II. LA SITUATION DU PMU ET DES ACTEURS DE LA FILIÈRE ÉQUINE FRANÇAISE

A. LE SYSTÈME FRANÇAIS DES COURSES ET PARIS HIPPIQUES

1. Les paris hippiques comportent d'autres éléments que le simple hasard

Le pari sur une course hippique diffère profondément d'un jeu de loterie ou d'une partie jouée sur une table de jeu de casino comme la roulette ou le black-jack. Dans ces deux derniers jeux, le hasard joue intégralement, le joueur n'ayant en aucune façon à faire preuve de quelque compétence que ce soit.

Pour un pari sur une course de chevaux, au trot ou au galop, de plat ou d'obstacles, il en va tout autrement et les connaissances du joueur sur les hippodromes, les terrains, les écuries, les chevaux, les entraîneurs, les jockeys ou les drivers , vont peut être compter autant dans le calcul de ses chances de gain que la part du hasard, bien entendu toujours présent. La cote des compétiteurs rend ainsi compte des capacités théoriques des partants.

Aucun gagnant d'une loterie ou d'un jeu de grattage de la FDJ ne peut raisonnablement se vanter d'avoir gagné grâce à ses capacités personnelles, le pari d'un « turfiste » sera tout autrement construit et, pourrait-on dire « argumenté », à partir de ses connaissances et de son expérience .

2. La filière équine française, un secteur économique majeur

Comme pour la FDJ, il ne saurait être question de séparer l'étude de l'évolution du PMU de celle du grand bénéficiaire des largesses procurées par les courses de chevaux qu'est la filière hippique française, car si l'Etat, en 2008, prélevait 1.835,4 millions d'euros, soit 19,8 % du montant des enjeux , il en conservait 1.096 millions d'euros, soit 11,8 %, pour son budget et reversait aux sociétés de courses 736,4 millions d'euros, soit 8 % des enjeux.

En procédant de la sorte, l'Etat affirme bien son soutien à la « filière cheval », garantit son versement et sa répartition entre les différents bénéficiaires et garde le contrôle de l'ensemble. Il court cependant le risque de contrarier la Commission européenne, qui est très défavorable aux aides directes qu'un Etat peut apporter à une filière économique au motif que ces aides, favorisant cette filière, faussent la concurrence.

Cette contribution considérable est la forme moderne, contemporaine, d'une symbiose historique qui a toujours voulu, en France, privilégier l'amélioration de « la race chevaline ». Elle concerne aujourd'hui une multitude de gens, pour lesquels le cheval n'est pas seulement le meilleur ami de l'homme, mais surtout un outil de travail, tandis que pour d'autres, tout aussi nombreux et tout aussi influents, il est un objet de passion à nul autre pareil.

En France, il faut bien le comprendre, le monde du cheval n'est pas un monde comme les autres . C'est un milieu très spécifique dans lequel on retrouve la ruralité, de splendides animaux, des métiers qui comptent, le sport, l'argent, les médias et une multitude d' « aficionados ».

Quant au climat et à l'atmosphère qui règnent dans ce monde, on ne peut guère être surpris de constater que les rivalités sportives et économiques, les conflits et chocs des personnalités, coexistent parfaitement avec une grande solidarité d'intérêts et un talent incontestable à mobiliser l'Hexagone au profit d'une sainte cause : la race chevaline.

Un esprit jaloux et vindicatif parlerait ici du « lobby » du cheval. Pourquoi pas, si un lobby a pour mission d'informer sur tous les aspects d'une activité aussi captivante et importante sur les plans sportif et économique et de la soutenir activement.

Des régions entières de France qui se vouent à l'élevage, les Haras Nationaux en charge de la difficile tache de préserver les espèces, les sociétés mères France Galop et la Société d'encouragement à l'élevage du cheval français, dite « Cheval Français » (pour le trot), qui regorgent de personnalités appartenant au premier plan de l'économie française, les 243 sociétés de courses de province qui fonctionnent avec un parfait bénévolat et l'appui des collectivité locales, les 251 hippodromes (soit la moitié des champs de courses européens) ne pourraient vivre économiquement sans l'aide financière apportée par le PMU . Comment pourraient en effet être mises sur pied ces 2.313 réunions et leurs 17.759 courses ?

Même si 78 de ces hippodromes (soit près du tiers) n'ont, en 2007, organisé qu'une ou deux manifestations, l'impact de cet ensemble sur le plan local et en termes d'aménagement du territoire n'est il pas important ?

Et si, outre-mer, seules deux sociétés ont pu organiser 185 courses en 28 réunions, cela ne peut-il être considéré comme un fait positif ?

Les activités de la filière équine, selon des autorités dignes de foi, représentent également un nombre d'emplois considérable . Les Haras Nationaux et le PMU signalaient pour 2007 35.400 emplois agricoles, dont 6.000 chez les 44.262 éleveurs, et 5.500 emplois directs non agricoles au contact du cheval, soit 40.900 emplois directs. S'y ajoutent 27.800 équivalents temps pleins indirects au sein des organismes et dans des entreprises non spécifiques au cheval. Au total, la filière représente donc 68.700 emplois.

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