II. L'EFFORT GLOBAL EN FAVEUR DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
A. LA CONTRIBUTION DES AUTRES MINISTERES
Les crédits consacrés par chaque
ministère à la politique d'aménagement du territoire sont
retracés dans l'état récapitulatif des crédits de
l'aménagement du territoire, le " jaune " budgétaire.
Ils sont évalués à 53,95 milliards de francs pour 1998, en
progression de 0,3%.
Comme en 1997, les principaux contributeurs sont les ministères de
l'agriculture et des transports.
1. La contribution du ministère de l'agriculture et de la pêche
La contribution du ministère de l'agriculture et de
la pêche approche les 10 milliards de francs
. Elle diminue de 4,5%
mais pour s'établir à 9,9 milliards de francs. Ces crédits
relèvent des interventions du titre IV et sont principalement
constitués de :
- 2,8 milliards de francs au chapitre 44-41 "
Amélioration des
structures agricoles - F.A.S.A.S.A.
" (contre 3 milliards en
1997) ;
- 3,05 milliards de francs au chapitre 44-53 des "
Interventions en
faveur de l'orientation et de la valorisation de la production
agricole
" (3,11 en 1997) ;
- 1,58 milliards de francs au chapitre 44-80 "
Amélioration du
cadre de vie et aménagement de l'espace rural
" (1,67 en 1997).
2. La contribution du ministère de l'équipement, des transports et du logement
L'effort du budget des transports augmente de 2,5 % par
rapport à 1997 et s'élève à 30,87 milliards de
francs
dont :
- 24,47 milliards de francs au titre des transports terrestres. Ces
dépenses relèvent essentiellement du titre IV (16,2 milliards de
francs de "
Contribution aux charges d'infrastructures
SNCF
"
et 5,22 milliards de francs de "
Transports de voyageurs à
courte distance
") auxquels ils faut ajouter 2,65 milliards de
francs
provenant du fonds d'investissement des transports terrestres et des voies
navigables (FITTVN).
- 6,2 milliards de francs au titre du réseau routier. Ces
crédits se décomposent en 4,1 milliards inscrits au titre V
(chapitre 53-43 "
Voirie nationale
") et 1,5
milliards
provenant du FITTVN.
3. La contribution des autres ministères.
Les autres principaux contributeurs sont :
- le ministère de l'éducation nationale avec 5,13 milliards de
francs (en baisse de 7,6%) qui relèvent majoritairement du titre VI
(construction et maintenance de bâtiments).
- le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie avec
notamment 4,1 milliards de francs inscrits au titre VI du budget de l'industrie.
Votre rapporteur note que certains ministères semblent avoir une
conception extensive de la notion d'aménagement du territoire et
suggère que l'inscription de crédits dans le " jaune "
fasse l'objet d'une justification.
B. LES FONDS CREES PAR LA LOI D'ORIENTATION
1. Le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables
Le FITTVN, institué par l'article 37 de la loi
d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire, est un compte spécial du Trésor géré
par le ministère des transports, de l'équipement de du logement.
Il est alimenté par le produit de deux taxes : l'une sur les titulaires
d'ouvrages hydroélectrique concédés, et l'autre sur les
concessionnaires d'autoroute.
Compte tenu du relèvement de la taxe sur les titulaires d'ouvrages
hydroélectriques concédés, la dotation prévue pour
le FITTVN en 1998 s'élève à 3,9 milliards de francs, en
hausse de 25,8%. L'augmentation du produit de la taxe est une
conséquence indirecte de l'abandon du projet de canal Rhin-Rhône.
En effet, EDF, qui est le seul titulaire d'ouvrages hydroélectriques
concédés, voit sa capacité contributrice renforcée,
ce qui lui permet de supporter cette surtaxe. Le produit de cette taxe,
1.800 millions de francs, est très supérieur aux
dépenses d'aménagement des voies navigables, 430 millions de
francs, qu'il est censé financer. La montée en puissance des
travaux de construction du canal Seine Nord conduira à la
nécessité de dégager des ressources nouvelles pour les
travaux routiers et ferroviaires actuellement financés par le produit de
la taxe sur les ouvrages hydroélectriques concédés.
Ces crédits sont destinés :
- au transport routier pour la poursuite des grands travaux, principalement la
RN 7 et les grandes autoroutes qui traversent le massif central ;
- au transport ferroviaire pour le financement du réseau TGV inscrit au
schéma directeur national ;
- aux voies navigables, notamment le projet " Seine-Nord ".
Votre rapporteur se félicite cependant du fait que la gestion des
crédits du FITTVN semble s'améliorer. En effet, l'exercice 1996,
le premier en année pleine, avait été marqué par un
niveau de consommation des crédits disponibles très faible
(57,24%), provoqué par un montant très élevé de
crédits reportés (1,63 milliards de francs, soit 46% des
crédits inscrits dans la loi de finances). En 1997, 46% des
crédits disponibles (dotation de la loi de finances et crédits
reportés) ont été consommés dès la
moitié de l'exercice.
2. Le fonds de péréquation des transports aériens
Le fonds de péréquation des transports
aériens (FPTA) verse des subventions aux entreprises de transport
aérien en vue d'assurer l'équilibre des dessertes
aériennes réalisées dans l'intérêt de
l'aménagement du territoire.
Le FPTA, qui est un compte spécial du Trésor également
géré par le ministère de l'équipement, des
transports et du logement, est alimenté par le produit de la taxe par
passager aérien embarquant dans un aéroport français, dite
" taxe de péréquation des transports aériens ".
L'estimation du produit de la taxe est en augmentation de 15% dans le projet de
loi de finances pour 1998 et s'établit à 48,5 millions de francs.
C. LA DEPENSE FISCALE
La dépense fiscale correspond au coût, pour le
budget de l'Etat, des exonérations fiscales et des compensations
d'exonérations de charges patronales dans les territoires qui font
l'objet d'un zonage.
Les zonages sont multiples : zones d'aménagement du territoire,
territoires ruraux de développement prioritaire, zones de revitalisation
rurale, zones d'investissement privilégié, zones de
redynamisation urbaine, zones urbaines sensibles et zones franches urbaines.
Ils bénéficient dans des proportions variables, de diverses
dispositions
3(
*
)
qui
conduisent à accroître la dépense fiscale. Votre rapporteur
a détaillé les modalités des divers allégements
fiscaux dans les différentes zones dans le rapport sur les
crédits de l'aménagement du territoire de 1997.
L'estimation de la dépense fiscale pour 1998 figure dans le
" jaune " budgétaire. Elle ne prend en compte que les
exonérations de taxe professionnelle et d'impôt sur les
sociétés (hors zones franches urbaines) qui sont
évaluées respectivement à 15,7 millions de francs et 1,3
milliards de francs.
Votre rapporteur déplore que le montant des estimations figurant dans
les documents budgétaires ne fasse l'objet d'aucune explication.
L'augmentation de 34% des exonérations d'impôt sur les
sociétés (de 970 à 1300 millions) semble
révéler le succès de l'un des zonages, sans que l'on
puisse savoir lequel, ni à partir de quels éléments cette
évaluation a été réalisée. L'origine de
cette dépense, dont le coût pour le budget de l'Etat correspond
à 72% du budget du ministère de l'aménagement du
territoire, mériterait des développements plus importants.
D. LES VERSEMENTS TOUJOURS SUBSTANTIELS DES FONDS STRUCTURELS EUROPEENS
Les fonds européens font l'objet d'une enveloppe
pluriannuelle. La DATAR a pris le parti, justifié, d'inscrire chaque
année le même montant dans les documents budgétaires, sans
tenir compte des pesanteurs qui peuvent retarder l'engagements de certains
crédits sur une année. Le montant des versements est donc le
même que celui de l'année dernière, soit
10,22 milliards de francs.
Votre rapporteur souhaiterait, à la veille de la réforme des
fonds structurels, que les procédures d'engagement des subventions
européennes fassent l'objet d'une évaluation.