CHAPITRE PREMIER :
UNE CROISSANCE EN TROMPE-L'oeIL
• La croissance a été en l'an 2000 de 3,1 %.
Ce taux élevé s'inscrit dans le contexte d'une période de forte croissance, débutant en 1998. L'économie française a connu de 1998 à 2000 une croissance annuelle soutenue, supérieure à son potentiel (qu'on estime généralement compris entre 2 % et 2,5 % en volume), comme l'indique le graphique ci-après.
Croissance du PIB en France
(en points de PIB)
Source : INSEE
Cette croissance a été rendue possible par l'assainissement budgétaire effectué par les gouvernements précédents à partir de la récession de 1993 et par le desserrement de la politique monétaire à partir de 1995.
Elle s'est appuyée sur une demande intérieure dynamique. Celle-ci a en effet pris le relais de la demande extérieure, à l'origine de la reprise de l'année 1997. Le graphique ci-après permet de mettre en évidence cette évolution.
Contributions à la croissance : le dynamisme de la demande intérieure
(en points de PIB)
Source : rapport économique, social et financier
• Ce succès apparent doit être nuancé.
Tout d'abord, une aussi forte croissance n'était pas prévue par le gouvernement, qui semble donc difficilement pouvoir s'en prévaloir.
Ensuite, cette forte croissance annuelle ne doit pas masquer le ralentissement du rythme trimestriel de la croissance : loin d'avoir commencé après les attentats du 11 septembre 2001, le ralentissement de l'économie mondiale, et en particulier de l'économie française, a en fait commencé dès l'an 2000.
I. UNE CROISSANCE NON PRÉVUE PAR LE GOUVERNEMENT
Alors que la croissance a été en l'an 2000 de 3,1 %, le projet de loi de finances pour 2000 reposait sur une prévision de 2,8 %.
Cet écart vient notamment du fait que la nature de la croissance en l'an 2000 a été différente de ce que prévoyait le gouvernement, comme l'indique le tableau ci-après.
La croissance du PIB en 2000 : prévision et réalisation
Prévision |
Réalisation |
|
Croissance du PIB et de ses composantes |
||
Croissance du PIB |
2,8 |
3,1 |
Consommation des ménages |
2,7 |
2,5 |
Investissement des entreprises |
5,0 |
7,2 |
Demande intérieure hors stocks |
2,6 |
3,1 |
Variation des stocks (contribution) |
0,2 |
0,1 |
Exportations |
4,7 |
12,6 |
Importations |
4,9 |
14,2 |
PIB en valeur (variation en %) |
4,0 |
4,0 |
Prix à la consommation (moyenne annuelle) |
||
- hors tabac |
0,9 |
1,6 |
- y compris tabac |
1,0 |
1,7 |
Compte des ménages |
||
Pouvoir d'achat du salaire moyen par tête |
1,2 |
0,7 |
Pouvoir d'achat du revenu disponible |
2,6 |
3,1 |
Taux d'épargne (% du revenu disponible) |
15,6 |
15,9 |
Masse salariale privée |
||
SMPT en valeur |
2,3 |
2,4 |
Effectifs (évolution moyenne) |
1,7 |
3,3 |
Masse salariale en valeur |
4,0 |
5,8 |
Compte des sociétés non financières |
||
Taux de marge |
32,1 |
32,6 |
Taux d'investissement |
19,1 |
19,3 |
Taux d'autofinancement |
81,8 |
82,5 |
Balance commerciale (FAB-FAB)(Mds F) |
102 |
3,9 |
Administrations publiques |
||
Besoin de financement (% PIB) |
1,8 |
1,4 |
Prélèvements obligatoires (% PIB) |
44,8 |
45,2 |
Hypothèses internationales PIB en volume |
||
OCDE |
2,0 |
3,4 |
Union européenne |
2,7 |
3,4 |
Zone euro |
2,7 |
3,4 |
Source : projets de loi de finances pour 2000 et 2002 (rapports économiques, sociaux et financiers)
L'écart entre la croissance prévue et la croissance constatée peut être analysé, notamment, de deux manières.
A. UNE INFLATION PLUS FAIBLE QUE PRÉVU
Tout d'abord, on peut observer que la croissance en valeur prévue a bien correspondu à celle constatée (4 %). La différence de croissance en volume provient d'une inflation inférieure aux prévisions (0,9 % au lieu de 1,2 %).