III. L'ARMÉE DE L'AIR
En régression de 2,8 % par rapport à 2001, le budget d'équipement de l'armée de l'Air atteindra 2,79 milliards d'euros (18,29 milliards de francs) en crédits de paiement ; les autorisations de programme s'élèveront à 3,41 milliards d'euros (22,36 milliards de francs), ce qui correspond à une augmentation de 8 %.
A. PRINCIPALES ÉVOLUTIONS PRÉVUES POUR L'EXERCICE 2002
1. Les avions de combat
L'acquisition du système de forces
«
frappe dans
la profondeur »
qui associe avions de combat et missiles, dans un
contexte d'emploi des forces qui vise à un minimum de pertes et de
dégâts collatéraux, se fait particulièrement
lentement en raison notamment des contraintes budgétaires.
La flotte de combat actuelle, qui comporte 350 avions, repose essentiellement
sur les
Mirage 2000
, qui sont constamment
« rétrofités » pour faire face aux
décalages permanents des livraisons de
Rafale
.
La flotte actuelle de
Mirage 2000
comporte 60
Mirage
2000 N
(dissuasion avec une relative polyvalence), 30
Mirage
2000-5F
, 80
Mirage 2000-B et C
(défense aérienne)
et 60 Mirage 2000-D (attaque au sol).
Le meilleur avion d'attaque est le
Mirage 2000 D
36(
*
)
. Pour un programme lancé en
décembre 1998, le premier escadron opérationnel a
été constitué en 1995. Le coût unitaire
s'élève à 50 millions d'euros (330 millions de
francs).
Les retards constants de livraison du Rafale conduisent à prolonger
au-delà des prévisions le
Mirage 2000-D
(au-delà de
2004), mais aussi le
Mirage F1CT
(2014) et le
Jaguar
(2005). Il
n'est pas assuré qu'à ces dates, et même avant, leurs
capacités soient toujours au standard requis pour une opération
en coopération. En outre, l'âge de leur cellule (5 pour le
Mirage 2000
-D, mais 20 ans pour le
Mirage F1CT
et
22 ans pour le
Jaguar
fin 2002) complique et renchérit
leur maintenance.
Au total, fin 2001, les forces armées disposent de onze
Rafale
en
tout et pour tout, dont deux seulement pour l'armée de l'Air, alors que
la précédente loi de programmation militaire (1984-1988)
évoquait le chiffre de 137 avions et le dossier de lancement du
développement en 1989 celui de 66 avions.
Les livraisons sont désormais censées s'étaler jusqu'en
2020,
soit trente et un ans après le lancement du
développement
.
Le programme
Rafale air
a été lancé en 1985. Le
premier escadron de l'armée de l'air ne sera pas opérationnel
avant 2005. Depuis 1992, les échéances du programme ont
été retardées de huit ans. Du même coup se
réduit l'avance du
Rafale
par rapport à
l'
Eurofighter
, dont les premières livraisons sont intervenues en
2001 et qui sera commandé à 620 exemplaires. Les travaux
d'industrialisation interrompus en 1995 et les travaux de fabrication
interrompus en 1996 ont été repris à la suite d'une
commande de 3 milliards de francs passée en 1997. La revue des
programmes a entraîné un recul de 10 mois de la livraison des
premiers avions destinés à l'armée de l'Air et une
diminution de 25 à 23 du nombre d'avions livrés à la fin
de 2005. Ces retards successifs ont entraîné un
renchérissement significatif du coût de développement,
estimé aujourd'hui à 30 % par rapport au niveau figurant dans le
dossier de lancement.
Le coût total du programme pour 234
Rafale Air
et 60
Rafale
Marine
s'élève à 32,3 milliards d'euros (212
milliards de francs) ; un quart du coût de développement
étant assuré par les industriels, le coût budgétaire
est de 130,6 milliards d'euros (20,2 milliards de francs).
Le coût unitaire des avions est de 44 millions d'euros
(288 millions de francs) pour le
Rafale Air
monoplace, et de
52 millions d'euros (341 millions de francs) pour le
Rafale
Marine
. En 1992, ces coûts étaient respectivement de
41 millions d'euros (275 millions de francs) et 43,4 millions
d'euros (284,7 millions de francs), soit en dix ans un surcoût par
appareil allant de 13 à 56 millions de francs...
Il est clair que les étalements de programme se sont traduits par des
dépassements considérables du devis global. La moitié du
dépassement s'est faite entre 1908 et 1995, époque à
laquelle les contrats ne comportaient ni prix plafond, ni contrainte de
délai pour la production de l'avion de série. L'autre
moitié est liée à l'étalement du programme et aux
modifications substantielles de spécifications.
L'armée de l'Air bénéficiera directement du standard
F2
37(
*
)
à partir de
2005 et du standard F3
38(
*
)
en 2007.
2. La force aérienne de projection
L'essentiel du parc actuel est composé de Transall auxquels s'ajoutent quelques C 130 Hercules américains et quelques CASA CN 235 fabriqués en Espagne.
Type |
Nombre |
Entrée en service |
Charge
|
Nombre maximum de passagers |
Transall
C 160
|
46 |
1967 |
4 T à 4400 km |
91 |
Transall
C 160
|
20 |
1981 |
8 T à 6600 km avec RVT |
91 |
Hercules C 130 H/H 30 |
14 |
1987 |
10 T à 550/4850 km |
92/122 |
Casa CN 235-100 |
10 |
1991 |
3 T à 1950 km |
44 |
En 2001,
l'armée de l'Air a pris livraison des deux derniers
Transall
rénovés.
Cette rénovation ne permettra pas d'assurer les missions requises
jusqu'à l'entrée en service du nouvel avion de transport
(ATF).
En effet, l'usure des
Transall
a été
accélérée par la participation des troupes
françaises à de très nombreuses opérations
extérieures dans des conditions souvent difficiles. La prolongation du
nombre de « cycles » (unité de mesure du potentiel
d'un avion de transport prenant spécialement en compte le nombre de
décollages et d'atterrissages) admis pour cet appareil rencontre deux
limites : celle de l'augmentation du coût de sa maintenance et celle
de la corrosion des cellules. Les premiers
Transall
devront
impérativement être retirés du service en 2005 et le pic de
retrait interviendra peu après, entre 2007 et 2009. De fait, en
l'état actuel, la France dispose d'une flotte maximale de 25 avions
cargos (C160 et C1320).
Après la signature du
MOU
(
Memorandum of
Understanding
)
39(
*
)
le
19 juin 2001, les principaux états participants
40(
*
)
au programme
A-400M
, le
contrat de commande de 50 avions pour la France devrait intervenir, en
principe, fin 2001.
La moitié des autorisations de programme nécessaires pour honorer
la commande ont été financées par redéploiement
dans le collectif de fin d'année 2000. Le solde (3,6 milliards
d'euros, soit 23,6 milliards de francs) est ouvert dans la loi de finances
rectificative qui vient d'être déposée par le Gouvernement.
Une incertitude importante demeure néanmoins sur la décision
définitive de l'Allemagne, compte tenu des réticences fortes du
Bundestag
, au moins au sein de sa commission des finances.
En l'état actuel des informations, l'Allemagne vient de reporter la
réunion de l'OCCAR prévue à ce titre le 14 novembre
à Bonn. Le Royaume-Uni a fait savoir qu'il se retirerait du programme
s'il n'était pas effectivement lancé dans les conditions
prévues avant fin 2001
.
La couverture du programme en crédits de paiement montera
progressivement en puissance au cours de la prochaine loi de programmation,
avec des annuités allant de 234 millions d'euros
(1,53 milliard de francs) à 365 millions d'euros
(2,4 milliards de francs), mais pèsera davantage encore sur les
exercices 2009 à 2015, avec des annuités supérieures
à 460 millions d'euros (3 milliards de francs).
Les deux premiers appareils ne seront pas livrés avant 2007. La
capacité globale du programme
A-400M
, -permettant notamment la
projection d'une force de réaction immédiate, soit environ
1.600 hommes avec les véhicules et les hélicoptères
associés, à 5.000 kms en moins de 72 heures-, ne sera
acquise, au mieux, qu'après 2005.
D'ici là, il faudra affronter, dès 2005, un trou capacitaire
important.
3. Les missiles
Toutes
les crises des années quatre-vingt-dix -guerre du Golfe Persique,
Kosovo, Afghanistan- ont démontré l'utilité des missiles
de croisière.
L'armée de l'Air est engagée dans plusieurs programmes de
missiles destinés à l'équipement de ses avions :
Apache anti-piste
,
Scalp d'emploi général
et
Mica
pour le combat aérien.
En 1977, il a été commandé 100 missiles
Apache
et 500 missiles
Scalp-EG
.
Initialement envisagé pour 2000, la livraison des 29 premiers
missiles
Apache
était prévue pour 2001, avec une mise en
service opérationnelle sur le
Mirage 2000-D
le 31 juillet
2001. Celle-ci est à nouveau retardée d'un an, en raison de
difficultés de mise au point du système local de
préparation et de situation de mission.
L'armée de l'Air devrait recevoir 43 nouveaux
Apache
en 2002.
Les premières livraisons de missiles
Scalp/EG
n'interviendront
pas en revanche avant 2003.
Le coût du programme
Apache
s'élève à
667 millions d'euros (4,3 milliards de francs) et le coût du
programme
Scalp
à 773 millions d'euros (5,1 milliards
de francs). La famille
Apache
doit être complétée
par le programme d'
armement air-sol-modulaire
(
AASM
) de faible
coût unitaire, destinés à tous les objectifs du champ de
bataille, et adaptables au plus grand nombre d'avions. La cible est de
3.000 exemplaires dont 2.000 pour l'armée de l'Air et 1.000 pour la
Marine. Le coût total est de 410 millions d'euros
(2,7 milliards de francs).
Les premières livraisons ont été décalées de
début 2004 à début 2005.
4. Les systèmes de commandement et de communication
La
modernisation du réseau de télécommunications des bases
aérienne
(programme MTBA) devrait s'achever en 2005, pour un montant
global évalué à 3,1 milliards de francs.
Six nouvelles bases aériennes seront équipées en 2002 des
Moyens de transmission de base aériennes
(MTBA), portant à
26 le nombre de sites modernisés. Le coût total du programme
s'élève à 479,15 millions d'euros
(3,12 milliards de francs).
L'armée de l'Air poursuivra par ailleurs la réalisation du
Système de commandement et de conduite des opérations
aérienne
(SCCOA). Le programme
SCCOA,
étroitement
couplé avec le programme
Air command and control system de
l'OTAN
, vise à doter l'armée de l'Air d'une capacité
de maîtrise de l'espace aérien et de gestion globale des
systèmes d'armes à partir d'un commandement unique des
opérations. Le coût total du programme représente
2.353,3 millions d'euros (15,4 milliards de francs).
B. BILAN DE RÉALISATION DE LA LOI DE PROGRAMMATION
Etat de réalisation de la loi de programmation
|
|
|
Livraisons cumulées réelles fin 2002 |
Commandes cumulées réelles fin 2002 |
Mirage 2000-D |
86 |
86 |
86 |
86 |
Rafale Air |
36 |
36 |
3 |
36 |
Avions de transport du futur |
commande
2001
|
commande
2001
|
0 |
0 |
Missiles Apache antipiste |
100 |
100 |
72 |
100 |
Missiles Mica |
1 070 |
1 070 |
125 |
185 |
Missiles Scalp-EG |
500 |
500 |
0 |
450 |
Armement air-sol modulaire (AASM) |
2 000 |
0 |
0 |
744 |
Des
retards préoccupants caractérisent la livraison des
Rafale
(3 seulement fin 2002) et celles des missiles, notamment
Scalp/EG
,
aucun n'étant livré en effet de programmation. Le niveau de
livraison des missiles
Apache anti
-
piste
et
Mica
est
également faible, au regard des objectifs fixés initialement. Les
missiles
AASM
ne sont pas non plus disponibles.
On rappellera que les dates prévues pour les prochaines livraisons
s'échelonnent comme suit :
-
Rafales
restant : jusqu'en 2020
-
A-400 M
: capacité globale atteinte au mieux en 2015
(2 premiers appareils - si commande - en 2007)
-
Scalp/EG
: 2003
-
AASM
: début 2005
Coûts unitaires des programmes
|
Millions d'euros |
Millions de francs |
Char Leclerc |
8 |
52,5 |
VBCI |
1,9 |
13,5 |
Hélicoptères Tigre
|
|
|
Hélicoptères NH90
|
|
|
Porte-avions nucléaires
|
2000 |
13 500 |
Avion de surveillance maritime (Hawkeye) |
310 |
2000 |
NTCD |
280 |
840 |
Rafale marine |
52 |
341 |
Rafale air/monoplace |
44 |
288 |
Mirage 2000-D |
50 |
330 |
Éléments de comparaison