ANNEXE 1 :
COMPTE-RENDU DE LA MISSION DE M. ANDRÉ VALLET,
PRÉCÉDENT RAPPORTEUR SPÉCIAL DES CRÉDITS DE LA
SÉCURITÉ, A LA PRÉFECTURE DE LA SEINE-MARITIME LE 22 MAI
2001
L'expérience de globalisation des crédits des
préfectures menée en 2000 dans quatre
départements
39(
*
)
,
étendue en 2001 à dix nouveaux départements
40(
*
)
, et en 2002 à quatre
nouveaux
41(
*
)
, constitue un
des axes principaux de la politique menée par le ministère de
l'Intérieur pour l'administration préfectorale. Par ailleurs,
elle préfigure assez bien le changement que devront subir les
administrations avec la mise en place de la loi organique relative aux lois de
finances du 1
er
août 2000. A ce double titre, il
était naturel que votre commission s'en préoccupât. Son
rapporteur spécial d'alors se rendit donc à Rouen le 22 mai 2001
et eut quatre réunions, l'une avec le secrétaire
général et les services des ressources humaines et du budget, une
autre avec les représentants du personnel, une autre avec le
trésorier-payeur général et le contrôleur financier,
une dernière avec le préfet. Ces entretiens,
complétés par de nombreux documents, lui permettent d'affirmer
que cette expérience représente un progrès
considérable dans la gestion de l'administration préfectorale et
mérite d'être soutenue et développée, à la
fois au ministère de l'Intérieur, mais aussi dans les autres
services déconcentrés de l'Etat.
I. LA GLOBALISATION DES CRÉDITS
A. LES PRINCIPES DE LA GLOBALISATION
Jusqu'en 2000, les crédits des préfectures relevaient de trois
types de procédures : si les crédits de fonctionnement
courant étaient déconcentrés et globalisés, les
dépenses immobilières, d'informatique et de communication se
partageaient entre budget national et budgets déconcentrés,
tandis que les crédits de personnel relevaient pour les cadres nationaux
d'une gestion centralisée et pour les cadres locaux d'une gestion
centrale ou nationale selon qu'ils étaient ou non payés sur le
fonctionnement courant des préfectures. Il résultait de cette
situation complexe une grande difficulté à identifier le
coût de chaque préfecture, des procédures lourdes en
matière de personnel et un décalage entre les besoins
constatés et l'allocation effective des moyens.
Eu égard au bilan positif tiré de la globalisation des
crédits de fonctionnement courant, le ministère de
l'Intérieur a décidé de développer l'initiative en
l'étendant aux crédits de fonctionnement restants, aux
crédits de rémunération (titulaires et contractuels),
ainsi qu'aux crédits de grosse maintenance immobilière. Quatre
principes guidaient la réforme :
• la dotation englobe tous les moyens de la préfecture ;
• elle est fongible, librement au sein de deux masses, les
rémunérations d'une part, le fonctionnement d'autre part,
après accord du contrôleur financier départemental entre
ces masses ;
• elle est garantie, les crédits étant
délégués complètement en début
d'année, restant acquis à la préfecture (les reports sont
rétablis) et leur évolution étant programmée sur
trois ans (0,3 % par an, avec un engagement de ne pas leur faire subir un gel
ou une annulation, mais hors mesure nationale en matière de
rémunération) ;
• elle est contrôlée par le biais des contrôles
habituels (plafond d'emplois, masse indiciaire, rôle du contrôleur
financier départemental) mais aussi la mise en place d'une
comptabilité analytique et un dispositif de contrôle de gestion
s'appuyant sur des indicateurs chiffrés.
Ainsi, il a été créé en 2000 un chapitre
budgétaire particulier (le chapitre 37-20 au sein duquel chaque
préfecture globalisée a fait l'objet d'un article)
42(
*
)
. Le ministère attendait de
cette réforme une responsabilisation accrue des gestionnaires locaux, un
développement de la gestion des ressources humaines, un enrichissement
du dialogue social et la diffusion d'une culture de gestion à l'ensemble
des services préfectoraux.
B. LA MISE EN PLACE
La préfecture de Seine-Maritme a disposé en 2000 d'une dotation
initiale de 118,8 millions de francs augmentée en gestion de
720.000 francs, soit un total pour 2000 de 120,3 millions de francs dont 94,7 %
furent effectivement engagés, laissant pour 2001 un report de 6,4
millions de francs. La dotation initiale se répartissait entre les
crédits de rémunération (88,7 millions de francs) et
ceux de fonctionnement (30,1 millions de francs)
A Rouen, la préfecture avait déjà élaboré un
travail d'identification de centres de responsabilité. En 2000, leur
nombre a été porté à 20, dont cinq de
rémunération
43(
*
)
. Le préfet a ainsi
ventilé entre ces différents postes les 118,8 millions de
francs reçus initialement, augmentés des 720.000 francs
reçus en gestion.
L'exécution du budget 2000
(en francs)
Centres de responsabilité |
Dotation initiale |
Ajustement |
Dotation effective |
Montant engagé |
% engagé |
Total rémunérations |
88.709.564 |
813.212 |
89.522.776 |
86.691.159 |
96,84 % |
Préfecture |
20.560.517 |
- 3.271.767 |
17.288.750 |
17.288.750 |
100,00 % |
Sous-préfecture/Havre |
1.992.600 |
164.853 |
2.157.453 |
2.157.453 |
100,00 % |
Sous-préfecture/Dieppe |
1.469.985 |
154.785 |
1.624.771 |
1.624.771 |
100,00 % |
Cabinet |
1.318.500 |
39.840 |
1.358.340 |
1.358.340 |
100,00 % |
Formation |
688.500 |
- 53.542 |
634.957 |
634.957 |
100,00 % |
Informatique |
2.430.000 |
288.525 |
2.718.525 |
2.718.525 |
100,00 % |
SGAR |
450.000 |
- 133.168 |
316.831 |
316.831 |
100,00 % |
Représentation |
634.000 |
- 212 |
633.787 |
633.787 |
100,00 % |
Documentation |
164.700 |
47.674 |
212.374 |
212.374 |
100,00 % |
CI Préfet |
191.700 |
- 57.844 |
133.855 |
133.855 |
100,00 % |
CI SG |
48.996 |
- 6.837 |
42.158 |
42.158 |
100,00 % |
CI SGAR |
44.311 |
- 15.208 |
29.102 |
29.102 |
100,00 % |
CI SGA |
39.600 |
- 17.112 |
22.487 |
22.487 |
100,00 % |
CI Directeur de cabinet |
36.990 |
- 3.336 |
33.653 |
33.653 |
100,00 % |
Réserve |
0 |
3.584.100 |
3.584.100 |
0 |
0,00 % |
Total fonctionnement |
30.070.400 |
720.749 |
30.791.149 |
27.207.048 |
88,36 % |
TOTAL |
118.779.964 |
1.533.961 |
120.313.925 |
113.898.207 |
94,67 % |
Source : préfecture de Rouen
Le budget est élaboré par le préfet, avec l'aide du
contrôleur financier, et ventilé sur les articles
d'exécution de la nomenclature. Ce projet est ensuite soumis au
comité technique paritaire local qui l'examine. Le projet de budget 2000
a ainsi été adopté avec l'abstention des
représentants du personnel, qui ont cependant voté en faveur des
deux décisions modificatives de 2000. Enfin, par arrêté, le
préfet décide du budget puis notifie aux différents
centres de responsabilité les dotations.
Lors de l'élaboration du budget, le contrôleur financier a
donné quelques conseils de précaution, motivés notamment
par les difficultés rencontrées pour évaluer avec
précision les charges de rémunération. Il a
souhaité la mise en réserve de 10 % des crédits (cette
réserve ayant été utilisée par le biais de la
deuxième décision modificative), et le paiement des
dépenses restant à payer de 1999 (ce qui a eu pour
conséquence de faire supporter à la préfecture en 2000
treize mois de charges périodiques, afin de boucler 1999 et de
prévoir les moyens nécessaires pour 2000).
Par ailleurs, la préfecture a dû réaliser un examen
attentif de ses emplois réels, lui permettant ainsi de
« re-découvrir » des emplois affectés hors de
la préfecture, tandis que cette dernière
bénéficiait d'emplois relevant d'autres ministères. Au
total, il a été accordé à la préfecture 519
emplois budgétaires en 2000 (en temps rémunéré)
alors qu'en mars 1999 il n'y avait, en temps travaillé, que 500 emplois.
En cours de gestion, disposant d'une large de manoeuvre dans l'affectation de
ses crédits, le préfet a pu opérer des
redéploiements
44(
*
)
.
Après un examen attentif des travaux à prévoir dans les
locaux préfectoraux, il a été décidé de
provisionner en vue de ces dépenses futures et donc de reporter sur le
fonctionnement 2001 une large partie des crédits non utilisés
pour la rémunération en 2000 (2,8 millions de francs). Ceci n'a
pas empêché d'accorder 160.000 francs de primes diverses au
personnel, et de profiter de la souplesse acquise pour permettre des
recrutements ponctuels de vacataires ou de faire face à des
difficultés ponctuelles (320.000 francs). Les organisations syndicales,
lors des comités techniques paritaires, ont eu à connaître
de ces choix d'affectation et les ont approuvés.
Pour 2001, le préfet a distingué comme priorité
l'immobilier, avec des travaux de gros entretien pour la préfecture,
mais aussi la réforme du restaurant administratif. Il a également
fixé des objectifs de rationalisation budgétaire (frais de
reprographie par exemple).
Enfin, sur le plan de l'organisation de la préfecture, la globalisation
a eu pour conséquence la création d'un bureau spécialement
dédié à cet effet, composé de trois agents, la mise
en place d'applications informatiques nouvelles, l'octroi de
responsabilités budgétaires dans les différents centres de
responsabilité, l'élaboration, le renseignement et la diffusion
d'indicateurs d'activité.
II. LES FACTEURS DE SUCCÈS ET LES LIMITES DE L'EXPÉRIENCE
A. DES AVANTAGES RECONNUS PAR TOUS
L'unanimité semble se faire autour de la mise en place de cette
réforme à Rouen. De nombreux avantages ont été
cités : meilleure connaissance de la préfecture,
démarche contractuelle avec l'administration centrale,
amélioration des rapports avec les personnels, levier de modernisation,
économies réalisées, aides à la décision,
programmation pluriannuelle, etc.
A l'Intérieur de la préfecture, votre rapporteur spécial a
cherché à comparer les avis recueillis avec les objectifs
affichés par le ministère de l'Intérieur au moment du
lancement de la réforme.
S'agissant de la responsabilisation des gestionnaires locaux, les membres du
corps préfectoral rencontrés par votre rapporteur spécial
ont insisté sur l'évolution de leur métier induite par
cette réforme. Le secrétaire général, qui n'a
compté ni son temps ni son énergie, avec succès, sur cette
réforme, a comparé son nouveau rôle à celui d'un
directeur d'établissement public. En effet, le préfet peut
désormais jouer un rôle budgétaire effectif et dispose de
marges de manoeuvre réelles lui attribuant des moyens d'action dont il
ne disposait pas auparavant. Votre rapporteur spécial a aussi
apprécié que la réforme ait permis d'élaborer un
dialogue budgétaire entre la préfecture et les
sous-préfectures, devenues centres de responsabilité.
L'aspect « gestion des ressources humaines » est
probablement plus délicat à apprécier, mais il semble
à votre rapporteur spécial que la globalisation facilite des
décisions « frictionnelles » importantes pour
l'accomplissement des missions d'une préfecture comme le recrutement de
vacataires dans un service d'accueil du public pendant les vacances scolaires.
Elle exige aussi une gestion prévisionnelle fine des emplois. Pour les
personnels titulaires, les conséquences sont plus délicates car
les choix opérés (par exemple ne pas remplacer un personnel d'une
certaine catégorie pour préférer recruter un autre d'une
autre catégorie) peuvent avoir par le jeu des indices et des
carrières des effets à long terme
45(
*
)
. Par ailleurs, les centres de
responsabilité modifieront probablement progressivement le travail
quotidien mais aussi les rapports sociaux à l'Intérieur des
différents services de la préfecture, et viendront bousculer
certaines habitudes ou schémas établis.
L'enrichissement du dialogue social est apparu avec évidence à
votre rapporteur spécial. La méthode retenue pour la mise en
place de la réforme (comité de pilotage très actif,
efforts particuliers de communication interne, association systématique
des représentants du personnel, réunion d'information, etc.) a
grandement facilité les choses. Les représentants du personnel
rencontrés par votre rapporteur spécial ont brossé un
tableau clair des effets de la réforme sur le dialogue social : il
semble ainsi que les craintes initiales aient cédé la place
à une opinion favorable, motivée par la conscience que cette
réforme permet de mettre fin à des absurdités mal
vécues, tout en regrettant la rapidité avec laquelle elle fut
mise en place. La discussion budgétaire en comité technique
paritaire paraît avoir été appréciée, de
même que certains choix de gestion (comme celui de ne pas trop augmenter
le recours aux personnels contractuels précaires). Il paraît
même que cette réforme a fait naître une attente
vis-à-vis de ses développements (par exemple, le contrôle
de gestion) vus comme autant d'opportunités de remédier à
des situations déplorées par le personnel (par exemple, permettre
des redéploiements internes pour améliorer l'accueil du public).
Enfin, la diffusion d'une culture de gestion à l'ensemble des services
préfectoraux semble se faire lentement, et ne devrait prendre son
ampleur qu'avec la mise en place d'une comptabilité analytique et d'un
contrôle de gestion performants. La réforme a d'ores et
déjà permis le contrôle de certains coûts, comme les
communications. Même si les perspectives s'annoncent très
favorables, ne serait-ce que par la motivation que représente la
perspective de décider de l'affectation d'économies
réalisées, il est trop tôt pour dire que l'ensemble des
services préfectoraux travaillent aujourd'hui avec une culture de
gestion.
Les relations entre les services de la préfecture et le contrôle
financier se sont vues profondément modifiées, et ceci
apparaît particulièrement significatif en vue de la mise en place
des nouvelles procédures budgétaires. Le contrôle financier
a accepté de faire évoluer son rôle en renonçant au
contrôle juridique et en se contentant d'effectuer un contrôle de
la disponibilité des crédits. Cependant, cet abandon a
laissé la place à un enrichissement du dialogue entre les
services préfectoraux et ceux du ministère du budget. Le
contrôleur financier a aidé le préfet pour ses
décisions budgétaires, lui a donné des conseils de
gestion, lui a apporté une aide pour l'appréciation des
conséquences financières de décision (par exemple en
matière de recrutement), a facilité le passage d'un raisonnement
en comptabilité de caisse à un raisonnement en
comptabilité d'exercice (induisant par exemple la prise de conscience
des charges restant à payer), etc. Le rôle du contrôleur
financier a donc évolué vers celui imparti au commissaire du
gouvernement dans un établissement public, il s'est
détourné du contrôle quotidien pour se déplacer vers
le conseil.
Le tableau très favorable ainsi brossé ne doit pas faire oublier
les inconvénients rencontrés au cours de la mise en place de la
réforme.
Si ses capacités en la matière ont considérablement
augmenté, le préfet ne maîtrise bien entendu pas l'ensemble
des paramètres qui s'imposent à sa gestion, et reste contraint
par les procédures législatives et réglementaires. Mais,
du fait de son rôle budgétaire nouveau, il se retrouve plus
qu'auparavant en première ligne par rapport aux revendications - du
personnel ou du public - même sur des thèmes pour lesquels il ne
peut pas grand chose : le préfet de Rouen ne peut ainsi pas
décider de la titularisation de contractuels « au long
cours » ou bien parvenir à une ouverture de l'ensemble des
services préfectoraux de 8 h à 20 h, six jours sur sept. Or les
représentants du personnel paraissent s'être rapidement
habitués aux nouvelles procédures budgétaires et à
la discussion de l'utilisation de marges de manoeuvre.
Par ailleurs, la modernisation ne pouvant se faire en un an, le changement a
occasionné une charge de travail supplémentaire importante pour
les services. Il a fallu mettre au point de nouvelles procédures,
résoudre des difficultés occasionnées par les applications
informatiques,... Il est aussi possible que certains agents, à tous les
niveaux de la hiérarchie, aient vu avec réticence
apparaître certaines tâches comme le renseignement d'indicateurs.
Il a fallu également calmer les premières inquiétudes et
surmonter des craintes initiales de l'ensemble du personnel, ainsi que
mobiliser les directeurs de préfecture.
B. FACTEURS DE SUCCÈS ET LIMITES
D'un point de vue purement technique, la réforme s'avère un
succès puisque tous les paiements ont pu être effectués
sans difficulté, sans que jamais n'apparaisse le moindre problème
quant aux rémunérations du personnel (alors que les nouvelles
procédures complexes auraient pu occasionner des difficultés). Il
ne semble pas non plus que des comportements budgétaires
répréhensibles aient été observés (pas de
cavalerie budgétaire par exemple). Mais, au delà même de ce
bon fonctionnement, il paraît évident que la globalisation a
amorcé une modernisation forte des services préfectoraux et
insufflé une dynamique nouvelle dont il est intéressant de voir
les facteurs de succès comme les limites.
Votre rapporteur spécial considère que les bases mêmes de
la réforme ont assuré son succès : la globalisation,
la fongibilité, la visibilité, les précautions prises en
constituent des piliers solides. A Rouen, d'autres éléments ont
contribué à cette réussite :
• le souci constant d'assurer un parfait dialogue social avec le personnel
et de mettre en place une association étroite avec ce dernier ;
• une réforme « gagnant-gagnant » dans laquelle
chacun voit les conséquences concrètes heureuses du changement,
évitant ainsi de se focaliser sur les problèmes (charge de
travail ou nouveauté) : par exemple la mensualisation des primes -
auparavant versées par trimestre - ou l'entretien du bâtiment, ou
bien encore une amélioration de l'accueil du public, etc ; cela a
de plus permis aux représentants du personnel d'être partie
prenante de la réforme ;
• la diffusion d'outils d'aide au changement, avec un guide de la
globalisation ou des supports de communication externe, mais aussi un effort de
formation du personnel, l'implication des responsables du projet autour du
préfet et du secrétaire général, l'installation
d'une structure spécialement dédiée ;
• le soutien sans faille des services de la Trésorerie
générale.
Cependant, l'expérience de cette première année permet
tout autant d'identifier des limites qu'il conviendra dans l'avenir de
surmonter. Certaines tiennent à l'organisation de la préfecture
et à la jeunesse de la réforme. L'absence de vraie
compétence financière a pu ainsi être ressentie comme un
manque. Surtout, le fait que la comptabilité analytique reste
balbutiante et que le contrôle de gestion ne soit pas encore
opérationnel a constitué une handicap fort : l'étude
de la globalisation des crédits des préfectures montre que les
systèmes d'information conditionnent la réussite de ce type de
réformes car ils apportent une irremplaçable aide à la
décision. D'autres limites sont plus globales :
l'impossibilité de réaliser des amortissement, les reproches
faits aux applications informatiques (système INDIGO mal compris et
probablement trop lourd), déconcentration limitée en
matière de personnel, absence de lien avec le projet territorial de
l'Etat, chevauchement avec le dossier de la réduction du temps de
travail, etc.
Les plus grandes difficultés futures auraient dû venir du
caractère limité aux préfectures de cette réforme.
Le fait que les autres services de l'Etat ne l'appliquent pas est source de
dysfonctionnement, de mécontentement, mais aussi de gaspillages (par
exemple des doublons importants existent comme dans les contrats de
maintenance, les pools de chauffeurs, les ateliers de reprographie ou de
cartographie, etc). La modernisation, désormais lancée par le
Parlement, de la procédure budgétaire permet d'espérer
que, d'ici dix ans, les progrès perçus dans les
préfectures globalisées se seront diffusés à
l'ensemble des services de l'Etat.
*
Au total, le jugement porté par votre rapporteur spécial sur l'expérience, en 2000, de la globalisation des crédits à la préfecture de Seine-Maritime est très positif et lui paraît fort heureusement confirmer les intuitions qui se sont fait jour lors de la discussion et de l'adoption de la loi organique relative aux lois de finances. Responsabilité, globalisation, fongibilité, comptabilité modernisée, assouplissement des contraintes, modernisation, autant de mots qui deviennent réalités à Rouen, en espérant qu'ils le deviendront bientôt pour l'ensemble de notre pays.