II. 2012 : UN PLFSS QUI N'APPORTE PAS LES SOLUTIONS NÉCESSAIRES À LA SAUVEGARDE DU SYSTÈME
2012 s'inscrit dans la trajectoire générale de réduction des déficits publics à 4,5 % du PIB, après 5,7 % en 2011 et dans la perspective d'atteindre 3 % en 2013.
Le déficit du régime général serait de 13,9 milliards , en diminution de 4,3 milliards par rapport à 2011.
Les ressources progressent de 4,9 %, sous l'effet d'une prévision de masse salariale dynamique, mais également du fait de 5,3 milliards d'euros de mesures nouvelles .
Plusieurs d'entre elles ont déjà été adoptées, dans le cadre de la loi de finances rectificative du 19 septembre dernier, à hauteur de 2,9 milliards, avec notamment la hausse du taux de la taxe sur les contrats responsables et la majoration du taux du prélèvement social sur les revenus du capital. D'autres figurent dans ce projet de loi de financement : la hausse du forfait social, des réaménagements d'assiette pour la CSG, la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) et la taxe sur les véhicules de société, l'intégration des heures supplémentaires dans le calcul des allégements généraux, l'augmentation de la fiscalité sur les alcools. D'autres, enfin, sont inscrites dans le projet de loi de finances pour 2012, en particulier la taxe sur les boissons sucrées.
Une fois de plus, les mesures proposées se trouvent éparpillées entre les textes, ce qui rend peu lisible , sans doute à dessein, la politique du Gouvernement et très difficile une approche d'ensemble des comptes sociaux.
Mesures nouvelles sur les recettes |
||
(en millions d'euros) |
||
Régime général |
Tous régimes |
|
Mesures nouvelles sur les recettes |
5 580 |
6 173 |
Mesures de la LFR 2011 |
2 933 |
2 933 |
Passage de 12,3 % à 13,5 % du taux des prélèvements sociaux sur les revenus du capital |
1 330 |
1 330 |
Réforme du régime d'imposition des plus-values immobilières |
553 |
553 |
Passage à 7 % du taux réduit de taxe sur les conventions d'assurance dont bénéficient les contrats solidaires et responsables |
1 050 |
1 050 |
Mesures du PLFSS 2012 |
1 853 |
2 330 |
Réintégration des heures supplémentaires dans le calcul des exonérations générales |
600 |
600 |
Modification des règles d'abattement pour frais professionnels sur les assiettes CSG et CRDS |
453 |
453 |
Augmentation de 2 % du taux du forfait social |
410 |
410 |
Assujettissement à la CSG à 6,2 % du complément de libre choix activité |
140 |
140 |
Harmonisation de l'assiette de la C3S et de la C3S additionnelle pour le secteur financier |
38 |
|
Hausse des droits sur les boissons alcoolisées |
340 |
|
Révision du barème de la taxe sur les véhicules de société |
100 |
|
Renforcement de l'efficacité des recours contre tiers |
100 |
100 |
Hausse de la taxe sur le chiffre d'affaires des laboratoires |
150 |
150 |
Mesures du PLF 2012 |
120 |
120 |
Cotisation sur les boissons à sucre ajouté |
120 |
120 |
Autres mesures |
674 |
790 |
Hausse des prix du tabac |
464 |
580 |
Alignement des assiettes et taux de cotisation des industries électriques et gazières sur le droit commun |
210 |
210 |
Transferts |
- 18 |
- 300 |
Plafonnement des compensations bilatérales maladie |
100 |
|
Intégration financière au régime général du régime spécial d'assurance maladie et invalidité de la CCIP (pas d'impact en 2012) |
||
Affectation au panier de compensation Tepa de la moitié du rendement de la mesure de réintégration des heures supplémentaires dans le calcul des exonérations générales |
- 300 |
- 300 |
Impact des mesures sur les subventions d'équilibre du régime général aux autres régimes intégrés |
182 |
|
Economies de frais financiers |
63 |
100 |
Dont économies pour la CCMSA du fait de la reprise par la Cades des déficits 2009-2010 de la branche vieillesse du régime des exploitants |
37 |
|
Source : annexe 9 du PLFSS pour 2012 |
Les dépenses augmentent de 3,3 % . Le tableau ci-après présente une synthèse des mesures nouvelles pour 2012 en précisant leur impact financier. Il s'agit essentiellement de mesures d'économies, et pour leur majeure partie au titre de l'assurance maladie.
Mesures nouvelles 2012 sur les dépenses |
|||
(en millions d'euros) |
|||
Régime général |
Tous régimes |
||
Mesures sur les dépenses d'assurance maladie |
1 701 |
2 013 |
|
Mesures d'économies intégrées à l'Ondam 2012 |
1 851 |
2 163 |
|
Baisse de tarifs en biologie et en radiologie |
145 |
170 |
|
Maîtrise médicalisée |
469 |
550 |
|
Baisses de prix de produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux) |
572 |
670 |
|
Mesures diverses sur le médicament (marges des grossistes répartiteurs, tarifs forfaitaires de responsabilité, déremboursement des médicaments à service médical rendu insuffisant) |
85 |
100 |
|
Harmonisation du mode de calcul des indemnités journalières |
196 |
223 |
|
Contrats de performance à l'hôpital |
128 |
150 |
|
Convergence tarifaire ciblée |
85 |
100 |
|
Optimisation des achats à l'hôpital |
124 |
145 |
|
Mesure de lutte contre la fraude à l'hôpital et baisses de tarifs de la liste en sus |
47 |
55 |
|
Mesures hors Ondam |
- 150 |
- 150 |
|
Formation continue des professionnels de santé |
- 150 |
- 150 |
|
Mesures nouvelles en dépenses pour le risque famille |
- 10 |
- 10 |
|
Amélioration des aides à la garde pour les familles monoparentales ainsi que pour les parents handicapés |
- 10 |
- 10 |
|
Réforme de l'allocation de soutien familial différentielle |
0 |
0 |
|
Mesures nouvelles en dépenses pour le risque AT-MP |
25 |
25 |
|
Majoration du transfert à la Cnam au titre de la sous-déclaration des accidents du travail |
0 |
0 |
|
Réduction de 25 millions d'euros de la dotation au Fiva |
25 |
25 |
|
Mesures nouvelles en dépenses pour le risque vieillesse |
0 |
0 |
|
Le delta entre les progressions respectives des recettes et des dépenses permet la réduction du déficit de 4,3 milliards par rapport à 2011 et, selon la commission des comptes de la sécurité sociale, de plus de 6 milliards par rapport au tendanciel de dépenses.
A. UN CADRAGE MACRO-ÉCONOMIQUE INSUFFISAMMENT PRUDENT
1. Des hypothèses dépassées
L'annexe B du projet de loi de financement est bâtie sur des hypothèses macro-économiques identiques à celles du rapport économique social et financier annexé au projet de loi de finances pour 2012. En termes de croissance, elle retient une évolution du PIB de 1,75 % en 2012 et de 2 % par an à partir de 2013.
Elle s'appuie sur les hypothèses d'évolution économique (PIB, masse salariale et inflation) qui figurent dans ces documents et retient donc le scénario économique suivant :
Hypothèses d'évolution en moyenne annuelle sur la période 2011-2015 |
|||
2011 |
2012 |
2013-2015 |
|
Pib (en volume) |
1,75 % |
1,75 % |
2 % |
Masse salariale du secteur privé |
3,7 % |
3,7 % |
4 % |
Ondam (en valeur) |
2,9 % |
2,8 % |
2,8 % |
Inflation hors tabac |
2,1 % |
1,7 % |
1,75 % |
Comme lors des dernières années, la prévision ne comporte qu'un seul scénario. Elle distingue l'année 2012 des trois années suivantes et est établie, selon le texte de l'annexe, « sur la base d'hypothèses macro-économiques prudentes ».
Le scénario retenu s'inscrit dans le cadre de la trajectoire de redressement des finances publiques du programme de stabilité transmis à la Commission européenne au premier semestre 2011. Cette trajectoire fait passer les déficits de 5,7 % du PIB en 2011 à 4,5 % en 2012 , 3 % en 2013 et 2 % en 2014.
Pour les comptes sociaux, cela signifie une diminution par deux du déficit de l'ensemble des régimes obligatoires de base qui passeraient de 20,2 milliards en 2011 à 11 milliards en 2015.
Pour y parvenir, le Gouvernement mise sur une croissance annuelle de 2 % du PIB à partir de 2013 . L'annexe ne justifie pas cette hypothèse cette année, soulignant seulement que « la période quadriennale qui s'ouvre est marquée par des incertitudes sur l'environnement macro-économique international ».
Pour la masse salariale , la prévision arrête une augmentation annuelle de 4 % à partir de 2013. Ce taux est moins ambitieux que celui inscrit dans l'annexe B d'il y a un an, qui tablait sur 4,5 % par an en moyenne de 2012 à 2014. Il est en phase avec les montants enregistrés au cours des dix années qui ont précédé la crise, c'est-à-dire de 1998 à 2007, où la progression moyenne de la masse salariale était alors de 4,1 % par an. Là encore, la prévision est justifiée par un effet de rattrapage des pertes considérables de croissance enregistrées en 2009-2010. Il est néanmoins précisé qu'elle suppose une bonne tenue de l'emploi et des salaires car la progression de la masse salariale envisagée sera supérieure à celle du PIB en valeur.
La dernière hypothèse, dont le respect promet d'être exigeant compte tenu des réalisations antérieures, est celle de l'Ondam. Celui-ci serait contenu à 2,8 % à partir de 2012 et jusqu'en 2015, ce qui impliquera obligatoirement des efforts très substantiels de maîtrise des dépenses. En effet, le taux de progression naturelle des dépenses est plutôt de l'ordre de 4 % ; il faudra donc réaliser au minimum 2 milliards d'économies par an pour pouvoir atteindre ce but.
A partir de ce cadre général, le rapport prévoit une décroissance progressive et encore modeste, entre 2012 et 2015 , du solde global négatif du régime général ainsi que de celui de l'ensemble des régimes obligatoires de base. Ceux-ci diminueraient de 10 milliards d'euros environ, pour atteindre 8,5 milliards pour le régime général en 2015 et 11 milliards pour l'ensemble des régimes obligatoires de base. La branche maladie verrait sa situation s'améliorer, son déficit passant de 5,9 milliards à 2,5 milliards d'euros, soit un niveau pour la première fois inférieur à celui d'avant la crise où il s'établissait à 4,4 milliards en 2008. La branche vieillesse verrait sa situation s'améliorer progressivement, son déficit atteignant 4,6 milliards en 2015 au lieu de 6 milliards en 2012. La branche famille connaîtrait une amélioration légère de son déficit qui reviendrait à 2 milliards en fin de période.
Les tableaux ci-après fournissent le détail des évolutions prévues, à la fois pour le régime général et pour l'ensemble des régimes obligatoires de base.
Prévisions d'équilibre par branche pour
le régime général
|
||||||||
(en milliards d'euros) |
||||||||
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
||
Maladie |
-10,6 |
- 11,6 |
- 9,6 |
- 5,9 |
- 5,1 |
- 3,9 |
- 2,5 |
|
AT-MP |
- 0,7 |
- 0,7 |
0,0 |
0,1 |
0,2 |
0,3 |
0,6 |
|
Famille |
- 1,8 |
- 2,7 |
- 2,6 |
- 2,3 |
- 2,6 |
- 2,3 |
- 2,0 |
|
Vieillesse |
- 7,2 |
- 8,9 |
- 6,0 |
- 5,8 |
- 5,9 |
- 5,6 |
- 4,6 |
|
Toutes branches consolidées |
- 20,3 |
- 23,9 |
- 18,2 |
- 13,9 |
- 13,3 |
- 11,5 |
- 8,5 |
Prévisions d'équilibre par branche pour
les régimes obligatoires de base
|
||||||||
(en milliards d'euros) |
||||||||
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
||
Maladie |
- 10,4 |
- 11,4 |
- 9,6 |
- 5,9 |
- 5,0 |
- 3,8 |
- 2,3 |
|
AT-MP |
- 0,6 |
- 0,7 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
0,4 |
0,6 |
|
Famille |
- 1,8 |
- 2,7 |
- 2,6 |
- 2,3 |
- 2,6 |
- 2,3 |
- 1,9 |
|
Vieillesse |
- 8,9 |
- 10,8 |
- 8,1 |
- 7,7 |
- 8,3 |
- 8,3 |
- 7,4 |
|
Toutes branches consolidées |
- 21,7 |
- 25,5 |
- 20,2 |
- 15,7 |
- 15,5 |
- 13,9 |
- 11,0 |
L'annexe B présente également des prévisions sur la situation des organismes concourant au financement de la sécurité sociale.
A ce titre, le FSV verrait son déficit persister tout au long de la période, à plus de 2,8 milliards d'euros encore en 2015.
Selon le Gouvernement, cette trajectoire n'est qu'une étape vers l'atteinte de l'objectif plus général de l'équilibre financier des comptes de la sécurité sociale, dont le terme n'est cependant pas fixé.