III. LE DIFFICILE REDRESSEMENT FINANCIER DE LA COMPAGNIE GÉNÉRALE MARITIME
La Compagnie Générale Maritime poursuit depuis novembre 1992 la réalisation du plan de restructuration qu'elle a adopté pour redresser durablement sa situation financière.
Trois idées principales ont alors prévalu pour définir la nouvelle stratégie de l'armement. Il était nécessaire de recentrer rapidement l'activité de la société sur son métier traditionnel d'armateur de lignes régulières. De nouvelles conditions de travail tant à bord des navires que parmi les services à terre devaient être élaborées en concertation avec les partenaires sociaux. La création de filiales par lignes ou par agences devait dynamiser les activités les plus importantes du groupe et responsabiliser les agents.
Dans le cadre, par le biais d'allégements successifs de services, d'importantes réductions d'effectifs et de fermeture progressive de ses secteurs d'exploitation les plus lourdement déficitaires, la compagnie est parvenue à rationaliser ses structures et à recentrer son réseau sur les liaisons sur lesquelles elle est traditionnellement bien implantée.
En contrepartie de ces efforts, l'État, qui reste décidé à soutenir la société, a joué son rôle d'actionnaire principal en procédant progressivement à sa recapitalisation.
Dans ces conditions, malgré un environnement économique et maritime qui reste très difficile, la société, dorénavant mobilisée autour d'une stratégie claire, semble désormais en mesure de rétablir l'équilibre de son compte d'exploitation, élément essentiel de la réalisation effective de sa privatisation.
A. LA RATIONALISATION DES STRUCTURES
La compagnie est progressivement parvenue à rationaliser ses structures en se désengageant de secteurs non stratégiques et en négociant de nouvelles conditions de travail avec ses partenaires sociaux.
1. Les cessions d'actifs non stratégiques
Un programme de cessions d'actifs portant à la fois sur le matériel pour l'essentiel non directement lié à l'activité commerciale de l'entreprise, l'équipement naval (navires et conteneurs), le parc immobilier et les participations dans les sociétés ne revêtant pas une importance stratégique pour la CGM, a été engagé.
En contrepartie de ces cessions d'actifs et constatant la réalisation effective des mesures de restructuration engagées par la Compagnie, l'État, soucieux de jouer son rôle d'actionnaire principal, lui a versé une première dotation en capital de 700 millions de francs
Cette première dotation a été complétée en début d'année 1995 par une nouvelle dotation de 950 millions de francs
2. Les nouvelles conditions de travail
Cette action a concerné les personnels navigants et les personnels sédentaires.
En ce qui concerne le personnel sédentaire, faisant suite au plan social engagé dès l'été 1992 qui a abouti à 460 suppressions d'emplois, un plan complémentaire a été adopté en juillet 1993 portant sur 140 nouvelles suppressions d'emploi. Parallèlement, une centaine de transferts d'emplois dans des entreprises extérieures, à l'occasion d'externalisation de certains services de la CGM, a pu être réalisée.
Un plan social complémentaire a été négocié dès que la décision du retrait des lignes d'Extrême Orient a été prise. Il prévoit le départ de plus de 400 collaborateurs, y compris le personnel étranger.
La création de sept filiales, regroupant les services de lignes et les agences le 1er mai 1993, s'est accompagnée de la transformation du statut des personnels sédentaires de la Compagnie. Dorénavant, au lieu d'être soumis à un statut proche de celui de la fonction publique, ces agents sont soumis aux conventions collectives de branche qui s'appliquent dans ce secteur. Cette évolution a permis d'introduire une plus grande souplesse dans la gestion de ces personnels.
Ces mesures s'accompagnent d'une politique salariale très rigoureuse. Depuis 1992, en raison des difficultés que connaît l'entreprise, les augmentations salariales appliquées ne sont plus que celles qui résultent de l'application des accords conclus antérieurement et de la transposition des accords de branche signés par le Comité Central des Armateurs de France.
En ce qui concerne le personnel navigant, afin de réduire ses coûts d'armement tout en bénéficiant des nouvelles dispositions lui permettant d'alléger ses charges sociales, la Compagnie a été amenée à immatriculer le 12 août 1993 ses navires sur le registre d'immatriculation du territoire des Terres Australes et Antarctiques Françaises, dès lors que ce registre devenait accessible aux navires de lignes régulières.
La CGM a également signé avec les organisations syndicales, le 30 décembre 1993 un accord qui pour une durée de trois ans fixe la composition de la flotte et le nouveau régime d'armement des navires. Celui-ci prévoit notamment le rapatriement à bord des tâches d'entretien désormais confiées à des équipes de renfort jusqu'en 1996, avec une stabilisation de la flotte au niveau de 16 unités. Cette action permet de dégager une économie annuelle de 50 millions de francs
Le nombre de navigants qui s'élevait à 1.073 au début de l'année 1993 se stabilisera au niveau de 620 (dont 240 officiers et 380 marins).
Cette réduction de l'emploi provoquera une réduction sensible de la masse salariale correspondante qui, de 365 millions de francs en 1991, se stabilise à 250 millions de francs en 1994.