B. LES RÉSULTATS DE LA LUTTE CONTRE LA POLLUTION DU RHIN
L'action entreprise par la Commission internationale pour la pollution du Rhin dans les premières années qui ont suivi sa création, en 1950, s'est surtout traduite par la mise en place de stations de surveillance. En revanche, sous l'effet de l'essor industriel, la qualité des eaux a continué à se dégrader jusqu'à la fin des années 1960 .
La construction de stations d'épuration communales et industrielles a commencé à produire des effets positifs dans les eaux du Rhin a partir des années 1980. Plus de 90 % des habitants du bassin du Rhin sont aujourd'hui raccordés à des stations d'épuration communales et d'importants investissements ont été réalisés pour les moderniser.
Selon les dernières indications fournies par la CIPR, on constate désormais, de la Suisse aux Pays-Bas, des teneurs en oxygène relativement élevées dans les eaux du Rhin , les concentrations de phosphore et, dans une certaine mesure, celles d'azote, continuant de baisser. Les concentrations de la plupart des polluants sont en baisse, ou stagnent à un faible niveau, en particulier pour les métaux lourds comme le plomb, le zinc, le cadmium et le cuivre, même si l'on reste encore au-dessus des objectifs de référence. Les concentrations de chlorures ont également très nettement régressé.
La CIPR observe que les émissions polluantes subsistantes sont essentiellement d'origine diffuse (par exemple les produits phytosanitaires), ce qui explique les difficultés à obtenir des réductions supplémentaires.
Les eaux du Rhin sont désormais jugées « potabilisables » sur la quasi-totalité du cours du fleuve.
Sur le plan écologique, la CIPR estime qu'avec la hausse progressive de la teneur en oxygène, les peuplements piscicoles se sont peu à peu rétablis. Sur les 45 espèces piscicoles et les 38 espèces d'oiseaux aquatiques typiques du milieu rhénan de jadis, presque toutes sont aujourd'hui à nouveau représentées, même si les poissons migrateurs restent encore rares. Toutefois, à la fin 2000, 600 saumons matures avaient été recensés dans le Rhin, dont 300 sur la seule année 2000, alors que le saumon avait totalement disparu de 1957 à 1995.
Dressant un bilan de l'état du Rhin cinquante ans après la création de la CIPR, cette dernière établissait, dans son dernier rapport d'activité, la conclusion suivante :
« Les efforts entrepris jusqu'à présent au niveau international et national dans le domaine de la protection des eaux ont permis d'améliorer la situation sur le cours principal du Rhin, notamment dans le domaine de la qualité des eaux et des émissions. Des efforts de dépollution sont à engager dans les volets suivants : réduction efficace de la pollution diffuse par les métaux lourds ... de la pollution diffuse par l'azote, encore trop élevée ... des apports diffus de produits phytosanitaires..., de la pollution des sédiments.
Dans le bassin du Rhin, les autres actions prioritaires porteront sur la restauration écologique dans tout le système, la prévention des crues et la réduction des risques de dommage. Les mesures ... porteront entre autres sur les éléments suivants : préserver les tronçons d'eaux courantes libres, supprimer les obstacles à la migration, redynamiser le milieu alluvial, restaurer les habitats, renaturer et diversifier les rives et le lit du fleuve, tolérer la dynamique fluviale, remettre les anciens bras en communication avec le fleuve.
L' intégration de la protection des eaux souterraines dans les travaux de la CIPR, telle qu'elle figure dans la nouvelle convention pour la protection du Rhin et est concrétisée dans le programme « Rhin 2020 », est une nouvelle tâche ».