PREMIÈRE PARTIE : UN ACCORD QUI FAVORISE L'ÉCHANGE DE JEUNES ACTIFS, D'ENSEIGNANTS ET DE CHERCHEURS SUR LA BASE DE LA RÉCIPROCITÉ
I. L'ETAT DES LIEUX DES RELATIONS BILATÉRALES
D'une superficie de 580 367 km² pour une population de 53,8 millions d'habitants, le Kenya connait un taux de croissance économique de 5 à 6 % par an depuis une dizaine d'années 2 ( * ) , ce qui lui a permis d'accéder au rang de pays à revenu intermédiaire en 2014. Son économie est principalement basée sur le secteur tertiaire (46,5 % d'un PIB de 98, 6 Mds de dollars) et de plus en plus tournée vers les nouvelles technologies. Les niveaux de développement dans plusieurs domaines (transports, santé, éducation, services financiers) font du pays une plateforme économique régionale.
Le Kenya possède aussi des universités et des établissements scolaires de qualité. Par exemple, Science Po Paris est engagé avec l'Université de Strathmore dans un processus de codiplomation. Plus largement, la France envisage la signature prochaine d'un accord de reconnaissance mutuelle des diplômes.
Selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, la communauté kényane résidente en France était de 1 241 personnes, adultes titulaires d'un titre de séjour, hors binationaux et séjours irréguliers en 2019. Elle est en augmentation de 44 % sur la période 2014-2019.
La communauté française au Kenya s'élève fin 2020 à 1811 personnes. Elle est en augmentation de 20 % depuis 2014.
En matière de visas, on constate une relative stabilité des demandes et de la délivrance aux ressortissants kényans ces dernières années. Ainsi, en 2017, ce sont 4 328 visas qui ont été délivrés, pour 5 054 en 2018 et 4 778 en 2019. Parmi les visas long séjour (VLS), on observe une hausse en 2017 et 2018 de la délivrance des VLS pour études, des VLS professionnels et des passeports talents. Toutefois, les volumes concernés, pour chacune de ces catégories, demeurent assez faibles.
Les visas représentent une partie importante de l'action consulaire au Kenya, sans soulever pour autant de problème particulier, comme le montre le taux de refus relativement bas : 8,36 % en 2019, 7,71 % en 2018.
Enfin, sur le plan économique et commercial, le Kenya est encore un partenaire commercial marginal pour la France, qui n'est que le 14 e fournisseur du pays et son 16 e client. Pour autant, les échanges commerciaux bilatéraux progressent continûment depuis dix ans, au profit de la France qui enregistre un excédent commercial structurel avec le Kenya. Les exportations françaises vers le Kenya ont atteint 175 millions d'euros en 2019 (en légère hausse par rapport à 2018), et sont principalement composées d'équipements mécaniques, de produits cosmétiques, pharmaceutiques, et de produits agricoles. À terme, l'implantation récente de plusieurs grandes entreprises françaises, comme Décathlon, devrait conduire à l'augmentation des échanges entre la France et le Kenya. Les principaux postes d'importations en provenance du Kenya sont pour les produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l'aquaculture, le reliquat étant composé de produits agro-alimentaires.
Selon les données kényanes, la France est le 3 e investisseur étranger au Kenya 3 ( * ) . Les investissements français au Kenya 4 ( * ) sont effectués dans de multiples secteurs, comme les transports, la santé, la construction, l'énergie, l'automobile, les télécommunications, les services financiers et la grande distribution.
Quant à la coopération bilatérale, elle est principalement centrée sur l'enseignement supérieur, priorité du gouvernement kényan. Un accord de coopération scientifique a été signé en mai 2015 avec le ministère de l'Éducation, permettant la montée en puissance des actions de coopération.
Dans le domaine de la coopération scientifique, un accord de coopération technique, renouvelé en mars 2019, entre le ministère kényan de l'Éducation, des Sciences et des Technologies et les trois instituts français de recherche, a par ailleurs permis de conduire à ce jour plus de 80 programmes de recherche conjoints en sciences sociales, en sciences agronomiques pour le développement et en sciences environnementales.
L'accord que nous examinons se situe dans cette lignée, en cherchant à promouvoir les échanges entre la France et le Kenya, en encourageant la mobilité des étudiants, ainsi que des volontaires, des stagiaires, des bénéficiaires de cartes de séjour « passeports talents », des VIE français au Kenya, mais aussi des enseignants et des professionnels.
* 2 En repli à 1 % en 2020 du fait de la crise sanitaire
* 3 Stock d'IDE de 464,7 millions d'euros.
* 4 On compte une centaine d'implantations d'entreprises françaises dans le pays (dont Schneider Electric, L'Oréal, Danone, Essilor, Limagrain, OCEA, Vinci, Egis, Accor, Sodexho, Peugeot).