B. LES RELATIONS BILATÉRALES
1. Les relations politiques
Le « petit déjeuner » du Président Mitterrand avec les dissidents tchécoslovaques en décembre 1988, à l'occasion de la première visite officielle d'un Chef d'Etat français en Tchécoslovaquie depuis la création du pays en 1918, avait ouvert la voie à une intensification des relations politiques après la « Révolution de Velours », et à la signature d'un traité d'Entente et d'Amitié en mars 1990, à l'occasion de la visite à Paris du Président Havel.
Les visites de part et d'autre, suspendues dans la première moitié de 2002 en raison des échéances électorales dans les deux pays, ont repris depuis lors à un rythme soutenu.
Le Président Havel est venu en France en juillet 2002 et le Président Klaus en juillet 2003. Le Premier ministre, M. Vladimir Spidla, s'y est rendu en octobre 2002 et son récent successeur, M. Stanislav Gross le 15 février 2005.
S'agissant des visites ministérielles, le ministre tchèque des affaires étrangères, M. Cyril Svoboda, s'est rendu à Paris en février 2003 et en avril 2004, tandis que le ministre français des affaires étrangères, M. Dominique de Villepin, a effectué une visite de travail en République tchèque en avril 2003. La ministre déléguée aux affaires européennes, Mme Noëlle Lenoir, s'est rendue à Prague en mars 2003, et sa successeure, Mme Claudie Haigneré, en janvier 2005.
Par ailleurs, plusieurs autres ministres français se sont déplacés à Prague dans les trois dernières années : le Garde des Sceaux en octobre 2002, le ministre délégué au commerce extérieur en décembre 2002, le ministre de la fonction publique en décembre 2003 ; le secrétaire d'Etat au budget et à la réforme budgétaire en septembre 2004 et le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie en novembre 2004.
En outre, les ministres tchèques venus à Paris sont le ministre de l'agriculture en octobre 2002, le ministre du travail et des affaires sociales en septembre 2003, le vice-ministre des affaires étrangères en novembre 2003, le vice-ministre de l'environnement en décembre 2003 et le vice-ministre chargé de la politique de sécurité en janvier 2004.
Enfin, les assemblées parlementaires des deux pays entretiennent des relations régulières . Le président du Sénat, notre collègue Christian Poncelet, s'est rendu en République tchèque en novembre 2002 et octobre 2003, la délégation pour l'Union européenne de l'Assemblée nationale en février 2003 et en juin 2004.
2. Les relations culturelles
L'entrée dans l'Union européenne de la République tchèque a donné l'occasion de relations plus étroites, d'échanges divers entre ce pays et la France .
Ce resserrement des liens se traduit notamment par une remise à l'honneur de la période de référence pour de nombreux Tchèques que constitue la Première République, de 1918 à 1938, qui est aussi celle de la grande intimité avec la France. De plus, la francophilie de M. Vladimir Spidla, Premier ministre tchèque jusqu'en août 2004, a participé à une certaine restauration de l'image de la France.
L'apprentissage de la langue française, laquelle avait été longuement délaissée de 1938 à 1989, a nettement repris depuis dix ans . Elle est maintenant la troisième langue vivante choisie, par 6 % des élèves, après l'anglais et l'allemand.
Cette demande de français est activement soutenue par l'Institut français de Prague, un réseau de cinq Alliances françaises et plusieurs clubs franco-tchèques. La loi sur l'enseignement obligatoire de deux langues vivantes à partir de 11 ans devrait confirmer cette tendance. Dans les lycées et les universités, sont entreprises de nombreuses actions en faveur de la francophonie.
Enfin, le triomphe de Bohemia Magica, Une Saison tchèque en France constitue la plus claire illustration de ce phénomène de rapprochement et de coopération entre la République tchèque et la France.
3. Les relations économiques
La transition politique de l'Europe centrale a permis une réorientation des échanges commerciaux de cette région vers l'Union européenne. La France en a largement bénéficié.
Sa part de marché est passée de 3,4 % en 1993 à 4,9 % en 2003. La France s'est ainsi placée au 5 ème rang dans le classement des fournisseurs de la République tchèque, derrière l'Allemagne (qui détient environ le tiers des parts de marché), l'Italie, la Chine (qui progresse constamment dans ce classement) et la Slovaquie.
Avec un volume d'importations inférieur à celui de ses exportations, la France a dégagé en 2003 un excédent commercial de 377 millions d'euros.
Le secteur le plus dynamique des échanges - essentiellement intra-branches - est celui de l'industrie automobile (véhicules et équipements) comme l'a reflétée l'annonce par PSA/Toyota, fin 2001, de la construction d'une nouvelle usine dans la région de Kolin, signe de la reconnaissance des qualités de l'industrie tchèque dans ce domaine. Hors industrie automobile, les exportations françaises se concentrent sur les préparations pharmaceutiques et les pneumatiques.
Alors qu'entre 1993 et 2000, les investissements français ne dépassaient que rarement 5 % des flux entrants totaux, la France a enregistré un record en 2001, avec un flux d'investissement de 1.529 millions d'euros soit 27,3 % du flux entrant total, en raison d'opérations financières particulièrement importantes (gestion des eaux de Prague déléguée à Vivendi , rachat de 60 % de la Komercni Banka , première banque d'affaires du pays, par la Société générale). Elle s'est ainsi placée au deuxième rang des investisseurs en République tchèque, derrière l'Allemagne .
En 2002, année marquée uniquement par la privatisation du producteur de gaz Transgas , les flux d'IDE français ont représenté 357 millions d'euros, soit 4 % des flux totaux, en quatrième position derrière l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche.
En 2003, la France se serait placée au 3 ème rang des investisseurs en République tchèque. La part de la France est toutefois difficile à estimer : elle pourrait être artificiellement gonflée en raison d'opérations réalisées par l'opérateur national tchèque de téléphonie qui reviennent en quelque sorte à un désinvestissement étranger.
Au total, la présence économique française est aujourd'hui très largement diversifiée : agro-alimentaire, travaux publics, grande distribution, services, tels que banques et assurances. Au total, environ 300 filiales, employant plus de 60.000 personnes sont implantées en République tchèque.
Avec quelque 2.600 ressortissants (dont 1.600 immatriculés), la communauté française se place au troisième rang (derrière l'Allemagne et la Grande-Bretagne) des communautés étrangères de République tchèque. Elle marque un palier dans sa progression, après cinq années de forte croissance (+ 37 % d'immatriculés en 5 ans).