III. L'ÉQUILIBRE PROPOSÉ N'AMÉLIORE PAS SUFFISAMMENT LE SOLDE BUDGÉTAIRE
A. LA BOULE DE NEIGE DE L'ENDETTEMENT GONFLE TOUJOURS
Sous l'effet d'une croissance de leurs déficits plus
rapide que celle du PIB,
la dette des administrations publiques
rapportée au PIB s'est considérablement accrue depuis 1985
.
Représentant alors 31 % du PIB, elle s'élèverait
à 57,8 % du PIB en 1998. D'un montant de 1.457 milliards de
francs en 1985, elle passerait à 4.861 milliards de francs en 1998,
soit une multiplication par 3,3 et une progression annuelle moyenne de
9,71 %.
La dette brute de l'Etat est quant à elle passée de
1.408 milliards de francs en 1985 -elle s'élevait à
677 milliards de francs en 1981, soit une augmentation de 20,1 % par
an entre ces deux dates- à 4.272 milliards de francs en 1996. A
cette date, elle représentait 98 % de la dette brute des
administrations publiques, le solde (88 milliards de francs) étant
porté par les autres composantes du secteur public.
Cette augmentation considérable de l'endettement s'est
accompagnée d'une hausse très vive des intérêts.
Ceux-ci s'élevaient à 168,3 milliards de francs en 1989
(Etat 111,8 ; autres : 56,5). Ils ont été
portés en 1996 à 320,4 milliards de francs (Etat :
236,8 ; autres : 85,6), soit une progression de 11,3 % par an en
moyenne (Etat 13,3 % ; autres : 7,2 %).
Ce phénomène, qualifié d'effet "boule de neige" a
réduit à néant les marges de manoeuvre
budgétaires.
L'Etat, qui consacrait 8,8 % de ces emplois aux paiements
d'intérêts en 1989, leur en consacrait 14 % en 1996.
A elle seule, la variation des charges d'intérêt explique
près de 2/3 de la dégradation de la capacité de
financement de l'Etat constatée entre 1989 et 1996.
Ainsi, "dévoreuse des marges de manoeuvre budgétaires", la
dérive des charges d'intérêt de la dette anéantit
toute tentative d'assainissement de ses finances publiques.
La dynamique propre à la dette publique est en effet supérieure
à celle du PIB qui, elle-même, est spontanément
supérieure à celle des recettes fiscales.
Le tableau ci-dessous le démontre.
La dynamique de la dette publique
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
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Encours de la dette
Maastricht
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La réduction des déficits publics est donc un
impératif absolu, elle s'impose par priorité à tout. Elle
doit aller au-delà des objectifs de déficit fixés par le
Traité sur l'Union européenne. C'est ce que montre la simulation
effectuée par l'OFCE à l'horizon 2002.
Dans cette simulation, le déficit public est, au sens du traité,
de 3 % en 1998 et en 1999 et de 2,9 % en moyenne au-delà
jusqu'à 2002.
Malgré ce résultat, le ratio de la dette publique dans le PIB
s'accroît continûment pour atteindre 60 % en 2002.
A cet accroissement correspond une très faible diminution de la part des
charges d'intérêt dans le PIB. En effet, malgré des taux
d'intérêt à court terme inférieurs au taux de
croissance du PIB, celle-ci passerait de 3,6 % à 3,5 % entre
1997 et 2002.
Ces résultats ne doivent pas surprendre. La croissance est, en
projection, de 3,8 % alors que les auteurs du Traité sur l'Union
européenne, qui visaient la stabilisation à long terme de
l'endettement des administrations publiques, avaient retenu une
hypothèse de croissance de 5 % en valeur, grâce à
laquelle un déficit limité à 3 % du PIB autorisait
cette stabilisation.