CHAPITRE PREMIER
LE CADRAGE ECONOMIQUE DU PROJET DE
BUDGET :
DES HYPOTHESES FRAGILES
I. L'ACCÉLÉRATION DE LA CROISSANCE : LE PARI RISQUÉ DU GOUVERNEMENT
La prévision de croissance pour 1998 associée au
projet de loi de finances s'élève à 3 %.
Le tableau ci-dessous expose l'évolution du produit intérieur
brut et de ses différents déterminants en 1997 et 1998.
L'équilibre du PIB en volume en 1997 et en 1998
Taux de croissance annuel
(en %)
1997 |
1998 |
|
Demande intérieure totale
|
1,5
|
2,5
|
Commerce extérieur
|
6,9
|
5,7
|
PIB |
2,2 |
3,0 |
Source : INSEE
On constate que la croissance de l'activité, en reprise dès 1997,
s'accélérerait encore en 1998, passant entre ces deux
années de
2,2 % à 3 %.
L'année prochaine verrait donc l'amplification d'un mouvement
amorcé dès cette année. Celle-ci serait permise par une
accélération de la demande intérieure.
A. LA REPRISE AMORCÉE À PARTIR DE FIN 1996...
1. Bref retour sur 1996
La croissance économique s'était établie
en 1996 à 1,2 % en volume. Le premier semestre 1996 avait,
dans le prolongement du dernier trimestre de l'année
précédente, débouché sur un rythme très
faible de l'activité. Le second semestre devait enregistrer un
début d'amélioration de la conjoncture mais, au total, la
croissance fut décevante.
Le tableau ci-après rend compte des écarts entre les
prévisions économiques pour 1996 et l'évolution
économique effectivement constatée.
(en %)
Taux de croissance
annuel
|
Taux de croissance annuel
|
|
Demande intérieure totale
|
2,9
|
0,7
|
Commerce extérieur
|
5,1
|
4,8
|
PIB |
2,8 |
1,2 |
Source : INSEE
Les écarts entre la prévision de croissance et la croissance
réalisée en 1996 s'expliquent
par une erreur portant sur
l'évolution de la demande intérieure
qui s'est
révélée trop optimiste, et que n'a pas suffisamment
compensée
une erreur de prévision sur l'évolution du
commerce extérieur
qui, finalement, fut plus favorable
qu'escompté.
Au total, la contribution de la demande intérieure à la
croissance du PIB a été inférieure de 2 points aux
prévisions tandis que celle du commerce extérieur a
été supérieure de 0,5 point.
Toutes les composantes de la demande intérieure ont
évolué moins vite que prévu, mais l'écart a
été maximal sur la demande des entreprises.
Plutôt que
de s'accroître de 8 %, l'investissement des entreprises a
décru de 1,5 %. Quant aux variations de stocks, on attendait
qu'elles contribuent pour 1 point à la croissance du PIB alors
qu'elles ont engendré une contraction de 0,5 point de la production.
A l'inverse, mais dans des proportions plus réduites, le commerce
extérieur a apporté un soutien conséquent à la
croissance
, en expliquant 0,5 point, malgré une expansion des
exportations moins forte que prévu, mais grâce à une
croissance des importations beaucoup moins élevée
qu'escompté.
L'année 1997 s'ouvrait donc sur un panorama
contrasté
:
- un faible acquis de croissance de 0,8 % en volume calculé
sur la base du PIB du dernier trimestre 1996,
- un frémissement de reprise depuis le second semestre 1996,
- une composition de la croissance où la part des échanges
extérieurs était primordiale, malgré une évolution
de la consommation des ménages plus soutenue que l'évolution de
leur pouvoir d'achat aurait permis de supposer.
L'évolution de l'investissement pouvait être jugée comme la
manifestation d'une situation plus globale de défaut de dynamisme de la
demande intérieure.