IV. LE SUCCESSEUR DU CHARLES DE GAULLE : L'URGENCE D'UNE DÉCISION RAPIDE ET AMBITIEUSE SUR LE MODE DE PROPULSION

Le présent projet de loi de finances prévoit l'engagement de 261 millions d'euros en 2021 afin de lancer le programme de porte-avion destiné à succéder au Charles de Gaulle, dont le retrait du service est prévu en 2038. Des décisions importantes ont d'ores et déjà été prises, comme le choix du port base et d'entretien à Toulon. La direction générale de l'armement (DGA) a commencé les évaluations du montant à prendre en charge, bien que celui-ci dépende naturellement des options qui seront retenues pour mener à bien la conception du porte-avions et qui devront faire l'objet d'une décision politique.

Des études sont conduites au sein d'un groupe de travail ministériel dédié afin de définir les modalités de réalisation de ce projet majeur pour la France. Il s'agit en particulier d'examiner l'ensemble des facettes d'un programme de cette ampleur afin d'éclairer les choix à venir, notamment :

- le contexte géostratégique et les prospectives à l'horizon 2040 ;

- le besoin militaire ;

- les interfaces avec les autres systèmes militaires et notamment les aéronefs actuels et futurs (SCAF), les principaux systèmes d'armes embarqués, les forces navales nationales et alliées, les systèmes de communication et de renseignement.

Dès lors, la définition des besoins de la marine nationale pour les années 2040 ou 2050 est un défi de taille. Le porte-avions de nouvelle génération devra être en mesure d'accueillir des armes aux dimensions encore indéterminées, notamment des drones qui connaitront vraisemblablement de nouveaux développements dans les prochaines années. Le porte-avions doit également être pensé de manière à permettre l'interopérabilité avec les alliés - notamment les États-Unis - comme c'est le cas avec le Charles de Gaulle. Dans ce sens, le système de catapultes électromagnétiques (EMALS) apparait comme la solution technologique la plus adaptée, préférable à la catapulte à vapeur dont la technologie est vouée à disparaitre d'ici la mise à l'eau du prochain porte-avions.

Le rapporteur spécial rappelle toutefois l'urgence de prendre une décision rapide sur la propulsion, nucléaire ou non, du futur porte-avions. Comme l'a indiqué le major général de la marine nationale en audition, cette décision, qui relève du sommet de l'État, doit intervenir le plus tôt possible, car elle détermine l'intégration d'ensemble du navire. La société TechnicAtome, à qui pourrait revenir la charge de la propulsion nucléaire du navire, ne lancera les études amont qu'une fois la décision prise.

Le rapporteur spécial rappelle également que la propulsion nucléaire, si elle est significativement plus coûteuse, comporte d'importants avantages . Elle permet néanmoins une plus grande autonomie stratégique, une vitesse de déploiement (permettant par exemple d'atteindre l'Océan indien sans escale) et une vitesse tactique (permettant de s'éloigner d'une menace) supérieures aux propulsions conventionnelles. En outre, elle limite l'accompagnement logistique nécessaire à l'approvisionnement pétrolier.

Surtout, le choix du nucléaire permettrait de conserver les compétences françaises dans le nucléaire civil et militaire à un niveau suffisant pour assurer la pleine indépendance du pays dans ce domaine.

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