2. Une relance réussie depuis 1999 et méritant d'être poursuivie
La relance du processus de codification est un succès par le nombre de parties législatives et réglementaires de codes ayant été adoptées . Toutefois, l'effort doit être maintenu dans la mesure où la codification n'est ni achevée ni parfaite.
a) Un bilan positif depuis quelques années
Entre
1989 et 2000
, les
parties législatives de quatorze codes
ont été adoptées, ainsi que
cinq parties
réglementaires
desdits codes.
Les parties législatives de cinq codes avaient été
adoptées entre 1989 et 1999 : le code des propriétés
intellectuelles, le code de la consommation, le code général des
collectivités territoriales, le code des juridictions financières
et le code rural en ses livres I, II, III, IV, V, VI et VIII.
En 2000
, ce sont les
parties législatives de neuf codes
qui furent adoptées par ordonnance : code de l'éducation,
code de la santé publique, code de commerce, code de l'environnement,
code de justice administrative, code de la route, code de l'action sociale,
code monétaire et financier, ainsi que l'adoption des livres VII et IX,
et la mise à jour des parties législatives des livres Ier, III et
VI du code rural. Les
parties réglementaires de trois codes
au
cours de cette même année furent publiées : code
général des collectivités territoriales, code des
juridictions financières et code de justice administrative. Pour ce
dernier, le groupe de travail en a parallèlement élaboré
la partie législative et la partie réglementaire.
Après le blocage du processus entre 1996 et 1999, le recours aux
ordonnances a été particulièrement bénéfique.
Dans son onzième rapport annuel, la commission supérieure de
codification qualifiait le travail effectué en 2000
d'«
oeuvre sans précédent de
codification.
»
Année de transition d'après la commission supérieure de
codification, 2001 a permis d'avancer sur l'élaboration des parties
législatives du code de la défense, du code du tourisme, du code
du patrimoine et du code de la recherche.
Concernant le code de la défense, son plan a été
adopté par la commission supérieure de la codification. La partie
législative du projet de code de tourisme a fait l'objet d'un premier
examen de la commission supérieure de la commission qui a en outre
adopté les parties législatives du code du patrimoine et du code
de la recherche.
De plus, ont été examinées et adoptées par la
commission supérieure de codification les parties réglementaires
du code rural en son livre IX, du code de la santé publique en ses
livres I à III. La partie réglementaire du code de
l'éducation était en outre en cours d'élaboration au sein
du ministère de l'éducation nationale.
b) Une codification encore perfectible
Si les
parties législatives de nombreux codes ont effectivement
été adoptées ces dernières années, le
processus de codification subit toujours certaines
imperfections et
retards
.
Tout d'abord, l'habilitation à codifier par la voie d'ordonnances a
certes permis d'adopter les parties législatives de neuf codes, mais ces
ordonnances
n'ont
pas été ratifiées
rapidement
. Or, la ratification est essentielle dans la mesure où
tant qu'elle n'est pas intervenue, les dispositions prises demeurent du domaine
réglementaire, créant ainsi une importante
insécurité juridique. La commission supérieure de
codification rappelle, dans son douzième rapport annuel, qu'
«
au premier avril 2002, soixante-six recours étaient
d'ailleurs pendants devant le conseil d'Etat contre des ordonnances portant
codification
. ».
Seules les ordonnances relatives aux parties législatives du code de
l'action sociale et des familles et du code de la santé publique ont
été ratifiées respectivement dès janvier et mars
2002
29(
*
)
.
L'ordonnance n° 2000-912 relative à la partie législative du
code de commerce a seulement été expressément
ratifiée par l'article 50 de la loi n° 2003-7 du 3 janvier
2003. Le Parlement vient également d'adopter le projet de loi portant
ratification de l'ordonnance n° 2000-549 du 15 juin 2000 relative à
la partie législative du code de l'éducation
30(
*
)
.
Enfin, l'article 22 du projet de loi renforçant la lutte contre la
violence routière, adopté par l'Assemblée nationale en
première lecture et en cours d'examen au Sénat, prévoit la
ratification de l'ordonnance relative à la partie législative du
code de la route.
La ratification d'autres ordonnances n'est, à ce jour, pas encore
effectuée. Tel est le cas des ordonnances relatives aux parties
législatives du code de justice administrative, du code de
l'environnement, du code monétaire et financier et du code rural en ses
livres VII et IX.
Votre rapporteur tient à rappeler la
nécessité de
ratifier les ordonnances le plus rapidement possible
après leur
adoption. Outre le fait que la ratification permet de conférer valeur
législative au contenu de l'ordonnance, elle permet également
l'intervention du Parlement qui peut améliorer le travail de
codification, notamment en corrigeant les éventuelles erreurs
matérielles encore présentes dans le code ou en vérifiant
le respect de la méthode de codification par le gouvernement lors de
l'élaboration et l'adoption des textes.
Ensuite, il est regrettable que l'
adoption de la partie législative
des codes ne s'accompagne pas toujours de celle de la partie
réglementaire
. En effet, la commission supérieure de
codification a pu constater de nombreux retards dans leur rédaction.
Afin de remédier à cette difficulté, elle a indiqué
dans son douzième rapport annuel qu'à l'avenir, elle lancerait
«
la codification des parties législatives uniquement
lorsqu'elle [aurait] les garanties d'une préparation parallèle
des parties réglementaires, afin d'éviter les
inconvénients résultant des retards de celles-ci
. »
Tel avait pu être le cas pour le code de justice administrative dont les
parties législative et réglementaire avaient été
élaborées simultanément par le Conseil d'État.
Le processus de codification nécessite également que les
dispositions des codes soient maintenues à jour en fonction des
modifications apportées par des lois ou des règlements. Ainsi,
toute nouvelle disposition devrait être automatiquement
insérée dans le code. Or, en pratique, la
mise à jour
des codes
n'est pas suffisamment effectuée. Cela crée une
nouvelle insécurité juridique et pourrait rendre rapidement
obsolètes les dispositions codifiées.
Enfin, les
parties législatives
de nombreux codes
doivent
encore être adoptées
, parmi lesquelles le code de
l'administration, le code de l'entrée et du séjour des
étrangers en France, le code général de la fonction
publique ou encore le code général des transports.
L'état des travaux de la commission supérieure de codification
laisse percevoir le nombre important de domaines juridiques restant à
codifier.