2. Des conditions d'engagement qui évoluent
L' engagement permanent et intensif des forces françaises sur de multiples théâtres d'opérations extérieures est certainement un des faits les plus marquants intervenus depuis le précédent Livre blanc, élaboré alors que démarraient les premières opérations dans les Balkans. Depuis lors, la France a été impliquée dans deux conflits, au Kosovo en 1999 et en Afghanistan en 2001, et dans des opérations de stabilisation aux caractéristiques très variées. Le Livre blanc souligne ainsi « l'emploi presque incessant de nos capacités, militaires et civiles, dans des situations de plus en plus diverses ».
De ce retour d'expérience, le Livre blanc conclut que les forces armées doivent être adaptées tout autant à des opérations de stabilisation s'inscrivant dans la durée, dans des zones aux caractéristiques difficiles, loin du territoire national, qu'à des opérations de force de grande ampleur. Il juge par ailleurs difficile d'établir une césure stricte entre ces deux types d'opérations, une opération majeure étant généralement suivie d'une phase de stabilisation alors qu'une opération de stabilisation peut connaître des flambées de violence.
Ces conditions d'engagement conduisent à privilégier la protection et la capacité offensive des forces françaises , notamment à distance, afin qu'elles conservent leur liberté d'action.
Elles conduisent également à mettre l'accent sur ce que Livre blanc a appelé « les clefs de la supériorité opérationnelle ».
Il distingue particulièrement quatre capacités-clefs :
- la maîtrise de l'information ; elle recouvre tous les moyens de recueil et d'exploitation du renseignement, les moyens assurant à tous les échelons les communications fiables et sécurisées nécessaires aux opérations en réseau, ainsi que les moyens de commandement ; les capacités spatiales d'observation et de transmission jouent un rôle crucial dans la maîtrise de l'information ;
- la lutte informatique offensive ; mentionnée dans le rapport annexé de la loi de programmation 2003-2008, cette capacité n'a pas été développée à ce jour, mais le Livre blanc souligne que « l'efficacité à tous niveaux des forces de défense et de sécurité dépend et dépendra de plus en plus du bon fonctionnement de leurs systèmes d'information » et qu'il faudra, dans ce domaine, « pour se défendre, savoir attaquer » ; dès lors, un cadre et une doctrine d'emploi devront être élaborés et des outils spécialisés développés au cours de la programmation ;
- la maîtrise technologique ; elle implique un investissement particulier, en matière de recherche et d'acquisition, dans plusieurs domaines précisément identifiés : surveillance et renseignement, supériorité informatique, numérisation de l'espace de bataille, frappes de précision et à distance, contre-mesures vis-à-vis des engins explosifs improvisés et protection des forces, capacités de combat en milieu urbain, supériorité navale et aérienne ;
- la mobilité vers les théâtres d'opérations et sur les théâtres d'opérations, qui souffre d'importantes lacunes liées à nos parcs d'avions de transport et d'hélicoptères de manoeuvre.