d'un montant respectif
de 324,5 et 115,2 millions de francs n'y contribuent que très
marginalement. Par ailleurs, deux emplois seulement de la Direction
générale de la santé sont affectés au suivi de
cette politique.
Votre rapporteur estime que cette modestie des crédits
budgétaires est révélatrice de l'inorganisation de la
politique de lutte contre le cancer, qui ne souffre pas la comparaison avec la
politique de lutte contre le SIDA.
Il convient pourtant de rappeler que le cancer reste la seconde cause de
mortalité après les maladies cardio-vasculaires, avec 28% des
décès, et la première cause de mortalité
prématurée, avec 37% des décès avant 65 ans. Les
succès enregistrés depuis l'apparition des premières
chimiothérapies il y a trente ans, restent limités à
certaines formes de cancer spécifiques, mais la mortalité par
cancer du poumon continue de progresser.
L'inorganisation de la politique de lutte contre le cancer est observable
à tous les niveaux.
La prévention et le dépistage apparaissent à la fois
insuffisants en volume et anarchiques dans leurs pratiques, les
compétences étant dispersées entre les départements
et l'assurance maladie.
L'efficacité des soins souffre d'un cloisonnement entre les
différentes structure, alors que l'interdisciplinarité est une
exigence vitale en matière de cancer. Les modes de tarification semblent
par ailleurs avoir des effets pervers sur les choix thérapeutiques.
La recherche apparaît excessivement dépendante à
l'égard des fonds privés, qu'il s'agisse des laboratoires
pharmaceutiques pour la recherche clinique ou des associations caritatives pou
r la recherche fondamentale.
Votre rapporteur, qui a auditionné de nombreuses personnalités
faisant autorité en matière de cancérologie, est en mesure
de formuler un certain nombre de propositions regroupées autour de trois
axes.
1. Connaître
: recensement systématique de l'ensemble des
fonds publics consacrés à la lutte contre le cancer ; adaptation
des systèmes d'information médicaux à la prise en compte
du cancer ; approfondissement de l'étude des disparités
régionales face au cancer.
2. Coordonner :
mise en place d'une politique nationale de
dépistage ; inscription de la cancérologie dans la formation
continue des médecins ; développement des réseaux en
cancérologie ; instauration d'une obligation minimale
d'interdisciplinarité.
3. Contrôler :
instauration d'une assurance de qualité pour
tous les actes de cancérologie ; mise en oeuvre des procédures
d'accréditation des services ; révision des autorisations de mise
sur le marché des médicaments anticancéreux ;
révision de la nomenclature et de la tarification relatives à la
cancérologie ; pilotage de la recherche ; renforcement du contrôle
de l'emploi des fonds provenant de la générosité publique.