B. LES ENJEUX ESSENTIELS DE LA CRÉATION D'UNE FILIÈRE UNIVERSITAIRE DE MÉDECINE GÉNÉRALE

1. Améliorer la formation de médecine généraliste et la recherche dans ce domaine

L'un des enjeux de la reconnaissance de la médecine générale comme spécialité d'internat, et de la création concomitante d'une filière universitaire spécifique, tient notamment à l'amélioration de la formation des futurs médecins concernés.

Cette formation doit être ainsi améliorée et harmonisée. En effet, il semble que l'enseignement des aspects spécifiques à la médecine générale soit très hétérogène entre les unités de formation et de recherche (UFR).

La recherche, aujourd'hui limitée dans ce domaine, doit également être renforcée.

A l'occasion du colloque organisé, les 8 et 9 mars derniers, par la Conférence des présidents d'université (CPU) sur « la place de l'université dans l'hôpital », M. Jean-François Dhainaut, alors président de l'université Paris-Descartes - Paris 5, affirmait que « nous sommes confrontés à deux défis majeurs : la crise de la démographie médicale, et la place de la recherche française, à laquelle s'ajoute la nécessité d'accélérer le transfert des résultats de la recherche vers les soins. »

Or, selon le récent rapport de l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) et de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) 2 ( * ) , « le développement d'une recherche de haut niveau en médecine générale ne peut pas s'envisager sans qu'on constitue précisément une filière universitaire dans cette discipline ». Ceci va également dans le sens du rapport 3 ( * ) de M. de Pouvourville. Au titre des conditions de ce développement, celui-ci avance la nécessité de créer des postes d'enseignants-chercheurs, seuls susceptibles de former des étudiants « à et par la recherche », de structurer, développer et valoriser la recherche dans ce domaine.

2. Renforcer l'attractivité de cette discipline dans un contexte démographique préoccupant

En outre, le système en vigueur aboutissait souvent à une sélection des étudiants par l'échec. Il encourageait par conséquent une dévalorisation de la médecine générale et un amalgame, dans l'esprit de l'opinion publique, entre exercice spécialisé et compétence. Il comportait donc des effets pervers.

Renforcer l'attractivité de la médecine générale est d'autant plus urgent que notre pays devra faire face à une pénurie de médecins réellement généralistes.

En effet, différents facteurs expliquent la probable dégradation de la situation démographique des professionnels de santé dans les années à venir :

- un accroissement de la demande de soins exprimée par une population vieillissante ;

- une inégale répartition des professionnels de santé sur le territoire ;

- une réduction du nombre de professionnels de santé en activité ;

- la stratégie de certains médecins en exercice, tendant à restreindre leur pratique d'omnipraticien.

S'agissant des médecins généralistes, les perspectives démographiques sont particulièrement préoccupantes, d'autant qu'ils sont les plus à même de prendre en charge les soins de premier recours et ceux à qui la réforme de l'assurance maladie de 2004 a confié un rôle central dans l'organisation du parcours de soins.

Le nombre d'omnipraticiens pourrait diminuer de 13 % d'ici 2025.

Le niveau du numerus clausus a subi des « coups d'accordéon ». Dans ces conditions, et selon les projections du ministère de la santé, ce n'est qu'à partir de 2016 que les fortes augmentations du nombre d'étudiants en médecine décidées depuis 2004 produiront leurs premiers effets. Il faudra donc attendre 2025 pour que le nombre d'installations de médecins compense celui des cessations d'activités.

Ceci signifie que d'importants efforts devront être poursuivis dans les années à venir pour former les futurs médecins généralistes. Sachant que la médecine générale accueille la moitié des internes, ce sont environ 2 600 étudiants qui sont entrés dans cette formation en 2007. Cette dernière durant 3 années, près de 8 000 étudiants sont ainsi concernés.

Il est indispensable qu'ils bénéficient d'un enseignement de qualité, qui les prépare aux spécificités de ce type de médecine.

* 2 Voir le rapport de l'IGAENR et de l'IGAS sur la « création de la filière universitaire de médecine générale » - Février 2007.

* 3 Voir le rapport de M. de Pouvourville sur « la recherche en médecine générale » - Juin 2006.

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