B. UNE « PLATEFORMISATION » QUI CONCERNE L'ENSEMBLE DE L'ÉCONOMIE
Ce modèle n'est plus concentré dans quelques secteurs mais a vocation à se généraliser à l'ensemble du monde du travail. En effet, les algorithmes sont déjà de plus en plus utilisés pour gérer les ressources humaines au sein des entreprises. L'intelligence artificielle (IA) peut ainsi intervenir dans les processus de recrutement, la gestion des évolutions de carrière ou l'évaluation des salariés.
Si elle permet des gains de productivité, cette gestion algorithmique du travail est porteuse de risques pour les travailleurs : surveillance abusive et généralisée, perte d'autonomie, discriminations, risques psycho-sociaux1(*). Elle tend à déresponsabiliser les employeurs et à priver les acteurs du dialogue social de leur rôle en matière de détermination des conditions de travail.
Les risques sont d'autant plus importants que le fonctionnement des algorithmes peut échapper aux employeurs eux-mêmes, qui ont souvent recours à des solutions technologiques développées en externe.
Dans son rapport du 29 septembre 2021 sur « l'uberisation de la société »2(*), Pascal Savoldelli a ainsi préconisé d'engager une réflexion pour adapter le droit du travail aux spécificités du management algorithmique et à ses conséquences sur les conditions de travail.
* 1 Cf. « Reprendre le contrôle de l'IA au travail : 24 propositions pour promouvoir un management algorithmique responsable » - Livre blanc, #Leplusimportant, février 2022.
* 2 Rapport d'information n° 867 (2020-2021) de M. Pascal Savoldelli, fait au nom de la mission d'information sur « l'uberisation de la société », déposé le 29 septembre 2021.