EXAMEN EN COMMISSION
I. EXAMEN DES CRÉDITS
Réunie le 30 octobre 1997, la commission, sous la
présidence de M. Christian Poncelet, président, a
procédé à l'
examen,
sur le
rapport
de
M. Roger
Besse, rapporteur spécial
, des
crédits de l'
aménagement
du
territoire
et de
l'
environnement : I- Aménagement du territoire.
Un large débat s'est ouvert.
M. Denis Badré
a alors
déploré que le Gouvernement envisage de remettre en cause le
maillage du territoire qui avait été élaboré par la
précédente majorité. Il a fait part du caractère
dérisoire de la discussion des crédits du ministère de
l'aménagement du territoire au regard de l'importance, tant
financière que politique, des décisions de revenir sur la
construction du canal Rhin-Rhône ou de suspendre des constructions
d'autoroutes.
M. Yann Gaillard
s'est déclaré stupéfait par
l'ampleur des remises en causes de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire.
La commission a alors décidé de
réserver son vote sur
les crédits de l'aménagement du territoire et de
l'environnement : I- Aménagement du territoire, jusqu'après
l'audition de Madame Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du
territoire et de l'environnement, prévue le 6 novembre prochain.
II. AUDITION DE MME. DOMINIQUE VOYNET, MINISTRE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT
La commission a procédé 6 novembre 1997, sous
la présidence de M. Christian Poncelet, président, à
l'
audition de Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du
territoire et de l'environnement,
sur les crédits de son
département ministériel pour 1998.
Mme Dominique Voynet
est tout d'abord revenue sur les attributions de
son département ministériel. Soulignant que le regroupement de
l'aménagement du territoire et de l'environnement constituait une
nouveauté en France, elle a considéré qu'il s'agissait
néanmoins d'un retour aux sources. En effet, a-t-elle expliqué,
le ministère de l'environnement est né des réflexions
menées par la délégation à l'aménagement du
territoire et à l'action régionale dans les années
soixante-dix. Elle a considéré cette novation comme naturelle du
fait de la complémentarité de leurs actions.
Le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a
justifié l'augmentation de 3,4% des crédits de son
ministère, dans un contexte de maîtrise des dépenses
publiques, par le nécessaire renforcement de son administration, jeune
et encore pauvre en effectifs.
Mme Dominique Voynet
a ensuite présenté les grandes
lignes du budget de l'aménagement du territoire, qui progresse de 6,06%
en dépenses ordinaires et crédits de paiement, et de 2,82% en
dépenses ordinaires et autorisations de programme. Elle a indiqué
que ces taux de progression rompaient avec quatre années de
déclin.
S'agissant des crédits de fonctionnement de la DATAR, qui
représentent 5% de l'enveloppe totale du ministère, elle a
observé qu'ils diminuaient de 3,83%, en raison de la réduction de
deux emplois et de l'annulation de crédits non utilisés.
La dotation allouée au financement de la prime d'aménagement du
territoire, a-t-elle annoncé, sera, en 1998, de 320 millions de francs
en autorisations de programme comme en crédits de paiement. Cette
dotation correspond à une augmentation de 28% des premières et de
106% des seconds. Prenant en compte les crédits reportés des
années précédentes, elle a précisé que la
capacité d'engagement serait de 700 millions de francs en 1998. Le
ministre a fait part de son intention de cibler les subventions de la prime
d'aménagement du territoire sur le soutien à l'accueil
d'investissements étrangers, les investisseurs qui souhaitent
s'installer dans une zone industrielle dégradée et le financement
d'investissements de taille modeste dans des zones peu industrialisées.
Mme Dominique Voynet
a indiqué que les crédits du fonds
national d'aménagement du territoire diminuaient
légèrement, s'établissant à 1.300 millions de
francs en autorisations de programme et à 1.100 millions de francs en
crédits de paiement. Elle a considéré que le fonds
national d'aménagement et de développement du territoire ne
devait pas être l'unique instrument financier en matière
d'aménagement du territoire, mais le catalyseur d'efforts multiples.
En conclusion, le ministre a indiqué que l'effort financier total de
l'Etat en faveur de la politique d'aménagement du territoire
s'élevait à plus de soixante milliards de francs par an.
En réponse aux questions de
M. Roger Besse
,
rapporteur
spécial des crédits de l'aménagement du territoire
,
Mme Dominique Voynet
a indiqué que les objectifs fixés par
la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire du 4 février 1995 n'étaient pas contestables et que
son ambition était de toiletter cette loi. En effet, a-t-elle
constaté, de nombreux chantiers prévus par elle n'ont pas
été ouverts et certains dispositifs, tel le schéma
national d'aménagement et de développement du territoire, se sont
avérés impossibles à mettre en place. Elle a
affirmé son intention de renforcer les outils de la loi d'orientation
lorsque ceux-ci ont fait preuve de leur viabilité.
S'agissant de la prime d'aménagement du territoire,
Mme Dominique Voynet
, constatant le nombre important de subventions
accordées en dérogation au régime existant, a
confirmé vouloir en modifier les critères
d'éligibilité dans le cadre d'une réflexion globale sur
les zonages. Elle a insisté sur la nécessité de cibler les
aides afin qu'elles ne profitent pas uniquement à quelques projets de
grande envergure. Elle a également mentionné le rôle du
fonds national de développement des entreprises dans le financement des
petits projets, et a affirmé sa volonté de le relancer.
Mme Dominique Voynet
a ensuite précisé les intentions du
Gouvernement en matière d'aide au monde rural. Elle a indiqué que
88 milliards de francs seraient consacrés à un plan pour le
monde rural et à un plan d'aide au Massif central. Elle a
développé sa conception de l'aménagement de l'espace
rural, qui repose sur le développement des réseaux entre les
villes moyennes d'une même région. S'expliquant sur ses
réticences à l'égard de certains programmes autoroutiers,
elle a affirmé que les projets d'infrastructures devaient accompagner le
développement local, et non le remplacer.
Mme le ministre a, par ailleurs, rappelé les obstacles à la
levée du moratoire sur la fermeture des services publics en milieu
rural, et a fait part des difficultés que cette situation provoquait en
matière de regroupement des services publics en points uniques
multiservices.
Un large débat s'est alors ouvert.
En réponse à
M. Jean-Philippe Lachenaud
qui
l'interrogeait sur la compatibilité des pays avec les communes, les
départements ou les agglomérations, Mme le ministre a
indiqué que la constitution des pays devait résulter d'une
démarche volontaire entre des communes liées par un même
projet.
A
M. Auguste Cazalet
qui s'interrogeait sur la pertinence de la remise
en cause de l'autoroute A 24,
Mme Dominique Voynet
a répondu que
cette décision relevait du ministre des transports, et que le ministre
de l'aménagement du territoire et de l'environnement ne pouvait pas
à la fois être tenu à l'écart des décisions
et en porter toute la responsabilité.
En réponse à
M. Yann Gaillard
, le ministre a
annoncé que le ministre de l'agriculture présenterait au
Parlement un projet de loi sur la forêt distinct de la loi d'orientation
agricole.
Elle a rappelé à
M. Yvon Collin
que l'impact
déplorable pour certains paysages du passage de lignes
électriques à haute tension était la conséquence de
l'excessive centralisation de la production d'électricité en
France.
Le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a
conclu en réfutant toute opposition entre les intérêts des
villes et ceux du monde rural, qui connaissent des problèmes d'isolement
comparables. Elle a refusé de souscrire à une conception du
territoire qui opposerait la France du XIX
ème
siècle
à celle du XXI
ème
.
La commission a ensuite été appelée à se prononcer
sur
les crédits de l'aménagement du territoire
. Constatant
que la remise en cause de la loi d'orientation ne s'accompagnait pas de la
proposition d'une alternative crédible,
M. Roger Besse, rapporteur
spécial
, a préconisé le rejet de ces crédits.
La commission a alors décidé de proposer au Sénat de
rejeter
les
crédits
de l'
aménagement du
territoire
.