CHAPITRE II

A QUAND UNE REFORME DE LA PAT ?

I. L'ASSAINISSEMENT REUSSI DE LA GESTION DE LA PAT.

A. L'ENGRENAGE DES REPORTS DE CREDITS A CONDUIT A UN DEREGLEMENT DE LA MECANIQUE DE LA PAT.

1. L'engrenage des reports

Les subventions sont distribuées plusieurs fois par an par le ministre de l'aménagement du territoire sur proposition du comité interministériel d'aide à la localisation d'activités (CIALA), dont le secrétariat est assuré par la DATAR et qui se réunit à l'initiative de celle-ci. Les subventions sont attribuées à des entreprises qui présentent des projets.

Les crédits de la PAT font l'objet, en loi de finances, de dotations en autorisations de programmes et en crédits de paiement :

- les autorisations de programmes correspondent au montant des subventions qui peuvent être accordées par les CIALA au cours d'une même année. Une fois la subvention accordée, une convention doit être établie entre le ministère et le bénéficiaire de la subvention. L'élaboration de cette convention peut prendre plusieurs mois. Certaines n'aboutissent jamais. Ces dernières sont sources de reports de crédits. Les reports proviennent également de la difficulté pour la DATAR à trouver des projets qui satisfassent l'ensemble des critères de la PAT, particulièrement restrictifs ;

- les crédits de paiement indiquent le montant maximum de versements autorisés au cours d'une même année. Les subventions accordées sont généralement payées en plusieurs fois, les versements s'étalant sur plusieurs années. Par conséquent, la dotation des crédits de paiement d'une année sert à payer la première partie des subventions accordées cette année-là, mais également le reliquat de projets entamés une ou plusieurs années auparavant. Certains projets s'interrompent après un ou deux versements. Les crédits de paiement prévus pour des projets qui ne voient pas le jour, ou s'interrompent prématurément, provoquent les reports.

L'accumulation, année après année, de crédits reportés non consommés provoque l'effet "boule de neige" des reports de crédits

2. Le dérèglement de la mécanique

La logique des reports a confiné à l'absurde en 1994, année au cours de laquelle la consommation globale de PAT a été négative en autorisation de programme et, s'agissant des crédits de paiement, très nettement inférieure à la dotation en loi de finances. Depuis 1995, la consommation globale est supérieure à la dotation en loi de finances initiale, en autorisations de programme comme en crédits de paiement, entraînant une légère réduction du montant des reports.

Néanmoins, malgré ce léger mieux, cette période se caractérise par un dérèglement de la mécanique de la PAT. En effet, le maintien plusieurs années consécutives du matelas des reports a fait perdre tout son sens à la notion d'autorisation budgétaire. Une déconnexion entre la dotation en loi de finances initiale et le montant des subventions accordées s'est opérée, se traduisant non seulement par des sommes versées sans lien avec les enveloppes autorisées en loi de finances initiale, mais également par une inversion de l'évolution des montants.

C'est le " paradoxe de la PAT " : au cours des trois derniers exercices, la consommation globale de PAT s'est accrue, en autorisation de programme comme en crédits de paiement, tandis que les dotations en lois de finances initiales diminuaient.

Le paradoxe de la PAT



B. L'APUREMENT VOLONTARISTE DE LA GESTION DE LA PAT, INITIE PAR LE PRECEDENT GOUVERNEMENT, EST UN SUCCES

1. Une thérapie de choc pour accentuer une tendance spontanée

Précipitant le phénomène identifié ci-dessus de baisse du montant des reports provoquée par une consommation de PAT supérieure à la dotation en loi de finances initiale, et afin de reconnecter le montant des subventions versées à celui des dotations, le précédent gouvernement a divisé par deux les dotations en loi de finances pour 1997, en AP comme en CP.

Cette démarche a aboutit à la consommation des reports de crédits de paiement, ce qui permet au nouveau gouvernement d'augmenter de façon justifiée leur dotation pour 1998, et de bénéficier des conséquences en terme d'affichage.

2. La poursuite de la démarche par le nouveau gouvernement

Le gouvernement actuel a décidé de poursuivre cette démarche en procédant à une révision de tous les dossiers qui, au cours des années précédentes, avaient donné lieu à l'attribution d'une subvention sans pour autant qu'un projet ne voie le jour.

Il espère ainsi ramener de 1 milliard à 400 millions le montant des reports de PAT (en autorisations de programme). Les six CIALA tenus au cours des neuf premiers mois de 1997 auraient permis, selon les informations recueillies par votre rapporteur auprès de la DATAR, de trouver 300 millions de francs qui ne seront jamais consommés.

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