RAPPORT GENERAL N°85 TOME III ANNEXE 24 PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - LOGEMENT
M. Henri COLLARD, Sénateur
Commission des Finances, du contrôle budgetaire et des comptes économiques de la Nation - Rapport Général n° 85 - Tome III - Annexe 24 - 199/1998
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS -
CHAPITRE II
LA GESTION DES EXERCICES 1996 ET 1997 -
CHAPITRE III
LOURDES MENACES SUR LE PRÊT A TAUX ZERO -
CHAPITRE IV
LE LOGEMENT LOCATIF :
UNE OPTION FORTE EN FAVEUR DU LOGEMENT SOCIAL -
CHAPITRE V
L'INEXORABLE PROGRESSION DES AIDES PERSONNELLES AU LOGEMENT -
MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 24
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :
III
.
- LOGEMENT
Rapporteur spécial
: M. Henri COLLARD
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Première observation
Considérés dans le périmètre du
secrétariat d'Etat au logement, les crédits du logement
régressent légèrement (1,3 %) en 1998. Toutefois, cette
réduction est purement optique. En effet, si l'on tient compte de
l'appui des
comptes spéciaux du Trésor
: Fonds pour
l'aménagement de l'Ile-de-France (FARIF) (510 millions de francs) et
surtout fonds pour le financement de l'accession à la
propriété (FAP : 7,4 milliards de francs ) ; les crédits
sont en augmentation de 6,4 % à 47,7 milliards de francs .
Au-delà, si l'on tient compte des
dépenses fiscales relatives
au logement social
, attitude justifiée puisqu'il s'agit de
substituts à des aides à la pierre, l'augmentation est même
de 13,6 %, à 52 milliards de francs.
Un effort considérable est donc réalisé en faveur du
logement dans le budget 1998.
Toutefois, comme lors de la présentation des crédits pour 1997,
votre rapporteur remarque que 7,4 milliards de francs en provenance de la
participation des employeurs à l'effort de construction serviront
à financer le prêt à taux zéro (PTZ), ce qui
neutralisera cette somme qui aurait pu faire l'objet des emplois traditionnels
du "1 % logement", en faveur du logement social et de l'accession à la
propriété des salariés. Tant que cette situation n'est pas
régularisée, votre rapporteur ne peut que relativiser l'effort
accompli par l'Etat.
Deux priorités se dégagent de ce budget : les aides à
la personne et le logement social
.
La première priorité est davantage l'effet d'une contrainte
que d'un choix
. Depuis le début des années 1990, tous les
budgets du logement subissent la pression des aides personnelles, dont la
progression rapide est liée à celle du nombre de ménages
disposant de faibles ressources. En 1996, les aides bénéficiaient
à 6.150.000 d'entre eux.
La seconde priorité
résulte d'une option claire du
nouveau gouvernement
: la préférence pour le logement locatif
social plutôt que pour l'accession à la
propriété
.
Le premier bénéficie de moyens fortement accrus, surtout
grâce à la baisse du taux de T.V.A., qui réduira le
coût des réhabilitations subventionnées comme celles
financées sur fonds propres. La seconde voit ses marges de manoeuvre
réduites. Le programme physique de prêts à taux zéro
passe de 120.000 à 110.000, la subvention est abaissée pour les
ménages les plus modestes, de même que la marge consentie aux
établissements distributeurs, et ce prêt est désormais
réservé aux acquéreurs qui accèdent pour la
première fois à la propriété. (Cette
dernière mesure permettrait une économie de 500 millions de
francs).
Deuxième observation
Un effort très substantiel est réalisé en faveur du
logement social
, essentiellement géré par les
adhérents de l'union nationale des fédérations d'organisme
d'habitations à loyer modéré (UNFOHLM), mais aussi par les
collectivités locales et organismes affilés, les charbonnages de
France, la SNCF, la Caisse des dépôts et consignations, et les
associations logeant des personnes défavorisées.
L'effort porte particulièrement sur la réhabilitation
.
L'application du taux réduit de la TVA sur les travaux effectués
sur les logements sociaux s'accompagne d'une réduction
corrélative de la prime PALULOS, dont le taux passe de 20 % à 10
%. Toutefois, comme le taux réduit s'appliquera naturellement aux
travaux financés sur fonds propres, l'avantage fiscal procuré aux
organismes peut être estimé à 1,3 milliards de francs , qui
ne font pas l'objet d'une réduction de crédit correspondante. Le
gouvernement espère ainsi financer 120.000 PALULOS. Il souhaite aussi
obtenir des organismes HLM qu'ils accélèrent les
procédures, et qu'ils créent des emplois, notamment de gardiens
d'immeubles dans les zones urbaines difficiles.
Le gouvernement entend également utiliser ce surcroît de
moyens au financement de la construction sociale
. Il s'agit surtout de
diversifier l'offre de PLA-TS, dont l'expérience montre qu'il est
difficile de réaliser les programmes physiques initialement
décidés. L'attrait de ces logements, destinés à
accueillir des ménages disposant de moins de 60% des ressources d'un
ménage pouvant bénéficier d'un logement PLA, est
insuffisant. Ainsi, en 1996, sur 20.000 PLA-TS projetés, 11.000 ont
été réalisés. Pour tenter de remédier
à ce phénomène, les subventions seront majorées (de
13 % à 20 %) pour 10.000 PLA-TS.
Par ailleurs, un programme de 5.000 PLA "reconstruction-démolition"
sera engagé. Il devrait s'agir de PLA bénéficiant de la
TVA à taux réduit (PLA "fiscaux") et subventionnés
à hauteur de 50.000 francs afin de démolir les logements sociaux
vétustes ou devenus inadaptés à la vie urbaine. Ce
programme sera toutefois subordonné à une aide des
collectivités locales concernées.
L'importance de cet effort devrait permettre la réalisation des
programmes physiques prévus. On peut même s'interroger sur son
éventuel surdimensionnement. Ainsi, la dotation des PLA-TS est quasiment
doublée (elle passe de 855 millions de francs à 1.600 millions de
francs ) pour un programme inchangé. Une difficulté importante
demeure cependant : le niveau des taux d'intérêt réels des
crédits au logement social est trop élevé. Celui des PLA
est de 3,5 %. Votre rapporteur se contente de rappeler à ce sujet que le
PLA est financé sur les ressources du livret A, dont le taux
d'intérêt est de 3,5 % auquel s'ajoute une
rémunération de la collecte de 1,2 point pour les Caisses
d'épargne et 1,5 point pour la Poste. Le secrétaire d'Etat au
logement a reconnu lui-même devant la commission qu'une diminution de
l'une ou l'autre de ces rémunérations serait nécessaire
à la réduction du coût de construction des logements
sociaux.
Troisième observation
L'avenir du prêt à taux zéro ne peut que susciter les plus
grandes inquiétudes.
Le projet de loi de finances amplifie le processus de restriction de la
portée de ce prêt réglementé, qui, il faut le
reconnaître, s'était engagé avant l'entrée en
fonction de l'actuel gouvernement. Initialement non contingenté, puis
ouvert aux opérations sous quotité de travaux réduite (20
%) en 1996, le prêt à taux zéro a rapidement fait l'objet
d'un contingentement, par la création d'un compte d'affectation
spéciale exclusivement financé par le "1 % logement", puis a vu
la quotité de travaux des opérations éligibles retrouver
le niveau de 35 % dès 1997.
Les modifications réglementaires associées aux crédits
prévus par le présent projet de loi de finances vont dans le
même sens. Le prêt à taux zéro sera désormais
réservé aux primo-accédants, qui forment certes environ 90
% des souscripteurs, mais cette proportion est loin d'être
homogène sur l'ensemble du territoire. Cette restriction entravera
localement la fluidité de certains marchés. La marge
accordée aux établissements de crédit sera réduite
de 1,3 % à 1,0 %.
Au-delà de l'économie budgétaire, minime,
réalisée sur cette marge, cette disposition aura surtout pour
conséquence de réduire l'attrait de la distribution du prêt
à taux zéro pour les établissements de crédit. La
subvention en faveur des accédants les plus modestes sera
également réduite, puisque le différé
d'amortissement le plus long, qui concerne les ménages aux revenus les
plus bas, passe de 17 ans à 15,5 ans.
La convention passée par l'Etat avec la participation des employeurs
à l'effort de construction pour le financement de l'aide est
écornée par deux prélèvements : l'un, de
500 millions de francs en faveur du fonds national d'aide au logement pour
financer l'APL-accession ; l'autre de 260 millions de francs en faveur du FGAS
pour financer la garantie des prêts d'accession sociale.
Par ailleurs, et votre rapporteur le regrette fortement, le dispositif de
sécurisation des accédants initialement prévu en faveur
des emprunteurs les plus modestes, qui complètent leur prêt sans
intérêt avec un prêt d'accession sociale, n'est toujours pas
mis en place. Or ce dispositif était considéré par le
précédent ministre du logement, Pierre-André
Périssol, comme le complément indispensable de sa réforme,
compte tenu de la fragilité financière des ménages
susceptibles de postuler au prêt à taux zéro.
Enfin et surtout, malgré un effort du "1 % logement" très
supérieur en 1998 à ce qui était attendu
(7,4 milliards de francs au lieu des 7 milliards escomptés),
le financement du prêt à taux zéro
n'est pas
assuré pour l'année 1999
. Une des premières "bombes
à retardement" placées sous ce prêt bonifié est
ainsi prête à exploser. Votre commission s'était fermement
opposée aux premiers prélèvements sur le "1 %
logement" qui lui paraissaient porteurs de cette pernicieuse évolution.
Elle n'avait accepté les deux prélèvements de
7 milliards de francs que parce qu'ils faisaient partie d'une convention
garantissant la pérennité de la participation des employeurs
à l'effort de construction.
Or, cette impasse de financement fait bon
marché de la suppression des dépenses fiscales associées
à l'ancien prêt d'accession à la propriété
décidée par la loi de finances pour 1996
(suppression du taux
réduit de TVA sur les terrains à bâtir ; suppression
des réductions d'impôt pour intérêts d'emprunt ;
suppression de l'exonération de huit ans compensée aux
collectivités locales de la taxe foncière sur les
propriétés bâties), destinée à
équilibrer le financement de la nouvelle avance,
dont le
surcroît de recettes semble s'être volatilisé dans le budget
de l'Etat
.
Sécurisation non réalisée, recontingentement, financement
mal assuré, champ d'application de plus en plus étroit,
couverture du risque des établissements de crédit réduite,
solvabilisation moindre des ménages modestes : chacune de ces
modifications de paramètre qui, prise isolément peut
paraître sans conséquence, contribue au retour d'un "syndrome des
PAP". La dénaturation de ce prêt réglementé avait
entraîné sa lente agonie entre 1982 et 1990, et le déclin
de l'accession sociale.
Or, qu'on le veuille ou non, le choix résidentiel de la très
grande majorité des Français n'est pas la vie en logement locatif
social, mais l'accession à la propriété d'une maison
individuelle.
Votre commission ne s'est jamais déclarée
favorable à une orientation vers l'accession à la
propriété des ménages qui n'y ont manifestement pas
intérêt, pour des raisons financières, mais aussi en raison
de contraintes de mobilité professionnelle ou familiale. En revanche,
elle considère comme malsain de ne pas mettre à disposition des
aspirants à l'accession un dispositif complet d'aide publique, qui leur
permette d'accéder à la propriété sans risque
excessif, et d'une manière qui préserve les chances de chacun.
Votre rapporteur ne peut qu'accorder foi de la volonté du
secrétaire d'Etat au logement de conserver un dispositif efficace d'aide
à l'accession sociale à la propriété.
Le
problème le plus urgent à résoudre sera celui du
financement du prêt à taux zéro
. Votre rapporteur
préconise de ce point de vue une rebudgétisation au moins
partielle, qui tienne compte des économies réalisées par
la suppression des dépenses fiscales. Il sera probablement
nécessaire de faire à nouveau appel au "1 % logement". Un
retrait immédiat et total de son aide paraît exclu, une sortie
progressive s'imposera probablement. Une contribution de
l'épargne-logement peut également être explorée, par
reconversion de la prime d'épargne non liée à une
acquisition de logement, et par une reconversion au moins partielle de la
dépense fiscale constituée par l'exonération d'impôt
sur le revenu. D'autres manières de solliciter l'épargne
administrée peuvent aussi être envisagées. Chaque solution
présentera des inconvénients, il faudra recourir à
plusieurs d'entre elles.
Quatrième observation
Votre rapporteur éprouve une satisfaction teintée d'amertume
au relèvement du barème des aides personnelles au logement
intervenu le 1er juillet dernier.
Satisfaction, car votre commission s'est en effet opposée avec
constance au gel des barèmes dès juillet 1993,
considérant que cette voie n'était pas la bonne pour
réaliser des économies. Cette méthode frappe en effet tous
les allocataires sans discernement, augmentant les taux d'effort des plus
modestes.
Amertume, car estimant qu'il est hautement souhaitable de comprimer les
dépenses d'aides à la personne, votre commission s'est toujours
prononcée pour une uniformisation de ces aides en fonction des niveaux
de ressources (et non pas en fonction de leur nature), sans favoriser les
ménages les mieux logés, et en évitant de dispenser des
prestations à des ménages qui n'en ont pas besoin. Or aucun
effort de rationalisation n'est entrepris.
Le relèvement des barèmes au 1er juillet 1997 est de
3,4 % en moyenne, ce qui représente 2,1 % de hausse du pouvoir
solvabilisateur des aides sur un an.
Autour de cette moyenne, d'importantes disparités peuvent être
observées, en fonction de la taille du ménage, de la localisation
et de la nature de l'aide perçue (aide personnalisée au logement
ou allocation de logement). Par exemple, une famille de 4 personnes
disposant d'un SMIC et acquittant un loyer de 2.000 francs dans le parc
privé d'une grande agglomération de province voit son aide
majorée de 4,2 %. Une personne seule disposant d'un SMIC et vivant
en HLM en agglomération parisienne voit son aide majorée de
8,5 %. La justification de ces disparités n'apparaît pas
évidente au premier abord. Elles tendent, semble-t-il, à
harmoniser les taux d'effort.
Le gouvernement paraît décidé à actualiser les
barèmes le 1er juillet 1998, vraisemblablement de façon
à maintenir le pouvoir d'achat des aides sans l'augmenter. Il a
prévu 500 millions de francs de provision dans le présent
budget à cette fin. Votre rapporteur admet sur ce point que les
crédits prévus renouent avec un réalisme perdu depuis la
loi de finances pour 1992.
Au-delà du maintien souhaitable du pouvoir solvabilisateur des aides
à la personne,
votre rapporteur ne peut qu'appeler à la
continuation de l'oeuvre de réforme de ces aides
, que le
précédent gouvernement avait courageusement entreprise avec la
fusion des deux barèmes de l'aide personnalisée au logement (APL1
et APL2). Des aberrations demeurent en effet dans la distribution de ces aides.
Ainsi dans certains cas, le fait de disposer d'un revenu minimum d'insertion
permet de bénéficier d'une aide qui rend le revenu global du
ménage supérieur à ce qu'il serait si ce ménage
disposait d'un emploi. De même, l'allocation de logement sociale continue
d'être versée aux étudiants des familles les plus
aisées, qui louent ainsi à des officines
spécialisées des studios minuscules à 150 ou
200 francs le mètre carré ; dans des zones où le
prix du marché est très inférieur.
Cinquième observation
Le parc des logements privés, qu'ils soient loués ou
occupés par leur propriétaire est assez bien traité par le
présent projet du budget
. La prime à l'amélioration de
l'habitat, dont les crédits disponibles se sont élevés
à 900 millions de francs en 1997, reste à un niveau
élevé en 1998 (800 millions de francs) et
bénéficiera aux logements encore inconfortables, majoritairement
en zone rurale. Les crédits de l'agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat (ANAH) sont maintenus à un niveau
satisfaisant : 2,2 milliards de francs. Votre rapporteur rappelle sur
ce point que l'ANAH lutte au quotidien contre ces deux fléaux que sont
l'exclusion et la vacance avec autant de discrétion que
d'efficacité.
Toutefois,
on ne peut détacher cette analyse de celle des
prélèvements fiscaux et sociaux qui en constituent
l'environnement
. Et cet environnement est beaucoup plus sombre.
La réduction d'impôt pour intérêts d'emprunt qui
expire fin 1997 n'est remplacée par rien d'équivalent. Le
crédit d'impôt pour dépenses d'entretien et
revêtement est en effet plutôt symbolique du fait de plafonds
très bas (8.000 francs pour un couple chaque année pendant
trois ans, portés au stade présent de la discussion à
10.000 francs par l'Assemblée nationale). La taxe additionnelle au
droit de bail s'élèvera à 3,55 milliards de francs en
1998 ; soit un écart de prélèvement de
1,35 milliard de francs avec les crédits de l'ANAH.
Le plus préoccupant vient cependant du projet de loi de financement
de la Sécurité sociale
. En effet, l'augmentation de
4,9 % à 10 % des contributions sociales sur les revenus
fonciers constitue un prélèvement supplémentaire de
l'ordre de 4 à 5 milliards de francs.
Comment ne pas
considérer cette pression comme dissuasive de l'investissement en
logements, au moment où le secrétaire d'Etat explique qu'il est
nécessaire de créer une nouvelle génération de
bailleurs privés à vocation sociale
. En l'occurrence, une
bonne intention, que votre commission ne peut que saluer, se heurte à
une réalité plus brutale.
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE DES CRÉDITS
A. LES GRANDES MASSES DU BUDGET DU LOGEMENT POUR 1998
Les crédits demandés pour le ministère du
logement atteignent 39,8 milliards de francs en dépenses ordinaires
et crédits de paiement, soit une réduction de 1,3 % par
rapport au budget voté de 1997.
Nature des crédits
|
Budget voté de 1997 |
Loi de finances initiale 1998 |
LFI 1998/
|
Dépenses ordinaires |
29.938,3 |
33.310,5 |
+ 11,3 %
|
Dépenses en capital
(crédits de paiement)
|
|
|
|
Total
|
40.347,7 |
39.833,9 |
- 1,3 % |
1. Les dépenses ordinaires
Les dépenses ordinaires, qui représentent
83,6 % des crédits du logement (contre 74,2 % en 1996)
continuent d'augmenter très sensiblement (+ 11,3 %).
Les
interventions
constituent l'essentiel de ces dépenses
(33,3 milliards de francs), les moyens de fonctionnement du budget du
logement étant assurés par la section urbanisme et services
communs du ministère de l'équipement, du logement et des
transports.
2. Les dépenses en capital
Les dépenses en capital (CP) représentent
6,5 milliards de francs, soit une nette régression (-37,3 %)
par rapport à la loi de finances pour 1997. Cependant, il convient de
tenir compte du compte d'affectation spéciale 902-30 qui contribuera
à l'aide en capital à l'accession à la
propriété à hauteur de 6,89 milliards de francs.
La quasi-totalité de ces dépenses est constituée de
subventions d'investissement,
dont l'évolution explique à
elle seule celle des dépenses en capital.
B. LES AGREGATS
Le budget du ministère du logement se divise en quatre
agrégats: "aides à la personne", "logement", "études,
expérimentation, information" et "recherche".
|
Crédits
demandés en 1998
|
|
DO + CP |
AP |
|
Aides à la personne
|
33111,5 |
- |
Logement
|
6486,4 |
6342,3
|
Études,
expérimentation, information
|
76,5 |
29,0 |
Recherche
|
159,5 |
29,0 |
1. Les aides à la personne
· La contribution de l'Etat au financement des aides
à la personne, aide personnalisée au logement (APL) et allocation
de logement sociale (ALS), progresse de 2,925 milliards de francs
(+ 9,8 %), à 32,65 milliards de francs. Cette augmentation
recouvre quatre évolutions.
La première est l'
évolution tendancielle des prestations
qui, à droit constant et à pouvoir d'achat des aides
inchangé, impose à l'Etat d'augmenter le montant de sa
contribution au fonds national de l'habitation (FNH) et au fonds national
d'aide au logement (FNAL) de 3,425 milliards de francs, chiffre à
rapprocher des 4,19 milliards de francs de l'exercice 1997.
La deuxième est un nouvel
effort de révision des services
votés
de 0,50 milliard de francs, à rapprocher de
l'effort de 2,07 milliards de francs prévu pour l'exercice 1997. Il
s'agit d'économies à réaliser grâce à une
rigueur accrue sur le contrôle de la délivrance des prestations.
La troisième résulte du
transfert
de 0,50 milliard de
francs d'aides à la personne
sur le compte d'affectation
spéciale n° 902-30
"fonds pour le financement de l'accession
à la propriété".
La quatrième est une
provision
de 0,50 milliard de francs en vue
de la révision des barèmes entrant en vigueur le 1er juillet 1998.
La contribution de l'Etat aux aides à la personne est désormais
divisée en trois parties :
·
la contribution au FNH, qui verse l'APL, augmente de
9,0 % à 14,6 milliards de francs (chapitre 46-40/10) ;
·
la contribution au FNAL, qui verse l'ALS, progresse
de 10,5% à 18,1 milliards de francs (chapitre 46-40/30) ;
la contribution aux aides personnelles à l'accession à la
propriété versée par le compte d'affectation
spéciale n° 902-30 (chapitre 02) s'élève à
0,50 milliard de francs.
· L'effort de solidarité en faveur du logement des personnes
modestes se complète de trois contributions aux actions des
départements et des associations:
- 0,34 milliard de francs pour les fonds de solidarité pour le
logement (FSL).
- 0,11 milliard de francs pour l'aide au logement temporaire. Ces deux
postes, financés en 1997 par un compte d'affectation spéciale,
font l'objet d'une rebudgétisation.
- 6,5 millions de francs pour les fonds d'aide aux accédants en
difficulté (ceux qui avaient souscrit des prêts à
l'accession à la propiété à taux
élevé de 1980 à 1985).
2. Le logement
Cet agrégat regroupe les
aides à la
pierre
, plus particulièrement concentrées sur le chapitre
65-48 (construction et amélioration de l'habitat). Celui-ci
régresse de 35,0 % en crédits de paiement (à 6,46
milliards de francs), mais progresse de 8,8% en autorisations de programmes
(à 6,34 milliards de francs).
Cette réduction sensible provient d'une
nouvelle modification dans la
structure de l'effort de l'Etat en faveur du logement
. D'une part, la
totalité des crédits de paiement du prêt à taux
zéro et du fonds de garantie à l'accession sociale est
désormais prise en charge par le C.A.S n° 902-30, ce qui fait
disparaître 3,5 milliards de CP du chapitre 65-48, et 0,4 du chapitre
65-50. D'autre part, la réhabilitation des logements sociaux
bénéficiera d'une dépense fiscale, par l'application du
taux réduit de la TVA (5,5%), évaluée à 2,2
milliards de francs, mais qui ne se traduit pas par une baisse des
crédits correspondants.
·
En 1998,
l'accession à la
propriété
bénéficiera d'une source unique de
crédits : 6,89 milliards de francs de crédits de paiement
sur le compte d'affectation spéciale 902-30. Ces crédits sont
scindés en 6,63 milliards de francs pour le prêt à
taux zéro et 0,26 milliard de francs pour la garantie des prêts
à l'accession sociale (contre 0,4 en 1997).
Ils seront
financés par un prélèvement sur la collecte et les retours
de prêt de la participation des employeurs à l'effort de
construction
(article 23 du présent projet de loi de finances). Le
secrétariat d'Etat au logement en escompte le financement de 110.000
prêts à taux zéro, ce qui suppose une subvention moyenne de
59.272 francs.
·
La
ligne fongible
prêts locatifs
aidés - primes à l'amélioration des logements
à usage locatif et à occupation sociale (PLA-PALULOS),
destinée à la construction et à la réhabilitation
des HLM (chapitre 65-48/10) est augmentée en autorisations de programme
(+4,9%), mais diminuée de 10,6% en crédits de paiement. A ces
crédits s'ajoute la
réduction du taux de TVA
sur les
travaux de réhabilitation, qui concernera également les travaux
non subventionnés, et qui représente un avantage de 2,2 milliards
de francs. En Ile de France, le fonds d'aménagement de la région
Ile de France (FARIF) accordera 510 millions de francs d'autorisations de
programme à la construction sociale.
Le gouvernement prévoit ainsi de financer 80.000 prêts
locatifs aidés (PLA), dont 30.000 PLA-très sociaux, soit un
programme identique à celui de 1997. Ce programme de construction doit
être complété par la distribution de 120.000 PALULOS.
·
La ligne destinée au
financement des
opérations les plus sociales
(notamment les logements d'urgence) est
dotée de 349,0 millions de francs de crédits de paiement.
·
La subvention d'investissement (AP) à l'
agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat
(ANAH) passe à
2,2 milliards de francs (+ 9,2 %) et à
2,105 milliards de francs en crédits de paiement (+11,2 %).
Les crédits de la
prime à l'amélioration de
l'habitat
(PAH) sont augmentés d'un tiers à 800 millions
de francs en autorisations de programme, mais diminuent
légèrement en crédits de paiement à 690 millions de
francs.
3. Les études, expérimentation, information
Ce poste obtient une augmentation de ses crédits de paiement (+3,9%) à 76,5 millions de francs. Il concerne surtout la subvention aux agences d'information sur le logement (30 millions de francs, l'agence nationale d'information sur le logement bénéficiant également de 21 millions de francs sur l'agrégat n°2), et l'élaboration des programmes locaux de l'habitat (PLH, 20,8 millions de francs).
4. La recherche
Cet agrégat concerne essentiellement les subventions au
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) :
- une subvention de fonctionnement de 131,3 millions
de francs (+1,7%) ;
- des subventions d'équipement de 6,7 millions de francs (en
AP, +17,5 %).
CHAPITRE II
LA GESTION DES EXERCICES 1996 ET
1997
La gestion des exercices 1996 et 1997 aura été
marquée par trois éléments principaux :
- la non réalisation des programmes physiques dans le logement social,
à laquelle la réforme du financement tente de remédier ;
- le fort engouement pour le prêt à taux zéro ;
- l'impossible stabilisation des aides personnelles.
I. LA NON-REALISATION DES PROGRAMMES DE LOGEMENTS SOCIAUX
Les années 1996 et 1997 ont été
marquées par l'accentuation d'une tendance apparue
antérieurement, et selon laquelle les programmes de construction et de
réhabilitation des logements locatifs sociaux s'éloignent de plus
en plus des prévisions inscrites en loi de finances initiale. Et ce
malgré une forte consommation des crédits inscrits.
Pour une part, ce problème peut être lié à
l'insuffisance des enveloppes de financement, à laquelle tend à
répondre le présent projet de loi de finances par des subventions
majorées sur 10.000 PLATS, sur 5.000 PLA
"reconstruction-démolition", ou par une réduction de la
subvention Palulos inférieure à l'avantage procuré par la
baisse de la TVA.
Mais votre rapporteur estime que pour une autre part, cette situation provient
d'une moindre demande des bailleurs sociaux et des collectivités
territoriales, notamment pour les crédits de construction PLA-TS. Le
parc locatif social, à l'image de l'ensemble du parc de logements,
bascule d'une phase de construction vers une phase de gestion et de
réhabilitation, voire désormais de démolition. La
conception française de son financement doit s'adapter à cette
réalité.
La confirmation de cette tendance est observable sur les premiers mois de 1997, alors que le programme physique était proche de celui de 1996 (80.000 PLA dont 30.000 PLA-TS).
L'évolution du PLA-TS est significative. Le nombre de PLA-TS distribués tend à augmenter : 7.000 en 1993 ; 13.500 en 1995. Depuis 1994, ce nombre n'est plus inférieur à 10.000, contrairement à la période antérieure. Toutefois, les ambitions des gouvernements successifs en la matière ont excédé les moyens mis à disposition, compte tenu de la forte croissance du coût unitaire du PLA-TS. Celui-ci dépend en effet moins d'un type de construction que du type de ménages qu'il doit servir à loger : les logements PLA-TS ne sont pas, comme on pouvait le concevoir à l'origine, des logements à coût de construction réduit. Ce sont en général les mêmes logements que les PLA, mais destinés à des familles qui acquitteront un loyer inférieur.
Le tableau précédent traduit bien l'ensemble des difficultés du PLA-TS. La demande pour ce type de produit est faible, et c'est pourquoi il ne sera pas construit plus de la moitié des logements programmés en 1997. Mais le coût de chaque PLA-TS a fortement augmenté, on est passé de 45.000 F par logement en 1990 à 75.000 F en 1995, car les logements construits se rapprochent en fait des normes de confort du PLA : d'où une relative insuffisance de crédits.
II. LE FORT ENGOUEMENT POUR LE PRÊT A TAUX ZÉRO
L'engouement considérable suscité par le prêt à taux zéro a excédé les prévisions effectuées lors de la mise en place de la réforme fin 1995. Bien que la bonne tenue des taux d'intérêt de marché ait permis de maintenir la subvention unitaire à un niveau modéré 1( * ) , cette situation a généré une insuffisance de crédits de 240 millions de francs pour les prêts accordés en 1997 aux opérations à quotité de travaux réduite (20 % à 35 %) qui doit être soldée lors de l'exercice 1997.
A. L'ÉVOLUTION DU NOMBRE DE PRÊTS DÉLIVRÉS
Du 1er janvier au 31 décembre 1996, 145.000 offres de
prêts ont été enregistrées par la
société de gestion du FGAS. 22.300 l'ont été lors
du premier trimestre et 28.200 au deuxième trimestre 1997
(données provisoires enregistrées fin août).
Offres de prêts |
1er trimestre |
2ème trimestre |
3ème trimestre |
4ème trimestre |
1996 |
29.460 |
35.629 |
33.328 |
46.775 |
1997 |
22.300 |
28.200 |
source : SGFGAS
L'année 1997 pourrait voir la délivrance d'un nombre de
prêts de l'ordre de 120.000 à 130.000, dont 100.000 dans le neuf.
L'arrêté du 25 janvier 1996 a autorisé la distribution
à titre temporaire durant l'année 1996 de prêts à 0
% comportant une quotité réduite de travaux (entre 20 et 35 % du
prix de l'opération).
Le chapitre 65-02 de la section des charges communes a servi à financer
les versements de l'Etat afférents à ce type de prêts. Il a
été doté en 1996 de 1 milliard de francs, dont 950
millions ont été reportés sur 1997.
En août dernier, les dépenses budgétaires au titre de
l'extension temporaire du prêt à 0 % étaient
estimées à 858 millions de francs, dont 562 millions de
francs en 1996 et 296 millions de francs en 1997.
En 1996, 145.000 offres de prêt ont été émises au
total, dont 34 % pour des opérations
d'acquisition-amélioration.
La part des opérations réalisées avec une quotité
de travaux comprise entre 20 et 35 % a représenté 21 % du nombre
total de prêts. Celle des opérations avec une quotité de
travaux supérieure à 35 % en a représenté
13 %.
Au quatrième trimestre 1995, les opérations
d'acquisition-amélioration, qui devaient comporter au moins 35 % de
travaux, représentaient 18 % au total.
Le coût moyen d'une opération dans l'ancien est de
440.000 francs en habitat individuel et 466.000 francs en habitat
collectif.
B. LA DÉCOMPOSITION DU COÛT DU PRÊT À TAUX ZÉRO
En 1996, le montant moyen du prêt à taux 0 %
s'est élevé à 98.000 francs. La subvention moyenne
était de 66.000 francs : 68.000 francs pour la tranche 1 relative aux
ménages les plus modestes, 30.000 pour la dernière tranche du
barème (ménages les plus aisés éligibles). Sur le
premier semestre 1997, le prêt moyen est de 101.000 francs, le taux de
subvention de 60 % et la subvention moyenne de 61.000 francs. Cette
subvention est versée par moitié sur deux ans.
Le prêt à 0 % est distribué par les établissements
de crédit habilités à cet effet par convention avec
l'Etat. Il est financé par ces établissements sur leurs
ressources ordinaires, dépôts ou émission d'emprunts
obligataires sur les marchés financiers.
L'Etat verse aux établissements de crédits conventionnés
une subvention destinée à compenser la différence
actualisée entre les mensualités de l'avance et les
mensualités qui seraient dues pour un emprunt de même montant et
de même durée à un taux de marché.
Ce taux d'intérêt normal, compensé par l'Etat, est
déterminé en ajoutant une marge au taux des emprunts d'Etat (OAT
ou BTAN) de même durée moyenne. La marge accordée à
l'établissement de crédit est de 1,6 point de pourcentage pour
les emprunteurs les plus modestes, lorsque le prêt fait l'objet d'un
différé de remboursement, et de 1,4 point dans les autres cas.
Cette marge correspond à la rémunération de
l'établissement, pour couvrir les frais de gestion, les risques de
défaillance des emprunteurs, la rémunération des capitaux
ainsi que l'écart entre le taux des emprunts d'Etat et celui auquel
l'établissement se procure ses ressources (cet écart est
évalué à 0,35 point. Il s'impute sur la marge de 1,4 ou
1,6 point qui n'est donc qu'une marge brute, la marge nette moyenne est de
l'ordre d'1,3 point).
Ce coût représente la subvention due, dont la proportion par
rapport au montant du prêt varie selon le revenu imposable du
ménage et a été fixée par un arrêté du
2 octobre 1995 modifié par un arrêté du 24 octobre 1996.
III. L'IMPOSSIBLE STABILISATION DES AIDES À LA PERSONNE
Les efforts réalisés par les précédents gouvernements (révision des services votés, gel des barèmes) pour contenir l'évolution rapide du coût des aides personnelles ont été frappés de vanité. A cet égard, la révision des services votés intitulée "mesures de rationalisation et d'économie" estimée à 500 millions de francs et associée à la présente prévision budgétaire, paraît relever, autant que les précédentes, d'une méthode d'autopersuasion. Depuis 1992 en effet, il a fallu chaque année constater d'importantes insuffisances de crédits.
Des abondements élevés ont donc dû être réalisés malgré des mesures d'économie prises en loi de finances initiale.
En 1997, le chapitre 46-40 devra être abondé de
2,68 milliards de francs pour tenir compte des faits suivants :
la loi de finances initiale pour 1997 prévoyait que 2.070 millions
de francs d'économies seraient mises en œuvre alors que seulement
750 millions de francs seront réalisées (1.175 millions de francs
en année pleine 1998) ;
les cotisations employeurs en faveur du FNAL qui ont été
évaluées au début de l'année 1996 s'avèrent
moins élevées de 350 millions de francs environ, compte tenu des
régularisations négatives opérées par l'ACOSS
correspondant au 2
ème
semestre de 1996 ;
les organismes payeurs ont effectué un rappel de 320 millions de
francs de prestations, soit environ 160 millions de francs budgétaires,
en janvier 1997, aux accédants bénéficiaires de l'APL dont
les mensualités sont progressives et qui bénéficient
à ce titre, en fonction des dispositions de l'arrêté du 3
juillet 1978, d'une majoration annuelle de 2 % de leurs mensualités
plafonds et ce, au titre des années 1995 et 1996 ;
il n'y a pas de reliquat à financer au titre de 1996 ; au
contraire, le FNAL et le FNH devraient bénéficier d'une
régularisation en leur faveur un peu inférieure à 300
millions de francs ;
quant à l'actualisation au 1
er
juillet, elle a
été financée pour 1997 à hauteur de 600 millions de
francs par le décret n° 97-755 du 9 juillet 1997 portant ouverture
des crédits à titre d'avance.
CHAPITRE III
LOURDES MENACES SUR LE PRÊT A
TAUX ZERO
Le prêt à taux zéro est la réussite la plus manifeste du gouvernement précédent. N'en déplaise aux idéologues qui veulent loger tous les ménages modestes dans des logements locatifs sociaux, n'en déplaise aux doctrinaires opposés à la bonification de taux d'intérêt ; les Français souhaitent accéder à la propriété, majoritairement en maison individuelle, et ils ont plébiscité la réforme, qui leur en a ouvert l'horizon.. Cette réforme, inachevée, recèle il est vrai quelques risques. Mais ce n'est pas à eux que s'attaque le nouveau gouvernement.
I. LA RÉUSSITE BRIDÉE DU PRÊT À TAUX ZÉRO
Le prêt à taux zéro contribue à remettre l'ascenseur social en marche , en permettant aux ménages modestes, à la fois d'accéder à un patrimoine transmissible à leurs enfants, et d'acquérir une maison individuelle, rêve partagé par un grand nombre de Français, particulièrement en province.
A. UNE CONTRIBUTION À LA REMISE EN MARCHE DE L'ASCENSEUR SOCIAL
Votre rapporteur considère que la réussite du prêt à taux zéro ne se mesure pas seulement au nombre de prêts délivrés, mais également à l'aune du type de ménage concerné et aussi du type d'habitat qu'il favorise. Les ménages concernés sont souvent très modestes. L'habitat privilégié est la maison individuelle.
Ainsi que le montre l'étude de la SGFGAS sur 1996, les
ménages acquéreurs en PTZ forment une population modeste :
40 % perçoivent moins de 6.900 francs mensuels ; 61 % moins de
8.600 francs. Il convient néanmoins de rappeler que l'année
servant de référence est d'un an antérieure à
l'année de l'opération : il est probable qu'au moment de la
réaliser, les ménages concernés perçoivent
davantage de revenu. Mais cela ne modifie pas l'analyse : il s'agit d'une
clientèle sociale.
L'effort réalisé par l'Etat est proportionné à la
modestie du ménage emprunteur. Cet élément fait partie du
principe même de la réforme. C'est la raison pour laquelle le
prêt à taux zéro coûte cher. Mais on ne peut s'en
offusquer : il coûte cher parce qu'il contribue à remettre
l'ascenseur social en fonctionnement.
Il est clair que le prêt à taux zéro
coûterait beaucoup moins cher s'il ne remplissait pas l'objectif social
qui est le sien.
Du point de vue de l'habitat, le prêt à taux zéro a
contribué au rétablissement du marché de la maison
individuelle que la relance des PAP en 1994 avait remis en selle. Ce
marché progresse depuis 1994. Depuis 1995, la construction de maisons
dépasse celle des logements collectifs.
Cette situation n'est pas sans receler quelques risques. En effet, la faiblesse des ressources des emprunteurs les expose au risque de surendettement, même si les établissements de crédit et les ADIL contribuent à l'interruption des projets irréalisables (l'ANIL estime que 39 % des projets du quintile le plus modeste des ménages postulant à l'accession ne sont pas réalisables). Et le choix d'une maison individuelle neuve les expose à un risque de perte en capital plus élevé que pour les accédants dans l'ancien ou en logement locatif. Mais plutôt que de répondre à ce risque, le gouvernement préfère restreindre la portée du prêt à taux zéro ; selon un processus similaire à celui qui avait provoqué la lente agonie du PAP dans les années 1980.
B. LES RÉFORMES ASSOCIÉES AU PRÉSENT PROJET DE BUDGET
Les réformes associées aux crédits du
logement pour 1998 visent à réduire le coût annuel du
prêt à taux zéro à 6,63 milliards de francs
d'autorisations de programme.
Le souci de contenir les dépenses est louable
. Mais votre
rapporteur remarque qu'il n'est pas égal selon tous les secteurs : le
logement locatif social bénéficie de faveurs importantes, et
aucune tentative pour prévenir l'envolée des aides à la
personne n'est réalisée.
En revanche, ce raisonnement va à l'inverse des nécessités
de l'heure au sujet du prêt à taux zéro. Le plus urgent est
en effet de pallier le risque de solvabilité.
Or, au lieu de résoudre cette difficulté, le gouvernement
contribue à l'aggraver de trois manières :
D'abord, il limite l'octroi du prêt aux
primo-accédants
2(
*
)
. Or, les
accédants secondaires, grâce à l'existence d'un bien
préalable, sont parmi les plus solvables, leur apport personnel
étant plus élevé.
Ensuite, il réduit la marge accordée aux
établissements de crédit de 1,3 % à 1,0 %. Or cette marge
fait partie intégrante de la couverture du risque de crédit. La
restriction de cette couverture entraînera un moindre accès au
crédit pour les plus modestes.
Enfin, il réduit la solvabilité des ménages, en
réduisant la subvention moyenne, par abaissement de la durée
d'amortissement selon le tableau suivant :
Certes, les différés d'amortissement les plus
longs font peser un risque de solvabilité par eux-mêmes. Mais, si
l'objectif est de réduire ce risque, il convient, tout en abaissant la
durée des différés, d'affecter la marge budgétaire
ainsi dégagée à la couverture de ce risque. Ce n'est pas
la logique suivie par le gouvernement.
De deux choses l'une : ou bien les ménages les plus modestes perdront
l'accès au crédit ; ou bien leur risque de solvabilité
sera accru. L'objectif est-il de les amener, ou de les maintenir, dans des
logements HLM, qu'on considérerait que ce type de population ne devrait
pas quitter ?
II. DOUBLE MENACE SUR LE PRÊT À TAUX ZÉRO ET LE 1 % LOGEMENT
Le prêt à taux zéro subit actuellement une double menace : celle du risque de solvabilité des ménages emprunteurs, l'apparition de sinistres pouvant remettre en cause la pertinence même de la réforme ; celle, plus immédiate, d'une impasse de son financement, qui touche également la participation des employeurs à l'effort de construction.
A. L'ABSENCE D'UN DISPOSITIF DE SÉCURISATION
Votre rapporteur spécial a rappelé à
plusieurs reprises qu'il considérait que le dispositif de
sécurisation de l'accession à la propriété
annoncé fin 1995 en même temps que le prêt à taux
zéro était un élément de la réforme de
l'accession d'importance égale à celle du prêt
lui-même. Il s'était inquiété de la mise en place de
ce dispositif auprès de l'ancien ministre délégué.
A cet égard, votre rapporteur fait siennes les propositions
exprimées récemment par nos collègues Paul Loridant et
Jean-Jacques Hyest
3(
*
)
, particulièrement
sur la mise en place d'un dispositif de prévention des sinistres de
l'accession sociale, et sur l'extension du prêt à taux zéro
au logement ancien qui, en atténuant le phénomène de
"décote" des biens acquis à l'aide de prêts sociaux,
participe du même objectif.
Nos collègues écrivent ainsi, au sujet de la mise en place d'un
système de sécurisation :
"La réforme de l'accession sociale à la
propriété mise en place par Pierre-André Périssol
comprenait initialement un volet de sécurisation, que l'ancien ministre
considérait comme l'indispensable complément de la mise en place
du prêt à taux zéro. Il envisageait de faire financer ce
projet par la participation des employeurs à l'effort de construction,
mais le recours massif à cette dernière pour financer le PTZ
lui-même (1 milliard de francs en 1995 et 1996, 7 milliards de
francs en 1997 et 1998) l'a empêché de mener ce projet à
son terme.
Or, l'absence de ce deuxième pilier prive l'accession sociale d'un filet
de sécurité absolument indispensable, des ménages
extrêmement modestes ayant commencé à accéder
à la propriété à partir de fin 1995, avec des
durées de remboursement très longues (jusqu'à 21 ans).
Comment penser qu'aucune difficulté ne touchera ces ménages,
accédant aujourd'hui à la propriété par dizaines de
milliers ?
Il est donc urgent de mettre en place un système de
sécurisation, financé par l'Etat, et qui pourrait s'appuyer sur
les entreprises d'assurance et les organismes d'HLM.
Plusieurs pistes peuvent être explorées.
Il s'agit tout d'abord de la
mise en place d'une assurance contre les
difficultés de paiement occasionnées par le chômage
. Le
précédent gouvernement envisageait deux séquences de
garantie qui auraient pu concerner le PTZ et le PAS :
réduction d'un tiers de la mensualité à partir du
dixième mois de chômage ;
relogement prioritaire dans le parc HLM comme locataire après 26
mois de chômage.
Les réflexions sur ce sujet devraient être reprises. Elles
pourraient être étendues aux autres causes exogènes de
difficultés : décès, mobilité professionnelle,
problèmes familiaux".
Et au sujet de la nécessité d'étendre le prêt
à taux zéro au logement ancien :
"Nos outils publics d'accession à la propriété
comportent d'autant plus de risques de surendettement qu'ils orientent
davantage les familles modestes vers le logement neuf. Il s'agit d'un processus
immédiat d'appauvrissement : un logement neuf devient ancien à
peine acquis, et par ce fait même, perd une grande partie de sa valeur.
Deux objectifs complémentaires doivent être poursuivis :
faire en sorte que la valeur du logement soit maintenue, ou du moins
qu'elle ne soit pas artificiellement réduite ;
faciliter la fluidité du marché des logements devenus
anciens.
Pour cela, il est nécessaire de ne pas orienter systématiquement
la demande vers le logement neuf, de ne pas y concentrer les aides publiques
qui gonflent artificiellement les prix de l'accession sociale, et de ne pas
entraver le marché du logement ancien.
Trois mesures principales peuvent être prises à cette fin.
La première consiste à étendre le prêt à
taux zéro aux achats de logements anciens
. Une quotité de
travaux peut être envisagée, mais il faut qu'elle soit
réduite, en tout cas significativement plus faible que les actuels 35 %
du coût de l'opération. Cette mesure permettrait aux
acquéreurs de logements neufs en PTZ de revendre leurs logements
à des ménages de même condition sociale
bénéficiant des mêmes avantages. Cela réduirait cet
important facteur de surendettement qu'est la décote. Bien entendu, le
coût budgétaire d'une telle extension nécessiterait de
revoir les paramètres du PTZ pour en réduire la subvention
globale. Une réduction de la durée des différés
d'amortissement les plus longs (actuellement 17 ans), un léger
abaissement des plafonds de ressources sont envisageables, l'essentiel
étant de ne pas réduire la portée des PTZ comme celles des
PAP de la dernière génération. Un aménagement de
son mode de financement (par exemple par la réorientation progressive
des crédits de la prime d'épargne logement) peut également
être envisagé.
Une telle mesure paraît d'autant plus urgente que la réduction
d'impôt pour les intérêts d'emprunt pour l'acquisition de
logements anciens, qui avait été prorogée jusqu'à
la fin de 1997, ne sera pas reconduite. Il n'existera plus, à compter de
1998, d'incitation à acquérir des logements anciens, ce qui
accroîtra mécaniquement l'écart de prix avec les logements
neufs, toutes choses égales par ailleurs, et appauvrira les
acquéreurs de logements neufs déjà installés."
B. UN FINANCEMENT PRÉCARISÉ
Le financement du prêt à taux zéro par un
prélèvement de la moitié des ressources du "1 % logement"
fragilise aujourd'hui la situation tant de la réforme de l'accession
à la propriété que de la participation des employeurs
à l'effort de construction.
Après avoir mis en garde contre une évolution qu'elle pressentait
dès les prélèvements de 1995 et 1996, votre commission
avait accepté le principe des deux prélèvements de
7 milliards de francs sur le 1 % logement en 1997 et 1998, parce que ces
prélèvements faisaient partie d'une convention signée par
l'Etat et les partenaires sociaux. Cette convention prévoyait la
pérennisation du "1 % logement", fédéré au sein de
l'Union économique et sociale du logement (UESL) et sa modernisation,
afin qu'il ne prête plus le flanc aux critiques relatives à sa
gestion.
Toutefois, l'engagement signé par l'Etat de rechercher les moyens de
pérenniser l'action du 1 % logement ne se conçoit qu'en
allégeant, progressivement au moins, la charge du prêt à
taux zéro qui pèse sur lui à partir de 1999. Faute de
quoi, le 1 % logement devra rapidement interrompre la moitié de ses
interventions habituelles.
En effet, pour maintenir à peu près intacte sa capacité
financière d'intervention, malgré le prélèvement de
7 milliards de francs, l'UESL a dû se livrer à une gymnastique
financière qui comporte deux volets :
une mobilisation de la trésorerie disponible pour 2,78 milliards
de francs ;
une ligne de crédit bancaire, souscrite en mai dernier
auprès du Crédit local de France, pour un montant d'1,5 milliard
de francs en 1997 et 4,5 milliards de francs en 1998. Le
différentiel entre le taux d'intérêt de cet emprunt (5
à 6 %) et celui des prêts des collecteurs (2 %) sera pris en
charge par une contribution des associés collecteurs de l'UESL au fonds
d'intervention prévu à cet effet. Le coût de ce
différentiel serait de l'ordre de 105 millions de francs par an sur sept
ans.
Compte tenu de son coût, ce type de palliatif ne saurait constituer une
solution durable à la pérennité du 1 % logement, si les
prélèvements devaient se renouveler.
Or, le secrétaire d'Etat au logement concède que le gouvernement
ne détient pas pour 1999 d'autres solutions pour financer le prêt
à taux zéro, ce qui laisse augurer deux difficultés : ou
bien le 1 % logement sera à nouveau mis à contribution, et il
devra fortement restreindre ses autres interventions, ou bien la portée
du prêt à taux zéro sera à nouveau restreinte. Une
combinaison des deux mesures peut également voir le jour.
Pourtant, alors même que le 1 % logement dégage en faveur du
prêt à taux zéro des marges de manoeuvres
inespérées, puisque le prélèvement au titre de 1998
devrait rapporter 7,4 milliards de francs au lieu des 7 milliards de francs
initialement escomptés, le gouvernement ne prend pas de mesure
conservatoire pour faire face aux difficultés prévisibles en
1999. Il pourrait, par exemple, mettre en réserve les autorisations de
programme correspondant à la différence entre le coût
prévu en 1998 ; 6,63 milliards de francs , et la recette
escomptée, 7,4 milliards de francs. Mais tout au contraire, il effectue
sur le compte d'affectation spéciale un prélèvement de 260
millions de francs pour le prêt d'accession sociale, et surtout un
prélèvement de 500 millions de francs en faveur des aides
personnelles. Cette attitude laisse penser qu'il y a, du côté du
gouvernement, un défaut de volonté pour résoudre la
difficulté.
Quelles sont, aujourd'hui les pistes possibles pour financer le prêt
à taux zéro à partir de 1999 ?
Votre rapporteur en distingue quatre pour le moment :
- la première, qui manifesterait la volonté du gouvernement de
voir pérennisée cette réforme plébiscitée
par les Français, serait de réintégrer progressivement le
prêt à taux zéro dans le budget du logement. Lorsque c'est
nécessaire, le gouvernement sait trouver des ressources : il a ainsi
trouvé 1,3 milliard de francs pour 1998 en faveur du logement
locatif social ; il a ouvert 240 millions de francs de crédits nouveaux
en 1997 pour financer le solde de l'extension au prêt à taux
zéro dans l'ancien ; il a su trouver ainsi 2,68 milliards de francs
au cours de l'exercice 1997 pour financer les besoins des aides à la
personne sans recourir à un quelconque compte d'affectation
spéciale ; il a rebudgétisé la contribution aux fonds de
solidarité pour le logement parce que la contribution
prélevée sur les surloyers ne suffisaitt pas à la financer
;
- la seconde consisterait à solliciter à nouveau le "1 %
logement" en prévoyant une sortie "en sifflet" de sa
collaboration au
prêt à taux zéro. Une solution simple serait, à
terme, de faire distribuer directement le prêt (sans prêt
complémentaire) par les collecteurs de la PEEC, comme votre commission
l'avait préconisé à l'origine ;
- la troisième consisterait à faire appel à
l'excédent de la prime d'épargne logement qui n'est pas
affectée au logement. Votre rapporteur rappelle que la prime n'est pas
versée aux titulaires de comptes d'épargne-logement qui ne
prennent pas de prêt ;
- la quatrième pourrait consister à y affecter une partie des
excédents du livret A, notamment par la baisse de son taux
d'intérêt, laquelle permettrait à la Caisse des
dépôts et consignations de dégager des excédents
supplémentaires. La vocation du livret A est, et restera, de financer le
logement des ménages modestes et non d'offrir une rente à un
nombre de ménages qui excède très largement
l'épargne dite "populaire".
Il existe peut-être d'autres solutions. Votre rapporteur n'a pas
d'idée préconçue à cet égard, et toutes les
pistes possibles doivent être envisagées. Il rappelle toutefois
que la mise en place de la nouvelle avance à taux nul s'était
accompagnée de la suppression de quatre dépenses fiscales dont
les effets en surcroît de recettes sont encore présents dans le
budget de l'Etat.
CHAPITRE IV
LE LOGEMENT LOCATIF :
UNE OPTION
FORTE EN FAVEUR DU LOGEMENT SOCIAL
Le présent projet de budget témoigne d'une
option forte du nouveau gouvernement en faveur du logement locatif social.
C'est un choix qui peut être discuté. Votre rapporteur estime pour
sa part que le logementsocial doit être convenablement soutenu. Il admet
la qualité des mesures prises : la réduction du taux de TVA
sur la construction comme la réhabilitation est une voie d'avenir ; et
il est incontestable que les crédits ne manqueront pas à la
réalisation de programmes physiques relativement ambitieux.
Votre rapporteur tient également à saluer l'action
discrète et efficace menée par l'agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat (ANAH) pour lutter contre la vacance et
l'exclusion dans le parc locatif privé. Elle dispose à ce titre
de moyens accrus dans le présent projet de loi de finances.
I. LA RÉFORME DU FINANCEMENT DU LOGEMENT SOCIAL
A. UN PREMIER BILAN DE LA RÉFORME DU FINANCEMENT DE LA CONSTRUCTION
La loi de finances pour 1997 a réduit le taux de la TVA
sur la construction sociale à 5,5 %, en utilisant la procédure de
la livraison à soi-même (LASM). Votre commission avait
accepté ce dispositif. Elle s'était montrée toutefois
vigilante à ce que ce nouveau système, qui était assorti
d'une réduction à due concurrence des subventions PLA, ne se
traduise pas par un déséquilibre des opérations.
Il est encore un peu tôt pour tirer un véritable bilan de cette
mesure. La direction de la construction et de l'habitation a néanmoins
déjà fait la synthèse de quelques enseignements
tirés de l'observation d'un échantillon.
Depuis la réforme du PLA intervenue le 1er octobre 1996, l'ancienne
subvention qui était de 12 % a été remplacée en
construction neuve par une aide fiscale consistant dans l'application du taux
réduit de TVA (5,5 %) à tous les travaux et prestations qui
étaient auparavant soumis au taux normal de TVA (20,6 %).
23.701 agréments fiscaux de PLA ont été accordés au
quatrième trimestre 1996, 45.000 agréments sont prévus
pour 1997.
L'importance de la nouvelle aide à la pierre dépend de la part du
prix de revient qui bénéficie de la réduction du taux de
TVA (le foncier étant déjà soumis auparavant à une
TVA réduite de 5,5 %).
Le tableau ci-dessous retrace pour la construction neuve le montant de l'aide
fiscale directe relativement au prix de revient total en fin de travaux
(calculé au taux de TVA normal), étant précisé
qu'il s'agit des résultats d'une simulation portant sur un
échantillon de 620 opérations réalisées sous
l'ancien régime du prix de référence :
Toutefois, à l'aide fiscale directe s'ajoute le
bénéfice du remboursement de la TVA à 20,6 % au fur et
à mesure de l'avancement des travaux, d'où il résulte une
aide en trésorerie
qui se prolonge jusqu'au moment du paiement de la
TVA à taux réduit, un an après l'achèvement des
logements et leur mise en location ; cette aide en trésorerie a
été évaluée à environ 0,7 % du prix de
revient total en zone 2 et 3 (0,6 % en zone 1).
Le taux de la nouvelle aide fiscale ressort donc à environ 11,4 % au
plan national.
Le taux d'aide à la pierre obtenu sous le régime du prix de
référence était le suivant, quasiment invariable d'une
année sur l'autre compte tenu du fait que l'actualisation du prix de
référence lui permettait de suivre l'évolution du prix de
revient :
Le montant de la nouvelle aide à la pierre ne s'écarte donc pas
de ce qu'il était sous le régime du prix de
référence en vigueur jusqu'en 1996, soit 11,4 % (hors
bénéfice des subventions pour surcharge foncière).
Sur la base d'un prix de revient prévisionnel de 470.000 francs
(chiffre estimé au taux de TVA de 20,6 % pour la construction neuve PLA
sur l'ensemble des 3 zones en collectif et individuel réunis) l'aide
à la pierre consistait en effet :
- jusqu'au 30 septembre 1996, en une subvention s'élevant à
54.520 francs (non révisable, ce qui fait revenir le taux d'aide de
11,6 % à 11,4 % sous l'effet des révisions de prix) ;
- à partir du 1er octobre 1996, en une aide fiscale s'élevant
à 50.290 francs augmentée d'un avantage d'environ
4.000 francs, consistant dans la trésorerie résultant du
remboursement de la TVA, soit environ 70.000 francs (15 % du prix de
revient), disponible pendant environ un an et demi.
B. LA RÉFORME DU FINANCEMENT DE LA RÉHABILITATION
Exploitant la veine ouverte l'an dernier, le nouveau
gouvernement a étendu la réduction du taux de TVA à la
livraison à soi-même des travaux de réhabilitation des
logements sociaux.
Les travaux pouvant bénéficier du taux réduit sont de
trois sortes :
- les travaux donnant droit à la PALULOS. Ce sont des travaux de mise
aux normes d'habitation ou d'amélioration ;
- les travaux d'amélioration, d'aménagement ou de transformation
en logement financés par un PLA acquisition-amélioration. Ce sont
les travaux les plus lourds : transformation de bureaux en logements,
reconstruction, agrandissement. Pour ces travaux, la frontière entre
construction neuve et acquisition-amélioration sera quelquefois
difficile à établir ;
- les travaux d'amélioration, de transformation ou d'aménagement
financés sur fonds propres. En ce cas, les travaux de grosses
réparations (qui ont lieu tous les 3 ou 4 ans) et de gros entretien
(travaux infra-annuels) sont concernés également.
Le champ d'application concernant les travaux est donc très large. Seuls
sont exclus le petit entretien et la maintenance, en général
financés par répercussion sur les loyers. La définition
précise de ces travaux fera l'objet d'une instruction fiscale. Celle-ci
devrait prévoir une conception souple et pragmatique des travaux
éligibles. En particulier, tous les travaux d'une grosse
opération seront pris en compte : le bailleur ne sera pas tenu de
distinguer ce qui, dans une transformation de local en logement aurait dû
relever du petit entretien.
Le bénéfice de la TVA à 5,5 % est subordonné
à
l'autorisation du préfet.
Par conséquent, contrairement à la réduction du taux
de TVA pour la construction, qui simplifie globalement la procédure en
supprimant dans de nombreux cas la nécessité d'obtenir une
subvention, la TVA à taux réduit sur la réhabilitation va
la compliquer quelque peu. En effet, les travaux effectués sur fonds
propres ne donnaient jusqu'à maintenant jamais lieu à
autorisation administrative : il faudra désormais y recourir.
Une fois l'autorisation obtenue,
l'opération fiscale se
déroule en deux temps :
- dans un premier temps, le bailleur acquitte la TVA à 20,6 % sur les
travaux qu'il fait effectuer. Rien ne change pour les entreprises et artisans
qui facturent ces travaux et la TVA y afférente ;
- dans un second temps, le bailleur demande le remboursement sur un ensemble
de travaux de la différence entre la TVA acquittée en amont et la
somme résultant de l'application du taux réduit sur ces travaux.
L'assiette de la TVA
sera constituée du prix de revient total
des travaux, à savoir les éléments de coût qui
auront subi la TVA en amont. Dans les opérations
d'acquisition-amélioration, seuls les coûts d'amélioration
seront pris en compte. Ceux d'acquisition, qui concernent des immeubles
anciens, n'ont pas subi la TVA mais les droits de mutation à titre
onéreux.
Les rémanences de TVA affectant les constructeurs sociaux dans leurs
travaux de réhabilitation sont supprimées. La dépense
fiscale correspondante est évaluée à 2,2 milliards de
francs pour 1998. Elle se décompose en deux éléments :
une augmentation de la TVA perçue en 1998 de 0,3 milliard de
francs, liée à l'accélération anticipée des
travaux des bailleurs acquittant la TVA à 20,6 % ;
une augmentation des remboursements de TVA (correspondant à la
différence entre 20,6 % et la LASM à 5,5 %) de 2,5 milliards de
francs.
En régime de croisière, le service de la législation
fiscale évalue l'avantage total à 1,3 milliard de francs en
année pleine. Compte tenu notamment de la réduction du taux de la
prime PALULOS de 20 % à 10 %, et de la réduction de 7 points du
taux de subvention aux prêts locatifs aidés finançant des
opérations d'acquisition-amélioration, l'avantage fiscal se
concentre sur les travaux financés sur fonds propres. Sur une
dépense fiscale totale de 2,8 milliards de francs en régime de
croisière, 1,5 milliard de francs seraient neutralisés par la
réduction des subventions.
Le tableau suivant récapitule les modalités de financement de
l'investissement des bailleurs sociaux en tenant compte des modifications des
taux de subventions.
Le nouveau financement du logement social
Type d'opération |
Ancienne subvention |
Nouvelles modalités |
Construction (1997)
|
12 % de l'opération
|
TVA à 5,5 % sur
LASM
|
PLA-TS |
20 à 25 % de
l'opération
|
TVA à 5,5 % sur LASM
|
Réhabilitation (1998)
|
12 % de l'opération |
TVA à 5,5 % sur LASM
|
PALULOS |
20 % de l'opération |
TVA à 5,5 % sur LASM
|
PLA-TS
|
20 % à 25 % |
TVA à 5,5 % sur LASM
|
Autres travaux |
néant |
TVA à 5,5 % sur LASM |
Le gouvernement a par ailleurs annoncé un programme de
10.000 PLA-TS bénéficiant de la TVA à 5,5 % mais avec
une subvention maintenue à 20 %, afin de rendre plus attractifs ces
logements boudés par les collectivités locales. Il a
également annoncé un programme de 5.000 PLA
reconstruction-démolition qui, tout en bénéficiant du
système de TVA à taux réduit entré en vigueur
depuis octobre 1996, pourront être également subventionnés
à hauteur de 50.000 francs.
Votre rapporteur spécial approuve la réforme ainsi
réalisée
.
Il souhaite toutefois faire deux remarques :
- la réforme du financement et les crédits budgétaires
dégagés rendent possible la réalisation des programmes
physiques ; à savoir 80.000 PLA et 120.000 PALULOS. Il ne serait
pas admissible qu'ils ne soient pas réalisés compte tenu des
moyens mis à disposition ;
-
la commission européenne vient de proposer, à l'occasion du
sommet sur l'emploi des 20 et 21 novembre, une extension à titre
expérimental du taux réduit à l'ensemble des travaux
effectués sur les logements existants, à l'exclusion de la
construction neuve. Votre rapporteur considère que cette proposition
doit être examinée avec la plus grande attention. Ses effets sur
l'économie, sur l'emploi, et le rééquilibrage qu'elle
provoquerait dans notre politique du logement entre le neuf et l'ancien,
seraient hautement bénéfiques.
Les ventes de logement HLM
Depuis la mise en oeuvre de cette politique par la loi
relative à l'habitat de 1994, votre rapporteur suit de près les
résultats des ventes de logements HLM à leurs occupants.
L'année 1996 a été particulièrement faste, avec
6.443 ventes dénombrées, malgré l'absence de
données pour 4 départements. Le bon résultat, qui donne
raison à l'ancien ministre Hervé de Charette, est essentiellement
dû aux bons résultats des Alpes-Maritimes (1.245 logements
vendus).
Évolution des ventes
(nombre de logements)
1993
4.305
1994
4.527
1995
4.632
1996
6.443
Les cinq départements les plus actifs en 1996
Alpes-Maritimes
1.245
Ariège
613
Hauts de Seine
531
Nord
356
Meurthe et Moselle
344
Le chiffre des ventes inclut celles du parc conventionné des
sociétés d'économie mixte.
Sur ces 6.443 logements vendus, 2.804 sont des logements individuels, et 3.369
des logements collectifs.
La plus grosse partie des recettes dégagées par ces ventes est
affectée à la réhabilitation des ensembles immobiliers.
II. L'ACTION DISCRÈTE ET EFFICACE DE L'ANAH DANS LA LUTTE CONTRE LA VACANCE ET L'EXCLUSION
Le projet de loi de finances pour 1998 maintient les
crédits de l'ANAH à un niveau élevé, quoique
très en retrait par rapport aux recettes tirées de la taxe
additionnelle au droit de bail.
En matière de politique du logement, deux fléaux sont
dénoncés souvent et à juste titre :
la vacance
, qui
toucherait entre 1,5 et 2,0 millions de logements, et
l'exclusion des plus
démunis
, qui apparaît choquante dans une situation où
une proportion significative de logements n'est pas occupée.
La lutte entre ces deux fléaux est traditionnellement
considérée comme relevant du parc locatif social public. Celui-ci
combat l'exclusion avec une efficacité croissante : les ressources
de ses nouveaux occupants ne cessent de diminuer. En revanche, il est à
son tour de plus en plus touché par la vacance.
Cette lutte n'est cependant pas considérée comme menée par
le parc locatif privé. C'est un tort : celui-ci est présent, et
de plus en plus, sur ce terrain, grâce à l'action de l'ANAH.
L'agence montre, s'il en était besoin, que les bailleurs privés
sont prêts à s'engager pour cet objectif d'intérêt
général.
A. LA LUTTE POUR LE LOGEMENT DES PLUS DÉMUNIS
Dans le cadre du plan d'urgence en faveur du logement des
plus
démunis, le gouvernement précédent a demandé
à l'ANAH de développer une offre nouvelle de logements locatifs
à vocation sociale.
Les mesures adoptées à cet effet par le conseil d'administration
du 11 juillet 1995 comportent 3 volets :
- lorsque le propriétaire réalise des travaux
d'amélioration dans un logement vacant qu'il s'engage à
conventionner, la subvention est augmentée d'un montant forfaitaire de
20.000 francs. Deux conditions sont nécessaires : le logement doit
être inoccupé depuis le 1er juillet 1994 et le coût des
travaux doit s'élever à 100.000 francs minimum ;
- lorsqu'un propriétaire loue à un organisme agréé
à des fins de sous-location à des personnes
défavorisées, la subvention actuelle pour les travaux
légers de remise aux normes (70 % de la dépense, dans la limite
de 40.000 francs) est complétée par une prime forfaitaire de
10.000 francs à condition que le logement soit inoccupé
depuis le 1er juin 1995 ;
- enfin, lorsque le propriétaire réhabilite un logement pour le
louer dans le cadre d'un programme social thématique (PST), en plus de
la subvention de l'ANAH, qui peut atteindre jusqu'à 70 % du montant des
travaux, il bénéficie d'une prime de 20.000 francs à
condition que le logement soit inoccupé depuis le 1er juin 1995.
Au total, 4.695 logements ont bénéficié en 1995 d'une
majoration forfaitaire de subventions :
- 2.541 logements vacants conventionnés (pour l'essentiel dans les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat
-OPAH) ;
- 76 logements loués à un organisme agréé à
des fins de sous-location à des personnes défavorisées ;
- 2.078 logements vacants financés dans le cadre des programmes sociaux
thématiques.
Les majorations forfaitaires représentaient un montant total de
92 millions de francs de subvention.
En raison du succès
rencontré en 1995, le conseil d'administration de l'agence a
décidé de poursuivre cette action en 1996.
Au total entre le 1er juillet 1995 et le 30 juin 1996, près de
8.000 logements ont bénéficié d'une majoration
forfaitaire.
Le tableau suivant montre les résultats obtenus dans les principaux
secteurs (logements conventionnés et PST).
Ces chiffres indiquent que la majoration forfaitaire
instituée a permis un accroissement sensible du nombre de logements
conventionnés et du nombre de logements financés en PST par
rapport aux résultats observés au cours des 12 mois
précédant la mise en oeuvre des nouvelles mesures.
Le tableau suivant indique pour les différentes catégories de
logements ayant bénéficié de la majoration forfaitaire de
subvention, le montant des travaux et la subvention moyenne.
La majorité des plans départementaux d'actions
pour le logement des personnes défavorisées ont lancé des
programmes sociaux thématiques (PST)
Nombre de conventions PST :
année |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
nbre PST nouveaux |
78 |
88 |
78 |
81 |
73 |
nbre PST en vigueur |
98 |
177 |
206 |
263 |
218 |
Subventions engagées et nombre de logements
financés dans le cadre des PST :
année |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
Total subventions travaux (MF) |
175 |
264 |
323 |
317 |
426 |
nbre de logements conventionnés |
2.800 |
3.300 |
3.900 |
3.600 |
4.200 |
la consommation de crédits PST s'est accrue de 34,4 %
de 1994 à 1995. Les PST représentent en 1995 15,6 % des
engagements de l'ANAH (contre 11,6 % en 1994).
Après une forte progression du nombre de logements produits, on a
assisté en 1993-1994 à une stabilisation autour de 3.500 à
3.900 logements produits en PST par an, puis à une nouvelle croissance
en 1995.
Ces logements sont dans leur majorité vacants (85 % des logements
améliorés en PST en 1995 étaient vacants) et très
dégradés et nécessitaient un montant élevé
de travaux.
Les propriétaires ayant acquis leur logement depuis moins de
2 ans, appelés "investisseurs", représentent 45 % du nombre
des dossiers PST, contre seulement 29 % de l'ensemble des dossiers ANAH.
De l'enquête 1994 sur l'occupation et le suivi des logements PST, il
ressort que la réhabilitation a porté essentiellement sur des
logements inférieurs au T3 (près de 40 % des logements sont des
studios ou T1). Ils sont occupés majoritairement par des personnes
jeunes, 60 % d'entre elles ayant moins de 40 ans dont 35 % ont moins de
25 ans. Il s'agit pour plus de 40 % de personnes isolées, pour 14 %
de familles monoparentales avec un ou deux enfants et pour 11 % de couples sans
enfants.
Peu de locataires ont un emploi stable et la plupart d'entre eux
bénéficient d'une allocation (chômage, parent isolé,
handicapé, RMI) ou d'un emploi précaire (CES, contrat de
qualification, stage). Les ressources mensuelles sont, pour plus de 70 % des
ménages, inférieures à 5.000 francs.
L'offre constituée par les PST, composée essentiellement de
petits logements, correspond à une demande caractéristique des
populations fragilisées sur le plan social : célibataires,
familles monoparentales, personnes sans emploi stable.
En ce sens, le PST apporte une réponse adaptée à un moment
du parcours d'insertion. Disposer d'un petit logement sur une certaine
période peut faciliter une amélioration de la situation
professionnelle et familiale des ménages concernés.
B. LA LUTTE CONTRE LA VACANCE
L'ANAH a aidé à remettre sur le marché,
avec tous les éléments de confort nécessaires,
38.500
logements vacants
en 1996 qui se répartissent comme suit :
- logements existants améliorés |
29.700 |
- transformation de locaux en logements |
2.000 |
- restructuration lourde d'immeubles |
6.800 |
L'évolution du nombre de logements vacants remis
sur le marché est résumée dans le tableau suivant :
Année |
Nbre de logements vacants remis sur le marché |
en % du nombre total de logements subventionnés |
1992 |
26.100 |
22,4 |
1993 |
31.400 |
22,3 |
1994 |
42.200 |
29,2 |
1995 |
40.600 |
32,1 |
1996 |
38.500 |
34,4 |
Plus du tiers de logements subventionnés par l'ANAH
étaient vacants en 1996 contre un peu plus de 20 % il y a cinq ans.
Un peu plus de la moitié des logements remis sur le marché, l'ont
été par des investisseurs (c'est-à-dire des personnes
ayant acquis les logements pour les louer après
réhabilitation).
Le montant moyen des travaux par logement s'établit à
216.000 francs (3.300 francs au m² de surface habitable), soit
plus du double du montant constaté pour l'ensemble des logements
subventionnés par l'ANAH.
De ce fait, en 1996, les subventions attribuées pour la remise de
logements vacants sur le marché sont évaluées à
1.900 millions de francs, soit les trois quarts du total des subventions
attribuées (2.595 millions de francs) alors qu'ils ne
représentent que le tiers des logements subventionnés par l'ANAH.
S'agissant des logements existants améliorés, le tableau suivant
indique l'ancienneté de la vacance au moment du dépôt de la
demande de subvention.
Ancienneté de la vacance |
Diffus
|
OPAH
|
PST
|
Ensemble
|
0 à 3 mois |
27 |
14 |
3 |
21 |
3 mois à 6 mois |
14 |
7 |
3 |
11 |
6 mois à 12 mois |
16 |
11 |
10 |
14 |
12 mois à 3 ans |
23 |
33 |
42 |
27 |
3 ans à 6 ans |
8 |
15 |
16 |
11 |
plus de 6 ans |
13 |
20 |
26 |
16 |
Total |
100 |
100 |
100 |
100 |
Ancienneté
moyenne
|
2,3 |
3,7 |
4,2 |
2,9 |
On constate que, si pour un peu moins d'un tiers des
logements, les travaux ont vraisemblablement été faits à
l'occasion d'un changement d'occupant (vacance inférieure à 6
mois), l'action de l'ANAH en faveur de la remise sur le marché a
porté majoritairement sur des logements dont la vacance était
ancienne, et même très ancienne dans les OPAH et les programmes
sociaux thématiques (PST).
C'est dans les communes rurales que l'ancienneté de la vacance est la
plus forte (4,2 années en moyenne). Elle est de 3,1 années dans
les agglomérations de moins de 100.000 habitants, 2 années dans
les agglomérations de plus de 100.000 habitants et d'un peu plus d'un
ans dans l'agglomération parisienne.
Les opérations menées avec les collectivités locales
contribuent fortement à la remise sur le marché de logements
vacants : 42 % des logements subventionnés dans les OPAH et 85 % dans
les PST sont remis sur le marché.
Enfin, il convient de rappeler qu'afin de favoriser le développement de
l'offre de logements conventionnés dans les OPAH, le conseil
d'administration a décidé en 1994 de porter de 35 % à 40 %
le taux de subvention de l'Agence sous réserve qu'une
collectivité locale accorde une subvention complémentaire du taux
de 5 %, ce qui porte au total le taux de subvention à 45 %. Ces aides
des collectivités locales sont souvent assorties de critères
particuliers dépendant des priorités que se donne la
collectivité, et notamment la résorption de la vacance.
CHAPITRE V
L'INEXORABLE PROGRESSION DES AIDES
PERSONNELLES AU LOGEMENT
Le présent projet de loi de finances contient 33,155 milliards de francs de crédits d'aides personnelles au logement, en progression de 11,5 % sur 1997. Cette forte majoration ne peut manquer de surprendre, en période de retour de la croissance économique, et alors que les effets de la généralisation de ces aides à l'ensemble de la population sous seule condition de ressources, intervenue le 1er janvier 1993, devraient être digérés depuis longtemps. D'autres mécanismes, liés à la conception de ces aides, contribuent à des effets de cliquet entravant leur reflux.
I. L'ANALYSE : UNE AUGMENTATION EXPLOSIVE, MAIS NON HOMOGÈNE
Les aides personnelles au logement sont versées aux
ménages, dont les ressources n'excèdent pas certains plafonds, au
titre de leur résidence principale, pour les aider à acquitter
leur loyer ou le remboursement de leur crédit, s'ils accèdent
à la propriété. On en distingue trois :
·
l'aide personnalisée au logement
(APL) est
versée pour les logements ayant fait l'objet d'un crédit
réglementé. Les bénéficiaires sont, pour
l'essentiel, des locataires de logements HLM financés en prêt
locatif aidé ou conventionnés. L'APL est alors versée
directement au bailleur social. Il s'agit aussi, pour une part minoritaire, de
logements neufs financés par un prêt d'accession à la
propriété (PAP) ou par un prêt d'accession sociale (PAS) ;
·
l'allocation de logement familiale
(ALF) est
versée aux locataires ou propriétaires ayant des charges de
famille, ainsi qu'aux jeunes ménages mariés depuis moins de cinq
ans ;
·
l'allocation de logement sociale
(ALS) est
versée aux locataires ou propriétaires n'ayant pas de charges de
famille (personnes âgées à la retraite, jeunes travailleurs
salariés, étudiants, personnes handicapées).
Leur financement est à la charge de deux contributeurs : les
entreprises
, via les caisses d'allocations familiales,
et l'Etat
.
Leur montant global sera de l'ordre de 75 milliards de francs en 1998,
contre 49 milliards de francs en 1990.
L'analyse de cette fulgurante progression révèle trois
éléments principaux. D'abord, du côté des
contributeurs, la part de l'Etat a cru plus vite que celle des entreprises.
Ensuite, la progression du volume d'aides a essentiellement été
liée à celle du nombre de bénéficiaires. Enfin,
parmi les différentes aides, l'ALS-location a été de loin
la plus dynamique.
A. L'AJUSTEMENT DES DÉPENSES A PESÉ SUR L'ETAT
La contribution des entreprises aux aides à la personne
est assise sur leur masse salariale. Elle est égale à 0,10 %
pour tous les employeurs, ratio auquel s'ajoute un supplément de
0,40 % pour les entreprises de plus de neuf salariés. La part des
entreprises est donc indifférente au niveau des dépenses. Elle
aurait même tendance à évoluer de façon
contracyclique : en période de difficultés économiques, de
chômage croissant, l'assiette de la contribution stagne alors que les
besoins en aides augmentent.
L'Etat fournit une contribution d'équilibre. C'est donc sur lui qu'a
pesé la plus grande part de la progression des années 90. On
remarque toutefois que la contribution des entreprises, qui pèse sur
l'emploi salarié, a sensiblement progressé.
Part de l'Etat dans le financement des différentes aides |
||||||||||
(en milliards de francs) |
||||||||||
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|||
Total Etat
(1)
|
18,690
|
20,521
|
19,450
|
19,415
|
28,428
(2)
|
27,500
|
29,942
|
32,05
|
||
Part de l'Etat dans le financement total |
|
|
|
|
|
|
|
|
(2) dont 2 milliards au titre des aides à la personne versées par les Caisses en 1992, régularisées en 1993.
B. LA PROGRESSION DES DÉPENSES EST DIRECTEMENT LIÉE À CELLE DU NOMBRE DE MÉNAGES BÉNÉFICIAIRES
Le rapprochement des deux graphiques suivants illustre ce phénomène.
Le nombre de ménages bénéficiaires des aides personnelles
est ainsi passé de 4,579 millions en 1990 à
6,148 millions en 1996.
Une analyse un peu plus fine montre que l'accroissement du coût des
prestations (hors frais de gestion) est toutefois plus que proportionnel
à celui du nombre de bénéficiaires. Les dépenses
ont augmenté de 46 %, tandis que le nombre de
bénéficiaires a cru de 34 %. La différence n'est que
très partiellement liée à l'actualisation des
barèmes, puisque ceux-ci ont notamment été gelés en
1993, 1995 et 1996. En termes réels d'ailleurs, le pouvoir
solvabilisateur des aides s'est dégradé.
L'écart provient de la dynamique même des aides. Elles augmentent
avec la taille des familles, le coût des logements, et en fonction
inverse des niveaux de ressources. De ce point de vue, on peut observer que
l'allocation de logement familiale s'est montrée la plus dynamique.
Alors même que le nombre d'allocataires a stagné, le montant des
prestations a progressé de 23 %. Cette différence est
probablement liée à la précarisation de la situation
financière des familles concernées.
C. L'ALS A PROGRESSÉ PLUS RAPIDEMENT QUE LES AUTRES AIDES.
La part prise par chacune des différentes aides
à la progression de l'ensemble est très inégale. Comme
l'indique le tableau suivant, l'explosion des aides personnelles est
essentiellement le fait de l'ALS et de l'APL locatives.
Part prise par les différentes aides (%) à la progression d'ensemble des prestations (22,6 milliards de francs de 1990 à 1996) |
|
APL-accession |
- 13,56 % |
APL-location |
+ 52,78 % |
ALF-accession |
+ 3,89 % |
ALF-location |
+ 8,22 % |
ALS-accession |
+ 1,23 % |
ALS-location |
+ 47,45 % |
On peut tirer deux enseignements de ce tableau.
D'une part,
les aides personnelles à l'accession à la
propriété se sont marginalisées
puisqu'elles ont
diminué de près de 2 milliards de francs. La progression est
donc exclusivement due aux aides locatives.
D'autre part, si l'on raisonne au niveau de chacune des trois aides, on
s'aperçoit que la progression de l'APL-location a été
partiellement compensée par la réduction de l'APL-accession.
Proportionnellement,
c'est l'ALS qui a connu la plus forte
poussée
, avec une croissance de 117 % des prestations sur la
période.
La généralisation de l'ALS sous seules conditions de ressources
(le fameux "bouclage") est à l'origine du phénomène. Cette
généralisation avait commencé en 1986, mais le bouclage
proprement dit à eu lieu de 1991 à 1993.
Aujourd'hui, 56% des ménages bénéficiaires d'aides
locatives ont un revenu inférieur au SMIC, 95% un revenu
inférieur à 2 SMICs.
Le bouclage de l'ALS |
|
Titulaires de droits |
Année |
|
1971 |
|
1986 |
|
1989 |
|
1990 |
|
1991 |
|
1992 |
|
1993 |
La progression de l'APL-location n'est pas liée
à une généralisation de même nature, mais à
une extension du parc HLM conventionné combinée avec une tendance
à la diminution des ressources des nouveaux locataires (qu'on appelle
parfois "paupérisation du parc").
L'extension du parc conventionné a surtout été liée
à la possibilité donnée aux HLM, à partir de 1988,
de conventionner leur parc construit avant 1977. Dans ce parc, le nombre de
titulaires de l'APL est passé de 499.000 en 1991 à 773.000 en
1996.
Cette progression a été partiellement contrebalancée par
la diminution de l'APL-accession. Cette diminution est la conséquence de
la marginalisation progressive des PAP au cours des années 80.
La généralisation des aides est donc bien à l'origine
de la vive progression des dépenses depuis 1990. Mais elle est
totalement achevée depuis 1993. Cette explication ne suffit donc pas
à comprendre pourquoi l'effet "boule de neige" perdure
actuellement.
II. EXPLICATIONS : UNE MÉCANIQUE BUDGÉTAIRE À EFFET DE CLIQUET
Notre système d'aides personnelles est
paramétré de telle sorte qu'il est voué à
coûter toujours plus cher
.
4(
*
)
Il
contient des effets de cliquet qui tendent à empêcher les
prestations de refluer, et favorisent au contraire leur progression. Cette
appréciation ne doit pas être confondue avec un jugement
négatif sur leur pertinence économique et sociale, qui constitue
un autre débat. En particulier, une amélioration de
l'efficacité sociale des aides va probablement de pair avec la
croissance de leur coût (comme en témoigne le processus de
"bouclage").
Il convient d'examiner successivement les effets des deux paramètres du
niveau de ces aides : les ressources des ménages et les dépenses
de logement.
A. LES IMPERFECTIONS DU PARAMÈTRE DE RESSOURCES
Lors de leur réforme en 1977
5(
*
)
, les aides personnelles au logement étaient
conçues pour aider les ménages dont les ressources ne
permettaient pas de couvrir la charge de leur logement. Élaborées
dans une période d'inflation forte, de développement rapide de
l'accession à la propriété, et de croissance
économique soutenue, elles auraient dû se maintenir au niveau
nécessaire pour loger les jeunes ménages et ceux qui connaissent
des accidents financiers. Cela n'a pas été le cas. Certes, pour
des raisons économiques (faiblesse de l'inflation, développement
du chômage, extension de la précarité familiale et
professionnelle...), mais aussi parce que la conception du paramètre de
ressources contient des imperfections qui contribuent à augmenter le
coût des aides.
On peut tout d'abord constater que
la France a une conception
généreuse de la population nécessiteuse d'une aide
personnelle
, ce qui entraîne un coût par habitant parmi les
plus élevés d'Europe.
Couverture de la population et coût des aides par habitant (1995)
France |
Finlande |
Royaume-Uni |
Pays-Bas |
Allemagne |
|
Taux de bénéficiaires d'aides sur l'ensemble des ménages |
|
|
|
|
|
Coût par habitant des aides (francs) |
|
|
|
|
|
Source : compte du logement
On considère ainsi en France que plus du quart des ménages ont
besoin d'une aide personnelle au logement, contre 8 % seulement en
Allemagne
. Cette conception généreuse tend à faire des
aides à la personne un revenu normal pour une frange importante de la
population, au même titre par exemple que les allocations familiales ;
alors que dans d'autres pays il s'agit d'un revenu plus exceptionnel, marquant
la modestie de la condition sociale des bénéficiaires.
Ensuite,
on doit observer que le bouclage intervenu entre 1990 et 1993 a
quelque peu perverti la notion de conditions de ressources
en profitant
massivement aux étudiants, quel que soit le niveau de revenus de leur
famille. La progression du coût budgétaire constatée entre
1990 et 1996 est massivement liée à ce phénomène.
Ainsi, au 31 décembre 1996, sur 997.120 ménages ayant
bénéficié du bouclage de l'ALS de 1990 à 1996,
533.000 sont des étudiants,
soit 53 % des ménages
bouclés
.
Les effets budgétaires du "bouclage
étudiants"
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
ALS étudiant versée (milliards de francs ) |
|
|
|
|
|
Coût budgétaire (y compris frais de gestion) (milliards de francs) |
|
|
|
|
|
Nombre de bénéficiaires (milliers) |
|
|
|
|
|
Source : DHC
A la lecture de ce tableau, on comprend pourquoi l'attribution de l'ALS aux
étudiants sans véritable condition de ressources est un facteur
durable d'augmentation de la charge de l'Etat au titre des aides personnelles,
bien que le bouclage fût achevé en 1993 :
- La population étudiante va croître plus vite que le reste
de la population ;
- Quand bien même la situation d'ensemble des ménages
français s'améliorerait de façon sensible, les
étudiants resteront une population sans ressources ;
- Une partie importante des aides personnelles (8 à 10 % environ)
est désormais indépendante de la situation sociale du pays.
Ce
constat relativise d'ailleurs l'explication de l'explosion des aides
personnelles par l'accroissement de la précarité sociale.
Enfin,
le paramétrage des ressources dans l'attribution des aides
comporte des dysfonctionnements qui sont des facteurs objectifs d'incitation
des allocataires à demeurer dans une situation sociale d'assistance pour
éviter de perdre la bénéfice de leur aide.
Ainsi, d'une façon générale, à niveau de ressources
égales, un salaire donne droit à une aide inférieure
à celle qui est obtenue si on perçoit une allocation
chômage ou tout autre revenu de transfert social. Le gouvernement
précédent avait commencé à remédier à
ce phénomène, mais l'œuvre n'est pas achevée.
Il est possible de citer des exemples édifiants à cet
égard.
Notre collègue Yann GAILLARD a ainsi relevé qu'un
bénéficiaire du revenu minimum d'insertion (RMI) n'avait pas
nécessairement intérêt à s'engager dans un contrat
emploi solidarité (CES), car ses ressources globales pouvaient diminuer
compte tenu de son APL.
Comparaison APL-RMI et APL-CES pour une personne seule
(en francs)
Montant du revenu |
Niveau de loyer |
Montant d'APL |
Reste à vivre |
Différence
|
|
RMI |
2.114 |
1.300 |
1.365 |
2.179 |
|
CES n° 1 |
2.679 |
1.300 |
915 1 |
2.294 |
+ 115 |
CES n° 2 |
2.679 |
1.300 |
515 2 |
1.894 |
- 285 |
Source : Yann GAILLARD - JO. Sénat (Q) 11/09/97 p
2391
1 Après 6 mois de CES
2 Si le titulaire du CES a bénéficié d'un revenu de 4.000
francs/mois lors de l'année de référence
Dans ce genre de cas, un titulaire de RMI hésitera à se lancer
dans le monde du travail. Il n'y a pas significativement intérêt
sur le plan financier alors que sa situation demeurera précaire. S'il
préfère rester au RMI, alors la charge d'aide personnelle ne
diminuera jamais, tandis que le retour dans le monde du travail pourrait
permettre à terme d'en faire disparaître le besoin.
Un autre exemple intéressant est donné par les conditions de
paiement de l'APL, dont les effets peuvent être particulièrement
néfastes en cas d'accession à la propriété
(APL-accession). Ainsi, s'il est prévu que le montant de l'APL peut
varier en cours de paiement, en cas de changement dans la situation de famille
(naissance, décès du conjoint, divorce), ou professionnelle
(chômage, retraite),
rien n'est prévu en cas d'évolution
du revenu
. Ainsi, l'APL ne sera pas revalorisée si un salarié
accepte un emploi à temps partiel, ou moins
rémunéré, alors qu'elle le serait si en refusant ces
emplois il se retrouvait au chômage.
B. LA SPÉCIFICITÉ DES AIDES PERSONNELLES : LA PRISE EN COMPTE D'UN PARAMÈTRE DE DÉPENSES DE LOGEMENT
Au-delà des imperfections liées aux
méthodes de prises en compte des ressources, l'hystérésis
budgétaire des aides personnelles provient surtout de ce qui fait leur
essence même :
elles augmentent au fur et à mesure
qu'augmentent les dépenses de logement des ménages
bénéficiaires
. Dans le secteur locatif, cette
spécificité en fait davantage
des subventions aux
bailleurs
(qui les perçoivent le plus souvent directement) que des
aides aux locataires. Or ce phénomène s'est fortement accru dans
les années 90, par la marginalisation des aides à l'accession et
la très forte progression des aides à la location. Et elle
crée naturellement un mécanisme d'auto-entretien de la
dépense publique.
Paradoxalement, il n'existe pas d'aide personnelle pour les occupants des
logements les moins coûteux, car elles ne sont délivrées
que si la résidence considérée bénéficie de
normes minimales de confort. Ainsi, un jeune ménage occupant un logement
de 20 m
2
n'aura pas droit à l'ALS ou à l'ALF, car le
logement doit mesurer au moins 25 m²
6(
*
)
.
Une des caractéristiques remarquables des
aides personnelles est donc que les exclus... en sont exclus
7(
*
)
.
Là encore, il ne s'agit pas de juger de la
pertinence socio-économique des critères, mais comme le niveau
d'aide est fonction croissante du coût du logement, il y a un plancher
d'aide en deçà duquel on ne perçoit rien, alors que l'aide
serait moins coûteuse.
Au-delà de ce plancher d'aide, la prise en compte de la dépense
de logement tend à augmenter le niveau des aides à mesure que le
parc de logement se rénove, se renouvelle, et se modernise.
Ainsi, plus un ménage est logé dans un logement bien
situé, confortable, neuf ou rénové, dont le loyer est
élevé, plus son aide au logement sera élevée.
Simulation d'APL-accession
(aux barèmes
antérieurs au 1/07/97)
Soit un ménage de 5 personnes, ayant acquis un
logement à partir de 1992, et bénéficiant de 100.000
francs de ressources annuelles.
Hypothèse 1
Si le logement acquis est
neuf
et situé en
région
parisienne
, le loyer de référence s'élèvera
à 3.617 francs/mois et l'APL sera de 187,30 francs.
Hypothèse 2
Si le logement acquis est
ancien
et situé dans une
zone rurale
de province
, le loyer de référence s'élèvera
à 2.388 francs/mois et ce ménage n'aura pas droit à l'APL.
L'aide est donc progressive avec le coût du logement
. L'importance
de ce critère tend d'ailleurs à reléguer au second plan
celui des ressources. Ainsi, il n'existe pas de plafonds de ressources absolus.
Il n'existe que des plafonds de loyers au-delà desquels la
dépense n'est plus prise en compte pour le calcul des prestations, et
qui déterminent ainsi implicitement des niveaux de ressources plafonds
("revenus d'exclusion"), d'autant plus élevés que les coûts
de logement sont élevés.
Par rapport à ses partenaires, la France a une conception
également généreuse de cette prise en charge.
Taux de couverture de la dépense-logement par l'aide (1995)
Royaume-Uni |
France |
Finlande |
Allemagne |
Pays-Bas |
90 % |
52 % |
46 % |
34 % |
31 % |
source : compte du logement
La France cumule ainsi un niveau élevé de
couverture des dépenses pour les ménages allocataires avec un
taux élevé d'allocataires dans la population.
Ceci tend
évidemment à faire des aides personnelles des subventions
structurelles difficiles à remettre en cause.
Pour les ménages les plus modestes, la prise en charge du logement est
quasi-totale. Deux minima absolus de prise en charge par le
bénéficiaire de sa dépense de logement ont
été institués : 175 francs pour l'APL et 100 francs pour
l'ALS et l'ALF. En effet, il pouvait arriver que des ménages
perçoivent une aide supérieure au montant de leur loyer. Il
arrive encore qu'à l'occasion d'un déménagement entre deux
logements du parc social, un ménage voit son aide croître
davantage que son loyer.
En application du même principe, les relèvements de loyers donnent
lieu à des augmentations partielles des aides correspondantes. Ainsi,
lorsqu'à la suite d'une rénovation, le loyer d'un logement HLM
augmente, l'APL augmente aussi, certes dans des proportions moindres, mais
d'autant plus fortement que le ménage occupant dispose d'un revenu plus
faible. L'amélioration du parc de logements contribue ainsi à
l'augmentation des dépenses d'aides à la personne.
Or, depuis le début des années 90, les loyers ont eu tendance
à augmenter plus vite que le niveau général des prix.
Évolution des loyers et des prix (%)
Prix à la consommation |
Loyers
|
Loyers
|
|
1990 |
3,4 |
3,3 |
5,1 |
1991 |
3,4 |
4,3 |
4,3 |
1992 |
2,7 |
4,0 |
4,6 |
1993 |
2,1 |
5,1 |
5,2 |
1994 |
1,9 |
4,3 |
2,6 |
1995 |
1,7 |
3,6 |
2,0 |
1996 |
2,0 |
3,0 |
2,1 |
1997 |
1,8 |
2,7 |
1,1 |
Il en est résulté que la composante "loyers"
dans les barèmes des aides au logement a cru plus vite que la composante
"ressources". Le gel des barèmes a toutefois freiné cette
évolution. Mais la prise en compte du niveau du loyer lors du calcul de
l'aide d'un ménage entrant dans les lieux a créé une
pression à la hausse sur le niveau global des aides. Dans le secteur
HLM, l'augmentation relativement vive des loyers provient de
l'amélioration de la qualité du parc et des nouvelles
constructions. Dans le secteur libre, il y a eu un effet de rattrapage du
niveau des loyers par rapport à d'autres prestations de service,
notamment à l'occasion des relocations.
Ces deux phénomènes ont contribué à l'augmentation
du volume des aides personnelles au logement. Ces aides sont désormais
perçues par les bailleurs de logements comme un élément de
revenu et un facteur de solvabilisation de leurs locataires. Elles les
encouragent à faire des travaux, à améliorer l'offre et
à augmenter les loyers.
8(
*
)
* * *
La logique des aides personnelles est d'atténuer la
charge du logement pour les ménages à faibles ressources. De
fait, 95 % des bénéficiaires perçoivent moins de
l'équivalent de deux SMICs. Mais la logique des aides personnelles est
aussi de donner accès à un logement confortable. Un logement
inconfortable ne donne droit à rien, et plus le logement est
confortable, plus l'aide est élevée.
Or, plus le parc de logements se rénove et se renouvelle, plus son
confort croît, plus son coût est élevé : les loyers
s'élèvent davantage que les ressources des ménages. Les
aides personnelles tendent donc structurellement à augmenter.
Droits acquis pour une grande part de nos concitoyens, éléments
essentiels du calcul économique des propriétaires-bailleurs, les
aides personnelles se sont installées durablement dans la politique du
logement. Elles demeureront une charge lourde pour l'Etat, contrairement
à ce qu'on avait pensé lors de leur création.
MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Majoration de crédits adoptés en seconde
délibération à titre non reconductible.
L'Assemblée nationale a décidé de majorer deux lignes de
crédits en seconde délibération, pour un montant global de
7,965 millions de francs :
chapitre 65-48, article 10 (construction et réhabilitation du
logement locatif social) en AP et CP 6,53 millions de francs
chapitre 65-48, article 70 (résorption de l'habitat insalubre) en
AP et en CP 1,435 millions de francs
Réunie le 4 novembre 1997 sous la présidence de M. Christian
Poncelet, président
, la commission des finances a
décidé de proposer au Sénat d'adopter les
crédits du ministère de l'équipement, du logement et des
transports - III - Logement.
Elle a
confirmé
cette position le 21 novembre
lors de
son examen définitif du projet de loi de finances pour 1998,
après avoir pris acte des modifications apportées par
l'Assemblée nationale.
1
Votre rapporteur rappelle que le
prêt à taux zéro est assorti d'une subvention
plafonnée. Sa réglementation prévoit que si les taux de
marché progressent, une révision trimestrielle des
paramètres intervient de façon à réduire la
durée des prêts, et donc la subvention correspondante (voir
à ce sujet le rapport sur le projet de loi de finances pour 1996
n
o
77-1995/1996 - Annexe n
o
28 pages 28
à 32).
2
Non propriétaires dans les deux ans
précédents, hors mobilité professionnelle
3
"Surendettement : prévenir et guérir" -
Sénat n
o
60 - 1997/1998 - Jean-Jacques Hyest - Paul
Loridant.
4
Ceci n'est pas propre à la France. Voir "le compte du
logement 1997" pages 143 à 169 - Edition Economica. Voir
également "Livre blanc sur les aides personnelles au logement" -Union
des HLM- Congrès de bordeaux 1996, et "Les évolutions des aides
à la personne en Europe" -. Laurent GHEKIERE - CECODHAS.
5
Les premières aides à la personne ont
été distribuées en 1948.
6
Pour donner droit à l'A.L., un logement doit :
disposer d'eau potable
disposer de moyens d'évacuation des eaux usées
disposer d'un WC particulier ou commun (s'il s'agit d'un appartement)
disposer d'un moyen de chauffage
mesurer 25 m
2
pour un couple (+9 m
2
par habitant
supplémentaire)
7
La prise en charge des ménages concernés se
fait par d'autres moyens : fonds de solidarité-logement, aide au
logement temporaire, logements d'urgence.
8
Ce phénomène de rétroaction de l'aide sur le
niveau des loyers est particulièrement fort s'agissant des logements
pour étudiants du parc privé. Il peut être en ce cas
qualifié d'effet pervers.