II. LES CRÉDITS DE LA MISSION « TRAVAIL ET EMPLOI » SE MAINTIENDRAIENT À DES NIVEAUX ÉLEVÉS DANS LES PROCHAINES ANNÉES, SIGNE D'UN INVESTISSEMENT IMPORTANT EN FAVEUR DE CES POLITIQUES PUBLIQUES
A. L'INVESTISSEMENT DES POUVOIRS PUBLICS DANS LES POLITIQUES EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES ET DE L'ACCÈS À L'EMPLOI SE POURSUIT
1. La majorité des dispositifs financés par la mission bénéficie de moyens stables ou en augmentation pour 2024
La majorité des dispositifs du programme 102 « Accès et retour à l'emploi », hors indemnisation des demandeurs d'emploi, verrait ses moyens se stabiliser ou augmenter entre 2023 et 2024. C'est notamment le cas du financement des missions locales (- 0,2 %), des dispositifs d'insertion par l'activité économique (IAE, + 14 %), des entreprises adaptées (+ 0,6 %) et de l'expérimentation « Territoires zéro chômeurs de longue durée » (+ 53,3 %).
Évolution des crédits des principaux dispositifs en faveur de l'emploi et des compétences portés par la mission « Travail et emploi »
(en millions d'euros)
2023 |
2024 |
Évolution 2024/2023 |
||||
Programme 102 |
AE |
CP |
AE |
CP |
AE |
CP |
Indemnisation demandeurs d'emploi |
1 847 |
1 847 |
1 725 |
1 725 |
- 6,6 % |
- 6,6 % |
Financement missions locales |
633 |
633 |
635 |
632 |
+ 0,3 % |
- 0,2 % |
Contrats aidés |
686 |
447 |
400 |
398 |
- 41,7 % |
- 11,0 % |
dont PEC (secteur non-marchand) |
530 |
355 |
331 |
335 |
- 37,5 % |
- 5,6 % |
dont CIE (secteur marchand) |
156 |
92 |
68 |
63 |
- 56,4 % |
- 31,7 % |
Insertion par l'activité économique (IAE) |
1 316 |
1 316 |
1 500 |
1 500 |
+ 14,0 % |
+ 14,0 % |
dont ateliers et chantiers d'insertion (ACI) |
891 |
891 |
1 053 |
1 053 |
+ 18,2 % |
+ 18,2 % |
dont entreprises d'insertion (EI) |
222 |
222 |
277 |
277 |
+ 24,8 % |
+ 24,8 % |
Dispositifs en faveur des personnes handicapées |
517 |
517 |
520 |
520 |
+ 0,6 % |
+ 0,6 % |
dont entreprises adaptées (EA) |
462 |
462 |
465 |
465 |
+ 0,6 % |
+ 0,6 % |
Territoire zéro chômeur de longue durée |
45 |
45 |
69 |
69 |
+ 53,3 % |
+ 53,3 % |
Dispositifs en faveur de l'emploi des jeunes |
1 008 |
1 008 |
888 |
888 |
- 11,9 % |
- 11,9 % |
dont allocation "contrat d'engagement jeunes" (CEJ) |
888 |
888 |
787 |
787 |
- 11,4 % |
- 11,4 % |
dont allocation "parcours contractualisé d'accompagnement dans l'emploi et l'autonomie" (PACEA) |
120 |
120 |
101 |
101 |
- 15,8 % |
- 15,8 % |
Programme 103 |
AE |
CP |
AE |
CP |
AE |
CP |
Aides aux employeurs d'apprentis |
2 336 |
3 533 |
3 906 |
3 530 |
+ 67,2 % |
- 0,1 % |
Exonérations contrats d'apprentissage |
1 386 |
1 386 |
1 696 |
1 696 |
+ 22,4 % |
+ 22,4 % |
Activité partielle |
400 |
400 |
225 |
225 |
- 43,8 % |
- 43,8 % |
FNE-Formation |
300 |
305 |
273 |
245 |
- 9,0 % |
- 19,7 % |
Emplois francs |
299 |
161 |
273 |
104 |
- 8,7 % |
- 35,4 % |
Exonérations diverses |
3 038 |
3 038 |
3 293 |
3 293 |
+ 8,4 % |
+ 8,4 % |
dont déduction forfaitaire sur les heures supplémentaires (TEPA) |
796 |
796 |
970 |
970 |
+ 21,9 % |
+ 21,9 % |
dont aide aux créateurs et repreneurs d'entreprises (ACRE) |
472 |
472 |
453 |
453 |
- 4,0 % |
- 4,0 % |
dont exonération particulier-employeur |
407 |
407 |
383 |
383 |
- 5,9 % |
- 5,9 % |
dont exonération particulier-employeur fragile (direct ou mandataire) |
927 |
927 |
967 |
967 |
+ 4,3 % |
+ 4,3 % |
dont exonération particulier-employeur fragile (prestataire) |
908 |
908 |
973 |
973 |
+ 7,2 % |
+ 7,2 % |
Source : commission des finances du Sénat, d'après les documents budgétaires
Seuls les contrats aidés (- 11 % en CP) et les dispositifs en faveur des jeunes (- 11,9 %) verraient leurs moyens diminuer.
Concernant le programme 103 « Adaptation aux mutations économiques et développement de l'emploi », la baisse des crédits alloués à certains dispositifs est plus que compensée par la forte hausse des dépenses de l'apprentissage et de la compensation des exonérations ciblées.
2. Une augmentation des subventions et des plafonds d'emploi des opérateurs, concentrée sur Pôle emploi et France Compétences
Le financement des opérateurs rattachés à la mission « Travail et emploi » sera renforcé en 2024. Au total, la somme des subventions pour charges de service public et des transferts inscrits sur la mission passerait de 5 747,5 millions d'euros dans la loi de finances initiale pour 2023, à 6 676,4 millions d'euros pour 2024, soit une augmentation de 22 %.
Évolution des subventions pour charges de
service public
et des transferts versés aux opérateurs
(CP)
(en milliers d'euros)
Opérateur |
2023 |
2024 |
Variation 2023-2024 |
Pôle emploi (P102) |
1 250 447 |
1 250 447 |
0,0 |
Pôle emploi (transferts) |
2 223 289 |
2 640 320 |
+ 18,8 % |
Pôle emploi (total) |
3 473 736 |
3 890 767 |
+ 12,0 % |
EPIDE (P102) |
77 841 |
68 987 |
- 11,4 % |
GIP plateforme inclusion (P102) |
8 780 |
8 780 |
0,0 |
Centre INFFO (P103) |
3 826 |
3 826 |
0,0 |
AFPA (P103) |
110 000 |
110 000 |
0,0 |
AFPA (transferts) |
83 300 |
61 133 |
- 26,6 % |
AFPA (total) |
193 300 |
171 133 |
- 11,5 % |
France compétences (P103) |
1 680 000 |
2 500 000 |
+ 48,8 % |
GIP Les entreprises s'engagent (P103) |
2 500 |
2 500 |
0,0 |
ANACT (P111) |
18 000 |
11 290 |
- 37,3 % |
ANACT (transferts) |
4 200 |
7 309 |
+ 74,0 % |
ANACT (total) |
22 200 |
18 599 |
- 16,2 % |
INTEFP (P155) |
12 270 |
11 762 |
- 4,1 % |
TOTAL |
5 474 453 |
6 676 354 |
+ 22,0 % |
Source : commission des finances du Sénat, d'après les documents budgétaires
L'évolution du soutien de l'État aux opérateurs traduit surtout une participation accrue au financement de deux d'entre eux : France Compétences et Pôle emploi.
a) Face à « l'impasse financière » de la situation de France Compétences, une subvention pour charges de service public en forte hausse
Une subvention pour charges de service public renforcée en faveur de l'opérateur France Compétences (2,5 milliards d'euros). L'attribution de financements conséquents et pérennes à France Compétences répond à une recommandation de la Cour des comptes, qui avait qualifié la situation financière de France Compétences « d'impasse financière »1(*), mais aussi des commissions des finances et des affaires sociales du Sénat.2(*)
Cette dotation a vocation à combler un important besoin de financement de France Compétences, dû à un déséquilibre structurel des ressources et des charges de l'opérateur : en 2022, pour couvrir des charges de 16,2 milliards d'euros, les ressources de France Compétences ne représentaient que 10,3 milliards d'euros. Jusqu'ici, l'État a ouvert des dotations « exceptionnelles » en urgence pour combler ce déficit : 2,78 milliards d'euros en 2021, 4 milliards d'euros en 20223(*).
Face à ce déséquilibre structurel, la loi de finances initiale pour 2023 a instauré une dotation de l'État à France Compétence à hauteur de 1,68 milliard d'euros. En 2024, cette dotation augmenterait de 820 millions d'euros, pour atteindre 2,5 milliards d'euros.
b) Un soutien accru à Pôle emploi dans le cadre de la mise en oeuvre de la réforme « France Travail »
De même, le soutien reçu par l'opérateur Pôle emploi via la mission « Travail et emploi » augmente : si la subvention pour charges de service public reste stable (1,25 milliard d'euros), les transferts en provenance des programmes 102 et 103 ont augmenté, s'établissant à 2,64 milliards d'euros. Les crédits alloués par l'État à Pôle emploi connaitraient donc une hausse de 12 % entre la loi de finances initiale pour 2023 et le présent projet de loi. Ces transferts correspondent aux prestations réalisées par Pôle emploi pour l'État au titre du plan d'investissement dans les compétences (PIC).
De même, si les plafonds d'emploi des opérateurs rattachés à la mission « Travail et emploi » sont stabilisés par rapport à 2023, le plafond d'emploi de l'opérateur Pôle emploi se voit augmenté de 300 équivalents temps plein (ETP).
Cette augmentation des moyens humains alloués à Pôle emploi doit être comprise dans le cadre de la réforme dite « France Travail », portée par le projet de loi pour le plein emploi récemment adopté par le Parlement4(*). Le projet fixe notamment pour objectif l'accompagnement par Pôle emploi de tous les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) au 1er janvier 2025. Aujourd'hui, seuls 40 % d'entre eux sont accompagnés par Pôle emploi. Pour « plus accompagner et mieux accompagner », selon les termes utilisés par la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), une augmentation des moyens humains de l'opérateur a été jugée nécessaire, à hauteur de 300 ETP. À terme, cette progression des effectifs doit permettre à chaque conseiller de l'opérateur d'accompagner un maximum de 30 personnes demandeuses d'emploi.
Évolution des plafonds d'emplois des opérateurs
(en ETPT)
Opérateur |
2023 |
2024 |
Variation 2023-2024 |
Pôle emploi (P102) |
48 847 |
49 147 |
+ 300 |
EPIDE (P102) |
1 142 |
1 142 |
0 |
GIP plateforme inclusion (P102) |
35 |
35 |
0 |
Centre INFFO (P103) |
72 |
72 |
0 |
AFPA (P103) |
5 487 |
5 487 |
0 |
France compétences (P103) |
91 |
91 |
0 |
GIP Les entreprises s'engagent (P103) |
11 |
11 |
0 |
ANACT (P111) |
265 |
265 |
0 |
INTEFP (P155) |
91 |
91 |
0 |
TOTAL |
56 041 |
56 341 |
+ 300 |
Source : commission des finances du Sénat, d'après les documents budgétaires
* 1 Cour des comptes, La formation professionnelle des salariés. Après la réforme de 2018, une stratégie nationale à définir et un financement à stabiliser, juin 2023.
* 2 Rapport d'information n° 741, « France Compétences face à une crise de croissance » (2021-2022) - 29 juin 2022.
* 3 MM. Emmanuel Capus et Daniel Breuiller, Rapport n° 771 (2022-2023), Annexe n° 32, 28 juin 2023.
* 4 Projet de loi pour le plein emploi. Voir la « petite loi ».