B. LE NÉCESSAIRE RESSERREMENT DES LIENS ENTRE L'ÉCOLE ET L'ENTREPRISE
Votre rapporteur considère que l'école doit
sensibiliser les élèves à l'enjeu de leur insertion dans
la sphère économique. Il est à cet égard essentiel
d'encourager au plus tôt chez les élèves, l'esprit
d'initiative et d'entreprise dont ils devront faire preuve plus tard.
A cet effet, votre rapporteur se demande s'il ne serait pas opportun
d'introduire des cours de sensibilisation à la création
d'entreprise et à l'économie dans les instituts universitaires de
formation des maîtres (IUFM) afin de permettre aux enseignants de
transmettre à leurs élèves cet "esprit d'entreprise" dont
la France a besoin. De même, les échanges entre l'école et
l'entreprise doivent être encouragés dès le collège.
Enfin, votre rapporteur considère que les 650 diplômes
technologiques et professionnels offerts en France et périodiquement
réexaminés doivent être proposés localement en
fonction des besoins exprimés dans les départements.
Une mission de contrôle effectuée dans plusieurs
départements lui a en effet permis de constater que les formations
professionnelles débouchaient plus fréquemment sur un emploi dans
les départements qui développaient ces formations en
collaboration avec les entreprises locales. Ainsi, les CAP, BEP et bacs
professionnels créés avec l'aide de Peugeot dans le
département du Doubs permettent-ils aux élèves de
s'insérer dans l'industrie automobile par la suite.
De même, à Morez dans le Jura, le lycée a-t-il
développé des formations professionnelles en collaboration avec
l'industrie de la lunetterie implantée dans cette commune.
Votre rapporteur a en revanche pu constater dans certains départements
que les formations professionnelles et technologiques constituaient pour les
élèves un moyen de retarder leur entrée sur le
marché du travail, ce qui les amenait parfois à redoubler
abusivement pour demeurer dans le système éducatif.
Il convient donc de réexaminer très soigneusement la carte des
formations au regard de ces observations.
1. Au collège et au lycée en général
Au cours de la formation commune dispensée à
l'ensemble des élèves de collège, des contacts peuvent
être établis entre les établissements scolaires et les
entreprises, notamment au travers de l'éducation à l'orientation
engagée dès la classe de cinquième. Des visites et des
stages d'information en entreprise sont susceptibles d'être inclus dans
le projet d'éducation à l'orientation que doit élaborer
chaque collège conformément aux termes de la circulaire
n° 96-204 du 31 juillet 1996.
Les liens qui, à cette occasion, peuvent être tissés entre
les établissements scolaires et le monde professionnel, s'expriment de
manière plus privilégiée dans le cadre de certaines
formations intégrées au sein du collège, telles les
classes d'initiation préprofessionnelles en alternance (CLIPA) et les
sections d'enseignement général et professionnel adapté
(SEGPA). L'enseignement dans les CLIPA, instituées par la loi
quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation
professionnel, est dispensé selon les modalités d'une alternance
entre l'école et le milieu professionnel.
Quant aux SEGPA, l'organisation de leur enseignement prévoit, dans la
deuxième année du cycle central (classe de quatrième), des
stages de courte durée, visites d'entreprise ou présentation de
parcours de formation professionnelle offerts aux élèves dans les
bassins de formation.
S'agissant du lycée général et technologique, les
élèves de la filière qui mène au
baccalauréat "sciences et technologies tertiaires" qui se
caractérise par l'étude de l'entreprise, de son environnement
économique et juridique et de l'ensemble des techniques de gestion, ont
la possibilité de choisir, en classe de première ou de terminale,
une option facultative de deux heures "activités en milieu
professionnel". Cet enseignement, qui donne lieu à des séquences
de découverte en entreprise, leur permet de faire le lien entre les
enseignements obligatoires et des situations professionnelles réelles.
2. Dans la voie professionnelle
Dans la formation professionnelle, les liens avec le monde
économique s'établissent de façon multiple et
diversifiée.
Le dispositif "ingénieurs pour l'école"
Afin de renforcer le rapprochement école-entreprise, de
développer toute forme d'échange et d'alternance, susceptible
d'accroître les chances d'accès des jeunes à l'emploi, le
ministère de l'éducation et un certain nombre d'entreprise
(Thomson, Aérospatiale, SNECMA) ont décidé de s'associer
pour que des ingénieurs et des cadres des entreprises concernées
puissent être mis à la disposition de l'éducation
nationale, pour une durée limitée à deux ou trois ans,
dans le cadre de ces objectifs.
Le dispositif a été mis en place à la rentrée
scolaire 1994-1995 dans trois académies : Bordeaux, Toulouse
et Versailles, avec trente ingénieurs.
Le constat de cette expérimentation apparaît positif. Les services
rendus par ces ingénieurs sont concrets et très
intéressants, aussi bien dans les domaines de leur intervention que par
leur réflexion sur les structures et le mode de fonctionnement du
système éducatif.
En 1996-1997, soixante ingénieurs et cadres sont répartis dans
quinze académies et de nouvelles entreprises ont adhéré
à cette association (Matra-Hachette, ELF, IBM...).
Les missions remplies par ces ingénieurs concernent :
- l'insertion des jeunes ;
- les relais école-entreprise : partenariat pour le
développement de l'alternance et l'insertion dans le cadre des bassins
de formation, stages en entreprises ;
- le transfert de technologie ;
- et la sécurité du parc des "machines-outils" des
établissements scolaires.
Le partenariat avec les branches professionnelles et les entreprises
- Au niveau national
Les contenus des 650 diplômes technologique set professionnels sont
réexaminés périodiquement au sein des commissions
professionnelles consultatives (CPC) qui associent l'ensemble des partenaires
sociaux. Environ 60 diplômes sont ainsi actualisés,
créés ou supprimés chaque année, en fonction de
l'évolution des besoins de l'économie et de l'évolution
des professions.
- Au niveau local
Les établissements scolaires en concertation avec les entreprises
mettent en place des formations complémentaires d'initiative local
adaptées à l'emploi local. La multiplication de ces formations,
qui concernent actuellement près de 8.000 élèves
traduit leur réussite.
Il s'agit d'organiser une étape entre le diplôme et l'emploi
réel, en s'appuyant sur la mise en place de formations
post-diplômes très souples, négociées au plan local
et en fonction de l'emploi local, d'une durée d'environ six mois
à un an, reposant sur l'alternance (50 % de la formation se
déroulant en entreprise) et disparaissant dès qu'elles ne
correspondent plus à un besoin.
En ce qui concerne les transferts de technologies entre établissements
scolaires et entreprises, des projets industriels existent entre des
lycées (en général au niveau des sections de techniciens
supérieurs) et des entreprises (en général des PME). Il
s'agit de projets très variés visant à
l'amélioration de la qualité, l'étude et la
réalisation d'automatismes, la maintenance..., donc de
coopérations centrées sur la contribution des lycées
à l'évolution technologique des entreprises.
Il s'agit là d'une fonction qui, outre le fait qu'elle facilite
l'insertion professionnelle, valorise les équipements qui y participent
et contribue fortement au développement économique local.
Ces différentes actions se traduisent par de nombreuses conventions de
partenariat entre les établissements scolaires et les entreprises
locales.
Le développement des formations en alternance sous statut
scolaire
Cette alternance s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des dispositions
de l'article 7 de la loi d'orientation sur l'éducation de
juillet 1989, qui prévoit, pour toutes les formations conduisant
à un diplôme technique ou professionnel, l'obligation d'une
formation en entreprise.
C'est ainsi que des périodes de formation en entreprise ont
été introduites dans les baccalauréats professionnels et
les CAP-BEP :
- tous les baccalauréats professionnels comportent une période de
formation en entreprise de 12 à 24 semaines en moyenne sur les deux
années de formation ;
- au niveau BEP-CAP, les décrets du 19 février 1992 ont
introduit des périodes de formation en entreprise obligatoires dans les
préparations aux CAP et BEP ;
- s'agissant des brevets de technicien supérieur, une période de
stage en entreprise, variable de huit à douze semaines, est
systématiquement introduite dans les formations depuis une dizaine
d'années.
Les échanges écoles-entreprises sont amenés à se
développer encore, d'une part, en raison de l'extension des stages
à de nouveaux bénéficiaires, d'une part, avec la mise en
oeuvre de l'article 54 de la loi quinquennale sur le travail, l'emploi et
la formation professionnelle, qui prévoit d'offrir une formation
professionnelle à tout jeune avant sa sortie du système
éducatif. Ces formations devant être réalisées en
alternance (scolaire ou sous contrat de travail), c'est tout un public nouveau
qui doit être accueilli par les entreprises.
D'autres actions d'aide à l'insertion des jeunes sont poursuivies dans
le cadre de la mission générale d'insertion de l'éducation
nationale ; ces formations, caractérisées par leur souplesse
et fondées sur le principe de l'alternance, se construisent en
partenariat étroit avec le milieu économique local, à
partir du vécu du jeune en entreprise.
3. Le développement de l'apprentissage
En complémentarité avec les formations sous
statut scolaire et les formations dispensées en centre de formation
d'apprentis, l'ouverture, dans les lycées, de sections d'apprentissage
ou d'unités de formation par apprentissage sera poursuivie.
Leur développement s'articule avec les travaux menés pour la
rénovation pédagogique des centres de formation d'apprentis,
gérés par des établissements publics locaux d'enseignement
(EPLE), qui visent, principalement, à renforcer les compétences
des acteurs et à en améliorer les pratiques pédagogiques.
Par ailleurs, dans le cadre du protocole d'accord signé le
18 juillet 1990, entre le ministère du travail et le
ministère de l'éducation nationale, concernant la
rénovation de l'apprentissage, différentes actions ont
été mises en oeuvre dans le but d'améliorer la
qualité de la formation donnée aux apprentis. Elles ont,
notamment, mobilisé, au service des CFA des entreprises, des
compétences existant au sein de l'éducation nationale :
recherche d'une organisation pour optimiser le parcours de formation des
apprentis, positionnement des jeunes à l'entrée en apprentissage,
pédagogie de l'alternance appliquée au brevet de technicien
supérieur, mise au point de la formation à distance dans le cadre
d'un CFA national.