B. LA TÉLÉVISION HAUTE DÉFINITION
La télévision en haute définition (TVHD) apporte un progrès qualitatif sans précédent depuis l'arrivée de la télévision en couleur. Elle fait actuellement l'objet d'un développement sur l'ensemble des supports de diffusion aussi bien en France qu'à l'étranger.
Certaines chaînes analogiques (TF1 et M6) se sont d'ailleurs déjà préparées au développement de la haute définition en équipant leurs studios de production et en acquérant des programmes susceptibles d'être diffusés dans ce format.
Les nouvelles chaînes de la télévision numérique terrestre ont également fait part de leur intérêt, comme NRJ 12 qui a annoncé le lancement de programmes en haute définition dès septembre 2006 mais aussi Direct 8 et BFM TV qui participent à l'expérimentation lancée en haute définition dans les zones de Paris, Lyon et Marseille depuis le 18 septembre 2006.
1. Des standards différents pour des services déjà disponibles
Les images de télévision diffusées en France correspondent toujours au standard retenu en 1967 lors de l'introduction de la couleur et modifié en 1978. La technologie a, depuis, accompli d'immenses progrès. Dans ce contexte, l'objectif que s'assigne la télévision à haute définition est d'accroître la résolution des images diffusées pour améliorer la qualité perçue par les téléspectateurs.
Quel que soit l'objectif assigné à cette nouvelle catégorie de services, votre rapporteur tient à rappeler que l'appellation haute définition demeure une notion toute relative : à chaque époque, la « haute » définition est simplement une définition supérieure au standard du moment. C'est ce qu'illustre la cohabitation sur les présentoirs des enseignes spécialisées de récepteurs « HD ready » et de récepteurs « Full HD ».
a) La Haute Définition : un concept déjà ancien
Votre rapporteur tient à rappeler que la haute définition n'est pas un concept nouveau. Comme l'illustre l'encadré ci-dessous, son parcours s'étale même sur près d'un demi-siècle.
QUELQUES JALONS DE L'HISTOIRE DE LA HD
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Source : télévision numérique et télévision haute définition, rapport réalisé par M. Boudet de Montplaisir à la demande du Premier ministre, octobre 2004
C'est en effet dans les années 60 que des industriels japonais, en association avec la chaîne publique NHK ont commencé à développer un système de télévision en haute définition. A la fin des années 70, ils aboutirent à la définition d'une norme dite Hi-Vision, construite sur les mêmes principes que la télévision standard, avec 1 125 lignes, 30 images par seconde (60 Hz), un format d'écran 5/3, intermédiaire entre le 4/3 et le 16/9 e (adopté en 1989) et 4 canaux sonores numériques.
Toutefois, en 1986, les pays de la communauté européenne s'opposèrent à l'adoption de la norme Hi-Vision comme norme mondiale et créèrent, en 1990, le Groupement Européen d'Intérêt Économique Vision 1 250 afin de promouvoir l'expérimentation des équipements fabriqués par les différents constructeurs européens notamment Thomson et Philips.
Subventionné par le projet Euréka 95, le système européen D2-MAC est lancé, avec une technologie hybride entre l'analogique et le numérique. Il évolue rapidement vers le système HD-MAC dont les principales caractéristiques sont 1 250 lignes, 25 images secondes (50 Hz) et un format d'écran 16/9 e . La compatibilité est présentée alors comme un atout majeur.
Le mouvement atteint son apogée aux Jeux Olympiques d'Albertville en 1992 où un programme complet en haute définition au standard européen HD-MAC est réalisé quotidiennement. Ce programme est diffusé conjointement en D2-MAC.
Mais, dans une conjoncture économique morose, le succès commercial n'est pas au rendez-vous et les Européens abandonnent leur norme en 1993.
Depuis les années 90, la haute définition a évolué vers la transmission numérique et a quitté le statut expérimental pour s'affirmer comme la future norme de télédiffusion mondiale. Les progrès techniques ont considérablement modifié les conditions de succès d'un tel retour.
En effet, si la définition standard est restée pendant un demi-siècle bien tolérée des foyers européens, cette stabilité historique se trouve ébranlée sous l'effet conjugué de trois facteurs :
- les DVD ont rehaussé les standards de l'image animée. Bien qu'au standard SD, ils apportent une amélioration sensible par rapport à l'image diffusée. Leur pénétration a été exceptionnellement rapide en France. En supplantant la cassette VHS, le DVD a fait ressortir les imperfections de l'image SD classique. Ce décalage s'accentuera bientôt avec l'arrivée des DVD à haute définition.
- divers équipements domestiques produisent désormais des images très détaillées. Consoles de jeu ou appareils photo numériques concourent ainsi à l'éducation de l'oeil. Ils sont souvent visualisés sur des moniteurs informatiques, qui offrent depuis quelques années des résolutions supérieures aux récepteurs de télévision.
- les écrans plats de grandes dimensions font ressortir les insuffisances de la SD. Leurs prix sont encore très élevés, mais plusieurs technologies concurrentes contribuent à leur baisse.