II. LA LENTE MISE EN OEUVRE DE LA RÉFORME
Le comité de suivi observe la mise en oeuvre de la
réforme dans les différents établissements et notamment
dans les formations non encore rénovées. Une récente
enquête a montré que, parmi les 75 universités ayant
répondu, 6 conservent entièrement le système de 1992 (avec
un premier semestre d'orientation), 14 appliquent la réforme de 1997
pour leurs premiers et seconds cycles, 5 ne l'appliquent qu'en première
année de DEUG. La majorité, 43 établissements,
appliquent un système mixte, variable en fonction des filières.
Le bilan montre par ailleurs que, sur 52 universités juridiques,
3 n'appliquent pas du tout le système de
capitalisation/compensation, et 40 l'appliquent partiellement, en
contradiction avec les textes. Quant au semestre d'orientation,
65 universités le mettent en place. Enfin,
39 universités n'ont pas instauré d'évaluation des
enseignements.
Surtout, la mise en oeuvre de la réforme est très
hétérogène en fonction des filières, ce qui nuit
à l'égalité des étudiants devant la loi.
Le cadre général a donné lieu à des conditions
variées de mise en oeuvre en fonction des traditions des disciplines et
des établissements, des conditions matérielles d'organisation et
des choix pédagogiques des enseignants et des instances de
délibération et de décision des établissements.
Certains établissements ont choisi des règles simples
fondées sur un système de moyenne générale des
modules avec des coefficients égaux pour chaque module, d'autres ont mis
en place des systèmes complexes de coefficients ou de regroupement de
modules. Partout, il y a eu le souci d'équilibrer la part du
contrôle continu et des contrôles terminaux, ainsi que la part des
épreuves écrites et des épreuves orales ou pratiques.
On limitera, de manière réductrice, les caractéristiques
de la rénovation des formations à trois : une organisation en
modules capitalisables, un contrôle des connaissances
rénové (capitalisation, compensation), des enseignements
redéfinis autour d'un "noyau dur".
·
Pour les secteurs des lettres-langues, arts et
sciences humaines
Les principaux problèmes résident :
- dans la tendance à
l'inflation horaire
qui laisse à
penser que la rénovation se résume parfois au regroupement
d'unités de valeur préexistantes en modules, sans
rééquilibrage ;
- dans la difficulté concomitante à mettre en place un
système de contrôle des connaissances s'appuyant sur une
obligation de compensation intra et inter-modulaire.
Les dispositions de l'arrêté de 1992 qui prévoient au sein
de chaque DEUG la mise en place d'au moins deux modules optionnels choisis par
l'étudiant sur une liste établie par l'université ont
souvent été appliquées de façon restrictive, les
modules proposés se limitant à un renforcement des enseignements
obligatoires et n'offrant que trop rarement la diversification qu'imposent
aujourd'hui les unités de découverte.
·
Pour les secteurs des sciences et de la
technologie
L'application des principales dispositions des textes de 1992 et 1993 s'est
heurtée à deux types de difficultés :
- difficultés liées à l'interprétation de
certaines dispositions réglementaires :
. découpage des enseignements en modules de taille et de poids
déséquilibrés interdisant de fait une réelle
compensation entre modules, l'arrêté ne fixant aucun cadrage
horaire des modules ;
. durée variable de la période d'orientation (non fixée
réglementairement) rendant difficile les passerelles, notamment vers
d'autres DEUG ou d'autres filières ;
. adoption de modalités de contrôle des connaissances
hétérogènes, complexes, parfois sévères :
fixation de notes minimales élevées aux modules, compensation
intégrale, par blocs de modules (semestriels par exemple), ou absence de
compensation (imprécision des dispositions réglementaires).
- difficultés liées à des problèmes
matériels
. absence d'épreuves orales dans les contrôles, pratique
d'admissibilité-admission (oraux réservés aux admissibles)
: problème de l'organisation des examens dans les formations à
fort effectif ;
. insuffisance des TP en DEUG ;
. insuffisance, voire absence, de la pratique d'une langue vivante ;
. manque de modules optionnels notamment en deuxième cycle.
·
Pour les secteurs du droit, de
l'économie-gestion et de l'AES
En droit,
les difficultés principales, lorsque les
établissements envisageaient effectivement de rénover,
concernaient les modalités de contrôle des connaissances.
L'organisation en modules et notamment la mise en place de modules optionnels a
été souvent l'objet d'incompréhension, d'autant que
l'obligation d'une organisation modulaire s'imposait pour la seule
première année de DEUG.
En économie-gestion,
la difficulté tenait plutôt au
souci des responsables des formations d'instaurer un système de
compensation restreinte par le biais de notes éliminatoires ou de notes
minimales obligatoires. La construction en modules n'a en revanche pas
soulevé de difficultés réelles.
En AES,
c'est l'articulation structurelle de ces formations au droit,
à l'économie-gestion ou aux sciences humaines qui
détermine la nature des difficultés.