3. Les déficits publics nuisent à une allocation efficace des ressources.
Dans une approche dont le caractère théorique ne doit pas être dissimulé, les prélèvements obligatoires représentent une sorte de prix payé pour accéder aux dépenses publiques.
En cas de déficit public, le prix des biens publics est inférieur à leur coût.
Dans cette situation, la demande de services collectifs n'est pas aussi contrainte qu'elle le devrait et peut être considérée comme "insincère".
Tout se passe comme si les agents se comportaient en "passagers clandestins" : ils obtiennent des biens ou services sans en supporter le coût.
Les prélèvements obligatoires ne jouent plus leur rôle de révélateur des préférences. Dans une hypothèse extrême, l'offre de biens collectifs se développe sous l'effet d'une demande non contrainte jusqu'à ce que la contrainte de solvabilité se manifeste. Il peut y avoir alors transfert entre générations du fardeau du financement.
L'économie de la santé démontre le caractère pratique de telles approches 6 ( * ) . Mais de nombreux autres exemples pourraient être cités (niveau des pensions publiques, garanties des dettes des entreprises publiques...).
Rapprocher la dépense et le prix payé apparaît nécessaire pour améliorer l'allocation des ressources.
Les pays européens ont tous entrepris la nécessaire mise en ordre de leurs finances publiques.
Ces efforts ont sans doute un coût -à l'encontre de la situation des Etats-Unis, ce redressement n'est guère favorisé par un contexte économique dynamique-, mais le niveau devenu insoutenable de l'endettement public les impose.
La question de l'accompagnement de ces politiques budgétaires se pose toutefois.
Seule une meilleure coordination des politiques économiques en Europe, qu'elle s'exerce dans le domaine monétaire ou dans celui des revenus, permettra de lui donner une réponse appropriée.
De ce point de vue aussi la création prochaine d'une monnaie européenne unique et d'une politique monétaire européenne est, à l'évidence, une étape historique.
* 6 Même si l'explication des déficits de ce secteur ne peut instituer une réponse univoque.