I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Les
crédits du ministère de l'Intérieur, en dehors des
collectivités territoriales dont le budget est traité par notre
collègue M. Michel Mercier, s'élèveront en 2002 à
9,43 milliards d'euros, contre 9,04 milliards d'euros adoptés dans la
loi de finances initiale pour 2001, soit une progression de 4,38 %
(après une hausse de 4,4 % en 2001).
Cependant, comme chaque année, il convient d'ôter les effets de
structure liés notamment aux dépenses d'élections. Elles
s'élevaient à 188,58 millions d'euros en 2001 et
augmenteront de 84,7 millions d'euros en 2002. Hors élections, le budget
de la sécurité et de l'administration s'établit ainsi
à 9,16 milliards d'euros contre 8,54 milliards d'euros en 2001, soit une
hausse de 3,51 % (contre une progression de 2,36 % en 2001 par rapport à
2000).
Comparaison hors effets de structure du budget de la
sécurité et de l'administration
Source : ministère de
l'Intérieur / en milliards d'euros
A. DOMAINES D'INTERVENTION
Les
crédits du budget de la sécurité et de l'administration
sont regroupés dans quatre des cinq agrégats du budget de
l'Intérieur et de la décentralisation, à savoir les
numéros :
11. Administration territoriale
12. Sécurité civile
13. Police nationale
31. Administration générale
L'agrégat 31 correspond essentiellement aux dépenses de
l'administration centrale et des services communs du ministère
1(
*
)
et l'agrégat 11
à celles des administrations préfectorales (préfectures,
sous-préfectures et secrétariats généraux pour
l'administration régionale). L'aspect administration englobe donc 43,9 %
du budget, en prenant en compte les effets de structure (contre 43,3 % en
2001).
Les agrégats 12 et 13 sont quant à eux plus spécifiquement
consacrés à la sécurité, qu'il s'agisse de la
sécurité publique (police nationale) ou de la
sécurité civile, soit 56,1 % du budget total (contre 56,7 % en
2001).
Importance relative des agrégats
(montants en milliards d'euros)
|
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
|||
|
Montant |
Part |
Montant |
Part |
Montant |
Part |
Administration territoriale |
0,99 |
12 % |
1,07 |
11,9 % |
1,1 |
11,7 % |
Sécurité civile |
0,2 |
2,4 % |
0,24 |
2,7 % |
0,25 |
2,6 % |
Police nationale |
4,57 |
54,6 % |
4,88 |
54% |
5,04 |
53,5 % |
Administration générale |
2,59 |
31 % |
2,84 |
31,4 % |
3,04 |
32,2 % |
Total |
8,35 |
100 % |
9,04 |
100 % |
9,43 |
100 % |
La poursuite de la baisse de la part relative de la police nationale et de l'administration territoriale par rapport à l'administration générale est le résultat quasi mécanique de la prise en compte des dépenses d'élections dans ces dernières. Hors élections 2( * ) , la répartition est la suivante :
Répartition des crédits entre les agrégats hors élections
|
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Administration territoriale |
12 % |
12,17 % |
12,01 % |
Sécurité civile |
2,4 % |
2,75 % |
2,73 % |
Police nationale |
54,6 % |
55,1 % |
55,02 % |
Administration générale |
31 % |
30,05 % |
30,24 % |
Total |
100 % |
100 % |
100 % |
Ainsi, on voit que l'administration centrale est la principale bénéficiaire de ce projet de budget, tandis que la part relative des agrégats de la sécurité civile, de l'administration territoriale et, plus grave, de la police nationale diminue.
B. LA RÉPARTITION ENTRE DÉPENSES ORDINAIRES ET DÉPENSES EN CAPITAL
1. Les dépenses ordinaires
Les dépenses ordinaires représentent la quasi-totalité des moyens budgétaires affectés à la sécurité et à l'administration : 97,35 % contre 2,65 % pour les dépenses en capital. La chute de la part des dépenses en capital s'accentue puisqu'elle était de 3,3 % en 2001 et de 3,5 % en 2000.
Répartition des moyens de paiement
(en millions d'euros)
|
DO |
CP |
Total moyens de |
||
|
Titre III |
Titre IV |
Titre V |
Titre VI |
Paiement |
Administration territoriale |
1.073,6 |
- |
26,9 |
- |
1.100,5 |
Sécurité civile |
179,4 |
12,4 |
57,3 |
- |
249,1 |
Police nationale |
4.887,1 |
- |
143,1 |
13,7 |
5.043,9 |
Administration générale |
2.950,2 |
81,3 |
8,9 |
- |
3.040,4 |
Total |
9.090,3 |
93,7 |
236,2 |
13,7 |
9.433,9 |
Au sein de l'ensemble des dépenses, les dépenses de personnel monopolisent 81,7 % des moyens du ministère (80,7 % en 2001) et 84,9 % des dépenses ordinaires (83,6 % en 2001). Cette proportion atteint 91 % s'agissant de l'administration générale.
Répartition des dépenses de personnel
(en milliards d'euros)
|
Dépenses de personnel |
Dépenses totales |
Part des dépenses de personnel |
|||
|
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
Administration territoriale |
0,64* |
0,66* |
1,07 |
1,1 |
60 % |
60 % |
Sécurité civile |
0,08 |
0,08 |
0,24 |
0,25 |
33,1 % |
32 % |
Police nationale |
4,03 |
4,22 |
4,88 |
5,04 |
82,6 % |
83,7 % |
Administration générale |
2,39 |
2,52 |
2,65** |
2,77** |
89,8 % |
91 % |
Total |
7,14 |
7,48 |
8,84 |
9,16 |
80,7 % |
81,7 % |
* Les
dépenses de personnel des préfectures globalisées ne sont
pas incluses.
** Hors élections
Ces dépenses de personnel permettent ainsi de rémunérer
les 169.554 emplois budgétaires, 5.046 emplois budgétaires
de plus qu'en 2001. Il convient de noter en 2002, outre les créations
d'emplois de titulaires dont la quasi totalité va à la police
nationale, le presque triplement du nombre de contractuels du ministère.
Ceci résulte de la loi du 12 avril 2000, traduction législative
de la jurisprudence « Berkany » du Conseil d'Etat, qui
interdit de financer sans support d'emploi budgétaire des contractuels
de droit public.
Tableau récapitulatif de l'évolution du nombre des emplois
Catégories d'emplois |
Effectifs au 31.12.00 |
Effectifs pour 2001 |
|
|
|
Écart 2001/2002 |
Titulaires |
159.873 |
160.602 |
3.580 |
6.583 |
163.605 |
+ 3.003 |
Contractuels |
746 |
758 |
319 |
2.407 |
2.846 |
+ 2.088 |
Ouvriers |
1.693 |
1.656 |
86 |
41 |
1.611 |
- 45 |
Militaires |
1.122 |
1.492 |
32 |
32 |
1.492 |
- |
Service national |
2.077 |
- |
- |
- |
- |
- |
Totaux |
165.511 |
164.508 |
4.017 |
9.063 |
169.554 |
+ 5.046 |
Source : ministère de l'Intérieur
La répartition de ces emplois selon les agrégats montre que
l'essentiel du personnel se retrouve dans la police nationale. A l'inverse,
l'administration générale et la sécurité civile ont
une part moins grande de personnel que de crédits à gérer.
Évolution des effectifs budgétaires
|
Emplois 2001 |
Répartition 2001 |
Emplois 2002 |
Répartition 2002 |
Administration territoriale |
28.869 |
17,55 % |
30.084 |
17,75 % |
Sécurité civile |
1.951 |
1,2 % |
1.950* |
1,15 % |
Police nationale |
128.454 |
78,05 % |
132.104 |
77,9 % |
Administration générale |
5.249 |
3,2 % |
5.416* |
3,2 |
Total |
164.517 |
100 % |
169.554 |
100 % |
* 20
emplois ouverts sur l'agrégat 31 correspondent en réalité
à des emplois relevant de l'agrégat 12.
Cependant, ce nombre ne tient pas compte des adjoints de sécurité
qui ne constituent pas des emplois budgétaires. En intégrant ces
20.000 agents, le nombre total des agents du ministère
s'élève à 189.554 contre 184.493 en 2001, soit une
création nette de 5.061 emplois par rapport à 2001 (hors agents
de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris).
Les dépenses de fonctionnement inscrites au titre III, en dehors des
frais d'élection, s'élèveront à plus de 1,33
milliard d'euros. La répartition entre les agrégats montre que la
part respective de la police et de l'administration centrale diminue, tandis
que celle de la sécurité civile et de l'administration
territoriale progresse.
Répartition des moyens de fonctionnement hors élections
(en millions d'euros)
|
Montant 2001 |
Répartition 2001 |
Montant 2002 |
Répartition 2002 |
Administration territoriale |
399,8 |
30,4 % |
413,7 |
31 % |
Sécurité civile |
92,5 |
7 % |
96,9 |
7,25 % |
Police nationale |
662 |
50,35 % |
668 |
50,05 % |
Administration générale |
161,2 |
12,25 |
155,7 |
11,7 |
Total |
1.315,5 |
100 % |
1.334,3 |
100 % |
Les
crédits inscrits pour les élections passent quant à eux de
188,6 millions d'euros à 273,3 millions d'euros en raison des
nombreuses échéances électorales de 2002.
Les dépenses d'intervention du titre IV, qui ne concernent que
l'administration générale et la sécurité civile,
restent stables à 93,7 millions d'euros, soit une baisse par rapport au
niveau attendu de l'inflation. S'agissant de l'administration
générale, ces dépenses concernent, sauf un million
d'euros, le financement des partis politiques.
2. Les dépenses en capital
Les autorisations de programme et crédits de paiement inscrits au titre V diminueront en 2002 de respectivement 0,3 % et de 18,5 % (après une hausse en 2001 de respectivement 19,6 % et 17,3 %). Tous les agrégats subissent une réduction de leurs crédits de paiement, particulièrement marquée pour l'administration générale. En revanche, celle-ci comme la police nationale maintiennent leurs capacités d'engagement de nouveaux programmes.
Répartition des dépenses d'investissement de l'État
(en millions d'euros)
|
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution 2001/2002 |
||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Administration territoriale |
37,2 |
29,9 |
40 |
31,2 |
37,8 |
26,9 |
- 5,5 % |
- 13,8 % |
Sécurité civile |
41 |
37,3 |
43,1 |
59,2 |
43,1 |
57,3 |
- |
- 3,2 % |
Police nationale |
79 |
81 |
200,8 |
175,2 |
204,4 |
143,1 |
+ 1,8 % |
- 18,3 |
Administration générale |
101,7 |
98,9 |
25,7 |
24,1 |
23,3 |
8,9 |
+ 9,3 % |
- 63 % |
Total |
258,9 |
247,1 |
309,6 |
289,7 |
308,6 |
236,2 |
- 0,3 % |
- 18,5 % |
Les subventions d'investissement accordées par l'État du titre VI, dont seul dispose l'agrégat police nationale, progressent quant à elles fortement, avec 12,2 millions d'euros d'autorisations de programme contre 7,6 millions d'euros en 2001, et 13,7 millions d'euros de crédits de paiement contre 7,6 millions en 2001. Ces sommes servent au logement des fonctionnaires de police.
C. LE POINT DE VUE DU MINISTÈRE SUR LES GRANDS PRINCIPES DE SA POLITIQUE
Le
ministère de l'Intérieur insiste cette année sur plusieurs
points
3(
*
)
:
achèvement de la police de proximité, mise en oeuvre des
engagements à l'égard des personnels des préfectures,
modernisation des structures et des moyens de la sécurité civile,
adaptation de l'administration centrale à l'évolution de ses
missions, poursuite de programmes d'immobilier et d'informatique et mise en
oeuvre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail.
Plusieurs mesures « significatives » viennent illustrer ces
choix :
-
• la création nette de près de 3.000 emplois pour la
police ;
• 55 millions d'euros de mesures catégorielles pour les fonctionnaires de police ;
• 22,9 millions d'euros de moyens de fonctionnement supplémentaires pour la police ;
• 18,9 millions d'euros de mesures catégorielles pour les agents des préfectures, de l'administration centrale et de la sécurité civile ;
• la première tranche du plan de modernisation de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).